| * Dans l'article "PÉTER,, verbe" PÉTER, verbe I. − Empl. intrans. A. − Pop. Faire un/des pet(s). Il y a dans la tribaderie une liberté à peu près semblable à celles que prennent les hommes entre eux, de péter par exemple (Goncourt, Journal,1862, p.1172).Quand un cheval pète en sortant de l'écurie, c'est bon signe: il marchera bien (Renard, Journal,1897, p.422).La mère, chaque fois qu'elle soulève une fesse pour se défatiguer de la station assise, en profite pour péter (Montherl., Pte Inf. Castille,1929, p.591). − Loc. fig. ♦ Péter dans la soie. Porter des vêtements luxueux, vivre dans le luxe. Ne vous attendez pas à un Moldave paresseux couchant dans le duvet d'oie, pétant dans la soie (Morand, Eur. gal.,1925, p.67). ♦ Péter plus haut que son cul*/que son derrière. Il n'avait jamais fait attention à Yvonne (...). Conscient de son infériorité sociale, il n'osait lever les yeux sur elle: il ne voulait pas péter plus haut qu'il n'avait le derrière (Queneau, Pierrot,1942, p.103). ♦ Péter sur le mastic*. ♦ Envoyer péter. Envoyer promener. Voir Carabelli, [Lang. pop.] s.d. B. − P. anal., fam. 1. Produire un bruit sec, généralement violent. Le feu qui s'éjouissait bruyamment, flambant haut et sec, pétant à petites bordées (Huysmans, Soeurs Vatard,1879, p.42).Le saumur pétait à rendre jalouse la mousqueterie française (Boylesve, Leçon d'amour,1902, p.17).Une fusillade péta (Arnoux, Roi,1956, p.41). 2. P. méton. a) Éclater (v. ce mot I A 1) avec un bruit sec, généralement violent. Son fusil, son pistolet lui a pété dans la main (Ac.).Je fends le ventre des poissons, je les vide et fais péter leurs vessies sous mon talon (Renard, Poil Carotte,1894, p.102).Des grenades pétaient avec un bruit sec, et leurs éclats giflaient les murs (Ambrière, Gdes vac.,1946, p.370).V. colombin2ex.2: 1. Cinq minutes après, le major rappliquait en coup de vent, (...) jurant des tonnerres de Dieu à en faire péter les carreaux.
Courteline, Gaîtés esc.,Embarras gastr., 1891, p.175. − P. exagér. Ce chaos, ce monde d'une féerie à organiser, régler, animer; l'énormité de ce travail, à faire péter la tête (Goncourt, Journal,1863, p.1276).Une nuit terrible. J'en ai le crâne qui pète (Giono, Colline,1929, p.65). b) Se casser, se déchirer. La corde a pété. Les pêches pétaient, et il tombait des gouttes de sucre sur les feuilles (Claudel, Violaine,1892, i, p.501).Dès qu'il touchait au pinceau, il s'agaçait énormément, la tige lui pétait dans les mains (Céline, Mort à crédit,1936, p.231).Un portefeuille tout plein, tout rond, plein à faire péter la couture, voilà qui vous chauffe le coeur d'un homme (Bernanos, M. Ouine,1943, p.1398). c) [En parlant d'une pers. ou d'une de ses manifestations] Éclater, se manifester avec bruit, avec violence. La satisfaction de Flaubert pète et éclate dans des violences de paroles (Goncourt, Journal,1876, p.1107).Quant à Poil de Carotte (...), il se contient mais il va péter, si madame Lepic ne quitte à l'instant la table (Renard, Poil Carotte,1894, p.61).Que, placée sur un long cou, une tête stupide ornée d'un chapeau grotesque vienne à s'enflammer, aussitôt pète la querelle (Queneau, Exerc. style,1947, p.58). d) Péter de qqc.Éclater, resplendir de quelque chose. Nieuwerkerke blague le curé, pétant de joie (Goncourt, Journal,1862, p.1113).Sa face radieuse pétant d'orgueil (Dorgelès, Croix de bois,1919, p.149).Tout ça nourri comme des princes, pétant de belle humeur et de santé (Arnoux, Rhône,1944, p.186). e) Loc. fam. ou pop., fig. − Vieilli. ,,La gueule du juge en pétera, il faut que la gueule du juge en pète, se dit Lorsque dans une affaire on ne veut point d'accommodement, et qu'on veut qu'elle soit jugée`` (Ac. 1835, 1878). − Péter dans sa graisse, dans sa peau. Être obèse. On voyait les bedons se gonfler à mesure. Les dames étaient grosses. Ils pétaient dans leur peau, les sacrés goinfres! (Zola, Assommoir,1877, p.579).V. gâter ex.10. − Ça pète/il faut que ça pète. Cela prend/il faut que cela prenne une tournure violente. Si je vous disais que j'ai payé les oeufs vingt-deux sous. Il faudra que ça pète (Zola, Germinal,1885, p.1256).Ils réclamaient de grandes offensives, et que ça pète! bon Dieu de bois (Romains, Hommes bonne vol.,1938, p.220): 2. −Qu'il brûle [un village], dit Pinette. C'est la guerre. −Il y a des femmes et des gosses. −Ils n'ont qu'à se barrer dans les champs. Ah! dit-il d'un air idiot, faut que ça pète!
Sartre, Mort ds âme,1949, p.154. − Il faut que ça pète ou que ça casse/ou que ça cède/ou que ça craque/ou que ça dise pourquoi. Il faut que cela finisse, que cela se fasse coûte que coûte. Quand je prends une chose à coeur, moi, faut que ça pète ou que ça craque (Giono, Baumugnes,1929, p.75).Y avait pas de Bon Dieu qui tienne! Il fallait que ça pète ou que ça cède (Céline, Mort à crédit,1936p.267). − Péter dans la/les main(s). Échouer. Synon. fam. claquer*, craquer* dans la/les main(s).Et cette affaire me pète dans les mains, juste au moment où elle commençait à prendre bonne tournure (...). Cent mille dollars de foutu, sans compter le temps (Duhamel, Passion J. Pasquier,1945, p.152).Si ce mariage nous pétait dans la main, nous serions des enfants, mon cher, des enfants (Audiberti, Mal court,1947, i, p.149). ♦ ,,J'avais pour cinquante mille francs de billets qui m'ont pété dans la main, (Ac.) Que j'ai perdus, dont je n'ai pas été payé`` (Ac.). ♦ ,,Ne comptez pas sur les promesses de cet homme, il vous pétera dans la main, (Ac.) Il vous manquera au moment où vous aurez besoin de lui`` (Ac.). ♦ [En parlant d'une pers.] Mourir. J'ai eu une congestion au cerveau (...). J'ai manqué péter dans les mains de ma famille (Flaub., Corresp.,1844, p.147): 3. −Je puis attester, dit M. Machault, qu'il [Damiens] ne fut jamais si bien portant ni si gras (...). −Tant mieux, c'est ainsi qu'il nous le faut, au moins sommes-nous sûrs qu'il ne nous pétera pas dans la main.
Balzac, OEuvres div.,t.1, 1830, p.557. − [Pour marquer un comportement excessif, un effort violent] S'en/se faire péter + subst. Il s'en faisait péter la gueule à crier: «C'est pas ton papa, c'est le mien» (Giono, Solit. pitié,1932, p.114).Aboyer à s'en faire péter les veines du front (Arnoux, Paris,1939, p.43).Il essaye (...) au risque de se faire péter un vaisseau, de foutre sa douleur à la porte en la criant (G. Arnaud, Schtilibem 41,Paris, Julliard, 1953, p.24). ♦ S'en faire péter le compotier*. S'en faire péter le cylindre*, la sous-ventrière*. II. − Empl. trans., pop. et fam. A. − [Avec un compl. d'obj. interne] 1. Fam. Péter le/du feu. Être débordant d'entrain, de vitalité. À l'instant où je me dis que je pourrais... non, je ne veux même pas prononcer ces mots... mon amour pour vous s'affaiblit (...). Si je chasse cette idée funeste, aussitôt il se redresse et pète du feu (Montherl., Démon bien,1937, p.1239).Ce matin tu pétais le feu (Sartre, Jeux sont faits,1947, p.154). Rem. Certains dict. gén. à partir de Rob. enregistrent a) la var. péter des flammes; b) les tournures impers. ça va péter/ça a pété le/du feu/des flammes «cela va prendre/a pris une tournure violente». 2. Arg. et pop. La péter (la faim ou la soif). Avoir très faim ou très soif. Synon. crever (de faim ou de soif).Je jouais (...) les juifs-errants (...) en la pétant royalement (M. Stéphane, Ceux du trimard,1928, p.80).Voilà quinze jours que ça dure [ce chômage] (...) on la pète à la taule (Simonin, J. Bazin, Voilà taxi!1935, p.206). B. − Fam. Casser, rompre brusquement. Vous n'auriez pas un lacet de soulier par hasard, je viens de péter le mien (Queneau, Zazie,1959, p.102). − Argot ♦ Péter la gueule (à qqn). Synon. de casser* la gueule (à qqn).Je trouverai bien un prétexte pour lui péter la gueule quand tu en auras fini avec lui (J. Hougron, La Gueule pleine de dents,1923, p.292 ds Rob. 1985). ♦ Se péter la gueule Tomber. Se péter la gueule dans l'escalier. Voir Car. Argot 1977.S'enivrer. (Ds Lar. Lang. fr., Rob. 1985). REM. 1. Pétant, -ante, adj.,pop. [En parlant d'une heure] Sonnant. Tous les soirs (...) neuf heures pétantes (Queneau, Pierrot,1942, p.45).Nous nous sommes rencontrées (...) à midi pétant (Vailland, Drôle de jeu,1945, p.74). 2. Pété, -ée, adj.,arg. et pop. Ivre. Il est pété à mort (Car.Argot1977). 3. Pétement, subst. masc.,fam. Bruit sec et violent. Des ouvriers sont planqués dans les portes et tirent de temps en temps au revolver, ce qu'on ne discerne qu'au geste car on n'entend même pas le pétement de ces armes puériles (T'Serstevens, Itinér. esp.,1933, p.288). 4. Pétomane, subst. masc.Celui qui est atteint de la manie de péter (supra I A); artiste de variétés dont la prestation consiste à péter. Le pétomane, qui se produisit dans un petit salon du premier Moulin Rouge dans les années qui précédèrent l'Expo 1900, est certainement un des mythes musicaux les plus intéressants de notre civilisation occidentale (Encyclop. des farces et attrapes et des mystifications,1964, p.409c). Prononc. et Orth.: [pete], (il) pète [pεt]. Ac. 1694, 1718: pe-; 1835-1935: pé-, pe-; DG: pé- ,,vieilli peter``. Substitution [e] à [ɔ] v. G. Straka ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t.19 no1 1981, pp.187-188. Conjug. Devant une syll. muette change -é- en -è- sauf au fut. et au cond.: péterait. Étymol. et Hist. 1. a) 1380 «faire un ou des pets» (Roques t. 2, 8954); b) 1640 péter plus haut que le cul (Oudin Ital.-Fr.); 1878 péter dans la soie (Rigaud, Dict. jargon paris., p.857); 2. a) 1546 «craquer» (du bois dans le feu) (Est.); b) 1585 «éclater, exploser» (N. Du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, II, 34); c) fin xviies. peter dans la main de qqn «en parlant d'une affaire qui rate» (Saint-Simon, XIII, 269 ds DG); d) 1867 s'en faire péter la sous-ventrière (Delvau, p.181); 1915 la péter «mourir de faim» (ds Esn.). Dér. de pet*; dés. -er; a éliminé le verbe a. fr. poire (ca 1190, Renart, éd. E. Martin, VIII, 388) qui a vécu jusqu'au xves. Fréq. abs. littér.: 183. DÉR. Péteur, -euse, subst.,vx, pop. Personne qui a l'habitude de péter (supra I A). Un sale péteur (Lar. 19e). Loc. On l'a chassé comme un péteur (d'église). ,,Se dit d'un homme qu'on a chassé honteusement de quelque endroit`` (Ac. 1835, 1878). − [petoe:ʀ], fém. [-ø:z]. Ac. 1694-1798: pe-; dep. 1835: pé-. − 1resattest. a) 1380 «celui qui a l'habitude de péter» (Roques t.2, 8953), b) 1649 péteurs d'eglise «gens indésirables» (Scarron, Virgile travesti, I, I, 65 cité ds Régnier, Satires, éd. G. Raibaud XIV, 6 note, cf. péteux); de péter, suff. -eur2*. BBG. −Chautard Vie étrange Argot 1931, p.253. _ Quem. DDL t.1, 23. _Sain. Argot 1972 [1907], p.44. |