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PARESSE, subst. fém.
A. −
1. Au sing. Propension à ne rien faire, répugnance au travail, à l'effort physique ou intellectuel; faiblesse de caractère qui porte à l'inaction, à l'oisiveté. Synon. cosse2(pop.), fainéantise, flemmardise (fam.), flemme (fam.); anton. ardeur, courage.Donne-t-on l'aumône à celui qui pourroit travailler? Ce seroit entretenir sa paresse; et l'homme est condamné à manger son pain à la sueur de son front (Saint-Martin, Homme désir, 1790, p.267).
SYNT. Effroyable, excessive, extrême, grande, horrible, incurable, incorrigible, invicible paresse; paresse naturelle; habitudes de paresse; inclination à la paresse; favoriser la paresse; combattre, dompter, secouer, vaincre la/sa paresse; montrer, témoigner de la paresse; vivre dans la paresse; reprocher à qqn sa paresse; accuser qqn de paresse.
Par personnification. Assis au banc des cancres qui occupait le fond de la classe, il affrontait un professeur impuissant et donnait à trente-cinq élèves le spectacle de la paresse triomphante (Green, Autre sommeil, 1931, p.15).
RELIG. CATH. Un des sept péchés capitaux. Le péché de la chair est la source (...) de tous les péchés (...). L'orgueil, l'avarice, la paresse, la colère et l'envie sont sa postérité bien-aimée (A. France, Thaïs, 1890, p.277).V. colère ex. 3.
Loc. verb. vieillie. Relever qqn du péché de paresse. Obliger quelqu'un (par des ordres, des reproches, des menaces) à travailler. Je t'ai bien relevé, je le relèverai bien du péché de paresse (Ac.).
Proverbe. La paresse est la mère de tous les vices. Synon. de l'oisiveté est la mère de tous les vices (v. mère1I C 4 b).
2. P. méton., littér., souvent au plur. Comportement, attitude qui manifeste cette disposition. Cette apathie de Charles, ces paresses de tout le jour, cette indifférence de son corps à toute chose, ce sommeil les yeux ouverts alarmèrent la vieille domestique (Goncourt, Ch. Demailly, 1860, p.387).Vautrer ses paresses sur les banquettes d'un estaminet (Zola, Fortune Rougon, 1871, p.127).
B. − P. ext.
1. Au sing.
a) [À propos d'une pers.] Manque d'énergie en face d'une activité quelconque. Synon. apathie, indolence, inertie, lenteur, négligence, nonchalance; anton. activité, ardeur, courage, cran (fam.), énergie, promptitude, zèle.Les ouvrières ne se pressèrent pas, engourdies d'une torpeur de paresse, les bras abandonnés sur leurs jupes (Zola, Assommoir, 1877, p.551).
Paresse à, de + verbe à l'inf.Paresse à écrire. Je me retrouve à Paris avec une paresse indicible à me remuer, à sortir de chez moi (Goncourt, Journal, 1875, p.1084).Par paresse de se mouvoir, il y prit bientôt ses repas [à la brasserie] (Maupass., Contes et nouv., t.2, M. Parent, 1886, p.612).Si (...) vous éprouvez une faiblesse générale, des lourdeurs de tête et une certaine paresse à vous lever, l'hésitation ne sera plus permise et nous commencerons le traitement (Romains, Knock, 1923, ii, 4, p.12).
b) [À propos d'un sentiment] Littér. Indifférence, inertie. Paresse d'âme:
1. Il songeait: «Nicole est mort.» Il regardait cet événement avec une sorte de paresse du coeur. «Le détachement n'est pas une conquête du sage, se dit-il (...)». Il se sentait atteint par l'indifférence, comme d'un froid mortel qui attaque le centre de l'être, tarit la vie avec la source du sentiment. Chardonne, Chant Bienh., 1927, p.123.
c) Solution de paresse. Solution qui demande un moindre effort. Synon. solution de facilité*:
2. Mais avoir d'avance consenti pour la France de si grands sacrifices, ç'avait été, somme toute, recourir à une solution de paresse, −ce qui cadre assez bien avec le caractère nonchalant et parfois si indifférent du prince. Madelin, Talleyrand, IV, XXIX, 1944ds Rob.
2.
a) Au sing. Goût du farniente; désir passager de ne rien faire. Paresse agréable, aimable, heureuse, molle, voluptueuse. Pourvu que j'occupe un poste d'où nos regards puissent commodément se croiser, j'oublie tout le reste et tombe dans l'émotion de la rêverie. Vos reproches seuls et votre volonté pourraient me décider à rompre cette douce paresse (M. de Guérin, Corresp., 1837, p.258).Il était pris d'une paresse dont il ne pouvait pas absolument s'arracher, une paresse singulière, dans laquelle il passait tout son temps à suivre le vol des martinets sur le bleu du ciel (Goncourt, Journal, 1883, p.264).Pour la première fois depuis des années, des années, ils s'abandonnèrent à la paresse. Jusqu'à midi, ils restèrent couchés, se parlant d'un lit à l'autre, la porte de leur chambre ouverte (Rolland, J.-Chr., Antoinette, 1908, p.903).
b) P. méton., littér., souvent au plur. Attitude qui montre cette disposition; moment où elle se manifeste. Synon. mollesse(s), indolence, langueur(s), nonchalance(s).La paresse d'un geste, d'un regard. Elle me faisait aussi penser, avec sa robe de chambre d'un violet chinois et ses paresses mélancoliques, à ces Chinoises qui rêvent sur un balcon de bambou (Goncourt, Journal, 1866, p.258).Cet azur des dimanches parisiens qui évoque les longues promenades au bord de l'eau (...), les paresses et les vagues sommeils sur les herbes rôties des fortifications... (Courteline, Ronds-de-cuir, 1893, 2etabl., 3, p.82).
P. métaph. Ce matin-là, le jour avait des paresses, se traînait au bord de l'horizon (Zola, Fortune Rougon, 1871, p.252).
3. Lenteur nonchalante.
a) [À propos d'une pers.] Il parlait lentement, avec une certaine paresse qui donnait du charme aux phrases et une certaine hésitation de la langue un peu lourde qui soulignait la justesse colorée des mots (Maupass., Contes et nouv., t.2, Peur, 1884, p.960).
b) [À propos d'une faculté intellectuelle] Paresse d'esprit, intellectuelle. Lenteur d'esprit qui empêche une compréhension rapide des choses ou une application dans la réflexion. La plupart tiennent, par affection réelle ou par paresse intellectuelle, aux vieilles croyances qui nous viennent de nos aïeux (Le Dantec, Savoir!1920, p.35).L'état psychique est constitué par la torpeur intellectuelle, la paresse d'esprit (Codet, Psych., 1926, p.68).
c) Littér. [À propos d'un élément de la nature] Les ondantes paresses D'une eau de fleuve ensoleillé très lent et las (Régnier, Sites, 1887, p.127).On avait (...) le coup d'oeil du fleuve lent et gras, sinueux, noirâtre (...) laissant çà et là, dans sa paresse de cours d'eau des plaines, un banc de boue (Van der Meersch, Empreinte dieu, 1936, p.25).
C. − MÉD. [À propos d'un organe] Réaction anormalement lente ou incomplète. Synon. atonie, inertie.Paresse intestinale, musculaire; paresse pupillaire. S'ils [les cataplasmes] atténuaient la douleur, ils n'avaient pas sur la paresse des organes l'action que la religieuse avait espérée (Martin du G., Thib., Sorell., 1928, p.1136).
Prononc. et Orth.: [paʀ εs]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. Ca 1155 peresce «disposition habituelle à ne pas travailler» (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 10743); ca 1160 parece (Eneas, 2406 ds T.-L.); 2. ca 1170 «manque d'énergie pour faire quelque chose» ne m'est perece de + inf. (Chrétien de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 6266); 1663 paresse à (Molière, Critique de l'Ecole des femmes, 2); 3. 1678 «lenteur intellectuelle» (La Rochefoucauld, Maximes, 487 ds Rob.); 4. 1856 méd. «fonctionnement anormalement lent» paresse musculaire (Hugo, Contempl., t.1, p.189). Du lat. pigritia «paresse; paresse de l'estomac», dér. de piger «qui répugne à, paresseux, indolent» avec changement du suff. -itia > ( a. prov. pereza) en -icia et passage de per- en par- prob. dû à l'action du r. Fréq. abs. littér.: 1345. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1504, b) 2191; xxes.: a) 1915, b) 2110.