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OURS, subst. masc.
A. −
1. Mammifère au corps volumineux et massif, à fourrure épaisse, surtout carnivore, mais parfois omnivore, qui observe une période de léthargie hivernale. Ours dressé, savant; montreur d'ours; apprivoiser, dompter un ours; chasse à l'ours; fosse aux ours; tanière d'un ours. Pendant l'hiver, l'ours, la marmotte et le raton abaissent leur température et entrent dans un état de vie ralentie (Carrel,L'Homme,1935, p.95).Dans le Jardin des Plantes (...) l'ours va à droite et à gauche, sans jamais de répit: le lion, sur place, l'oeil mort, oscille d'une patte sur l'autre (Montherl.,Démon bien,1937, p.1279).
ZOOL. Carnivore de moyenne et grande taille (de la famille des Ursidés), plantigrade, au museau allongé, à petites oreilles et à queue rudimentaire dont les membres portent à leurs extrémités pentadactyles des griffes non rétractiles. Les singes ont ces cinq muscles comme l'homme, ainsi que le chat et l'ours (Cuvier,Anat. comp.,t.1, 1805, p.318).
Ours brun. Ours d'Europe et d'Asie qui constitue l'espèce la plus connue, essentiellement frugivore et herbivore. L'ours brun est un animal intelligent, que l'on peut même dresser à faire des tours (Animaux1981).
Ours blanc, ours polaire. Ours de la banquise boréale à toison blanchâtre qui se nourrit presque exclusivement de poissons et de phoques. Rennes aux andouillers de cristal; ours blancs Graves comme des mages (Laforgue,Imit. Lune,1886, p.217):
. ... toute mon affection, je la garde pour les ours, vrais fétiches américains, ours polaires prenant leur tub glacé, ours de l'Antarctique, blancs comme la constellation... Morand,New-York,1930, p.243.
Ours des cocotiers, ours malais. Ours noir qui vit en Indochine et en Indonésie dont les grosses pattes armées de longues griffes lui permettent de grimper aux arbres. L'ours malais (...) Plus connu sous le nom d'ours des cocotiers (...) marche curieusement: les pieds en-dedans (Animaux1981).
Ours du Tibet. Variété d'ours brun qui vit sur les hauts plateaux d'Asie (d'apr. Zool., t.4, 1974, p.1374 [Encyclop. de la Pléiade]).
Ours gris. Synon. de grizzli.
Ours noir. Ours d'Amérique du Nord qui se nourrit notamment de poissons. Dans les Rocheuses vivent l'ours noir, le Grizzli (Zool.,t.4,1974,p.1375 [Encyclop. de la Pléiade]).
En partic.
[P.oppos. à ourse] Mâle de cette famille. Pendant que l'ours ému cherche l'ourse et la trouve, Que la femme est à l'homme, (...) j'ai pris pour épouse la tombe! (Hugo,Fin Satan,1885, p.789).
[En tant qu'animal dont la chair est consommée] . Jambon, filet et pattes (pattes d'ours à la russe) sont le plus utilisés (Ac.Gastr.1962).M. Violet (c'était son nom) était maître de danse chez les sauvages. On lui payait ses leçons en peaux de castors et en jambons d'ours (Chateaubr.,Mém.,t.1, 1848, p.291).
2. Loc. verb. [En parlant d'une pers. et avec une valeur caractérisante]
Se dandiner, tourner comme un ours; ressembler à un ours en cage. Ne pas tenir en place par désoeuvrement et par énervement. Christophe, qui étouffait dans sa chambre, tournait comme un ours en cage (Rolland,J.-Chr.,Maison, 1909, p.966).
Danser comme un ours. Danser d'une façon lourde et peu gracieuse. Ces gens-là ne sentent pas la musique, et leurs femmes dansent comme des ours (Baudel.,Poèmes prose,1867, p.160).
Vivre comme un ours. Vivre en solitaire. Je vis seul comme un ours. J'ai passé tout l'été à me promener en canot et à lire du Shakespeare (Flaub.,Corresp.,1845, p.159).
3. P.anal.
a) [P.réf. au caractère lourd et pataud des mouvements de l'ours] Antonin Rabastens entre (...) et me salue avec des grâces d'ours dansant (Colette,Cl. école,1900, p.50).
b) [P.réf. au mouvement de va-et-vient de l'ours] Ouvrier typographe, dont le mouvement devant la presse évoque le mouvement de l'ours. Ce Séchard était un ancien compagnon pressier que dans leur argot typographique les ouvriers chargés d'assembler les lettres appellent un Ours (Balzac,Illus. perdues, 1837, p.4).V. frisquette ex. de Balzac.
c) ZOOL. [P.réf. à l'aspect de l'ours] Ours-marin. Otarie. Le tigre a le mugissement du taureau; et l'ours-marin une sorte d'affreux râlement tel que le bruit des récifs battus des vagues (Chateaubr.,Génie,t.1, 1803, p.174).
Ours à poche. Mammifère australien de l'ordre des Marsupiaux grimpeur dont le pelage gris et fourni le fait ressembler à un petit ours (v. koala). Koala ou «ours à poche» qui se nourrit de feuille d'eucalyptus (Zool.,t.4, 1974, p.1441 [Encyclop. de la Pléiade]).
d) [P.réf. au caractère réputé solitaire, brusque et maladroit de l'ours] Personne peu engageante, sans manière, qui fuit toute relation avec autrui. Vous dites de moi: «C'est un ours!» Mais non: c'est un homme qui vous méprise (Renard,Journal,1903, p.800).Ton père est un ours, il ne veut voir personne, il ne veut pas sortir. Il n'invite que ses vieux camarades (Drieu La Roch.,Rêv. bourg.,1937, p.119).
Ours mal léché*.
Empl. adj. Il est encore plus ours que d'habitude. Il ne nous saluera seulement pas (Bourget,Disciple, 1889, p.30).Il trouvait Camille trop ours pour rencontrer beaucoup d'occasions de se marier: celle-là était presque inespérée (Drieu La Roch.Rêv. bourg.,1937, p.57).
4. Jouet d'enfant qui figure un ours. Ours en peluche. Tous les joujoux sont là, les soldats, le forgeron russe, la boîte à cubes, et l'ours dans le lit des poupées (Claudel,Ours et lune,1919, 1, p.589).
5. Au fig. Pavé* de l'ours.
Proverbe. Vendre la peau de l'ours (avant de l'avoir tué). Disposer de quelque chose que l'on ne possède pas encore; p.ext. spéculer sur la réalisation de quelque chose que l'on désire. Juliette cependant ne m'aime pas encore. Mais elle est bien près (...). Au reste, je vends peut-être la peau de l'ours (Constant,Journaux,1814, p.409).
Loc. verb. Prenez mon ours! [P.allus. à une pièce de Scribe en pressant qqn de vous débarrasser de qqc. ou de qqn de gênant ou d'encombrant] Débarrassez-moi de cela! Elle prit du papier à poulet et écrivit, tant que le papier put la contenir, la célèbre phrase, devenue proverbe à la gloire de Scribe: Prenez mon ours (Balzac,Splend. et mis.,1844, p.233).
B. −
1. Vx. OEuvre littéraire, notamment, pièce de théâtre qui n'est pas publiée. La Vie moderne va, dans quelques jours, publier un vieil ours de moi (Flaub.,Corresp.,1879, p.309).
2. Fam. Brouillon, canevas, ébauche ou version d'un texte inachevé qui demande à être révisé(e) et corrigé(e). (Ds Rob. 1985).
C. − Arg. et pop.
1. Prison, cachot, salle de police. À la fin de chacune de ses phrases revenaient, ainsi qu'une ritournelle obstinée, les mots de clou, de salle de police et d'ours (Huysmans,Soeurs Vatard,1879, p.210).À l'ours! ,,«En prison!» Par extension: au rebut!`` (Cellard-Rey1980).Je décidai que les derniers ronds qu'il recevrait de moi se concrétiseraient en un jeton de téléphone. À l'ours le beau mâle! Balancé, plus de julot (M. Rolland,La Rouquine,1976,pp.52-53, ds Cellard-Rey 1980).
2. [À propos d'une femme] Avoir ses ours. Avoir ses règles. Synon. avoir ses jours (critiques).Madame Des Pereires (...) s'en méfiait bien de la donzelle! Surtout au moment de ses règles!... Elle lui avait aménagé une sorte de bas-flanc spécial dans un coin de la grange, pour qu'elle soye bien seule à dormir tout le temps qu'elle avait ses ours (Céline,Mort à crédit,1936, p.599).
REM. 1.
Nounours, subst. masc.,hypocor. Petit ours; ours en peluche. [Un garçon de trois ans] faisait goûter Oscar, le nounours en peluche à l'oreille cassée (Les Veillées des chaumières, 9 mars 1985, no1591, p.2).P.anal. Je me souviens d'une sorte d'adolescent prolongé, jambes démesurées, tignasse batailleuse, qui s'échauffait derrière les cordes des 36/38 ans en compagnie d'un gros nounours grisonnant. Forcément ces deux bonshommes du même âge n'avaient pas les mêmes chances de séduction auprès des bonnes-femmes! (Chr. Collange, Ça va les hommes?Paris, Grasset, 1981, p.229).
2.
Oursifier, verbe pronom.,littér. Devenir difficile à vivre. Empl. pronom. réfl. [Correspond à supra A 3 d] Je n'ai absolument rien à te dire. Je m'oursifie et m'assombris de plus en plus (Flaub.,Corresp.,1861, p.419).
Prononc. et Orth.: [uʀs̥]. [s] final rétabli à partir du xviiies. Vx: [:ʀ] encore préférable selon Littré mais vieilli selon DG; plus harmonieux dans la lecture selon Rouss.-Lacl. 1927, p.169, usité pour les besoins de la rime selon Nyrop Phonét. 1951, § 254: ,,toujours/ours ds Rostand``. [uʀs] au sing. mais parfois [:ʀ] au plur. selon Gramm. Lar. 1964, § 258. [u] mentionné ds Dupré 1972, également sorti de l'usage aurait ,,permis à la rue aux Oues («aux oies») de devenir à Paris la rue aux Ours``. [u] résulte de la même évolution que celle des mots où rs est précédé d'une voyelle longue, ex.: dōrsum > dossum &gt: dos. En liaison, au plur., soit introduction d'un [z] intermédiaire: des ours affamés [uʀszafame] soit [s] &gt: [z]: [uʀzafame] (d'apr. Buben 1935, § 229 et Fouché Prononc. 1959, p.478). Att. ds Ac. dep.1694. Étymol. et Hist.I. A. 1. Zool. a) ca 1100 urs (Roland, éd. J. Bédier, 30); b) α) ca 1680 ours blanc (Rich.); β) 1838 ours polaire (Brard); c) 1797 ours brun (Voy. La Pérouse, t.2, p.190); 2. a) α) ca 1500 marchander de la peau de l'ours jusques ad ce que la beste fust morte (Philippe de Commynes, Mémoires, éd. J. Calmette, t.2, p.21); β) 1668 il ne faut jamais vendre la peau de l'ours qu'on ne l'ait mis par terre (La Fontaine, Fables, V, 20, 38 ds OEuvres, t.1, p.430); 1814 vendre la peau de l'ours (Constant, loc. cit.); b) 1868 le pavé de l'ours (v. pavé); c) α) 1831 se dandiner à la manière des ours en cage (Balzac, Peau chagr., p.64); β) 1845 tourner comme un ours dans sa cage (Flaub., Éduc. sent., p.152); 3. 1765 ours marin (Buffon, Hist. nat., t.13, p.375); 4. 1919 «jouet d'enfant ayant l'apparence d'un ourson» (Claudel, loc. cit.). B. 1. a) 1671 adj. «qui fuit la société (en parlant d'une personne)» (La Fontaine, Contes, III, 18 ds OEuvres, t.5, p.185); b) 1694 subst. «personne qui fuit la société» (La Bruyère, Caractères, éd. G. Servois, t.2, p.161, § 12); 2. a) 1718 ours mal léché (v. lécher); b) 1820 «personne d'un caractère grossier» (Michelet, Journal, p.78). II. 1. 1713 typogr. (d'apr. Esn.); 2. 1835 «pièce de théâtre qui vieillit dans les cartons en attendant la publication» (ibid.); 3. av. 1853 «salle de police» (ibid.). Du lat. ursus au sens A 1 a. Les emplois fig. et techn. de ours sont issus d'allus. aux moeurs solitaires (I B 1), à la tanière (II 3), à l'aspect lourdaud de cet animal (I B 2); ou encore d'une compar. du mouvement fait par le pressier avec le balancement lourd de l'ours (II 1). Pour la loc. ours mal léché, v. lécher. Fréq. abs. littér.: 1259. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2571, b) 2516; xxes.: a) 1328, b) 1012.
DÉR.
Ourserie, subst. fém.,vieilli. [Correspond à supra A 3 d] a) Humeur, caractère d'ours. On ne peut malheureusement s'abstraire de son époque. Or, je trouve la mienne stupide, canaille, etc., et je m'enfonce chaque jour dans une ourserie (Flaub.,Corresp.,1853, p.386).b) Fait de vivre en solitaire. Cette ourserie forcée, et que rien ne vient rompre, de l'homme de lettres du XIXesiècle est étrange, quand on la compare à la vie, toute mondaine, en pleine société et criblée d'avances, d'invitations, de relations de l'homme de lettres du XVIIIesiècle (Goncourt,Journal,1859, p.603). [uʀsə ʀi]. 1resattest. a) 1840 «caractère d'une personne bourrue» (Ac. Compl. 1842), b) 1844 «acte d'une personne insociable» (Sainte-Beuve, Portraits littéraires ds OEuvres, éd. M. Leroy, t.2, p.718); de ours, suff. -erie*.
BBG.Quem. DDL t.15.