| PAMPRE, subst. masc. BOT. Branche, rameau de vigne portant ses feuilles, ses vrilles et, souvent, ses grappes de raisin. La vigne (...) suspend à toutes les branches ses vrilles fantasques et ses pampres découpés comme un ornement arabe (Gautier,Tra los montes,1843, p.234).La brise remuait les pampres de la tonnelle (Flaub.,Bouvard, t.1, 1880, p.121).Dans l'étendue des plants, les pampres mildiousés posaient des tons noirs, les pampres mûrs des tons rouges (Hamp,Champagne,1909, p.135):1. Il faut voir, au revers des crêtes, à peine couvertes de rares pampres, mais couronnées de raisins durs et dilatés à la fois, cuire les vieux ceps à la flamme vibrante de l'été, noirs et tordus (...). Ils ne perdent pas une feuille; ils ne laissent point choir un sarment.
Pesquidoux,Chez nous,1921, p.58. − Au sing., avec valeur de coll. Un négligent Priape habite au clos voisin; D'ici, vous pouvez voir les piliers de sa treille Où sous l'ombre du pampre a rougi le raisin (Heredia,Trophées,1893, p.63): 2. Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le pampre à la rose s'allie.
Nerval,Chimères,1854, p.693. − [Dans le cadre du symbolisme attaché à la vigne et au vin] La tête enveloppée d'une ivresse qui la pressait comme la couronne de pampre et de fruits qui entretient aux tempes de Bacchus une jeunesse inaltérable (M. de Guérin, Poèmes,1839, p.21): 3. Et sous ses pampres verts il emprunte au soleil
Ce feu vivifiant, et cet éclat vermeil
Qui doit dans les banquets éveiller la folie,
Lorsque son jus divin, doux charme de la vie,
Portera dans les coeurs, à la ronde versé,
L'espoir de l'avenir et l'oubli du passé.
Michaud,Printemps proscrit,1803, p.93. SYNT. Pampres nouveaux, dentelés, touffus, verdoyants, lourds de grappes, rougis, jaunissants, flétris, roussis, lépreux; pampre(s) de la treille, de (la) vigne (-vierge), du raisin; feuilles, baies de pampre(s); raisin, accolage des pampres; pampre qui verdit; (être) couronné de pampre(s). Rem. 1. On relève le syntagme pampre de vigne, qui constitue un pléonasme pour Thomas 1956: Il se penche vers la plante pour étudier la conformation fidèle d'une feuille de fraisier ou d'un pampre de vigne (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p.135). Il s'oppose vraisemblablement à pampre de treille, comme raisin de vigne s'oppose à raisin de treille: Les rayons du soleil (...) se jouaient dans les pampres de la treille (Balzac, Illus. perdues, 1837, p.28). 2. Par ailleurs, on relève un empl. de pampre comme subst. fém., peut-être sur le modèle de pampe, subst. fém., ,,Feuille des graminées`` (DG), doublet vx de pampre: Les grappes et la pampre dans les jardinets (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p.25). − Représentation du pampre (appréciée dans des disciplines artistiques variées pour son caractère décoratif auquel s'ajoute éventuellement une valeur symbolique). Pampres en fer forgé; festons de pampres. Hamilcar, en tunique violette brochée de pampres d'or (Flaub.,Salammbô, t.2, 1863, p.160).Presque prophétique, cette image, avec ses lys en gerbe, entourant un calice décoré de pampres (Estaunié,Empreinte,1896, p.32): 4. À Franz Liszt. Qu'est-ce qu'un thyrse? (...) c'est un emblème sacerdotal (...). Mais physiquement ce n'est qu'un bâton (...). Autour de ce bâton (...) se jouent et folâtrent des tiges et des fleurs (...). Et une gloire étonnante jaillit de cette complexité de lignes et de couleurs (...). Et quel est, cependant, le mortel imprudent qui osera décider si les fleurs et les pampres ont été faits pour le bâton, ou si le bâton n'est que le prétexte pour montrer la beauté des pampres et des fleurs? Le thyrse est la représentation de votre étonnante dualité, maître puissant et vénéré, cher Bacchant de la Beauté mystérieuse et passionnée.
Baudel.,Poèmes prose,1867, p.162, 164. ♦ ARCHIT. Ornement sculpté en forme de feston représentant un rameau de vigne garni de ses feuilles, de ses vrilles et, souvent, de ses fruits, dont on décore le creux des circonvolutions de certaines colonnes torses. (Dict. xixeet xxes.). ♦ HÉRALD. ,,Rameau de vigne, orné de ses feuilles, qui diffère du cep de vigne en ce qu'il n'a point, comme ce dernier, de racines ni d'échalas`` (Grandm. 1852). L'étendard de soie, moitié vert, moitié jaune, broché des armoiries de la ville qui sont de gueules au pampre d'or feuillé de sinople (Bertrand,Gaspard,1841, p.51). − P.méton., littér., poét. ♦ Tonnelle couverte de pampres (supra ex. de Flaub., Bouvard, t.1, 1880, p.121). Le grave laboureur fait ses sillons et règle La page où s'écrira le poëme des blés; Des pêcheurs sont là-bas sous un pampre attablés (Hugo,Contempl., t.3, 1856, p.289). ♦ Le raisin, la vigne. Les fruits y sont délicieux, les pampres, d'une grosseur et d'un goût exquis (Crèvecoeur,Voyage, t.2, 1801, p.283).Comme un pampre sacré dont on tire le vin, Et qui gémit soudain sous le bois du pressoir (Noailles,Éblouiss.,1907, p.384): 5. Tu boiras l'eau du ciel que la source distille,
Tu n'exprimeras pas dans ta coupe d'argile
Ni les sucs du pavot qui verse le sommeil,
Ni le jus enivrant du pampre au fruit vermeil...
Lamart.,Chute,1838, p.956. REM. Pampiniforme, adj.,anat. [En parlant du plexus formé par l'entrelacement des branches d'origine des veines ovariennes ou spermatiques] En forme de vrille. Les veines spermatiques (...) s'anastomosent au-devant du cordon en formant le plexus spermatique ou pampiniforme (Gérard,Anat. hum.,1912, p.292). Prononc. et Orth.: [pɑ
̃:pʀ
̭]. Att.ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1534 «branche et feuilles de vigne» (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder et M. A. Screech, chap.XII, p.89); 1550 «vigne» (Ronsard, Ode au roi, 330, OEuvres, éd. P.Laumonier, t.3, p.25: Ainsi que les champs tapisses de pampre, ou d'espics herissés); 1694 spéc. archit. (Corneille: On appelle Pampre en Architecture, Un feston de feüilles de vigne et de grappes de raisin, qui sert d'ornement à la colonne torse). Du lat. pampinus «branche, feuillage de vigne» d'où est également issu l'a. et m. fr. pampe, subst. fém. «pétale» (1270, Voirie de Paris A.N. Y3, fo5 voap.Félibien, Hist. de Paris, IV, 310b ds Gdf. Compl.; cf. aussi T.-L.), la forme pampre, due au traitement particulier de -p(i)n- (cf. coffre de cophinus) étant une var. dial. propre aux pays de la Loire répandue par les aut. de La Pléiade (FEW t.7, p.532b et 534b). Fréq. abs. littér.: 212. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 323, b) 500; xxes.: a) 325, b) 161. DÉR. Pampré, -ée, adj.[En parlant d'une grappe de raisin] ,,Encore attachée au pampre qui la supporte`` (Fén. 1970). Poét. [En parlant d'un personnage myth.] Coiffé, couronné de pampre(s). L'invisible bacchante et le sylvain pampré De leurs rapides mains leur presseront les tempes [des humains] (Noailles,Ombre jours,1902, p.49).Hérald. [En parlant de la représentation d'un cep de vigne ou d'une (ou plusieurs) grappe(s) de raisin] Pampré de sinople. Garni de son (ou de ses) pampre(s) émaillé(s) de sinople. D'or à trois grappes de raisin de sable pamprées de sinople (Ac.1798, Littré, Quillet 1965).D'argent à un cep de vigne arraché de sable, pampré de sinople et fruité de gueules (Nouv. Lar. ill.1903).En empl. subst. fém., littér. Vigne, vignoble. Le czar ne fut point frappé de la beauté de la France; il la trouva laide, et il avait raison, car il ne la vit ni assise au bord de la Méditerranée, ni couchée parmi ses pamprées entre les Pyrénées et la Loire (Chateaubr.,Mém., t.3, 1848, p.154).− [pɑ
̃:pʀe]. − 1reattest.1554 (Ronsard, Bocage, Epître à Ambroise de la Porte, 22, OEuvres, éd. P.Laumonier, t.6, p.11); de pampre, suff.-é*. |