| PARISIEN, -IENNE, adj. et subst. A. − Adj. et subst. (Celui, celle) qui est né(e) à Paris et/ou qui y habite. Titi parisien; parisien et provincial. Ce qui m'a le plus épaté, en ma qualité de rural, c'est que, pour les bons Parisiens, la Prusse n'existe pas (Flaub., Corresp., 1871, p.258).Les promoteurs, parisiens ou nancéens, de «l'Art nouveau» (Dorival, Peintres XXes., 1957, p.16): 1. Villemessant (...) avait eu des débuts pénibles en province. Petit boutiquier, marié et père de famille, il n'était devenu parisien qu'à trente ans. La presse l'attirait...
Coston, A.B.C. journ., 1952, p.24. ♦ Parisien de Paris. (Celui, celle) qui est né(e) à Paris et qui y habite. Parisien de Paris, et de famille très bourgeoise (...) il [Manet] connaissait parfaitement les maîtres (Faure, Hist. art, 1921, p.194). ♦ Parisien (à) gros bec (pop., vieilli). [Terme insultant appliqué à un provincial récemment installé à Paris] Quand, dans les ateliers, un provincial (...) fait le crâne et dit: nous autres Parisiens, parce qu'il habite la capitale depuis six mois, on lui répond: −Tu n'es qu'un Parisien à gros bec (Virmaitre, Dict. arg. fin-de-s., 1894, p.206). B. − Adjectif 1. Qui est propre à Paris, à ses habitants; qui est fait, qui a lieu à Paris. Agglomération, banlieue, région parisienne; atelier, commerce, journal parisien; industrie, mode, orfèvrerie, presse parisienne; accent, argot parisien; siège parisien (d'une entreprise). Deux éditions, une parisienne et une belge (Hugo, Corresp., 1863, p.456).C'était un visage d'un type parisien très courant (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p.263): 2. Le 17 et le 23, ils présentèrent à l'assemblée des pétitions tendant à la suspension du roi. En ce sens, la révolution du 10 août ne fut point parisienne, comme celle du 14 juillet, mais nationale.
Lefebvre, Révol. fr., 1963, p.257. − Empl. subst. masc. Français parlé à Paris: 3. ... je suis pourri de chic comme on dit dans le meilleur monde −Pourri de chic? −Vous ne comprenez donc plus le parisien? −Non, je ne comprends que le français.
Avenel, Calicots, 1866, p.299. 2. Domaine de la géol. et de la géogr.Gypses parisiens (Élie de Beaumont, Stratigraphie, 1869, p.529). ♦ Bassin parisien. Région ,,qui s'étend des Vosges aux rebords orientaux du Massif armoricain et de la Manche aux premières pentes du Massif central`` (Encyclop. univ. t.12 1972, p.546). Produits agricoles du bassin parisien, blés de la Haute-Saône, bois du Morvan (Albitreccia, Gds moyens transp., 1931, p.50). ♦ Climat parisien. ,,Type de climat tempéré de façade occidentale, semi-océanique, de plaines largement ouvertes aux perturbations du front polaire`` (George 1970). C. − Adj. [Avec une valeur caractérisante; p. réf. aux comportements, qualités, défauts prêtés aux Parisiens et Parisiennes (esprit, légèreté de moeurs, élégance, vanité, frivolité, etc.)] 1. a) [Qualifiant un subst. désignant une pers.] Mademoiselle Laheyrard n'a de leçon de goût à recevoir de personne; elle est trop parisienne pour cela (Theuriet, Mariage Gérard, 1875, p.97).Ce pur Parisien −né par hasard à Caen −méritait vraiment son prénom d'Esprit [Daniel-Esprit Auber] (Dumesnil, Hist. théâtre lyr., 1953, p.127): 4. Il faut être né à Marseille pour se vanter d'être Marseillais, ou à Vienne pour proclamer qu'on est Viennois. Mais il n'est pas nécessaire d'avoir vu le jour à Paris pour être Parisien. Cela vaudrait mieux, disait Jarry, ce serait plus sûr. On peut, néanmois, venir d'Amiens ou de Villersexel.
Fargue, Piéton Paris, 1939, p.171. ♦ Faire le Parisien. Il se mit à faire le Parisien, le lion, donna des nouvelles des théâtres, rapporta des anecdotes du monde (...) enfin éblouit ses compatriotes (Flaub., Corresp., 1869, p.53). b) [Qualifiant un subst. désignant un comportement] Chic, esprit, goût parisien; élégance, mode parisienne. Il quittait (...) la passion parisienne, coquette, vaniteuse, éclatante, pour l'amour pur et vrai (Balzac, E. Grandet, 1834, p.169).Il s'efforça d'être ravi de Silviane (...) et l'idée lui venait que rien ne serait plus parisien, d'une belle humeur parisienne plus détachée de pédanterie que de la soutenir, en lui trouvant du talent (Zola, Paris, t.1, 1897, p.270). ♦ [Qualifiant un subst. désignant une chose] En descendant vers le lac (à Genève), on suit la grande rue parisienne, la rue de la Corraterie, où sont les plus riches boutiques (Nerval, Voy. Orient, t.1, 1851, p.14).Il éclata de rire à la vue des gravures «parisiennes» qui ornaient la chambre (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p.231). − En partic. Qui est caractéristique de la vie mondaine parisienne. Dîner, événement bien, très parisien; soirée très parisienne. Acceptez ce que je vous propose comme initiation à la vie parisienne, vie de politesses, de visites et de présentations (Dumas père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.605). ♦ Dans le vocab. de la presse. [Qualifie un art. de style léger relatant des faits de la vie mondaine parisienne ou, p. ext., dans les journaux de province, des faits de la vie quotidienne] Un reportage parisien, un billet parisien (Voyenne 1867). − Empl. subst. ♦ À la parisienne. À la manière des Parisiens, comme on le fait à Paris. Étalages plutôt confus et riches comme à Londres, qu'épars malignement à la parisienne (Verlaine, OEuvres compl., t.5, Quinze jours en Holl., 1893, p.263). ♦ Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. M. de Liphart fait du parisien en matière décorative, c'est dire qu'il est agréable et inconsistant (Péladan, Décad. esthét., Salon de 1883, 1888, p.75). 2. Pop., dépréc., vieilli. [Terme insultant appliqué à une personne peu expérimentée, fainéante, vantarde] Ah! mille noms, faut-il être Parisien, j'ai oublié l'ampoulette! (Larch.1861). ♦ (Exécuter qqc.) à la parisienne. De manière rapide, peu solide. Enfoncer une vis à la parisienne. Enfoncer une vis à coups de marteau. ♦ Empl. subst. fém., arg. Vergue basse servant à l'entraînement des jeunes matelots. (Ds France 1907 et Esn. 1966). D. − Spécialement 1. TECHNOL. [Sert à former le nom de plusieurs objets usuels] Attache* parisienne. Châssis parisien. ,,On distingue deux types de châssis à tabatière: le châssis dit parisien se plaçant sur costières en bois et employé pour toutes les couvertures à l'exception de celles en tuiles mécaniques [et] le châssis à emboîtement`` (Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât., t.4, 1928, p.463). 2. ART CULIN., BOULANG. a) [Sert à former le nom de divers plats ou produits] Pain* parisien. Soufflé parisien (Gdes heures cuis. fr., Carême, 1833, p.146). b) À la parisienne. Garni de pommes de terre et de laitues (d'apr. Ac. gastr. 1962). On peut servir les filets piqués et marinés avec les sauces tomate, à la parisienne (Ac. gastr.,1962,p.140). 3. TYPOGR. Casse parisienne. Casse ,,la plus courante en France`` (Comte-Pern. 1974). Actuellement, la casse dite «Parisienne» tend à remplacer celle particulière aux diverses imprimeries (É. Leclerc, Nouv. manuel typogr., 1932, p.72). REM. 1. a) Parisiennement, adv.,rare. À la manière des Parisiens. Un éclat de voix (...) grasseyant parisiennement ou d'une rugosité rustique (Arnoux, Calendr. Fl., 1946, p.87). b) Parisienner, verbe intrans.,rare. Se comporter comme un Parisien. Le magicien arabe était un Parisien parisiennant, qui avait sa baignoire au Français et à l'Opéra pour les jours d'abonnement (Bourget, Sens mort, 1915, p.19). c) Parisianisé,-ée, parisienné, -ée, adj.rare. Devenu, rendu parisien. Une plaisanterie de Gascon, maintenant parisienné (Delvau1866).Son ascendance de Champenois parisianisé (Proust, Sodome, 1922, p.897). 2. Hapax. a) Parisiénisants, adj. masc. plur.Les étrangers Parisiénisants −pardon du mot −retardent toujours d'un quart de siècle (Bourget, Conflits int., 1925, p.105). b) Parisianite, subst. fém.,fam. Sa maladie doit être une jolie petite Parisienne. Ils la prennent tous, ces Yankees, la Parisianite aiguë et souvent chronique (Bourget, Actes suivent, 1926, p.127). c) Parisine, subst. fém.Commes des fleurs qu'on a changées trop brusquement le climat, nos toilettes se fanent: l'air subtil de Paris leur manque. Peu à peu notre parisine s'évapore comme un parfum (Sem, Ronde de nuit, 1923, p.106). Prononc. et Orth.: [paʀizjε
̃], fém. [-jεn]. Ac. 1762-1878: parisienne (caractère d'imprimerie); 1935: parisien, -ienne. Étymol. et Hist. 1. 1312 adj. une maalle parisine «originaire de Paris» (Arch. J.J. 48, fo16 rods Gdf.); 1461 dames Parisïennes (Villon, Ballade des femmes de Paris ds Testament, éd. J. Rychner et A. Henry, 1539, p.21); 2. 1830 «matelot médiocre et vaniteux» (ds Esn.) Dér. de Paris, nom de la capitale de la France; suff. -ien*. Fréq. abs. littér.: 3066. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3887, b) 5652; xxes.: a) 5286, b) 3514. Bbg. Gall. 1955, p.98. _Klein Vie paris. 1976, pp.3-12. _Munster (V.). Die Entwicklung des Fremdenverkehrs im Spiegel der französischen Fachterminologie. Der Österreichische Betriebswirt. 1961, t.11, pp.243-244. _Quem. DDL t.5 (s.v. parisianisé), 12 (id.). |