| PARAÎTRE1, verbe intrans. I. − Devenir visible. A. − Qqc. paraît 1. Se présenter à la vue, soudainement ou progressivement. Les fleurs mâles du coudrier, qui paraissent dès l'hiver, se manifestent sous la forme de chenilles suspendues aux branches (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p.323).Au-dessus des saules paraissait une fumée blanche qui quelquefois s'élevait dans le ciel en tournoyant (Stendhal, Chartreuse, 1839, p.39).Sa voix tremblait, des larmes parurent dans ses yeux (Zola, Débâcle, 1892, p.488). − En partic. [Le suj. désigne un astre] Apparaître à l'horizon. Synon. se lever.Une première étoile parut sitôt le jour retiré (Ramuz, Gde peur mont., 1926, p.35). ♦ [P. méton.] Le jour paraît. Le ciel, de lilas très pâle, pâlit encore, et tout à coup une immense déchirure jaune le fendit à l'est. L'aube parut dans le désert vide (Benoit, Atlant., 1919, p.315). − Au fig. ♦ Commencer à exister, venir au jour. Synon. éclore, naître.Avec la sensibilité paraît la conscience à un degré quelconque, et tous les rapports possibles, antérieurs comme postérieurs, viennent dès lors se centraliser sous la catégorie de personnalité (Renouvier, Essais crit. gén., 3eessai, 1864, p.vii). ♦ Être manifeste, être mis en évidence. Synon. éclater, surgir, ressortir.La vérité du sentiment paraissait dans les regards de Sara (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p.15).S'ils proclamaient leurs objectifs avec cette franchise où paraissent les objectifs mêmes de la révolution qui les menace... (Nizan, Chiens garde, 1932, p.116). 2. Domaine de la commun. a) [Le suj. désigne une production] Être publié, mis en vente, être livré au public. (Livre) à paraître, qui vient de paraître; paraître le jeudi. Une Saison en Enfer, parue à Bruxelles, 1873, chez Poot et Cie, 37, rue aux Choux, sombra corps et biens dans un oubli monstrueux (Verlaine, OEuvres compl., t.4, Poètes maud., 1884, p.34).Samedi 8 décembre. Ce matin a paru à la librairie Quantin l'édition illustrée de l'Histoire de la société française pendant la Révolution (Goncourt, Journal, 1888, p.871).Les films de qualité parus sous l'occupation se comptent sur les doigts (Cacérès, Hist. éduc. pop., 1964, p.120). − [P. méton. du suj.] −Quand paraissons-nous? −Votre livre? mais il a paru il y a huit jours (A. Daudet, Immortel, 1888, p.55): 1. Mon article est expédié depuis lundi à Denis, avec une lettre, où je déclare me soumettre à son appréciation, et où je lui annonce mon article sur Claudel. Pas de réponse encore. Je ne sais donc si et quand je paraîtrai. Le numéro de juin ne m'est pas encore parvenu.
Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p.190. b) [Le suj. désigne un texte, un article] Être publié. Annonce parue dans un journal. Pas une seule fois leur nom [à certains artistes de nos deux grandes scènes lyriques] n'a paru sur l'affiche, et n'y paraîtra de longtemps (P. Lalo, Mus., 1899, p.52).Une série de dispositions qui ont fait l'objet de deux ordonnances, d'un décret et d'une circulaire parus simultanément au Journal officiel (Réforme hospit., 1959, p.7).Faire paraître. Publier. Faire paraître une annonce. Rem. En ce sens I A 2, paraître s'emploie avec l'auxil. avoir si l'on veut présenter l'action dans son accomplissement, avec l'auxil. être si l'on veut insister sur le résultat. B. − Qqn paraît.Se faire voir avec une certaine soudaineté, intentionnellement ou non. Synon. se montrer.Paraître à la porte, sur le seuil; paraître en public. Chaque matin, mon entrepreneur paraissait à l'heure du déjeuner afin de connaître le résultat de mes démarches (Reybaud, J. Paturot, 1842, p.253).C'est alors qu'au balcon Sérieux comme un pape Paraît le pape (Prévert, Paroles, 1936, p.132).V. cercle II B ex. de Hugo. − Au fig. Commencer à se manifester, à jouer un rôle. Voici un poète [Dante] qui parut dans un siècle tumultueux, qui marcha comme enveloppé d'orages (Ozanam, Philos. Dante, 1838, p.14).L'univers change autour de nous (...): de nouveaux peuples paraissent sur la scène du monde; d'anciens peuples ressuscitent au milieu des ruines (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p.283). II. − Être visible, être vu. A. − Qqc. paraît 1. Se voir. Vous avez cru effacer cette tache, elle paraît encore (Ac.).Les courtisans, il est vrai, ne font rien; nulle oeuvre, nulle besogne qui paraisse (Courier, Pamphlets pol., Au réd. «Censeur», 1820, p.33). − Empl. impers. Il paraissait des taches livides en plusieurs endroits de son corps (Ac.1835-1935). − Au fig. Être manifeste. Il va bientôt paraître que je n'acquis point une suffisante intelligence des opérations qu'effectuait cette dame vénérable (A. France, Pt Pierre, 1918, p.54). 2. Empl. impers. Il y paraît. Cela se voit, il y a des marques, des traces. L'orage a passé par cette contrée, il y paraît (Ac.). − [Le plus souvent avec un adv. ou dans un cont. négatif] Je les ai écrites, presque toutes [ces notices], il y a fort longtemps, à une époque où j'avais peu d'expérience, et il n'y paraît que trop (A. France, Génie lat., 1909, p.ii): 2. ... ceux-ci [les sergents de ville] (...) époussetaient alors, en se jouant, du bout de leurs sorties-de-bal, les têtes espiègles et mutines. C'était une attention qui, pour être délicate, n'en n'était pas moins sensible. Le lendemain, il n'y paraissait plus.
Villiers de L'I.-A., Contes cruels, 1883, p.9. − Sans qu'il y paraisse. Sans que cela se remarque, sans qu'on s'en doute. Maître, si tu as un ennemi, dis-le, et je t'en débarrasserai sans qu'il y paraisse autrement (Musset, Lorenzaccio, 1834, iii, 1, p.167). B. − Qqn paraît.Se montrer dans un lieu, dans une circonstance où l'on a quelque chose à faire. Synon. être présent, prendre part à.Comment? Trois heures et demie étaient sonnées et ce lambin n'avait pas paru (Cladel, Ompdrailles, 1879, p.330).Le premier peloton déboucha au milieu d'insultes. On lui montrait le poing... on l'accusait de ne plus jamais paraître à la bataille, sinon quand la besogne était faite (Adam, Enf. Aust., 1902, p.94): 3. Sur les cent cinquante électeurs dont se composait le collége dont je briguais les suffrages se trouvaient vingt légitimistes, opulents propriétaires du pays, qui ne paraissaient jamais à l'élection, et vingt autres noms qui, pour des motifs divers, ne devaient pas répondre à l'appel. Restaient cent-dix votants.
Reybaud, J. Paturot, 1842, p.321. − En partic. ♦ Synon. de comparaître.Paraître à la barre, devant ses juges; paraître devant Dieu. Accusée, paraissez devant le tribunal du Saint-Office (Mérimée, Théâtre C. Gazul, 1825, p.138).Paraître en justice est toujours une chose grave, quand on ne traite pas la procédure comme une distraction et la chicane comme un moyen d'hygiène (Reybaud, J. Paturot, 1842, p.214).À peine installé au clos, le marquis fit paraître tous les hommes des campagnes circonvoisines et leur fit donner les étrivières pour avoir violé le tombeau de Virgilii (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p.150). ♦ [Le suj. désigne un acteur, un personnage] Se présenter sur scène, jouer un rôle dans un film. Paraître sur la scène du Français, au dernier acte, dans les Misérables. − Loc. verb. Paraître à son avantage. Se montrer sous son meilleur jour. V. bouffer ex. 7. − Empl. abs. Se faire remarquer, vouloir briller, se mettre en vue. Synon. briller.Aimer à paraître, vouloir paraître; le désir de paraître. Je ne cherche pas à paraître. Je n'ai pas le souci de plaire. Je me suffis à moi-même (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p.844). C. − Faire, laisser paraître qqc.Faire, laisser voir. 1. Qqn fait, laisse paraître qqc.Synon. manifester, montrer.Faire paraître son chagrin, son bon sens; laisser paraître son amour, sa curiosité, son déplaisir, sa faiblesse, sa joie, sa surprise. Je m'appliquais à ne rien laisser paraître de mes sentiments, à n'avoir l'air étonné de rien, choqué de rien (Duhamel, Confess. min., 1920, p.139).Il [le juge] ne songeait visiblement qu'à faire paraître sa puissance et à se rendre redoutable (A. France, Vie fleur, 1922, p.433). 2. Qqc. fait, laisse paraître qqc.Des nuages très bas (...) ne laissaient plus paraître les dernières étoiles que dans la profondeur de leurs déchirures (Malraux, Cond. hum., 1933, p.192). III. − Être vu sous un certain aspect. A. − Sembler, avoir l'air. 1. Paraître (à qqn) + attribut du suj. a) Qqn paraît.Paraître austère, désirable, joli, gai, grand; paraître indifférent, insensible; paraître à l'aise, au-dessus de tout soupçon. Oh! Je dois vous paraître un peu fou... Je me contredis! Mais je suis venu pour tout vous avouer (Bernstein, Secret, 1913, i, 6, p.9).Pour ne pas paraître une prostituée aux yeux du monde, vous vous êtes prostituée aux yeux de Dieu? (Salacrou, Terre ronde, 1938, ii, 3, p.209). b) Qqc. paraît.Paraître chimérique, facile, favorable, invraisemblable; paraître sans réplique. Tout compte fait, je me trouvais, par suite de mes gains, à la tête d'une dizaine de mille francs qui me paraissaient un capital inépuisable (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p.176).En cet Armagnac, où l'on cuit presque tout encore à la fine graisse d'oie, user du beurre pour les aliments paraissait une hérésie (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p.245). 2. Paraître (à qqn) + inf. a) Qqn paraît.Paraître comprendre, hésiter, ignorer, se souvenir; paraître à plaindre, souffrir. Sans paraître y prêter la moindre attention, l'abbé Cruchot avait su deviner la conversation de Charles et de Madame des Grassins (Balzac, E. Grandet, 1834, p.61): 4. −Hé bien, le hasard... −Il n'y a pas de hasard, monsieur. −C'est du moins le nom que je donne à la Providence lorsqu'elle me paraît compliquer les choses au lieu de les simplifier.
Bernanos, Crime, 1935, p.855. − En partic. Avoir un aspect physique correspondant à tel âge. Elle paraissait avoir quatorze ans, et d'autres disaient seize, tant elle était grande et déjà femme de corps et de manières (R. Bazin, Blé, 1907, p.74). ♦ [Le plus souvent, p.ell. de l'inf.] Synon. de faire (v. faire1III F).Paraître vieux. Il accuse quarante-deux ans, mais ne paraît pas son âge (Gide, Voy. Congo, 1927, p.774).Un homme paraissant la soixantaine bien sonnée (Montherl., Célibataires, 1934, p.737).Cette gronderie sucrée m'écoeura. J'étais surtout vexé de paraître encore assez jeune pour la subir. Si mes douze ans en paraissaient dix, j'avais la dureté des garçons de quatorze (H. Bazin, Vipère, 1948, p.91). b) Qqc. paraît.Le sens moral me paraît baisser de plus en plus; on se rue dans le médiocre (Flaub., Corresp., 1862, p.17).C'est à l'appel de la France que nous avons obéi. Au moment où tout paraissait crouler dans le désastre et dans le désespoir (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p.628). B. − [P. oppos. à être effectivement] Avoir l'apparence de, passer pour. Il ne suffit pas de paraître homme de bien, il faut l'être (Ac.).J'ai toujours voulu, je veux encore paraître ce que je ne suis pas, et je néglige trop ce que je pourrais être (Maine de Biran, Journal, 1816, p.160): 5. Mon esprit ergotait tantôt, pour savoir s'il faut d'abord être, pour ensuite paraître; ou paraître d'abord, puis être ce que l'on paraît? (Comme ceux qui achètent d'abord à crédit, puis, après, s'inquiètent de la somme qu'il faut pour solder leur dette; paraître avant que d'être, c'est s'endetter envers le monde extérieur).
Gide, Journal, 1891, p.25. C. − Empl. impers. 1. Littéraire ♦ Il me (nous, vous, etc.) paraît que + ind. ou cond. J'ai l'impression que. À mesure que nous avançons vers l'Amérique, je ne puis m'empêcher de devenir plus triste. Je ne sais pourquoi, il me paraît que le temps le plus heureux de notre vie aura été celui de la traversée (Vigny, Serv. et grand. milit., 1835, p.44).Il me parut qu'il faisait froid et même que ce froid était sépulcral (Jouve, Scène capit., 1935, p.186). ♦ Il ne (me) paraît pas que + subj. Il ne (me) semble pas que. Il ne paraît pas qu'il [Le Corrège] soit jamais sorti de son pays natal (Gautier, Guide Louvre, 1872, p.36).Il ne me paraît pas qu'on puisse correctement parler (ainsi que fait la radio) de «défense acharnée»; ce dernier mot doit être réservé pour l'attaque (Gide, Journal, 1943, p.250). ♦ À ce qu'il me paraît; autant, selon, suivant qu'il me paraît. À ce qu'il me semble, pour autant que je puisse en juger. À ce qu'il me paraît, cette affaire est fort embrouillée (Ac.1935). 2. [Pour exprimer une appréciation, une estimation, un jugement ou encore un renforcement] Il (me, te, lui, etc.) paraît + adj. ou adv. a) [Suivi de de + inf.] Il paraît nécessaire d'agir ainsi, il me paraît inutile d'insister. Ça nous paraît drôle de nous trouver dans une chambre claire, tendue de papier moucheté de fleurs lilas et feuillé de vert (Huysmans, Soir. Médan, Sac au dos, 1880, p.135).Impossible de tout citer de ce Pardon (...). Mais il nous paraîtrait mal de prendre congé de Corbière sans donner en entier le poème intitulé la Fin (Verlaine, OEuvres compl., t. 4, Poètes maud., 1884, p.13). b) [Suivi de que + ind., cond. ou subj.] Il me paraît évident que cette manière de faire me frustrerait (Delacroix, Journal, 1822, p.20).Il paraît bien qu'il goûta avec plaisir à la fille de Jephté (A. France, Mannequin, 1897, p.279). 3. En partic. Il paraît, il paraîtrait que + ind. ou cond. On dit que, on prétend que, le bruit court que. Il paraît que sir Archibald Falkland a été assassiné (Farrère, Homme qui assass., 1907, p.321).Elle m'a fait dire qu'elle tâcherait de passer tout à l'heure si elle avait un instant. Il paraît qu'elle a un travail fou (Bourdet, Sexe faible, 1931, i, p.253).Il paraît qu'à Verdun il meurt plus de cinq mille hommes par jour (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p.236). − P. ell. ♦ Paraît que (fam.), paraîtrait que (fam.): 6. Il [l'aubergiste] expliquait: −Paraît que c'est un comte! Le jour que je l'ai vu débarquer, j'ai dit au père: «C'est un homme qu'a des passions. Regarde les boursoufles qu'il a sous les yeux. Ça, tu sais, ça ne trompe pas». Moi, quelque chose me dit qu'il a fait des malhonnêtetés.
Montherl., Célibataires, 1934, p.898. ♦ Il paraît, il paraîtrait. −Ah! Te voilà! beugla-t-il [l'officier] en reconnaissant La Guillaumette. Eh bien! Tu es encore un joli coco, et tu en fais de belles, il paraît! (Courteline, Train 8h47, 1888, 1repart., iv, p.39).Politesse de nos aïeux, vous êtes morte, Il paraît, on le dit. Vous êtes tout au moins, chez nous, en quelque sorte Tombée en discrédit (Ponchon, Muse cabaret, 1920, p.281). ♦ En incise. Paraît-il. Je pleurais, je me roulais sur mon lit, j'étais paraît-il, dans un état inquiétant. On envoya chercher le docteur (Gyp, Souv. pte fille, 1928, p.79). − À ce qu'il paraît. Selon ce qu'on dit, selon les apparences. Celle qui devint la Calonne, celle qui coucha à ce qu'il paraît avec toute la Pologne (Goncourt, Journal, 1864, p.87).−Ah! Vous voilà!... Vous vous révoltez, à ce qu'il paraît (Zola, Germinal, 1885, p.1319). Prononc. et Orth.: [paʀ
εtʀ
̭], (il) paraît [paʀ
ε]. Ac. 1694 et 1718: paroistre, ,,on prononce ordinairement parestre``; 1740-1798: paroître, ,,on prononce parêtre``; dep. 1835: paraître. Conjug. Ind. prés. je, tu parais, il paraît, nous paraissons, vous paraissez, ils paraissent; imp.je paraissais,... nous paraissions; passé simple je parus,... nous parûmes; fut. je paraîtrai,... nous paraîtrons; impér. parais, paraissons, paraissez; subj. prés. que je paraisse,... que nous paraissions; subj. imp. que je parusse,... que nous parussions; part. prés. paraissant; part. passé paru, ayant paru. V. connaître. Étymol. et Hist. I. A. 1. Fin xes. fut. 3epers. du sing. «se faire voir soudainement, se montrer (en parlant du Christ ressuscité)» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 362: Quar el zo dis que resurdra Et al terz di vius pareistra), ex. isolé; 1583-90 se paroistre «(d'une personne) se faire voir, se présenter» (Brantôme, Grands capitaines estrangers ds OEuvres, éd. L. Lalanne, t. 1, p.148); 1636 intrans. (Corneille, Cid, V, 1: Paraissez, Navarrais, Maures et Castillans...); a) 1583-90 «briller, se distinguer» (Brantôme, op. cit., p.99: Il monstroit bien [...] qu'il vouloit se signaller et parestre par dessus les autres); 1617 empl. abs. (D'Aubigné, Faeneste, I, 2 ds OEuvres, éd. E. Réaume et Fr. de Caussade, t. 2, p.387: je vous demande pourquoi vous vous donnez tant de peines. Faeneste. Pour parestre); b) 1667 faire paroistre «tirer de l'obscurité, mettre en renom» (Boileau, Satires, IX ds OEuvres, éd. F. Escal, p.53); 2. 1632 «intervenir dans une affaire» (Rotrou, Hercule mourant, IV, 1 ds OEuvres, éd. 1820, t. 2, p.51: Mais tu portes le coup et tu ne parois pas); 3. 1666 «se présenter devant un tribunal» [cf. comparaître] (Molière, Misanthrope, II, 6). B. 1. Ca 1165 «être, devenir visible, pointer, surgir» (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 20142: beslivant ala li cous, Por quant del test pareist li os; 25993: Trei mile veiles de color I pareissent sor maz dreciees); fin xiiies. (Id., ibid., 955, var. ms. K: Quant vint contre le tens novel [...] Que la flors pareist blanche e bele); av. 1630 faire paroystre (D'Aubigné, La Création, II, éd. citée, t. 3, p.339: Avent que le soleil fist ses rayons paroystre); 2. ca 1165 «(d'un sentiment, d'une qualité, d'un défaut) être perceptible, se manifester» (Benoît de Ste-Maure, op. cit., 8258, 25160); 1656 faire paraître «montrer» (Segrais, Nouv. franç., 5eNouv., p.13-14 ds Livet Molière: en luy faisant paraître une vertu trop sévère). C. 1. Ca 1165 suivi d'un attribut du suj. (Benoît de Ste-Maure, op. cit., 19396: Tant com li siegles tient e dure, Pareistra mais sa sepoulture Riche desci qu'al finement); 1666 (Molière, op. cit., II, 4: La géante paroît une déesse aux yeux); 2. suivi d'un inf. av. 1622 paroistre de + inf. «sembler» (Fr. de Sales, Lettres, 229 −XII, 301 −ds Hug.); 1685 paraître + inf. (Bossuet, Oraison funèbre de Anne de Gonzague ds OEuvres, éd. B. Velat et Y. Champailler, p.149); 3. 1672 suivi d'un adj. numéral indiquant l'âge d'une personne (avec ell. du verbe avoir) (Lettre de Mmede La Fayette à Mmede Sévigné, 30 déc. ds Lettres de Mmede Sévigné, éd. M. Monmerqué, 310, t. 3, p.180: Elle paraît soixante ans). II. Empl. comme verbe unipersonnel A. 1. Ca 1165 i pareisse! «que la chose se voie, qu'il y en ait des marques!» (Benoît de Ste-Maure, op. cit., 13505: S'onc m'amastes, or i pareisse!); ca 1590 il y paroist (Montaigne, Essais, I, XX, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p.90); 1690 il y paroist bien; sans qu'il y paroisse (Fur.); 2. a) fin xiiies. bien i pareist que + ind. «il est bien visible que» (Benoît de Ste-Maure, op. cit., 12135, var. ms. K; 12931, var. ms. K: molt lor pareist bien [...] que...); b) 1636 il paroit que + subj. «il semble que, il est visible que» (Monet, p.634b); 1670 il paroist que + ind. «id.» (Racine, Bérénice, Préf.); 1680, 26 juin il me paroît que «j'ai la conviction que» (Sévigné, Lettres, éd. É. Gérard-Gailly, p.758); c) 1718 il paraît suivi d'un adj. attribut + de suivi de l'inf. (Massillon, Carême, Doutes sur la relig. ds Littré: Il paraît glorieux de ne rien croire). Du lat. vulg. parescere, très rarement relevé (ves., Anonym. med., éd. Piechotta ds Löfstedt, p.58; viiies. Angleterre ds Blaise Lat. chrét.), verbe inchoatif formé sur parere «apparaître, se montrer», au mode impers. paret «il est patent, il est manifeste». L'a. fr. paroistre ne semble pratiquement pas att. entre Benoît de Ste-Maure (où l'on relève paroir à côté de paroistre) et la 2emoitié du .vies.; il est possible que le mot ait été repris à cette époque à la lang. d'oc par l'intermédiaire du Poitou et se soit répandu dans le domaine d'oïl (FEW t. 7, 647a): a. prov. pareisser 1145-80 (Bernard de Ventadour, Chansons, éd. C. Appel, 24, 2, p.140); xiies. (Peire Rogier, éd. C. Appel, I, 1, p.38); fin xiies. (Giraut de Borneilh, éd. A. Kolsen, 27, 11 et gloss.). De parere est issu l'a. fr. paroir (ca 1100 «apparaître [en parlant de l'aube]» Roland, éd. J. Bédier, 2845; 1119 «paraître [+ inf.]» Philippe de Thaon, Comput, éd. E. Mall, 2528; ca 1140 parut «il apparut, on vit clairement [+ interr. indir.]» Gaimar, Estoire des Engleis, éd. A. Bell, 2248), encore relevé au xvies. (Cotgr.; Hug.), évincé à cette époque par paraître. Fréq. abs. littér.: 42220. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 62710, b) 60800; xxes.: a) 54429, b) 60738. Bbg. Lanly (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp.254-255. _ Roulet (E.). Des Modalités implicites intégrées en fr. contemp. Cah. F. Saussure. 1979, no33, pp.58-61. |