| PARATONNERRE, subst. masc. A. − TECHNOL. Dispositif de protection des bâtiments contre les effets de la foudre grâce à un conducteur électrique dont l'extrémité inférieure est reliée à la terre, l'extrémité supérieure étant fixée sur les parties les plus élevées sous forme d'une ou de plusieurs tiges ou pointe(s) aiguë(s) (qui, en attirant sur elle(s)-même(s) la décharge, rétablit/rétablissent ainsi l'équilibre entre l'état électrique du sol et celui de l'atmosphère). Synon. parafoudre.Paratonnerre à tiges multiples. Des paratonnerres mirent à l'abri de la foudre le dôme de Michel-Ange (Chateaubr., Mém., t.3, 1848, p.544).Et sur leurs toits, dans le brouillard, aiguillonnées De fers et de paratonnerres, Les cheminées (Verhaeren, Villes tentac., 1895, p.150): 1. Tiens! Vous voyez la Bourse (...). Jamais (...) il ne l'avait vue sous un si singulier aspect (...), avec les quatre vastes pentes de zinc de sa toiture extraordinairement développées, hérissées d'une forêt de tuyaux. Les pointes des paratonnerres se dressaient, pareilles à des lances gigantesques menaçant le ciel.
Zola, Argent, 1891, p.41. − P. anal. (de forme) et p.plaisant. [À propos du casque prussien] [Le sublime] prétend que le paratonnerre du casque prussien est d'une grande utilité en campagne, on pique la pointe en terre, on met le feu dessous et on fait dedans la soupe et le rata (Poulot, Sublime, 1872, p.239). ♦ [P. méton., à propos des soldats coiffant ce genre de casque] Les Prussiens, on n'y pensait guère (...) On y songea cependant aux abords du village (...) Est-ce que les paratonnerres seraient embusqués [?] (Richepin, Morts, 1876, p.242). B. − P. anal. ou au fig. Celui, ce qui protège et détourne le danger. Il mourut, jeune encore, laissant à sa fille une immense fortune, une mère faible et la disgrâce de la cour, ce qui n'est pas peu dire dans la fière Germanie. Il est vrai que comme paratonnerre à ce malheur, Mina de Vanghel avait un des noms les plus nobles de l'Allemagne orientale (Stendhal, Nouv. inéd., t.1, 1842, p.136).−Et quand on pense que le monde se demande à quoi servent les ordres contemplatifs! s'était écrié Durtal. −Ils sont les paratonnerres de la société, avait dit, avec une singulière énergie, l'abbé (Huysmans, En route, t.1, 1895, p.78): 2. Au fur et à mesure de leur arrivée à la cuisine, François rayonnant de bonté heureuse passait au cou de chacun un ruban rouge ou pendait une croix de bois blanc (...) −Gardez bien ça, disait-il, c'est un paratonnerre contre la colère divine.
Barrès, Colline insp., 1913, p.194. − P. plaisant. Personne sur laquelle on détourne les soupçons (en particulier d'un mari jaloux). (Dict.xixeet xxes.): 3. éva: [À propos de Rabagas] (...) Il a détourné l'orage! Le voilà impopulaire!... Et le parti est décapité! Ce n'est pas joli ça, comme résultat? (...) Rabagas: Je suis joué! Ah! Double et triple imbécile qui n'a pas compris!... On avait peur; j'ai servi de paratonnerre! La foudre écartée... Je ne suis plus qu'une girouette! Deux heures de pouvoir... et reconduit par un laquais!
Sardou, Rabagas, 1872, IV, 7, p.175, 182. − En compos. Il avait eu soin d'insérer dans son texte cette phrase-paratonnerre: «Ce système odieux (la tyrannie) est bien éloigné d'être, même aujourd'hui, celui des sages et bons monarques, et surtout des rois de France» (Guéhenno, Jean-Jacques, 1950, p.86). Prononc. et Orth.: [paʀatɔnε:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist.1. 1773 (Lettre du traducteur à M. Franklin, 1eravril dans B. Franklin, OEuvres, trad. de l'angl. par M. Barbeu Du Bourg, Paris, 1775, t.1, pp.314-320 ds Mack. t.1, p.184); 2. 1813 fig. (Jouy, Hermite, t.3, p.288). Formé de para-2* et de tonnerre*, sur le modèle de parapluie, parasol, paravent. Fréq. abs. littér.: 69. Bbg. Archit. 1972, p.116. |