| PARQUER, verbe A. − Empl. intrans. 1. [Le suj. désigne du bétail, des animaux] Être dans un parc. Boeufs, moutons, troupeaux parquant dans un enclos, dans un pâturage. Les moutons ne parquent pas encore; faire parquer des boeufs, des juments (Ac.). 2. DÉFENSE. [Le suj. désigne l'artill.] Stationner en formant un parc. L'artillerie parquait le long du bois (Ac.1835, 1878). 3. [Le suj. désigne un véhicule] Stationner dans un parc, dans un parking. Descendons, dit Mrs Sytton. Il nous faut «parquer» par ici, loin du centre où le stationnement est tout à fait défendu (Duhamel, Scènes de la vie future, 1930ds Lar. Lang. fr.). B. − Empl. trans. 1. a) Placer (du bétail, des animaux) dans un parc. Parquer des boeufs, des chevaux, des moutons. Il trouva un jeune pâtre qui parquait son troupeau (Dumas père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.438).Le bétail à l'engrais, parqué sur les fumiers (R. Bazin, Blé, 1907, p.276): 1. ... Tabladilla, faubourg champêtre de Séville où était exposé le bétail qui serait tué le lendemain aux arènes. Les bêtes étaient parquées dans un pâturage entouré de fortes barrières et d'un fossé...
Montherl., Bestiaires, 1926, p.481. − AGRIC. [P. méton. du compl.] Parquer une terre. Y établir des parcs pour l'engraissement des bestiaux. (Ds Lar. Lang. fr.). b) P. anal., péj. Enfermer et entasser (des personnes) dans un espace clos exigu. Parquer des prisonniers, des réfugiés dans un camp, dans une cour; être parqué comme du bétail. Les agents parquèrent au poste de police tous ceux qu'on avait arrêtés (Ac.1935).On avait entendu un murmure de joie dans ce navire, où les matelots étaient parqués, à cause de la pluie, dans l'obscurité du faux pont (Loti, Mon frère Yves, 1883, p.10).À la gare, on nous parque dans la salle d'attente, MlleSergent prend nos billets (Colette, Cl. école, 1900, p.179): 2. ... ils mouraient de froid, de scorbut, de dysenterie, d'épuisement. Dès qu'ils devenaient trop faibles pour travailler, on les parquait dans des hôpitaux où systématiquement on les affamait à mort.
Beauvoir, Mandarins, 1954, p.297. − Au fig., littér. ou fam. Parquer qqn/qqc. dans + subst. déterminé.Enfermer, cantonner (quelqu'un, quelque chose) dans un état, dans une attribution spéciale. Il voulait me parquer dans cette fonction, sans qu'il me fût permis de m'occuper d'autre chose (Ac.1935).Van Dongen, en apportant à Paris, vers 1903, sa vision de Hollandais truculent, ne fit rien pour se faire parquer dans le clan fauve (Arts et litt., 1936, p.18-9).Bien fous ceux qui prétendent arracher les ciseleurs à la religion de la ciselure et, les parquant dans un métier qui n'est plus nourriture pour leur coeur, prétendent les faire accéder à l'état d'homme (Saint-Exup., Citad., 1944, p.673). c) MALACOL., OSTRÉICULTURE. Parquer des huîtres, des moules. Disposer, placer des huîtres, des moules dans un parc d'élevage. Parquer des huîtres pour les engraisser (Ac.). Il faut (...) parquer [les huîtres] dans des bassins pierreux, propres, profonds de 1 m 50, et retenant la mer à marée haute (Macaigne, Précis hyg., 1911, p.232): 3. ... [au xviiies.] les huîtres draguées en baie du Mont-Saint-Michel étaient ensuite parquées dans la baie de Saint-Vaast-la-Hougue. (...) il s'agissait surtout de faciliter leur engraissement et leur croissance...
Boyer, Pêches mar., 1967, p.77. 2. DÉFENSE. Entreposer (du matériel militaire) dans un parc; disposer pour former un parc (v. ce mot C 2 a γ). Parquer les munitions, les vivres, l'artillerie. Il s'agissait (...) de l'artillerie de la garde nationale, et d'un conflit entre le ministre de la guerre et «la milice citoyenne» au sujet des canons parqués dans la cour du Louvre (Hugo, Misér., t.1, 1862, p.827). − Empl. pronom. réfl. S'installer pour former un parc. Nos artilleurs se parquèrent du côté de la rivière (Ac.). 3. Parquer (un véhicule). Arrêter et ranger (un véhicule) dans un parc, dans un emplacement prévu pour son stationnement. Synon. garer, stationner.Parquer des voitures dans un garage souterrain ; parquer sa moto dans la rue, sur une place. Les autos se trouvent parquées dans sept demi-cercles (L'Auto, 30 août 1933). − Empl. pronom. réfl., fam., rare. Mettre sa voiture en stationnement. Synon. se garer. (Dict.xxes.). REM. Parquier, subst. masc.a) Synon. vieilli de parqueur (infra dér.).b) Pêche, vx. Pêcheur chargé de prendre des poissons dans un parc. (Ds Littré). Prononc. et Orth.: [paʀke], (il) parque [paʀk]. Att.ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) 1380 trans. «mettre du bétail dans un enclos» (Bail, A.N. MM 30, fo133 rods Gdf. Compl.: Un parc pour parquier cinq cens bestez); en partic. 1660 parquer des huitres (Oudin Fr.-Esp.); b) 1660 intrans. «séjourner, demeurer dans un parc» (ibid.); 2. 1470 «installer son camp en l'entourant d'une palissade» ici pronom. (Mandement, Hist. de Lorr., VII, CLII ds Gdf. Compl.); 1694 trans. «procéder à l'installation d'un parc (d'artillerie...)» (Ac.); id. intrans.; 3. 1585 «enfermer des personnes dans un espace clos» (Cholières, Matinées, VIII, éd. E. Tricotel, p.276); d'où 1819 «placer, rassembler des personnes dans un espace clos» (Boiste); 4. 1832 fig. «enfermer dans un état, une situation, une spécialité» (Balzac, OEuvres div., t.2, p.558: les contemporains parquent un écrivain dans une spécialité); 5. 1930 «arrêter et ranger une voiture dans un parc de stationnement» ici intrans. (Duhamel, loc. cit.). Dér. de parc*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 240. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 262, b) 307; xxes.: a) 338, b) 423. DÉR. 1. Parquement, subst. masc.,vx. Action de parquer (des personnes) dans un local clos et exigu. Synon. enfermement, entassement, parcage.M. J. Favre a dit dans sa déposition (...) j'ai sauvé les soldats de l'humiliation et des souffrances d'un parquement dans des camps retranchés (Journal officiel, 7 déc. 1873, p.7543, col. 2 ds Littré Suppl. 1877).Au fig., rare. Action de parquer (quelqu'un/quelque chose), d'enfermer dans une spécialité. Synon. cantonnement.L'ancienne politique, c'était le parquement en écoles impuissantes; c'était la théorie, la rêverie, le désir, l'inaction (Brousseds Doc. hist. contemp., 1881, p.45).− [paʀkəmɑ
̃]. − 1reattest. 1873 (Journal officiel, loc. cit.); de parquer, suff. -ment1*. 2. Parqueur, -euse, subst.a) Agric. Personne qui a pour métier de garder et soigner le bétail dans un parc. Synon. berger.Parqueur de bestiaux (Mét. 1955). b) Ostréiculture. Personne qui a pour métier de s'occuper des huîtres d'un parc d'élevage et d'entretenir le parc. Parqueur d'huîtres (Mét. 1955). L'île de Ré a vu ses côtes converties par les parqueurs en une vaste huîtrière richement peuplée (Journal officiel, 18 avril 1875, p.2806, col. 2 ds Littré Suppl. 1877).− [paʀkoe:ʀ], fém. [-ø:z]. − 1resattest. a) 1868 ostréiculture (Littré), b) 1906 agric. (Pt Lar.); de parquer, suff. -eur2*; on utilise aussi le mot parquier, att. dès le xiiies. au sens de «celui qui est chargé de saisir les bestiaux pris en contravention sur les terres du seigneur ou pour défaut de paiement et qui les garde dans un parc» (Tr. d'Econom. rur. du XIIIes., chap.VII, Lacour ds Gdf.), passé dans les dict. comme terme d'hist. dep. Ac. Compl. 1842, au sens de «celui qui garde des animaux dans un parc». BBG. −Quem. DDL t.6. |