| ORFRAIE, subst. fém. Oiseau de proie diurne. Synon. aigle de mer (v. aigle I A), pygargue* à queue blanche.Il y a de ces oiseaux, comme les orfraies, les foulques et les aigles, qui, exercés contre les vents dès leur naissance, volent à l'opposite des plus violents orages (Bern. de St-P.,Harm. nat., 1814, p.222).À l'orfraie des rivages, au corbeau de la plaine, succède peu à peu le vautour (Michelet,Hist. romaine, t.1, 1831, p.142).− [Par confusion avec effraie] Chouette au cri aigre et sinistre. Un chat-huant se mit à ululer lentement, longuement... hoho-hô!... hoho-hô!... puis tout se tut. Et puis, plus près encore, contre les volets, comme un signal convenu, le cri plus frêle d'une orfraie s'éleva... ouêou!... ouêou!... ouêou!... (...) tout de suite, un soupir de hibou répondit... chut!... chut!... chut!... (Pesquidoux,Chez nous, 1921, p.186).V. bondrée ex. ♦ Au fig. Pousser des cris d'orfraie. Protester violemment. Il n'avait point peur de l'avènement prochain de ces démocraties, qui faisaient pousser des cris d'orfraie à l'égoïsme d'une poignée de privilégiés (Rolland,J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p.1549). Prononc. et Orth.: [ɔ
ʀfʀ
ε]. Ac. 1694 et 1718: -fraye; dep. 1740: -fraie. Étymol. et Hist. 1. 1377 orfres [var. orpres mss ILOX] «sorte d'aigle piscivore» (Gace de La Buigne, Roman des deduis, éd. Å Blomqvist, 3585); 1493 (Compost et Kalendrier des bergers, reprod. éd. 1493 publ. par P. Champion, m. VI ro: La grant orfraye [...] Je mengue chair et poisson [cf. aussi m. V ro: La petite orfraye Je prens au poil et a la plume]); 2. 1555 «oiseau nocturne de mauvaise augure» (Ronsard, OEuvres, éd. P. Laumonier, t.7, p.176, t.8, p.121, cf. aussi t.13, p.103 où il est assimilé aux hiboux, et t.16, p.151, var. vers 1121). Forme altérée d'un a. fr. *osfraie, sans doute par assimilation du s au r suivant, issu du lat. ossifraga, -ae dont la forme masc. ossifragus att. chez Pline explique certains empl. au masc.; la var. orpres att. ici doit être rapprochée de l'angl. osprey généralement considéré comme issu de l'a. fr. *osfraie peut-être, d'apr. FEW (t.7, p.435) sous l'infl. des représentants du lat. praeda (proie*). La confusion du pygargue et du balbuzard, rapaces piscivores diurnes, avec l'effraie, oiseau nocturne, reste difficilement expliquée, le passage de l'a. fr. fresaie à effraie* n'étant pas expliqué avec certitude et ne permettant pas d'établir une chronol. sûre des faits. Fréq. abs. littér.: 53. |