| PARTISAN, -ANE, subst. et adj. I. − Substantif A. − Rare au fém. 1. [Gén. suivi d'un compl. déterminatif] a) [Le compl. déterminatif désigne un titre de noblesse, est un nom propre] Personne attachée, dévouée à quelqu'un dont elle prend le parti, dont elle défend les intérêts. Synon. allié, fidèle.Toute la royale famille de France était dispersée: le dauphin et ses partisans étaient traités en ennemis (Barante, Hist. ducs Bourg., t.4, 1821-24, p.378).On n'avait pas vu pareille affluence depuis le jour où Ptolémée Aulète avait été chassé du trône par les partisans de Bérénice (Louys, Aphrodite, 1896, p.195). ♦ En constr. attr. Les députés de Paris, qui tous étaient serviteurs ou partisans zélés du duc de Bourgogne, consentirent facilement à ce qui leur fut proposé, et même au projet de traiter avec les Anglais (Barante, Hist. ducs Bourg., t.4, 1821-24, p.280). b) Personne qui prend parti pour quelqu'un (dont il partage, défend les idées), pour un système, une doctrine, une théorie. − [Le compl. déterminatif est un nom propre, désigne une pers. du monde pol., des arts ou des sc., un ensemble de pers. en tant que représentant d'une théorie, d'un système] Synon. de adepte.Hugo est en pleine victoire (...). Ses disciples ou plutôt ses partisans, eux, escarmouchent, attaquent (Verlaine, OEuvres posth., t.2, Crit. et conf., 1896, p.371).Trotsky et ses partisans se montrent moins Russes qu'internationalistes, moins attachés aux conquêtes acquises de la révolution qu'aux risques nouveaux d'une explosion propagée dans le monde entier (J.-R. Bloch, Dest. du S., 1931, p.163).La plupart des intellectuels partisans de la première heure de Mussolini se réclamaient du futurisme (Art et litt., 1935, p.64-8). ♦ En empl. adj. Et je suis très flatté de voir que M. Paul Margueritte qui a le goût fin, l'amour du rare, le sens du précieux, est aussi fort partisan des acteurs artificiels (A. France, Vie littér., 1890, p.293).Un académicien du genre de Legouvé et qui serait partisan des classiques, eût applaudi plus volontiers à l'éloge de Victor Hugo par Maxime Du Camp ou Mézières, qu'à celui de Boileau par Claudel (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p.436). − [Le compl. déterminatif désigne un système, une doctrine, une théorie] Synon. de adepte, défenseur.Chaud partisan de qqc. Les partisans de l'inconnaissable le sondent volontiers et en pénètrent les mystères (Hamelin, Élém. princ. représ., 1907, p.8).Ardent partisan du libéralisme politique, il [Troxler] dut quitter, en 1821, le lycée de Lucerne, pour s'être attaqué ouvertement aux autorités dont il dépendait (Béguin, Âme romant., 1939, p.87): 1. La majorité des soldats est bonne; qui plus que moi leur a rendu cette justice? Elle seroit beaucoup meilleure encore si la première législature n'avoit pas souffert que, dans les premiers jours de la liberté, les plus éclairés, les plus zélés partisans de la cause publique fussent persécutés, chassés, opprimés par l'aristocratie militaire...
Robesp., Discours, Guerre, t.8, 1792, p.143. ♦ En empl. adj. Je ne suis pas partisan du travail outré dans la jeunesse, et surtout de ce travail où l'on apprend plus qu'on ne peut comprendre. Il vaut mieux savoir moins et bien comprendre que de savoir beaucoup et ne pas comprendre (Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p.218).La plupart de ces libéraux, farouchement hostiles à l'intervention de l'état quand il s'agit du contrôle intérieur de la production et des lois sociales, sont au contraire partisans de l'intervention de l'état en matière douanière; presque tous sont protectionnistes (Lesourd, Gérard, Hist. écon., 1968, p.158).Être partisan du moindre effort*. SYNT. Partisan de l'ancien régime, de la civilisation, du cléricalisme, du consulat, de la démocratie, du déterminisme, du directoire, de la guerre, de l'individualisme, du libéralisme, de la liberté (de la presse), de la libre concurrence, de la monarchie, des nationalisations, de la paix (et du désarmement), du parlementarisme, du protectionnisme, de la république, de la royauté. c) En empl. adj. attribut. Être partisan de + verbe inf.Être d'avis de. J'étais, vous vous en souvenez, partisan d'infliger à Jacques un châtiment sévère (Martin du G., Thib., Pénitenc., 1922, p.730).Notre cartel [le «Cartel des gosses»] était donc assez disparate et surtout partisan de garnir l'assiette au beurre (H. Bazin, Vipère, 1948, p.125). Rem. Le fém. partisane est rare et gén. critiqué: Je reconnais (...) que son roman (...) est d'une partisane modérée (P. Kemp ds les Nouv. littér., 20 déc. 1956 ds Grev. 1969, § 247). En fonction d'adj., on rencontre qqf. la forme partisane: Elle expliqua en quoi consistaient les loges grillées, dont la vogue reprenait et dont elle était partisane déclarée (Ph. Hériat, Famille Boussardel, XIX, ibid.). Plus fréq. partisan reste inv.: Je suis partisan de la réforme [de l'orthographe] mais dans l'autre sens (Colette ds Le Figaro littér., 2 août 1952, ibid.). 2. Rare a) Personne appartenant à un parti. Synon. adhérent.On commence à peine à étudier d'autre part l'image que le partisan se fait de son parti, la signification de son adhésion, la nature du lien d'appartenance (Traité sociol., 1968, p.23). b) Personne qui fait preuve de parti pris. Synon. sectaire.Intransigeance de partisan. À la Chambre, j'essaye d'échapper aux querelles, de n'être pas un partisan et de me représenter les objets dont on parle (Barrès, Cahiers, t.10, 1913, p.40). B. − Subst. masc. 1. HIST. Financier qui prenait à ferme la levée d'un impôt. (Dict.xixeet xxes.). 2. a) HIST. Officier; p.ext., soldat de troupes légères, détaché pour faire une guerre d'avant-postes. Un peintre eût admiré par-dessus tout, dans ce vieux lion de Bretagne (...), d'admirables mains de soldat, (...) les mains du partisan, du canonnier (Balzac, Béatrix, 1839, p.20).Pour faire la guerre, en ce temps-là, il suffisait de monter à cheval (...). Les routiers, partisans et capitaines d'aventure, savaient tous les tours du métier (A. France, J. d'Arc, t.1, 1908, p.xlvii). b) Combattant recruté par une autorité régulière, intégré dans des formations légères, militaires ou paramilitaires. Une troupe de burnous flottants enveloppe nos automobiles dans un tourbillon de chevaux. Ce sont les goumiers du poste et les partisans indigènes venus pour rendre les honneurs (Tharaud, Marrakech, 1920, p.21).Le lieutenant: Au Maroc, vous recrutez des partisans, vous dessinez des routes, vous creusez des puits, vous chassez les brigands, vous faites régner l'ordre, vous êtes un grand hakem, c'est agréable (Maurois, Dialog. commandement, 1924, p.126). ♦ Guerre de partisan. Actions ponctuelles et répétitives menées parallèlement à celles des armées régulières. Le vieux et loyal Breton avait (...) soixante-treize ans; mais la guerre de partisan faite à la république, mais ses souffrances pendant cinq traversées sur des chasse-marées (...) avaient pesé sur sa tête (Balzac, Béatrix, 1839, p.17). 3. Combattant n'appartenant pas à une armée régulière et qui mène des actions militaires de guérillas. Synon. guerillero, franc-tireur, maquisard, résistant.Francs-tireurs et partisans français (FTPF), Francs-tireurs et partisans-main-d'oeuvre immigrée (FTP-MOI). Les mineurs du Pas-de-Calais, sous la direction de (...) Charles Debarge et Julien Hapiot (...) forment [en juillet 1941] leurs groupes de Francs-Tireurs et Partisans. Ils attaquent à la grenade les détachements hitlériens (...); ils font dérailler des trains, sauter des usines (M. Thorez, Fils du Peuple, Paris, Éd. soc., 1970, p.203): 2. ... un maquis c'est un endroit où se cachent ceux de la relève. C'est un îlot de résistance, comme qui dirait des partisans qui se préparent à faire la guérilla... On leur donne des instructions, des officiers... c'est du service militaire, on t'apprend à se servir d'une arme, et la discipline, et tout le fourbi...
Triolet, Prem. accroc, 1945, p.254. II. − Adjectif A. − Qui est inspiré par un esprit sectaire, des opinions préconçues; qui fait preuve de parti pris. Activité, attitude, caractère, conception, polémique partisan(e); considérations, luttes, querelles partisanes. Son appréciation [de Gourmont] est un peu sommaire, et partisane (Léautaud, Journal littér., 3, 1913, p.84).Il existe une idéologie économique et il n'y en a qu'une: c'est le plein emploi, à l'échelle du monde, de toutes les ressources matérielles et humaines (...). Cette proposition dénonce les tricheries des nationalismes, des actions partisanes, des égoïsmes de classes et de catégories sociales (Perroux, Écon. XXes., 1964, p.163): 3. Père avait des oeillères, et il a traversé le monde sans en rien voir d'autre que ce qui bordait l'étroit sentier qu'il avait choisi. On peut même dire qu'il était le type de l'esprit partisan. Depuis l'école, il avait complètement renoncé à se chercher lui-même, à interpréter librement, à découvrir, à connaître. Il n'a su que mettre ses pas dans des pas. Il avait endossé une livrée...
Martin du G.,Thib., Mort père, 1929, p.1360. B. − Rare. Qui est relatif à un parti. L'encadrement permanent de centaines de milliers d'hommes, voire de millions (dès 1913, la social-démocratie allemande dépassera un million d'adhérents), le recouvrement régulier de cette sorte d'impôt partisan qu'est la cotisation, imposaient une organisation administrative beaucoup plus rigide que celle des partis de cadres (Traité sociol., 1968, p.28). REM. Partisanerie, subst. fém.,hapax. Il nous faut avoir le courage de ces vérités, si nous voulons enfin mériter la paix. Douze millions de morts pour rien. Qu'on ne dénonce pas ces cris comme les cris d'un partisan! J'en ai assez de la partisanerie, si j'eus jamais pour elle quelque penchant (Guéhenno, Journal homme 40 ans, 1934, p.209). Prononc. et Orth.: [paʀtizɑ
̃], fém. [-an]. Le subst. masc. ds Ac. dep. 1694. Littré (ds Grev. 1969 § 247) a un ex. d'un fém. -ante. Étymol. et Hist.A. Subst.1. 1477-79 partysan «celui qui est attaché à un parti, une personne, un groupe, etc.» (G. Leseur, Hist. de Gaston IV, comte de Foix, éd. H. Courteault, t.2, p.37); ca 1500 au fém. partisanne (Ph. de Commynes, Mém., éd. J. Calmette, t.3, p.223); 2. 1573 «financier qui prenait à charge un impôt dont il avançait le montant à l'État» (M. de L'Hospital, Traité de la Réformation de la justice ds OEuvres inédites, éd. P. J. S. Dufey, t.2, p.188); 3. 1678 «combattant dans une petite unité» (Guillet, p.195); 4. 1827 «combattant n'appartenant pas à une armée régulière» (Chateaubr., Voy. Amér. et Ital., t.2, p.12). B. Adj. 1. 1580 «qui prend parti pour, se déclare en faveur de» (Montaigne, Essais, L. II, chap. 34, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p.743: Salone, ville partizane pour Caesar contre Pompeius); 2. 1616 péj. «qui témoigne d'un esprit de parti» (A. d'Aubigné, Tragiques, préf., éd. H. Weber, p.8). Empr. à l'ital. partigiano «qui prend parti pour (un groupe, une personne, etc.)» att. dep. le xives. (Ciriffo Calvaneo ds Tomm.-Bell.), dér., à l'aide du suff. -igiano (v. artisan et Rohlfs § 1071), de parte «partie», du lat. pars, partis (v. part1). Le sens A 2 est dû à l'infl. de parti «part attribuée à celui qui afferme certains impôts» (v. parti). Fréq. abs. littér.: 1158. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2576, b) 793; xxes.: a) 1293, b) 1523. Bbg. Glättli (H.). Vox. rom. 1953/54, t.13, p.127. _Hope 1971, p.46. _Quem. DDL t.17 (s.v. partisanerie). _Vardar Soc. pol. 1973 [1970], p.283. _Wagner (R.-L.). B. Soc. Ling. 1973, t.68, no2, p.194. |