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OUTREMER, subst. masc.
A. − MINÉR. Pierre fine, gemme bleu d'azur, silicate naturel d'aluminium, de calcium, de sodium, dont on utilise la poudre en peinture. Synon. azurite (vieilli), lapis-lazuli.Significations diverses que le nom d'Azurite a reçues (on l'applique souvent à l'outremer...) (Lapparent,Minér.,1899, p.604).Un cristal de diamant constitue une macromolécule tridimensionnelle unique (...). Il en est de même de certains aluminosilicates comme l'outremer, les feldspaths (Champetier,Chim. macromol.,1957, p.34).
B. − P.méton.
1. CHIM., PEINT. Colorant, matière extraite de cette pierre, ou obtenue synthétiquement, d'une couleur bleu mat. −Outremer, bleu de cobalt ou de Thénard, indigo, bleu de Prusse, cendres bleues. (Le bleu de Prusse et l'indigo ne doivent être incorporés qu'à la plus basse température possible) (Rousset,Trav. pts matér.,1928, p.77).L'affichiste (...) devra donc bannir particulièrement les couleurs à base d'aniline (rose, mauve, violet, etc.) et leur préférer celles qui sont constituées par des matières minérales (outremers, chromes, cadmiums, carmins, terres, etc.) (Arts et litt.,1935, p.3-17).Mélangé avec des colorants comme l'ocre, l'outremer, le chromate de zinc, il convient pour la peinture sur verre et sur étoffes (Cl. Duval, Verre,1966, p.101).
♦ Bleu d'outremer. Ce religieux pratiquait l'art de fabriquer du bleu d'outremer en broyant des pierres de lapis-lazuli calcinées (A. France,Lys rouge,1894, p.139).L'azurage du linge se fait avec du bleu d'outremer, couleur ne se dissolvant pas dans l'eau, mais dont les particules sont si fines qu'elles demeurent en suspension dans le liquide remué (Lar. mén.1926, p.194).Le bleu de roi ou de cobalt (aluminate de cobalt), le bleu d'outremer (silicate d'alumine et sulfure de sodium) (Civilis. écr.,1939, p.6-10).
2. La couleur, la nuance ainsi obtenue. Dans l'outremer lumineux du ciel, des nuages roses semblaient refléter là-haut les corolles des marronniers en fleurs (Vogüé,Morts,1899, p.300).L'outremer foncé du Léman sous tous les gris (Malègue,Augustin,t.2, 1933, p.14).
− Couleur d'outremer. Des ruelles sordides, comme le passage des Patriarches, recélaient une ombre couleur d'outremer (Duhamel,Confess. min.,1920, p.56).
− Empl. adj. inv.
♦ (Bleu) outremer. Puis c'est le pont du rio Tinto dont les eaux d'un bleu outremer coulent lentement entre des rives aussi rouges que la bauxite (T'Serstevens,Itinér. esp.,1933, p.160).Il est de pauvres gens, enfin qui n'ont ni guimbarde ni monture. Ceux-là viennent dans de larges autocars outremer dont l'impériale est un parterre multicolore de matelas et de sacs brodés (T'Serstevens,Itinér. esp.,1933p.188):
. En juillet, le 14, une nuit très pure avec sept feux d'artifices en vue. −En septembre, manifestation outremer foncée de la montagne bourbonnaise qui se haussait, d'un seul bloc, au-dessus des premiers et deuxièmes plans bariolés, de sud-est en sud-ouest. Larbaud,Journal,1934, p.325.
Prononc. et Orth.: [utʀ əmε:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1740. Graphie étymologisante: oultremer (Cendrars, Du monde entier, 35o57 latitude nord, 15o16 longitude ouest, 1957, p.177). Étymol. et Hist. A. Subst. 1. a) 1668 «couleur d'un bleu intense» (Piles, Art de la peinture, trad. Dufresney, p.129 ds IGLF); b) 1751 bleu d'outremer (Encyclop., s.v. bleu); 2. 1676 minér. (Félibien, p.400: L'outre-mer ou Lapis-lazuli est une pierre dure et difficile à bien préparer); 3. 1750 «matière colorante extraite de cette pierre» (Hellot, L'Art de la Teinture des laines, pp.173-174). B. Adj. inv. 1850 (Flaub., Corresp., p.233: un ciel outre-mer comme du lapis-lazuli). Empl. subst. de outre-mer*, cette matière colorante ayant d'abord été importée des pays de l'Orient méditerranéen. Fréq. abs. littér.: 34.