| * Dans l'article "ORFÈVRE,, subst. masc." ORFÈVRE, subst. masc. A. − Artisan qui fabrique et/ou qui vend des objets de parure ou de décoration en métaux précieux finement travaillés, notamment des chandeliers, des couverts, de la vaisselle, des ornements d'église (calices, ciboires, patènes, coffrets et reliquaires). Célèbre, habile orfèvre; profession d'orfèvre; outils d'orfèvre; orfèvres flamands, italiens, parisiens. Felipe m'a proposé de venir voir ce service avant que l'orfèvre ne l'emballât (Balzac,Mém. jeunes mariées, 1842, p.299).Les tissus de soie, travaillés en France et brodés d'or, se complètent par des bijoux et des diadèmes, des ceintures scintillantes que les orfèvres ont ciselées avec art (Villard,Hist. cost., 1956, p.87): 1. ... il mesura dix fois la capacité de ses deux mains en perles, en pierreries, en diamants, dont beaucoup, montés par les meilleurs orfèvres de l'époque, offraient une valeur d'exécution remarquable même à côté de leur valeur intrinsèque.
Dumas père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.296. − P. anal. Les pâtres de la Murg ont sculpté les sébiles; Ces orfévres du bois sont des rustres habiles Qui font sur une écuelle ondoyer des jardins Et des monts où l'on voit fuir des chasses aux daims (Hugo,Légende, t.1, 1859, p.344). − En appos. avec valeur d'adj. Et ce que vous dites me fait songer qu'il pouvait se trouver quelques Gnomes métallurgistes et orfèvres parmi ces Sylphes (A. France,Rôtisserie, 1893, p.120). ♦ Compagnon orfèvre (Ac. 1798). Garçon orfèvre. Elle avait été à la veille d'épouser un garçon orfèvre, qui partit, pour rejoindre les drapeaux (Jouy,Hermite, t.4, 1813, p.307).Maître orfèvre. Oui, je les avais vus [le poignet et le bracelet], mais manoeuvrant cette fois au-dessus des pierres et des écrins de choix d'un prestigieux artiste, d'un maître orfèvre et ciseleur (Lorrain,Phocas, 1901, p.4). − En compos. Orfèvre-bijoutier. Artisan qui fait et/ou qui vend des bijoux en or. (Dict. xixeet xxes.). Orfèvre-joaillier. Artisan qui met en oeuvre et vend des diamants, des pierres précieuses, des perles (Dict. xixeet xxes.). B. − 1. Loc. proverbiale. [P. allus. à l'Amour médecin, I, 1 de Molière: Vous êtes orfèvre, M. Josse, «votre conseil est intéressé» et avec infl. de être orfèvre en la matière (v. infra) qui rend l'allus. peu claire] :
2. En voyant tous mes livres, elle me dit: «Faudra-t-il que mon pauvre garçon se mette tout cela dans la tête? Pour moi, j'ai pris en horreur le papier imprimé.» −Vous étiez orfèvre, Monsieur Josse! Un imprimeur et une imprimerie ont été l'occasion de tes chagrins, pensais-je; il est naturel, pauvre cousine, que tu en détournes les yeux maintenant.
Amiel,Journal, 1866, p.309. 2. Être orfèvre en la matière. Être expert en la matière, s'y connaître parfaitement. − [P. allus. à cette expr.] Personne habile. Des gens qui paraissent saouls ne le sont pas; ils ont l'air de parler au hasard mais c'est pour sonder, savoir jusqu'où ils peuvent aller (...). Et tout le monde est orfèvre. Tout se comprend (Giono,Chron., Noé, 1947, p.354).Les auteurs de confession écrivent surtout pour ne pas se confesser, pour ne rien dire de ce qu'ils savent. Quand ils prétendent passer aux aveux, c'est le moment de se méfier, on va maquiller le cadavre. Croyez-moi, je suis orfèvre (Camus,Chute, 1956, p.1536). Prononc. et Orth.: [ɔ
ʀfε:vʀ
̥]. Ac. 1694: -fe- en vedette, -fé- ds l'art.; 1718-1835: -fé-; dep. 1878: -fè-; Littré: -fé-; Rob., Lar. Lang. fr.: -fè-. Noter Fér. 1768 et Fér. Crit. 1787 déjà: -fè- ,,l'è est moyen: l'accent grave est donc plus convenable``. Étymol. et Hist. Ca 1210 (Dolopathos, 332 ds T.-L.). Formé, avec or*, sur l'a. fr. fèvre «ouvrier, artisan travaillant le métal, forgeron» (ca 1170, Rois, éd. E. R. Curtius, XIII, 19, p.24), issu du lat. faber «ouvrier, artisan» à la place d'un représentant du lat. aurifex «orfèvre» qui a survécu dans le sud de la France, en Italie et dans la péninsule ibérique (REW3795, FEW t.1, p.181b et t.3, p.342a). Fréq. abs. littér.: 197. DÉR. 1. Orfévrer, verbe trans.Façonner, travailler (comme) une pièce d'orfèvrerie. Pour river les boucles, l'or a toujours été le meilleur métal, mais Philippe savait qu'avec certains hommes il faut en plus orfévrer un peu la soudure (Druon,Loi mâles, 1957, p.254).Au part. passé a) Façonné, travaillé par un orfèvre. Cadre, diadème orfévré; (objet) d'argent orfévré; matière orfévrée par un artisan. Un autel d'or au fond duquel une lampe allumée mettait un brasier de feu d'or; partout de l'or, de l'or orfévré, étalé, épanoui, éteignant, sous ses luisants superbes, le vert et le jaune antiques (Goncourt,MmeGervaisais, 1869, p.164).Il faudrait avoir (...) la paire de ciseaux la plus précieusement orfévrée, le dé le plus divin (Goncourt,Journal, 1884, p.389).Une canne à poignée argentée et orfévrée, très 1900 (Montherl.,Célibataires, 1934, p.773).b) Inscrusté, rehaussé de. Vidercômes d'ivoire orfévrés d'argent (Du Camp,Hollande, 1859, p.140).c) P. anal. Travaillé comme une pièce d'orfèvrerie avec art, minutie. De guerre lasse, j'en arrivai à suspecter ma portière de soie vert pâle et ses arabesques orfèvrées (Lorrain,Sens. et souv., 1895, p.127).− [ɔ
ʀfevʀe]. − 1resattest. 1859 orfévré (Du Camp, loc. cit.), 1957 orfévrer (Druon, loc. cit.); de orfèvre, suff. -é* et dés. -er. 2. Orfévri, -ie, adj.,vx. Façonné, travaillé, mis en oeuvre par un orfèvre (notamment en parlant de l'or, de l'argent, des perles). Plats orfévris; matières orfévries. L'argent monnayé et l'argent orfévri (Ac.1835, 1878).P. métaph. Et encore le style de M. Moreau se rapprocherait-il plutôt de la langue orfévrie des de Goncourt. S'il était possible de s'imaginer l'admirable et définitive Tentation de Gustave Flaubert, écrite par les auteurs de Manette Salomon, peut-être aurait-on l'exacte similitude de l'art si délicieusement raffiné de M. Moreau (Huysmans,Art mod., 1883, p.153).− [ɔ
ʀfevʀi]. Att. ds Ac. 1835 et 1878. − 1reattest. 1751 (Voltaire, Siècle de Louis XIV, chap.30, Paris, Garnier, 1878, p.524: Les meubles d'argent orfévri des particuliers); de orfèvre par adjonction de la finale -i d'un part. passé de verbes en -ir. |