| PARACHUTER, verbe trans. A. − 1. Larguer d'un aéronef en vol des hommes ou du matériel attachés à un parachute. Parachuter des armes. Jean Moulin fut parachuté dans le Midi, au cours de la nuit du 1erjanvier (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p.235).Les équipes de 25 à 40 hommes en été (...) ont parcouru 77.300 kilomètres (...) et reçu 475 tonnes de matériel, dont près de la moitié furent parachutés (Combat, 19-20 janv. 1952, p.8, col. 2): 1. Chloé (...) roule vers une prairie où, à deux heures du matin, un avion anglais doit parachuter deux nouveaux agents.
Vailland, Drôle de jeu, 1945, p.244. − Empl. abs. Effectuer un parachutage. Les Anglais vont faire tomber chez nous des colis et des hommes (...). Grand-père, un petit vieux courbé en quatre (...) resta un petit moment et remonta se coucher: s'ils avaient à parachuter, ils parachuteraient aussi bien sans lui (Triolet, Prem. accroc, 1945, p.396). 2. Part. passé à valeur adj. Qui est parachuté. Certains militaires parachutés avaient reçu de leurs supérieurs l'ordre de prendre du poison s'ils se voyaient sur le point d'être arrêtés (Green, Journal, 1945, p.255).Puis ce furent aussitôt après les Anglais, les Canadiens et les Français gaullistes de la division parachutée d'Arnheim (Ambrière, Gdes vac., 1946, p.355): 2. L'usine de production d'eau lourde norvégienne (...) fut détruite (...) par un sabotage exécuté par des commandos parachutés et des patriotes norvégiens...
Goldschmidt, Avent. atom., 1962, p.49. − Empl. subst. Personne qui est parachutée, susceptible d'être parachutée. Un Anglais, chuchota la grand'mère de sa bouche édentée, un parachuté! (Triolet, Prem. accroc, 1945, p.396). B. − Au fig. Nommer ou envoyer de façon inattendue quelqu'un, qui bénéficie de l'appui important d'un appareil administratif ou politique, à un poste ou pour une mission à exercer dans un milieu où il risque d'être mal accepté. Les jeunes Rastignac de la majorité qu'on parachute de Paris en province colonisée, à coups de relations, d'argent, de services rendus et de publicité (L'Observateur, 29 janv. 1973ds Gilb. 1980). − Part. passé subst. Personne parachutée. M. Terré ne se souvient pas, sans quelque frisson, de l'élection de 1962 où un inconnu, un «parachuté», mais U.N.R., a failli lui faire mordre la poussière (Le Monde, 10 févr. 1967, p.7, col. 2). Prononc.: [paʀaʃyte], (il) parachute [-ʃyt]. Étymol. et Hist.1. 1945 «lâcher (une personne) d'un avion avec un parachute» (Vailland, Drôle de jeu, p.244); 2. 1962 «nommer ou désigner (une personne) à l'improviste» (Rob.). Dér. de parachute*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 28. DÉR. Parachutage, subst. masc.a) Action, fait de parachuter quelqu'un ou quelque chose; son résultat. Je me hâte d'ajouter qu'à mes yeux cela est moins que rien, au prix du plus insignifiant des risques courus par les vrais résistants, ceux des parachutages d'armes, des sabotages, des attaques à main armée (Mauriac, Bâillon dén., 1945, p.428).Sur le front, aux arrières, dans Paris, couraient des bruits alarmants quant (...) à de prétendus parachutages de miliciens de Darnand et de commandos ennemis dans diverses régions de la France (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p.144).b) Au fig. Fait de confier à quelqu'un, qui bénéficie de l'appui important d'un appareil administratif ou politique, une mission, une tâche dans un milieu où il risque d'être mal accepté. Delors élu. Le ministre de l'Économie a réussi son parachutage à Clichy (Libération, 14 mars 1983, p.1).− [paʀaʃyta:ʒ]. − 1resattest. a) 1944 «action de parachuter quelqu'un d'un avion» (France, 8 juin, p.3b d'apr. Fonds Barbier), b) 1957 «action de parachuter dans un emploi» (Le Monde, 10 nov. ds Gilb. 1971); de parachuter, suff. -age*. − Fréq. abs. littér.: 14. |