| PARALLÈLE, adj. et subst. I. A. − GÉOMÉTRIE 1. Adj. [En géom. euclidienne, dans un même plan, en parlant en gén. d'une ligne ou d'une surface] a) Qqc.1parallèle à qqc.2(Ligne, surface) qui est à une distance égale (de cette autre ligne ou surface) dans toute son étendue. Mener une droite parallèle à une autre; deux lignes parallèles à une troisième sont parallèles entre elles: 1. Ce mouvement [de rotation de chaque planète] aurait (...) lieu autour du diamètre de la planète, perpendiculaire au plan qui contient le centre et la direction de l'impulsion primitive, lequel diamètre resterait parallèle à lui-même, tandis que le centre décrirait une ellipse autour du soleil.
Poisson,Mécan.,t.2, 1811, p.177. Rem. Sur l'empl. subst. p.ell., v. infra C 1 rem. − P. anal. Une rue parallèle à une autre. Quant au tracé des rues, (...) la tendance naturelle est de constituer des artères parallèles à la route et de les relier par des voies perpendiculaires de moindre importance (P.Lavedan,Urban.,1926, p.34).Aux deux niveaux [de la Bibliothèque nationale] on a prévu une circulation parallèle à la rue Vivienne (Cain,Transform. B. N.,1959, p.52). − P. métaph. Écoute; −nous vivrons (...) Nous suivrons la puissance, au néant parallèle, Ou, plus sages, l'amour qui fuit au fond des bois (Hugo,Légende,t.1, 1859, p.13).La mémoire et l'histoire forment un angle droit. L'histoire est parallèle à l'événement, la mémoire lui est centrale et axiale (Péguy,Clio,1914, p.231). − P. ext. Synon. de constant.On peut supposer, sans erreur sensible, la pesanteur parallèle à elle-même dans toute l'étendue d'un même corps (Poisson,Mécan.,t.1, 1811, p.119). b) Rare. Qqc.1parallèle avec qqc.2: 2. Quand la pièce est montée dans la machine, elle n'est pas encore bien cylindrique; pour la rendre telle, et surtout pour qu'elle soit exactement parallèle avec le tranchant du couteau, (...) on appuie contre la surface extérieure une gouge de tourneur (...): en faisant tourner la pièce sur son axe, la gouge enlève tout le bois superflu.
Nosban,Manuel menuisier,t.2, 1857, p.131. c) Qqc.1, qqc.2parallèles (entre eux/elles).Qui ne se rencontrent pas, qui n'ont aucun point commun (aussi loin qu'on les prolonge, dans les deux sens). Droites parallèles; lame à faces parallèles; quadrilatère dont les côtés sont parallèles et égaux. Enfin le plan et la droite peuvent n'avoir aucun point commun: on dit alors qu'ils sont parallèles entre eux (Hadamard,Géom. ds espace,1921, p.1). ♦ Barres* parallèles. − P. anal. Deux rues parallèles. À nos pieds, nos ombres parallèles, rapprochées et jointes, faisaient un dessin ravissant (Proust,Prisonn.,1922, p.175).Le tulle Fig. 15 est constitué par (...) des fils de chaîne disposés en une nappe verticale de fils parallèles tendus sur le métier (...) [et] des fils travaillant obliquement par rapport aux fils de chaîne et venant s'entrecroiser avec ceux-ci (Thiébaut,Fabric. tissus,1961, p.95).On peut également tisser ou tricoter côte à côte des fils à pouvoir de retrait différent. Ceci permet (...) l'imitation de fourrure comme le vison où les poils longs et forts se trouvent répartis en bandes parallèles avec des densités différentes (Thiébaut,Fabric. tissus,1961,p.113). − P. métaph. −Un autre bélier! Un madrier énorme avançait en effet comme un monstre géométrique, porté par cinquante hommes parallèles, penchés en avant comme des hâleurs (Malraux,Espoir,1937, p.464). − BOT. [En parlant des nervures, plus précisément du mode de nervation d'une feuille où les nervures sont plus ou moins nombreuses et courent de façon sensiblement parallèle les unes aux autres] Nervation parallèle (Quillet 1965). Les nervures sont parallèles, ou mieux, en éventail quand la foliole (...) est parcourue de nervures à peu près égales (Plantefol,Bot. et biol. végét.,t.2, 1931, p.607). − MUS. (Mouvement) parallèle. Dans l'organum nous avons deux lignes de voix: ou bien celles-ci demeurent rigoureusement parallèles, la montée ou la descente de l'une provoquant un mouvement identique de l'autre; ou bien, l'une restant d'abord immobile l'autre s'en écarte progressivement (Schaeffner,Orig. instrum. mus.,1936, p.314). 2. Empl. subst. fém. Droite, ligne parallèle. Mener, tirer une parallèle. En réalité le seul fait que les parallèles soient des droites infinies (donc non expérimentales) témoignait du caractère dérisoire du postulat. Il est donc logique que les mathématiques non-euclidiennes se soient développées en inventant d'autres possibilités de parallèles ou en refusant toute «existence» aux parallèles (Legrand1972). ♦ Postulat des parallèles. Synon. postulat d'Euclide.Postulat des parallèles (...) L'un des principaux postulats de la géométrie euclidienne. Son énoncé moderne est: Par un point situé hors d'une droite, on ne peut mener qu'une parallèle à cette droite (Uv.-Chapman1956).Quelque respect que l'on témoignât à la construction axiomatique d'Euclide, on n'avait pas été sans y relever plus d'une imperfection, et cela dès l'antiquité. C'est le postulat des parallèles qui avait été l'objet du plus grand nombre de critiques et de tentatives de démonstration (Bourbaki,Hist. math.,1960, p.28).À l'exception du postulat des parallèles, les principes de la géométrie euclidienne étaient, jusqu'au début du XIXesiècle, considérés comme pleinement satisfaisants (Hist. gén. sc.,t.3, vol. 1, 1961, p.33). B. − PHYS. 1. P. anal. (avec la lumière émanant du soleil, donc d'une source lumineuse supposée située à l'infini). (Faisceau) (de) lumière parallèle. Faisceau de lumière (p.méton. lumière) ni convergent ni divergent et dont les rayons peuvent être considérés comme parallèles. [Éclairer] avec des sources de lumière parallèle convenablement dirigée (Gds cour. pensée math.,1948, p.450): 3. Imaginons un point lumineux A à l'infini; le faisceau parallèle issu de ce point donne à la sortie de l'objectif photographique dans lequel il a été limité par le diaphragme D un faisceau de rayons qui ne convergent pas vers un point image bien déterminé mais qui se groupent en restant tangents à une surface...
Prat,Opt.,1962, p.149. 2. ÉLECTR., souvent au plur. [En parlant d'éléments actifs (générateurs) ou passifs (capacités, résistances)] ,,Éléments (...) groupés par leur extrémité de même polarité, et travaillant en même temps`` (Ging.-Lauret 1973). − Loc. En parallèle (p.oppos. à en série). Synon. en dérivation, en shunt.Groupement, montage en parallèle; circuits montés en parallèle; générateurs associés en parallèle. Dans les circuits combinés on utilise pour chaque conducteur du combiné les deux fils en parallèle de chaque circuit combinant (A. Leclerc,Télégr. et téléph.,1924, p.263). ♦ P. ell. de la prép. en. Montage parallèle (Lilen-Morvan 1976). − P. anal., INFORMAT. ♦ Imprimante parallèle. ,,Imprimante dans laquelle les caractères choisis sont imprimés simultanément`` (Informat. 1972). ♦ Traitement/transferts parallèle(s). ,,(...) qui sont menés de front, chacun utilisant seul au même instant un organe différent`` (scom Informat. 1977). ♦ Loc. [P. oppos. à en série] En parallèle. ,,Il y a en particulier transmission en parallèle lorsque tous les éléments binaires d'un caractère ou d'un bloc sont transmis au même instant`` (scom Informat.1977). − P. métaph. En parallèle. De front, en concomitance: 4. Ces congrès se tiennent dans les plus grands hôtels des plus grandes villes [américaines...] (...). Ceux-ci offrent de vastes salles assez nombreuses (...) pour mener en parallèle plusieurs séries d'exposés et de discussions; parfois dix exposés simultanés, la longueur de chacun étant rigoureusement chronométrée.
Leprince-Ringuet,Atomes et hommes,1957, p.85. C. − Subst. masc. 1. GÉOM. Parallèle. Cercle qui est déterminé par (ou que détermine) une surface de révolution et un plan perpendiculaire à son axe. Tout parallèle est un cercle (Lar. encyclop.). Un point quelconque [d'une méridienne d'une surface de révolution] décrit, [en tournant autour de l'axe] un cercle ayant son centre sur l'axe. Ce cercle est dit un parallèle de la surface (Hadamard,Géom. ds espace,1921, p.122). Rem. L'empl. adj. est ici possible. Dupré 1972 note: ,,En définitive l'opposition entre masculin et féminin s'est opérée à partir du même domaine du vocabulaire, celui des mathématiques: cette différenciation résulte d'une réduction à partir d'unités syntagmatiques différentes: une parallèle est une expression elliptique à partir de droite parallèle ou surface parallèle; un parallèle est la réduction de plan parallèle``. 2. P. anal., ASTRON., GÉOGR. [P. oppos. au méridien] Cercle pouvant passer par chaque degré, minute ou seconde du méridien. Parallèle céleste/terrestre. Petit cercle de la sphère céleste/terrestre, parallèle au plan de l'équateur. Deux lieux sur le même parallèle. Une étoile passe, deux fois par jour sidéral, par une même hauteur (...). Les deux positions correspondantes (...) appartenant à un même parallèle céleste, ainsi qu'à un même cercle de hauteur, sont symétriques par rapport au méridien (Danjon,Cosmogr.,1948, p.83).Les parallèles sont représentés sur la carte nautique par des lignes horizontales et l'échelle des latitudes se trouve le long de la carte à sa droite et à sa gauche (Barber.1969).Les parallèles diminuent à mesure qu'ils se rapprochent des pôles et ils prennent la qualification de la latitude par laquelle ils se trouvent. On dit ainsi le parallèle 50ode latitude nord ou sud (Gruss1978). − HIST. [P. réf. à la frontière entre la Corée du Nord et la Corée du Sud] Le 38eparallèle: 5. ... la «poudrière coréenne» existait à l'état potentiel dès l'instant où, au moment de la défaite japonaise, ce pays fut séparé en deux par la ligne fatidique du 38eparallèle. Ligne de démarcation artificielle, sans aucun fondement d'ordre géographique et d'où découla tout le mal. Pourquoi le 38eparallèle? (...) à la conférence de Yalta, en février 1945, les Alliés en avaient parlé (...): la Corée septentrionale devait échoir comme zone d'opérations aux Soviets, et la Corée méridionale aux Américains.
Lar. mens. ill.t.12, p.692. − P. anal., souvent au plur. [À propos des mondes dont on a dressé des cartes ou dont on veut repérer certains détails] Petits cercles formant un réseau analogue à celui tracé sur le globe terrestre. On définit (...) des parallèles de latitude, de déclinaison etc. sur (...) la Lune, le Soleil, les planètes (Astron.1980). D. − Subst. fém. 1. FORTIF. Tranchée tracée de façon sensiblement parallèle au côté de la place que l'on veut investir pour resserrer graduellement les assiégés et faire communiquer les attaques de la gauche et de la droite, les terres retirées et rejetées du côté des assiégés pouvant constituer un parapet défensif pour les assiégeants. Continuer une parallèle; occuper une parallèle de deuxième ligne; les parallèles se communiquent par des chemins couverts: 6. Les parallèles sont de l'invention de Vauban (...); de son temps on les appelait places d'armes; mais cette dénomination, déjà appliquée à d'autres ouvrages de fortification ou à d'autres emplacements, a été remplacée par celle de parallèles qui exprime beaucoup mieux la nature du tracé (...). C'est par l'invention des parallèles, plus encore que par celle du tir à ricochet, que Vauban a révolutionné l'art des sièges, en donnant à l'attaque une supériorité décidée sur la défense...
Privat-Foc.1870. 2. TECHNOL. Parallèle à vis/parrallèle de graveur. ,,Instrument dont se servent les graveurs −principalement les graveurs de lettres −pour tracer des lignes parallèles sur des planches de métal`` (Adeline, Lex. termes art, 1884). On peut (...) [faire] usage d'une règle mobile analogue à une parallèle de graveur, qui ne pourrait se mouvoir que parallèlement et serait fixée en place par une vis de pression (Nosban,Manuel menuisier,t.2, 1857, p.148). II. − Au fig. [À partir de la notion de droites parallèles orientées dans l'espace ou le temps suggérant par là-même une similitude dans le développement, dans l'évolution de faits de même nature ou leur seule concomitance, ou encore à partir d'éléments homologues ou symétriques d'une figure] A. − Adj. [Corresp. à I A 1 supra; souvent avec ell. de qqc.2] 1. a) Qui évolue(nt) dans la même direction, se développe(nt) dans le même sens ou de façon similaire. Suivre un sort parallèle; mener une action parallèle; deux destins parallèles. Ces deux états suivent une politique parallèle (Ac.).Il fallut la Révolution française pour en dégager [du droit d'auteur] la notion. Depuis lors, tous les pays d'Europe l'ont admise et en ont donné des développements sinon identiques du moins parallèles (Civilis. écr.,1939, p.16-7).Cette fonction adipopexique [emmagasinement des graisses dans les cellules hépatiques] est, elle aussi, parallèle à la fonction glycogénique et s'exagère par la suralimentation (Ce que la Fr. a apporté à la méd.,1946, p.229).L'étude de ce que l'on a coutume d'appeler les «fondements des mathématiques», qui s'est poursuivie sans relâche depuis le début du XIXesiècle, n'a pu être menée à bien que grâce à un effort parallèle de systématisation de la logique (Bourbaki,Hist. math.,1960, p.9). − P. métaph. Humph! Humph! fit le docteur Grassois. Humph! qui de nous n'est pas plus parallèle qu'identique à lui-même? (Arnoux,Double chance,1958, p.35). − ETHNOL. [P. oppos. à croisé; dans une ligne de filiation: patri-/matrilinéaire; en parlant de certains parents oncles, tantes, cousins, neveux, nièces] Qui descendent d'un parent de même sexe que celui de l'ascendant immédiat de la personne concernée. Filiation, parenté parallèle. Nous manifestons quelque déférence, il est vrai, à nos aînés, mais nous ne faisons aucune différence entre des oncles et tantes maternels ou paternels, ainsi qu'entre des cousins parallèles ou croisés (Lowie,Anthropol. cult.,trad. par E. Métraux, 1936, p.298): 7. «Parallèle» signifie ici que le parent en question, par exemple le frère du père, est de même sexe que celui des deux parents auquel il est apparenté, en l'occurrence le père (...). De toute évidence, les oncles parallèles et croisés sont des parents également proches, mais beaucoup de tribus considèrent comme plus étroite la parenté parallèle.
Lowie,Anthropol. cult.,trad. par E. Métraux, 1936p.260. b) [En parlant de certains faits dans leur déroulement respectif, leur simultanéité, voire leur concomitance]
α) Qui se produisent simultanément, qui sont concomitants. Au bout de peu de jours, on notait une augmentation de l'appétit, une diminution parallèle de la toux, de l'expectoration, des sueurs nocturnes (Mounier, Traité caract.,1946, p.223).Lorsque la peau est trempée dans ce bain [une solution de chlorure ou de sulfate basique de chrome], son collagène entre en combinaison stable avec l'oxyde basique; de plus on a reconnu qu'il y avait fixation parallèle d'acide fort par ce même collagène (Bérard, Gobilliard, Cuirs et peaux,1947, p.83).Dévaluation, renchérissement et augmentation des salaires sont des phénomènes parallèles (Foulq.-St-Jean1962).
β) Qui se déroulent dans le même temps. On pourrait prendre, ici et là, une statue ou un groupe décoratif, les placer vis-à-vis l'un de l'autre et suivre leur marche parallèle de demi-siècle en demi-siècle (Faure, Espr. formes,1927, p.31).Sans doute nous étonnerons-nous toujours de vivre deux existences parallèles, mêlées l'une à l'autre, mais entre lesquelles nous n'arrivons pas à instaurer une parfaite concordance (Béguin,Âme romant.,1939, p.vii). ♦ Empl. antéposé. Les cloches, s'accordant à ces cloches de drap, S'acheminent ensemble en lents itinéraires... Puis, quand leur parallèle affluence décroît Sur les quais tout vibrants de leur tristesse enfuie, On croit sentir venir de très loin une pluie Musicale qui tombe en gouttes de son froid (Rodenbach,Règne sil.,1891, p.100). 2. [En parlant d'un organisme, d'une institution, d'une activité; plus rarement d'une pers.] Qui agit, fonctionne à côté d'un organisme, d'une institution de même nature (mais dont l'aspect est officiel); qui s'exerce en marge des dispositions légales, réglementaires. Festival parallèle (du cinéma); gouvernement parallèle; monde, réseau parallèle (de téléphone, de la chanson); (danger des) vocabulaire(s) parallèle(s); administration parallèle; prostitution libre ou parallèle. Les circuits de vente parallèles aux circuits traditionnels de la librairie, les clubs, les associations, se développent de plus en plus (Cacérès,Hist. éduc. pop.,1964, p.176).L'information parallèle n'est pas une nouveauté. Elle a toujours coexisté plus ou moins avec l'information officielle, en tous cas dominante, pour la compléter, la corriger. À la rigueur on peut considérer que quiconque est capable de parler et d'écrire est un informateur parallèle (H. Amblès,Information et animation culturelle,1972ds Gilb. 1980). − En partic. [En matière de marché, de police, d'école, de médecine, etc.] ♦ École parallèle. [En parlant des médias, notamment de la télévision et de la radio] L'école doit assurer quatre rôles: apprendre des métiers, apporter une formation de base, apprendre à «profiter de l'extérieur» (école parallèle), mettre le futur adulte en état de pouvoir et vouloir continuer à se former au-delà de sa vie scolaire et à poursuivre son développement et son épanouissement (B. Schwartz,Réflex. prospectives,1969, p.11). Rem. D. D. L. 1976 note: ,,Le qualificatif parallèle semble impliquer à la fois que cette autre école concurrence la première tout en gardant une fonction officieuse et quasi clandestine, en tout cas susceptible d'être ignorée ou méconnue. Les études qui ont été faites de cette école parallèle (...) montrent que, pas plus que l'autre, elle n'échappe à l'influence des clivages sociologiques.`` ♦ Marché parallèle. Nouy a (...) un «cabinet d'affaires» où il se rend l'après-midi pour trafiquer de tout ce qui fait les derniers beaux jours du marché parallèle (H. Bazin,Lève-toi,1952, p.97).Avance générale des devises sur le marché parallèle, la vedette revenant au dollar à 443 contre 438 (Le Monde,19 janv. 1952, p.11, col. 1). ♦ Médecines parallèles. Notre temps n'échappe pas aux méfaits des médecines dites parallèles, dans lesquelles il est d'ailleurs quelquefois difficile de séparer le bon grain de l'ivraie (Bariéty, Coury, Hist. méd.,1963, p.815). Rem. Dupré 1972 note: ,,L'adjectif parallèle s'emploie d'une manière figurée avec une valeur péjorative. Il se réfère alors à la notion de «substitut», de «double», par rapport à la normale, il implique une nuance de «illégal» ou de «clandestin». C'est le cas pour l'expression marché parallèle. Elle se réfère à un marché semi-clandestin où s'opèrent des transactions commerciales ou financières contrairement à la réglementation en vigueur ou à la loi.`` ♦ Police/service d'ordre parallèle. Qu'est-ce qu'une police parallèle? C'est le contraire d'une police officielle. Les polices «parallèles» à la police officielle voient le jour lorsque les services normaux ne sont plus en mesure de fonctionner efficacement (...) Depuis 1963, et hormis l'affaire B. −1965 −où l'on ignore si ce furent les polices «parallèles» ou les «officielles» qui firent assassiner le leader marocain, les barbouzes n'ont plus fait parler d'elles (L'Express,16 juin 1969ds Gilb. 1980).De véritables services d'ordre parallèles reconnus officieusement par les autorités universitaires (Le Monde,14 oct. 1969ds Gilb. 1980). 3. [En parlant d'éléments homologues, qui se correspondent, qui se font pendant] La Direction départementale de la Santé est parallèle à l'Inspection académique (Foulq.-St-Jean1962). a) Domaine des arts.En parlant ,,de choses semblables, de figures identiques, symétriquement placées, de sujets de même taille formant pendant, de parties d'un édifice de même proportion`` (Adeline, Lex. termes art, 1884). b) P. anal. Qui fait pendant à, qui est l'homologue de; corrélatif(s), symétrique(s), voire complémentaire(s). C'est l'éternelle duperie de l'amour qui ne voit au monde que son objet. Amour exclusif est parallèle de haine et d'anathème (Renan,Avenir sc.,1890, p.447).Il était (...) souhaitable, de présenter ces deux points de vue parallèles, et souvent complémentaires, en deux chapitres consécutifs (Hist. gén. sc.,t.3, vol. 1, 1961, p.261).La criminologie se garde de toute généralisation. Elle s'est forgé une terminologie à part, parallèle à celle de la sociologie et de la psychologie, dont elle ignore visiblement le vocabulaire scientifique (David,Cybern.,1965, p.110). − [En parlant de grilles, d'échelles de salaires] La disparition de la stratification traditionnelle tend à transformer le milieu rural en plusieurs classes sociales (...). Autrefois, le passage se faisait entre les deux échelles parallèles à égalité d'échelon: le salarié devenait ouvrier d'usine, le petit paysan, petit commerçant ou fonctionnaire et le gros paysan pouvait donner une éducation à ses enfants jusqu'à en faire des médecins, des notaires, ou de hauts fonctionnaires (Traité sociol.,1967, p.326). c) En partic. Qui présente une comparaison suivie entre deux choses, deux personnes. Plutarque a écrit les Vies parallèles des hommes illustres de la Grèce et de Rome (Ac.1935). B. − Empl. subst. masc. [Corresp. à II A 3 c supra; p.réf. non aux math. mais aux célèbres parallèles de Plutarque, le traducteur Amyot ayant introduit le mot en 1559] Comparaison entre deux personnages, deux objets, deux idées permettant de mettre en relief leurs similitudes et leurs oppositions; p.méton., point de comparaison. Un beau, juste parallèle; un parallèle grotesque, instructif, intéressant; parallèle entre deux langues; parallèle des Anciens et des Modernes; le parallèle de Turenne et de Condé. Quand j'entends parler de malheurs, madame, j'ai pris la fâcheuse habitude de penser aux miens, et, alors, cette égoïste opération du parallèle se fait dans mon esprit (Dumas père, Villefort,1851, v, 9, tabl. 2, p.249): 8. Et cependant, comment ne pas songer ici, et comment ne pas faire leur part au romantisme et à la rhétorique de jadis? La Sorbonne (...) ni l'Académie n'y répugnent. Il se peut (...) que l'antithèse et le parallèle correspondent à quelque nécessité de l'esprit.
Valéry,Variété IV,1938, p.119. − Loc. verb. Esquisser, établir un parallèle; (pour) suivre le parallèle entre deux (hommes, événements); mettre en parallèle (deux hommes, événements); faire le parallèle d'Alexandre avec/et de César; soutenir le parallèle. Si nous suivons le parallèle des deux caractères [de Catherine et de Pierre III] si mal appareillés par le sort, quel contraste! (Sainte-Beuve,Nouv. lundis,t.2, 1862, p.187).Faites un parallèle entre nous deux, et vous verrez comme vous serez reçue (Flaub.,Corresp.,1872, p.455): 9. Le merveilleux chrétien peut soutenir le parallèle avec le merveilleux de la fable. Les anciens fondoient leur poésie sur Homère, et les chrétiens sur la Bible: et les beautés de la Bible surpassent les beautés d'Homère. C'est au christianisme que les beaux-arts doivent leur renaissance et leur perfection.
Chateaubr.,Génie,t.2, 1803, p.573. REM. Paralléliseur, subst. masc.,technol. Appareil servant dans les filatures, à la préparation du lin, du chanvre avant le passage du métier. Le paralléliseur réunit tous les rubans étalés à l'arrivée en un ruban unique (Lar. 20e). Prononc. et Orth.: [paʀalεl]. Ac. 1694 et 1718: -llele; dep.1740: -llèle. Étymol. et Hist. A. 1. a) 1549 adj. géom. «se dit de lignes, surfaces qui ne se rencontrent pas» (Est.); b) 1611 subst. masc. (Cotgr.); 1680 subst. fém. (Rich.); c) 1718 subst. fém. «tranchée parallèle au côté d'une place forte» (Ac.); d) 1956 électr. groupement en parallèle (Uv.-Chapman); 2. 1534 astron. circles paralleles et subst. (Apian, Cos., 8 rods Fr. mod. t.26, p.55); 3. av. 1778 fig. «qui suit, se développe dans la même direction» (J.-J. Rousseau, Lettre à MrMoultou, Corresp., t.V, 154 ds Pougens ds Littré); 4. 1965 polices parallèles (Le Monde, 28-11 ds Gilb. 1971). B. 1. 1559 fig. adj. «qui présente une comparaison suivie» (Amyot, Les vies parallèles, trad. de Plutarque); 2. 1651 mettre en parallèle (Pascal, Préface du traité du vide ds OEuvres, éd. L. Lafuma, p.231); 1690 entrer en parallèle (avec qqn) (Fur.). Empr. au lat. parallelus «parallèle» et astron. «les parallèles», lui-même empr. au gr. π
α
ρ
α
́
λ
λ
η
λ
ο
ς «placé en regard, parallèle (lignes, cercles)»; le sens fig. B 1 est dû à l'ouvrage de Plutarque β
ι
́
ο
ι
π
α
ρ
α
́
λ
λ
η
λ
ο
ι «Les Vies parallèles». Fréq. abs. littér.: 1190. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2312, b) 1428; xxes.: a) 1102, b) 1659. DÉR. Paralléliser, verbe trans.a) [Corresp. à parallèle I A] Industr. text. Rendre parallèles. Paralléliser des fibres textiles (de coton). Les deux extrémités de nappes de chaîne à réunir sont très soigneusement brossées pour paralléliser au mieux les fils, puis tendues entre des barres de tension et des pinces (Thiébaut,Fabric. tissus,1961, p.55).Les fils continus peuvent être tissés directement, mais les fils courts doivent être d'abord parallélisés (Cl. Duval, Verre,1966, p.99).Emploi pronom. réfl. [En parlant d'objets différents] Devenir parallèles. Sous l'action des rouleaux qui étreignent les rubans [de coton cardé ou peigné], ceux-ci s'allongent, se fortifient et se parallélisent (Lenglet,Bulletin consulaire français,1877, p.209 ds Littré).b) Au fig. [Corresp. à parallèle II B] Mettre en parallèle. Le dévonien inférieur de l'Amérique du Nord diffère assez de celui de l'Europe pour qu'il soit difficile de les paralléliser dans le détail (Lapparent,Abr. géol.,1886, p.170).Paralléliser qqc.1avec qqc.2 On peut paralléliser cette couche avec les graviers à Elephas meridionalis de Saint-Prest, près de Chartres (Lapparent,Abr. géol.,1886p.371).[Le suj. est un inanimé abstr.] Le développement d'un phylum parallélise curieusement les stades successifs traversés par une invention humaine (Teilhard de Ch.,Phénom. hum.,1955, p.123).− [paʀalelize]. − 1reattest. 1874 (Lar. 19e); de parallèle, suff. -iser*. |