| PÉTARD, subst. masc. A. − 1. Charge d'explosif placée dans une enveloppe, utilisée pour détruire, pour creuser. Pétard de mélinite. À la faveur d'une nuit obscure, 200 Cosaques allèrent attacher un pétard à la porte du fort (Mérimée, Hist. règne Pierre le Gdds Journal des Savants, 1867, p.677).Pour le fonçage d'un puits rond (...) on commence par creuser, avec une couronne de pétards (...) un fossé circulaire (Haton de La Goupillière, Exploitation mines,1905, p.416).Certains de nos hommes, la nuit venue, se glissaient à quatre pattes pour jeter des pétards dans les tranchées boches (Romains, Hommes bonne vol.,1938, p.203).V. chevrotine ex. de Céline. 2. CH. DE FER. Dispositif détonant placé sur un rail, dont l'éclatement prévient le mécanicien qu'il doit arrêter immédiatement sa locomotive. Pétard de chemin de fer. Sur les lignes à double voie, on augmente la sécurité donnée par les signaux fixes en munissant ceux-ci de pétards détonants, qui se placent sur le rail lorsque le signal est fermé (Bricka, Cours ch. de fer,t.1, 1894, p.445): 1. ... son unique défaut était là, dans un entêtement à ne pas s'arrêter, désobéissant aux signaux, croyant toujours qu'il aurait le temps de dompter la Lison: aussi, parfois, allait-il trop loin, écrasait les pétards (...), ce qui lui avait valu deux fois des mises à pied de huit jours.
Zola, Bête hum.,1890, p.143. 3. Petit rouleau de papier ou de carton contenant une composition détonante que l'on fait exploser pour s'amuser. Pétards du 14 juillet; allumer, lancer, tirer un pétard. Un enfant qui souffle ingénument sur la mèche mal allumée d'un pétard et se le fait éclater dans les yeux (Hugo, N.-D. Paris,1832, p.262).Au dehors, les cloches sonnaient les vêpres, les pétards éclataient sur la place, les fifres passaient et repassaient (A. Daudet, Lettres moulin,1869, p.157). 4. Au fig., fam. Nouvelle sensationnelle, déclaration dont on attend un grand retentissement. Synon. bombe (v. ce mot C 1).Lancer* un pétard. Une (...) formidable explosion de pétards subversifs, destinés à mystifier le bonhomme (Theuriet, Mariage Gérard,1875, p.63).De divers côtés lui parvenaient [à la Reine] des nouvelles du déplorable effet produit par ce pétard [le manifeste de Brunswick] (L. Daudet, Lys sangl.,1938, p.189).V. chose1ex.6. − Pétard mouillé. ,,Une révélation, une action qui devrait être spectaculaire, sensationnelle, mais qui n'a pas d'effet`` (Rey-Chantr. Expr. 1979). B. − Fam. ou pop. Tapage, scandale. Il va y avoir du pétard. Elle fait un pétard du diable. J'ai eu une scène terrible hier (H. Bataille, Maman Colibri,1904, i, 2, p.4).Faut qu'il m'nourrisse, ou sans ça j'fais du pétard! (Benjamin, Gaspard,1915, p.135).Ce fut d'abord des trépignements, des sifflets, des cris, des bravos ironiques... bref, un pétard infernal (Galipeaux, Souv.,1931, p.185). − Loc. En pétard. En colère. Être, se mettre en pétard. On aurait compris (...) qu'ils ne soient pas heureux, contents, qu'ils partent en pétard (Céline, Mort à crédit,1936, p.531). C. − Arg. et pop. Pistolet, revolver. Synon. arg. calibre, feu, flingue, pétoire.Il prenait son pétard en mains, il faisait tourner le barillet (Céline, Mort à crédit,1936p.89).V. flic ex. de Sartre. − Rare. Fusil. En entendant ces coups de fusil (...), j'ai bien reconnu son pétard: un gros douze anglais très court, chargé de poudre M. (Bernanos, Mouchette,1937, p.1287). D. − Pop. Arrière-train, fessier. Pétard plantureux; avoir un gros pétard. Elle avait pas vingt piges la môme et des petits nénés insolents... et la taille de guêpe... et un pétard comme je les aime, tendu, musclé, bien fendu (Céline, Mort à crédit,1936p.255).Un homme ne parle pas debout (...) comme lorsqu'il a le pétard calé dans un fauteuil (Arnoux, Zulma,1960, p.316): 2. Elle agirait prudemment en mettant sa fessée sous verre, si elle ne voulait pas en recevoir une seconde. Et ça ne serait pas long, elle pouvait apprêter son pétard.
Zola, Assommoir,1877, p.652. E. − Fam. ou pop. [Empl. comme juron] Est-ce beau! Nom d'un pétard, est-ce beau! (Flaub., Corresp.,1859, p.330).Son éternel regret était de ne pas avoir un fils, dont il aurait fait un officier comme lui, pétard de Dieu! (Richepin, MmeAndré,1879, p.263).Un coup de bagne pour vingt-cinq ans ça nous dresserait à tous le cul! Sacredieu pétard! Ah! il nous aimait pas la tante! (Céline, Mort à crédit,1936p.637). REM. 1. Pétasson, subst. masc.,pop., synon. (supra D).Des lourdes maritornes, avec des ventres, des pétassons et des nichons (Cendrars, Homme foudr.,1945, p.310). 2. Pétaga, subst. masc.,arg. ,,Bagarre`` (G. Arnaud, Schtilibem 41, Paris, Julliard, 1953, p.68). Prononc. et Orth.: [peta:ʀ]. Ac. 1694-1798: petard; dep. 1835: pé-. Étymol. et Hist. 1. 1495 «explosif pour faire sauter un obstacle» (Archiv. Bretagne, 2, 132 ds Fonds Barbier); 2. a) 1584 «petite pièce d'artifice qui éclate avec bruit» (E. Du Monin, L'Uranologie, 17b ds Fr. mod. t.6, p.173); b) 1874 «artifice posé sur un rail de chemin de fer comme signal» (Lar. 19e); c) 1875 fig. «nouvelle sensationnelle» (Theuriet, loc. cit.); 1835 lancer un pétard (Ac.); 3. 1690 «petit canon» (Fur.); 1847 «revolver ou pistolet» (Dict. arg., p.221); 4. a) 1830 «colère» (ds Esn.); 1926 être en pétard (ibid.); b) 1867 «bruit, tapage» (Delvau, p.365); c) 1850 «danger» (ds Esn.); d) 1872 faire du pétard «faire un éclat» (Larch., p.194); 5. 1847 «postérieur» (Dict. arg., p.152). Dér. de pet1* (au sens 5, plutôt dér. de péter*); suff. -ard* (cf. a. prov. petart, 1496 ds FEW t.8, p.136a). Fréq. abs. littér.: 202. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 129, b) 341; xxes.: a) 296, b) 387. DÉR. 1. Pétarder, verbea) Empl. trans. Faire sauter avec un pétard (supra A 1). Pétarder une porte (Ac.). b) Empl. intrans., vieilli, fam. ou pop. Faire du tapage, du scandale. On n'entendait que le trombone de Clou, pétardant et étouffant le jeu grêle du petit violon (Zola, Terre,1887, p.231).Il avait (...) le tort d'enlever subrepticement les pancartes individuelles (...) et de s'en aller ensuite pétarder par les chambres, braillant que tous ces gaillards-là avaient perdu leurs pancartes (Courteline, Gaîtés esc.,Pipe, 1891, I, p.244).− [petaʀde], (il) pétarde [petaʀd]. Ac. 1694-1798: pe-; dep. 1835: pé-. − 1resattest. ca 1590 «faire sauter avec un pétard» (Montaigne, Essais, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, I, 324), d'abord att. chez les écrivains originaires du domaine d'Oc (cf. Sarlat, av. 1623 ds Gdf. Compl.), 1883 «faire du tapage» (Larch. Suppl., p.118); de pétard, dés. -er. 2. Pétardier, -ière, subst. masc. et adj.,vieilli. a) Subst. masc. Artificier qui prépare, qui pose des pétards (supra A 1). Habile pétardier. Hardi pétardier (Ac.1835, 1878).b) Adj. et subst. (Personne) qui fait, qui a l'habitude de faire du tapage, du scandale. En v'là des pétardiers! Ils sont deux et ils font du foin comme trente-six (Courteline, Train 8 h 47,1888, 2epart., 8, p.191).J'ai ici une clientèle de vieux messieurs (...) pourvu qu'on soit discrète et pas pétardière, c'est comme cela qu'on se les attache (O. Méténierds Bruant 1901, p.77).− [petaʀdje], fém. [-jε:ʀ]. Ac. 1718-1798: pe-; 1835 et 1878: pé-. − 1resattest. a) 1611 «artificier» (Cotgr.), b) 1883 adj. «tapageur» (Larch. Suppl., p.118); de pétard, suff. -ier*. BBG. −Chautard Vie étrange Argot 1931, p.253. _Quem. DDL t.17. _Sain. Argot 1972 [1907], p.128. |