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PARDONNER, verbe trans.
A. −
1. Pardonner qqc. à qqn[Le suj. désigne une pers.] Considérer pour non avenu(e) un manquement, une faute, une offense en n'en tenant pas rigueur à l'auteur et en n'en gardant aucun ressentiment. Pardonner une infidélité à son conjoint; n'avoir rien à pardonner à qqn. Je lui pardonne de bon coeur tout le mal qu'il m'a fait (Ac.1835-1935).Sa colère se ralluma quand il sut que le roi avait, à la demande de ses oncles, pardonné au duc toute offense et tout attentat (Barante,Hist. ducs Bourg., t.1,1821-24,p.385).«(...) Donnez-nous aujourd'hui notre pain de chaque jour; pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés (...)» Qu'elle est belle, la première prière! (Psichari,Voy. centur., 1914, p.242).Dieu lui pardonne, comme je lui ai pardonné, la blessure qu'il m'a faite! (Martin du G.,Thib., Cah. gr., 1922, p.662).
Pardonner à qqn de + inf.:
1. mère ubu: Vous n'avez qu'une manière de vous faire pardonner tous vos méfaits (...). Il faut pardonner à la mère Ubu d'avoir détourné un peu d'argent. père ubu: Eh bien, voilà! Je lui pardonnerai quand elle m'aura rendu tout, qu'elle aura été bien rossée... Jarry,Ubu, 1895, V, 1, p.86.
Se faire pardonner qqc.V. supra ex. 1.
[P. allus. à la Bible (Luc VII, 48): Tes péchés te sont pardonnés] Quand la protestante arriva à ce verset: «Puis, Jésus dit à la femme: tes péchés te sont pardonnés» Madeleine eut un sourire de céleste joie (Zola,M. Férat, 1868, p.131).
2. [Avec effacement du compl. indir.] Pardonner qqc.Pardonner une injure, les péchés. Apprendre (...) à pardonner les crimes et les injustices des hommes (Crèvecoeur,Voyage, t.2, 1801, p.281).On peut pardonner toute faute si un éclair de repentir peut seulement être supposé (Alain,Propos, 1914, p.183).Elle est perdue pour toi. Surtout après ce que tu lui as fait, c'est le genre de choses qu'on ne pardonne pas (Sagan,Bonjour tristesse, 1954, p.135).
Au passif et au part. passé. Faute pardonnée; péché pardonné. Il ne pouvait pourtant pas (...) livrer aux enfants le secret de l'égarement passager de leur mère. Ah! tout était si bien pardonné, oublié, réparé (Gide,Faux-monn., 1925, p.946).
En partic. Renoncer à punir. J'avais pour règle de toujours pardonner un premier écart, une première faute [de discipline] (Billy,Introïbo, 1939, p.167).
Proverbes. Faute, péché* avoué(e) est à moitié pardonné(e); faute, péché* caché(e) est à moitié pardonné(e) (vieilli).
Empl. pronom. à sens passif. La haine se pardonne encore plus que le mépris (Chênedollé,Journal, 1833, p.167).
3. [Avec effacement du compl. dir.]
a) Pardonner à qqn.Pardonner à ses ennemis. Je vous pardonne pour cette fois mais n'y revenez plus (Ac.1835-1935).Je me demande encore à cette heure s'il m'a pardonné en mourant (Sandeau,Mllede La Seiglière, 1848, p.185).Dieu pardonne à chaque homme (Philos., Relig., 1957, p.34-4):
2. michel (...): Pardonne-moi, ma petite fille, ma petite Madeleine, pardonne-moi. Tu me pardonnes? madeleine: Te pardonner, mon pauvre Michel chéri, moi qui t'ai fait tant de mal! Cocteau,Parents, 1938, III, 6, p.289.
Vieilli, fam. Dieu me pardonne! V. dieu III B 2 d.
Se faire pardonner.Obtenir le pardon. Le nationalisme a mis à son service des forces religieuses qui, peut-être, éprouvent le besoin de se faire pardonner ou de donner des gages (Philos., Relig., 1957, p.48-1).
[P. allus. à la Bible]
[(Luc XXIII, 34): Pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font] Mon père, s'écrioit-il [le Christ] sous le fer des bourreaux: pardonnez-leur; car ils ne savent ce qu'ils font (Chateaubr.,Génie, t.2, 1803, p.362).P. anal. Seigneur! Pardonnez-leur. Ils ne savent ce qu'ils lisent (H. Bazin,Vipère, 1948, p.221).
[(Luc VII, 47): Il lui sera beaucoup pardonné parce qu'il a beaucoup aimé] Je me la figurai (...) suivant toujours d'un regard ineffable (...) celui qui avait laissé tomber sur elle cette promesse divine: «Il te sera beaucoup pardonné, parce que tu as beaucoup aimé!» (Du Camp,Mém. suic., 1853, p.252).P. anal. Et puis enfin il sera beaucoup pardonné à Bergotte puisqu'il a trouvé mon petit enfant gentil (Proust,J. filles en fleurs, 1918, p.574).
Empl. pronom. réciproque. Des rivaux peuvent à peine se pardonner, après leur passion cessée; ils ne s'aiment jamais (Restif de La Bret.,M. Nicolas, 1796, p.208).
Rare. Pardonner qqn.Qu'on n'eût point pardonné Labédoyère, parce qu'on n'eût vu dans la clémence qu'une prédilection en faveur de la vieille aristocratie, cela se concevait (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.427).[P. allus. à la Bible, Matth. XVIII, 21, 22] Quand Pierre demande à Christ combien il devra pardonner son frère: Faut-il jusqu'à sept fois? (Martin du G.,Thib., Pénitenc., 1922, p.786).
À la forme passive. Vous êtes tout pardonné (Ac.1878, 1935).Mais ne va pas me dire que tu es malade, n'entreprends pas de te justifier. Bon Dieu! Tu es pardonnée (Napoléon Ier, Lettres Joséph., 1796, p.43).La paix était aussi en lui, parce qu'il était pardonné (Ramuz,A. Pache, 1911, p.283).
Part. passé en empl. adj. Le silence que l'éloignement et le temps ont amené pour toujours entre quelques personnages de cette histoire leur a permis de se croire mutuellement pardonnés, réhabilités et heureux (Fromentin,Dominique, 1863, p. 280).Rencontre du pécheur pardonné avec le Dieu qui est son père (Monod,Sermons, 1911, p.212).Elle s'endormit, pardonnée, rassurée, triomphante (Van der Meersch,Invas. 14, 1935, p.176).
Rem. Si la constr. pardonner qqn est considérée comme incorrecte par les grammairiens, la forme passive est admise (d'apr. Dupré 1972).
b) Littér. [Le compl. indir. désigne p.méton. un inanimé abstr., une qualité de la pers.] Pardonner à qqc.Pardonnez à ma faiblesse, à ma franchise. Dieu est bonté: il pardonne au repentir (Joubert,Pensées, t.1, 1824, p.126).
4. Absol. Pratiquer le pardon (des offenses), accorder son pardon de manière habituelle ou occasionnelle. Pardonner facilement. Je ne pardonne pas par générosité... par grandeur d'âme... Je pardonne parce que je ne puis pas faire autre chose (Flers, Caillavet,M. Brotonneau, 1923, i, 10, p.7).Donc, pas de pardon. Et d'ailleurs j'en ai plein le dos, de pardonner toujours (Montherl.,Pitié femmes, 1936, p.1195).On ne pardonne pas un peu, ou à moitié; le pardon est comme l'amour: un amour qui aime avec des réserves ou avec une seule arrière-pensée n'est pas de l'amour; et de même un pardon qui pardonne jusqu'à un certain point, mais pas au delà, n'est pas le pardon (Jankél.,Le Pardon, Paris, Aubier-Montaigne, 1967, p.128).
B. − [Dans des tours ou formules avec atténuation du sens; le suj. désigne une pers.]
1. Considérer avec indulgence une erreur, un défaut, une imperfection, une faiblesse, en trouvant une excuse (à quelqu'un). Synon. excuser, tolérer, supporter.Savoir pardonner une erreur à un débutant; pardonner une étourderie, une incartade, une réflexion. Si vous pardonnez à mon âge, je dois, moi, pardonner à votre peu d'expérience (Fiévée,Dot Suzette, 1798, p.135).On pardonne une sottise à un ami. Mais on ne pardonne rien à sa femme (Chardonne,Épithal., 1921, p.264).[Le peuple] lui aurait sans doute, en faveur de ses quartiers de noblesse, pardonné ses idées démocratiques (Proust,Temps retr., 1922, p.853):
3. ... je trouve que votre indulgence pour elle passe les bornes. Moi, je n'ai jamais pu lui pardonner ses robes qui se fourrent obstinément sous les pieds de ma chaise, l'odeur de patchouli qu'elle répand auprès de moi, et les regards pâmés qu'elle promène autour de la table. About,Roi mont., 1857, p.280.
Pardonner à qqn de.J'espère (...) que si l'on trouve que mes forces personnelles n'ont pas répondu à mon zèle, on me pardonnera de n'avoir pu tout faire (Cuvier,Anat. comp., t.3, 1805, p.xvii).
Se faire pardonner.Il se remettait à suivre l'impatient narrateur en redoublant d'attention, pour se faire pardonner (Rolland,J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p.1535).
Empl. pronom. réfl. Ne pas se pardonner qqc.Ne pas se trouver d'excuses pour quelque chose. Mathilde, votre arrivée à Besançon (...) va être un coup mortel pour M. de La Mole, et voilà ce que jamais je ne me pardonnerai (Stendhal,Rouge et Noir, 1830, p.463).Elle ne s'était jamais pardonné, elle ne se pardonnerait jamais d'avoir échoué là où réussissaient beaucoup de femmes qui ne la valaient pas (Bernanos,Mauv. rêve, 1948, p.1020).
[P. méton., le suj. désigne un attribut de la pers.] Ce soir, pour la première fois, je me suis vu moi-même à la télévision. Je ne passais pas «en direct» (...). Je me suis donc vu et observé de cet oeil implacable qui ne se pardonne rien parce qu'il se sait sous le contrôle d'innombrables témoins (Mauriac,Nouv. Bloc-Notes, 1961, p.158).
[Formule de politesse ou d'atténuation employée dans les mêmes circonstances que pardon (v. pardon B 2)]
À l'impér. Pardonne-moi, pardonnez-moi ce dérangement, ma distraction, mon irruption chez vous; pardonnez-moi de ne pas vous avoir reconnu, de vous contredire. Pardonnez-moi; je ne l'ai pas dit exprès; ah! ah! ah! c'est drôle; ça m'a échappé (Gide,Faux-monn., 1925, p.1119).Et maintenant, je me sauve. Pardonnez-moi, Suzanne: je suis pressé, pressé (Duhamel,Suzanne, 1941, p.262).
[Dans des formules développées] Veuillez me pardonner de vous avoir fait attendre. Ces messieurs voudront-ils bien me pardonner si je leur adresse la parole sans être connu? (Stendhal,L. Leuwen, t.3, 1835, p.113).Mais, Monsieur Triballet, vous êtes tout pardonné d'avance... [d'un retard] (Champfl.,Souffr. profess. Delteil, 1853, p.64).Daignez pardonner, monsieur, la liberté que je prends (Sardou,Rabagas, 1872, ii, 11, p.77).
2. Ne pas être affecté d'un avantage, d'une supériorité qu'un autre possède sur vous; voir sans chagrin, sans dépit, sans jalousie. Cette femme a bien de la peine à pardonner aux autres leur beauté (Ac.1835-1935).Ne peux-tu me pardonner de te ravir un prix que tu as ravi toi-même à mon frère, et à tous ceux qui ont osé se mesurer avec toi? (Cottin,Mathilde, t.2, 1805, p.181).[Souvent à la forme négative] Ne pas pardonner à qqn son succès. Voilà dans quelle condition m'a mis l'inimitié d'un procureur du roi devenu substitut à Paris aujourd'hui, qui ne m'a pas pardonné ma supériorité (Balzac,Cous. Pons, 1847, p.212).
Ne pas pardonner à qqc.Le monde ne pardonne pas (...) aux affections vraies, aux dévouements absolus: ce sont des mariages de coeur, qui le blessent personnellement (Goncourt,Journal, 1860, p.828).
Se faire pardonner qqc.Se faire pardonner sa gloire à force d'amabilité. Nouvel enrichi qui veut se faire pardonner ses millions (Dumas père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.518).
C. − Au fig., absol. [Le suj. désigne un inanimé]
1. Ne laisser aucune chance de survie. Oui, mon ami, je suis malade, et d'une de ces maladies qui ne pardonnent pas (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p.33).On l'assura qu'il s'agissait bien de cette maladie. −Ce n'est pas possible puisqu'il est guéri. Vous le savez aussi bien que moi, la peste ne pardonne pas (Camus,Peste, 1947, p.1345).
Fam. Erreur, manoeuvre qui ne pardonne pas; ça ne pardonne pas. (Dict.xxes.).
2. Ne laisser (aucun défaut) dans l'ombre. La grande lumière ne pardonne rien. Le soleil est encore plus cruel (Arts et litt., 1935, p.22-1).
REM.
Pardonnant, -ante, part. prés. adj.[En parlant d'une pers.] Qui pardonne (facilement). Un Espagnol pardonnant ne croit pas avoir pardonné (Chateaubr.,Mém., t.3, 1848, p.230).Je sortirai d'ici à son bras, plaintive et pardonnante (Colette,Cl. ménage, 1902, p.258).V. chevaucher ex. 8.[P. méton.] Amour pardonnant. Les épanchements de sa pardonnante tendresse (Milosz,Amour. initiation, 1910, p.204).2.
Pardonnement, subst. masc.,rare et littér. Aptitude, penchant à pardonner. Synon. pardon.[Daudet] arrive, comme en ces heures qui précèdent la mort, à avoir un peu de pardonnement de Jésus-Christ à l'égard de ceux qui ont été les plus cruels pour lui (Goncourt,Journal, 1891, p.18).
3.
Pardonneur, subst. masc.,rare. Celui qui pardonne. Je me sentais plein d'une générosité de paresse qui avait les mêmes effets apparents que la morale chrétienne du pardon. Splendide hypocrisie des pardonneurs! (Abellio,Pacifiques, 1946, p.158).
Prononc. et Orth.: [paʀdɔne], (il) pardonne [paʀdɔn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.I. 1. Fin xes. perdoner vida a «faire grâce, laisser la vie à (quelqu'un qui était condamné à mort)» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 223); 2. fin xes. «remettre à quelqu'un (la punition d'un péché)» (ibid., 307: tu nos perdone celz pecaz); 3. 1100 «tenir une offense comme non avenue» (Roland, éd. J. Bédier, 2005: Ferut vos ai, car le me pardunez); 4. mil. xvies. formule de politesse (Yver, Le Printemps, Troisiesme histoire ds Conteurs français du XVIes., éd. La Pléiade, p.1197: pardonnez moy si je ne peus mentir); 1694 vous êtes tout pardonné «terme de civilité par lequel on répond à quelqu'un qui s'excuse d'une liberté qu'il a prise» (Ac.); 5.1573 «épargner» (Larivey, Straparole, 2enuict, V ds Gdf. Compl.); 6. 1616-20 «excuser, juger avec indulgence» (A. D'Aubigné, Histoire Universelle, VII, 23, éd. De Ruble, V, p.39); 7. 1693 «voir sans dépit chez quelqu'un» (Racine, Phèdre, II, 5). II. Verbe pronom. 1. 1520 «se ménager» (G. Michel, trad. Suétone, III, 107vods Hug.: Pardonne toy, mon amy Tibere, pardonne toy et faictz prudentement tes affaires); 2. 1606 «être pardonnable» (Nicot: Peine qui ne se pardonne point quelque prière qu'on face); 3. 1668 verbe réfl. (La Fontaine, Fables, I, VII, éd. H. Régnier, I, p.79: Nous nous pardonnons tout, et rien aux autres hommes). Du lat. tardif perdonare (att. une seule fois dans l'Esope de Romulus [entre 350 et 500], éd. Thiele, p.157 d'apr. FEW t.8, p.231a, v. aussi Ern.-Meillet, p.179a). Fréq. abs. littér.: 6144. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 10563, b) 10191; xxes.: a) 8006, b) 6835. Bbg. Gohin 1903, p.338. _ Recanati (Fr.). Encore un mot d'excuse. Semantikos. 1979, t.3, no1, p.31.