| OSMOSE, subst. fém. A. − PHYS., BIOL. Phénomène caractérisé par le passage de la solution la moins concentrée vers la solution la plus concentrée, lorsque deux liquides de concentration différente sont séparés par une membrane semi-perméable (c'est-à-dire laissant passer le solvant mais non la substance dissoute). Sur les mauvaises herbes (...), la saumure agit par osmose en pompant toute l'humidité de la plante à travers ses membranes cellulaires. Le soleil évapore ensuite l'eau de la saumure, active les phénomènes d'osmose et la plante, complètement desséchée, meurt (Stocker,Sel,1949, p.88).Dans l'eau distillée, ou dans une solution de concentration inférieure à 8 p 1000 de sel marin (1 à 3 p 1000 par exemple), de l'eau pénètre par osmose dans les hématies; celles-ci augmentent de volume, leur hémoglobine diffuse et se dissout dans l'eau. On dit qu'il y a hémolyse (Camefort, Gama,Sc. nat.,1960, p.149). ♦ Osmose inverse. Mouvement inverse de celui de l'osmose, obtenu par l'application, sur la solution la plus concentrée, d'une pression supérieure à la pression osmotique. En appliquant une pression suffisante sur la solution la plus concentrée, on peut inverser le phénomène: c'est l'osmose inverse. Grâce au développement depuis 1959 de membranes semi-perméables en acétate de cellulose, des applications industrielles sont devenues possibles, en particulier pour le dessalement de l'eau de mer (LemaireEnvir.1975). B. − Au fig. 1. Influence d'un phénomène matériel ou moral sur une personne, sur un milieu qui s'en trouve pénétré, imprégné. Son idéologie [de la bourgeoisie] s'écroule: elle justifiait la propriété par le travail et aussi par cette lente osmose qui diffuse dans l'âme des possédants les vertus des choses possédées (Sartre,Sit.II,1948, p.273): 1. Si j'avais quelque jeune disciple à former, je me contenterais probablement de lui murmurer ces seuls mots: «sensible... s'acharner à être sensible, infiniment sensible, infiniment réceptif. Toujours en état d'osmose. Arriver à n'avoir plus besoin de regarder pour voir. Discerner le murmure des mémoires, le murmure de l'herbe, le murmure des gonds, le murmure des morts. Il s'agit de devenir silencieux pour que le silence nous livre ses mélodies, douleur pour que les douleurs se glissent jusqu'à nous...»
Fargue,Piéton Paris,1939, p.15. 2. Mélange intime, fusion de deux éléments; interpénétration de deux phénomènes. C'est l'échange des sentiments parallèles, il y a communication inconsciente, osmose inaperçue (La Varende,Saint-Simon,1955, p.249).Entre ces deux religions [le taoïsme et le bouddhisme], bien qu'elles se fissent concurrence sur le plan institutionnel, il s'établit une sorte d'osmose doctrinale qui allait donner naissance en Chine à une forme nouvelle du bouddhisme (Philos., Relig., 1957, p.52-16): 2. À dix mètres sous moi, l'eau invisible. Entre l'eau et la brume, pas de frontière, la brume aussi lourde que l'eau, l'eau aussi irréelle que la brume. Passage dans un autre monde, transition par une osmose où toute forme ancienne est désagrégée et dissoute...
Abellio,Pacifiques,1946, p.12. Prononc. et Orth.: [ɔsmo:z] et [o-]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. 1865 biol. (Littré-Robin); 2. 1936 fig. «influence réciproque» (Aragon, Beaux quart., p.373). Mot créé par l'Anglais Graham (1854, Phil. Trans., CXLIV, 181 ds NED) à partir de l'élém. formant -osmose (du gr. ω
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ς «poussée») tiré de endosmose* et exosmose*. Fréq. abs. littér.: 14. Bbg. Quem. DDL t.12. |