| PARALLÉLISME, subst. masc. A. − GÉOM. Propriété, caractère de ce qui est parallèle, de l'ensemble de deux choses parallèles; fait d'être parallèle. Établir le parallélisme de deux droites, de deux plans, d'une droite et d'un plan; parallélisme des essieux (d'un véhicule); vérifier le parallélisme des roues (d'une voiture). Il y a un défaut de parallélisme voulu entre les colonnes du Parthénon (Ac.1935).Des canaux qui pourraient s'appeler des ruisseaux s'ils n'étaient droits et d'un parallélisme parfait avec des bandes de terre (Verlaine,OEuvres compl., t.5, Quinze jours en Holl., 1893, p.248).En corrigeant le froid parallélisme des murs [d'une longue voûte en berceau], la perspective les resserre graduellement jusqu'à leur extrémité, et lorsque la voûte n'est éclairée que par là, le spectateur se sent comme menacé par le rétrécissement du berceau qui fuit devant ses yeux (Ch. Blanc, Gramm. arts dessin, 1876, p.246). B. − Au fig. 1. Phénomène de réciprocité; corrélation. Le parallélisme qu'on a prétendu établir entre le capital, le travail et le talent, comme principes de production essentiels au même degré, est une fausse série (Proudhon,Créat. ordre, 1843, p.376). 2. Dans les domaines artist., littér., poét.Symétrie, analogie frappante ou correspondance. Il y a un profond parallélisme entre la lumière qui nous vient du soleil et la clémence qui nous vient de Dieu (Hugo,Actes et par.1, 1875, p.4).Un parallélisme inaltérable entre les paroles du texte et les images musicales qu'il [Bach] y adapte nous sera révélé (Pirro,Esthét. J.-S. Bach, 1907, p.10). − En partic. Fait de mettre en parallèle, rapprochement que l'on fait entre deux choses. L'absurdité du parallélisme est de chercher un passage quelconque entre la connaissance empirique du corps-objet et la conscience et de poser que ce passage est lui-même de nature objective quoiqu'inconnu (Ricoeur,Philos. volonté, 1949, p.87). 3. Analogie, équivalence, similitude que l'on constate entre des démarches différentes. On constate un parallélisme complet dans les réactions des divers syndicats à ces mesures (Dub.Gramm.). C. − Spécialement 1. ANTHROPOL. Développement indépendant des mêmes éléments culturels dans des civilisations différentes, tirant leur origine de principes, de besoins et d'inventions identiques. Un exemple de parallélisme est la sarbacane. Elle existe dans certaines aires culturelles d'Amérique du Sud et dans l'archipel malais, sans qu'aucun contact se soit jamais produit entre les civilisations de ces deux aires. La même invention s'y est produite et la sarbacane y a connu un développement indépendant quoique fondé sur les mêmes principes physiques (Willems1970). 2. ASTRON. Parallélisme de l'axe de la terre, d'une planète. Propriété que possède l'axe de la terre, d'une planète, de rester sensiblement parallèle à lui-même, dans tous les points de la courbe que la terre/cette planète décrit dans sa révolution autour du soleil. (Dict.xixes.; Nouv. Lar. ill., Lar. 20e). 3. DR. PUBL. Parallélisme des formes. ,,Principe d'après lequel une décision administrative prise sous une certaine forme ne peut être annulée ou modifiée qu'en respectant les mêmes formes`` (Jur. 1981). 4. INFORMAT. ,,Technique d'accroissement des performances d'un ordinateur par multiplication de processeurs ou d'opérateurs utilisés simultanément`` (Morvan Informat. 1981). 5. LITT. Procédé (qui caractérise surtout la poésie hébraïque) et selon lequel la pensée s'exprime en des membres de phrase parallèles, se répondant suivant un rythme symétrique. Parallélisme rythmique, sonore. Le parallélisme des Psaumes. Le parallélisme, qui est la rime des Sémites, naissait et produisait ses premiers miracles (Renan,Hist. peuple Isr., t.1, 1887, p.381).Le verset, en tant que verset, n'existe que par ceci: deux parties nettement séparées et qui s'affrontent. C'est ce qu'on appelle le parallélisme (Formont, Lemerre,Vers fr., 1937, p.131). − P. méton. Le contenu de ces membres de phrase parallèles. C'était presque toujours par de puissants parallélismes (...) que s'exprimaient ces sorts magiques (Renan,Hist. peuple Isr., t.1, 1887, p.217). 6. PSYCHOL. Théorie selon laquelle il existe une correspondance étroite entre deux séries mises en parallèle: celle des faits psychiques et celle des faits physiques. La vieille idée d'identifier les faits psychiques et les faits physiques dans on ne sait quel fond substantiel ou au moins de les lier terme à terme dans un parallélisme absolu a perdu beaucoup de terrain pendant ces dernières années (Hamelin,Élém. princ. représ., 1907, p.885): . ... la représentation qu'on peut se former des rapports de l'âme et du corps dépend étroitement de celle que l'on se forme de la nature du corps. La représentation paralléliste en particulier est fonction de la représentation mécaniste du corps; ce qui veut dire que le parallélisme ne reste pas vrai aux stades successifs de l'évolution de la notion de corps.
G. Marcel,Journal, 1914, p.125. Prononc. et Orth.: [paʀalelism̭]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1. 1651 «fait d'être parallèle» (Pascal, Traité de l'équilibre des liqueurs ds OEuvres, éd. L. Lafuma, p.238); 1962 «position parallèle des roues directrices d'une voiture» (Rob.); 2. 1783 fig. «évolution semblable, parallèle» (Montbeillard ds Buffon, Hist.nat. des oiseaux, t.8, p.69); 3. 1882 «procédé poétique (chez les Hébreux et en Orient)» (Bach.-Dez.); 4. 1865 psychol. (Cl. Bernard, loc. cit.). Empr. au gr.
π
α
ρ
α
λ
λ
η
λ
ι
σ
μ
ο
́
ς «parallélisme»; 4 empr. à l'all. Parallelismus, créé en 1860 par Fechner (v. Lal. 1968). Fréq. abs. littér.: 150. DÉR. Paralléliste, adj.,psychol. [Correspond à supra C 6] Relatif à la théorie du parallélisme psychophysique. On parlera d'une excitation interne comme on parle d'une excitation externe en donnant à la prétendue sensation une fonction de stimulus; mais c'est surtout l'hypothèse paralléliste qui suggère ce langage fautif (Ricoeur,Philos. volonté, 1949, p.87).Les phénomènes paranormaux sont de nature et d'origine psychologiques, cela signifie certes que ces faits sont de nature et d'origine psychophysiologiques. Cela signifie qu'ils sont susceptibles comme tout événement psychique, d'une interprétation idéaliste, paralléliste ou matérialiste (Amadou,Parapsychl., 1954, p.32).V. aussi supra ex. de G. Marcel.− [paʀalelist]. − 1reattest. 1912 adj. (J. Benda, Le Bergsonisme, ou Une philosophie de la mobilité, 113 ds Quem. DDL t.26); de parallélisme, suff. -iste*. |