| PARTICULE, subst. fém. A. − 1. Très petite partie, parcelle très ténue d'une substance ou d'un corps matériel. Fines, infimes, petites particules; particules colloïdales; particules calcaires, rocheuses; particules en mouvement, en émulsion, en suspension; poudre, poussière de particules. S'il [l'air] passe sur un linge mouillé, il le sèche, parce qu'il se charge des particules d'eau qui le rendent humide (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p.137).Les eaux qui traversent le sol se débarrassent plus ou moins de leurs microbes qui se fixent sur les particules terreuses (Boullanger, Malt., brass.,1934, p.28).Les abeilles étaient sorties en épaisses torsades flottantes. Dans la lumière elles étaient noires comme des particules de suie (Giono,Hussard,1951, p.16). 2. Spécialement a) BIOL. Ces potentialités [héréditaires] sont (...) contenues dans certaines particules du noyau cellulaire −les chromosomes −, qui se trouvent en nombre égal dans le spermatozoïde et dans l'ovule (J. Rostand,La Vie et ses probl.,1939, p.29). ♦ Particule virale. La méthode de l'irradiation quantique imaginée par F. Holweck, Wollman, Lacassagne, permet actuellement de calculer la taille des différents éléments constituant la particule virale (Bariéty, Coury, Hist. méd.,1963, p.726). b) CHIM., vx. Chacun des atomes intégrant des corps simples ou composés. François Bacon (...) définit la chaleur comme un mouvement; il est vrai qu'il accorde à ce mouvement les qualités les plus disparates, mais c'est un mouvement des particules des corps (Wurtz, Dict. chim.,t.1, 2evol., 1870, p.813). c) CHIM., PHYS. NUCL. ET ATOM. Corpuscule constitutif de la matière, de l'énergie, en partic. d'une substance radioactive. Particules du noyau de l'atome; particule chargée, lourde, électrique, électrisée, instable, intermédiaire, négative, nucléaire, positive, rapide, stable, subatomique; émission de particules; accélérateur, détecteur de particules: 1. De l'autre côté du corridor, au-delà de la vitre rayée d'une gerbe de petits fleuves semblables à des trajectoires de très lentes et très hésitantes particules dans une chambre de Wilson, un camion bâché lève d'énormes éclaboussures.
Butor,Modif.,1957, p.86. ♦ Particule élémentaire, fondamentale. Chacun des constituants de l'atome, de la matière, du rayonnement, utilisé dans les réactions nucléaires, et dont on ne connaît pas la structure interne. V. élémentaire A 1 b α ex. de Pasteur. ♦ Particule alpha, particule α. ,,Particule stable composée de 2 protons et de 2 neutrons étroitement liés, analogue à un noyau d'hélium 4 et émis au cours d'une désintégration nucléaire`` (Nucl. 1975); p.ext., noyau d'hélium. Synon. hélion.V. alpha I B 1 d. ♦ Particule bêta, particule β. ,,Électron à haute vitesse émis par une substance radioactive`` (Énergie 1979). d) LITURG. CATH. Petite parcelle d'hostie consacrée que le célébrant laisse tomber dans le calice contenant le précieux sang (d'apr. Marcel 1938; ds Foi t.1 1968): 2. Le Pater achevé, le prêtre, mettant l'hostie au-dessus du calice, la rompit au milieu. Il détacha ensuite, d'une des moitiés, une particule qu'il laissa tomber dans le précieux sang, pour marquer l'union intime qu'il allait contracter avec Dieu par la communion.
Zola,Faute Abbé Mouret,1875, p.1224. B. − 1. LING. Mot-outil très court, souvent monosyllabique, invariable (morphème non autonome, monème grammatical) − Mot-outil servant à modifier le sens d'un mot principal (p.ex. les préfixes) − Mot-outil servant à établir un rapport grammatical entre des mots ou des (membres de) phrases (p.ex. les conjonctions, les adverbes négatifs, les prépositions). Particule de liaison (synon. conjonction de coordination); particule conjonctive, copulative, affirmative, négative, adversative, disjonctive, restrictive. Les mots composés (...) où entre la particule in, négative lorsqu'elle est synonyme de non (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p.270): 3. La Belle Angerie n'est plus qu'un grand restaurant où s'affairent les filles de ferme embauchées pour la journée et qui font, parmi ce beau monde, un emploi anormal de gros rires et de particules interrogatives «ti».
H. Bazin,Vipère,1948, p.238. 2. Particule onomastique, dite à tort particule nobiliaire ou p.ell., absol., la particule. Préposition faisant partie intégrante d'un nom patronymique qu'elle précède, mais qui n'atteste pas l'authenticité de cette noblesse. La particule «de» en français (v. de1C 5 a spéc. β); avoir, porter, prendre la particule; noms de famille noble sans particule. Pour sa rencontre avec d'Athis, Paul avait choisi comme témoins, d'abord le vicomte de Freydet, indiqué par le titre et la particule (A. Daudet,Immortel,1888, p.187): 4. En dépit de son nom aristocratique et de la fierté que lui donnait sa particule nobiliaire, elle avait une âme de petite ménagère allemande, à l'âge exquis de l'adolescence.
Rolland,J.-Chr.,Matin, 1904, p.187. Rem. Pour les règles d'empl. et l'ell. de la particule, v. de1. ♦ (Nom) à particule. Synon. pop. à rallonge, à tiroir, qui se dévisse.Nom à double particule: 5. ... l'Enfant-de-Marie qui serait cette année choisie pour réciter le compliment à Monseigneur. −Si c'est Lucile des Aubliaux (on ne pouvait guère hésiter qu'entre les quatre ou cinq noms à particule et saveur locale dont s'honorait chaque année le pensionnat)...
Malègue,Augustin,t.1, 1933, p.110. ♦ Gens à particule. Personnes dont le nom de famille usuel est précédé de la particule (laquelle n'est pas toujours une marque originelle de noblesse). Ce qu'il visait toujours, c'était la particule, selon l'usage du peuple, qui ignore que, autant il y a de gens à particule, et qui ne sont pas nobles, autant (ou presque) il y a de gens qui ne l'ont pas, et qui le sont (Montherl.,Célibataires,1934, p.884). Prononc. et Orth.: [paʀtikyl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.A. 1. 1478 «quantité infime d'un corps» (Le Guidon en françoys trad. par N. Panis, Lyon, B. Buyer ds Sigurs, p.69); 1495 particule de la saincte croix (Jean de Vignay, Mir. hist., 4evol., fol. 114cds Gdf. Compl.); 2. 1765 phys. (Encyclop. t.12, p.102b: Particule [...] union de deux ou plusieurs corpuscules ou atomes primitifs et physiquement indivisibles. Les particules sont donc comme les élémens des corps). B. 1. 1529 «préfixe» (Fr. de Bonivard, Jardin d'Antiquité, Bibl. Genève lat. 130, fol. 5 rod'apr. FEW t.7, p.677a); 1606 «petit mot invariable» (J. Masset, Exact ... acheminement à la lang. fr., ibid.); 2. 1842 particule nobiliaire (Ac. Compl.). Empr. au lat. particula «petite partie, parcelle», spéc. «petit membre de phrase» (Quintilien; sens empr. par le m. fr.: 1541, Calvin ds Hug.); au iies. gramm. «particule» (Aulu-Gelle); cf. dès 1395 l'a. liég. particles, plur. «articles d'un traité» (FEW, loc. cit.), sens empr. au lat. médiév. particula «article d'une spécification, détail» (xiiies. ds Nierm.). Fréq. abs. littér.: 317. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 413, b) 563; xxes.: a) 247, b) 544. DÉR. Particulaire, adj. et subst. masc.a) Adj.
α) Phys., chim. De particules. Courant, système, structure particulaire. L'existence des mouvements particulaires inhérents à tous les phénomènes (Renouvier,Essais crit. gén.,3eessai, 1864, p.70).La matière originelle est quelque chose de plus que le grouillement particulaire si merveilleusement analysé par la physique moderne (Teilhard de Ch.,Phénom. hum.,1955, p.53).
β) Vx. De la nature des particules grammaticales. Mot particulaire (Guérin 1892). b) Subst. masc., hist. monastique. Dans certains monastères, moine chargé de distribuer les portions de repas à ses frères. (Ds Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., Quillet 1965). − [paʀtikylε:ʀ]. − 1resattest. a) 1842 «qui appartient à la particule» (Ac. Compl.), b) 1864 phys. mouvements particulaires (Renouvier, loc. cit.); de particule, suff. -aire*. Cf. le subst. particulaire hist. eccl. «(dans les anciens monastères) officier qui donne à chaque moine sa part de nourriture» relevé par Trév. 1721-71, empr. au lat. médiév. particularius (xes. ds Du Cange). |