| OPALE, subst. fém. et adj. I. − Subst. fém. A. − Silice hydratée ou gélatineuse d'un blanc laiteux et bleuâtre, à reflets irisés, qui la font rechercher en joaillerie comme pierre précieuse. Opale noble, opale de feu, chatoyante ou girasol, opale arlequine. Une certaine proportion de silice libre qui (...) s'est individualisée sous la forme de quartz (...), enfin sous celle d'opale (silice gélatineuse), combinée avec de l'eau (Lapparent,Abr. géol.,1886, p.110).[Les oliviers] portaient une toison plus légère que l'écume de l'eau et qui gardait dans l'envers des feuilles un reste de couleur d'opale que le soleil achevait d'effacer (Giono,Hussard,1951, p.179).V. parer1ex. 1: 1. A) L'irisation (...) la disposition lamellaire (...) chez ce gel pseudomorphe qu'est l'opale provoque la décomposition de la lumière comme le ferait une mince couche d'huile à la surface de l'eau. B) L'opalescence est propre aussi à l'opale et désigne l'aspect laiteux de certaines pierres, toujours taillées en cabochon.
Metta,Pierres préc.,1960, p.33. − P. méton. Opale montée en bijou. Ce corno ducale était d'or, festonné de vingt-quatre grosses perles, surmonté d'un diamant à huit facettes, d'un énorme rubis et d'une croix d'opale et d'émeraudes (Chateaubr.,Mém., t.4, 1848, p.398).Aux doigts, tout ce que contenait son baguier de turquoises, d'opales de Hongrie, de saphirs et d'émeraudes (Bourges,Crépusc. dieux,1884, p.84).Un mince bracelet de platine, un fil d'aigues et d'opales était rivé à son poignet droit (Lorrain,Phocas,1901, p.3). B. − P. anal. 1. Littér. Couleur, irisation, éclat beaux mais difficilement définissables comme le sont les reflets changeants de l'opale. La nuit et ses lueurs de diamant, froissées Par l'aube, dont l'opale éclate au front du ciel (Banville,Exilés,1874, p.101).Jardins avec des bassins de porphyre et des jets d'eau où le soleil allume des opales (Faure,Hist. art,1912, p.265): 2. Voici l'aurore. Le sévère Obiou et les monts chauves qu'il garde, se teintent de rose. Une opale infinie remplit l'espace. Enchantement de quelques minutes, après quoi le terrible soleil criblera tout de ses feux.
Bloy,Journal,1906, p.315. − D'opale. D'aspect, de couleur, de reflets changeants d'opale. Ce matin, un peu avant quatre heures, (...) j'ai regardé par la fenêtre. Tout était d'un bleu d'opale, mais terne. Les grands arbres du jardin se détachaient en gris bleu sur le fond pâle que faisait la lumière naissante (Green,Journal,1947, p.121): 3. Ce brillant occident où le soleil étale
Sa chevelure d'or et sa robe d'opale,
Ce ciel qui par degré se peint d'un gris obscur,
Et le jour qui s'éteint sous un voile d'azur!
Michaud,Printemps proscrit,1803, p.105. − P. métaph. L'Infante plut immédiatement à la Reine (...) cette complexion de soies et d'opales suffisait (La Varende,Anne d'Autr.,1938, p.265). 2. Techn. Croûte de cristaux qui se forme à la surface du sirop de sucre pendant la cristallisation. (Ds Littré, Guérin 1892, DG). V. opaler infra rem. II. − Adjectif A. − Qui est de la couleur de l'opale, qui présente des reflets irisés et changeants rappelant ceux de l'opale. Bijouterie fine, consistant en rangs de perles blanches, de couleur, rayées et opales, et à miroirs (Voy. La Pérouse,t.1, 1797, p.244).Toute la mer se bombait et devenait opale (Giraudoux,Suzanne,1921, p.172). B. − En partic. [En parlant d'un verre] Qui est translucide, soit par la présence, dans sa masse, de corps insolubles, soit par un revêtement interne à base de silice, et d'un blanc laiteux. Ampoule opale. Et puis, il y avait trop de beaux meubles aussi pour nous dans la salle à manger, des «1900» véritables avec des vitraux genre opale (Céline,Voyage,1932, p.573): 4. Verre opale. −C'est un verre translucide, d'aspect laiteux avec reflets jaunes ou rougeâtres, servant surtout à faire des abat-jour, des globes, etc. Pour l'obtenir, on prend de préférence un verre au plomb et on lui ajoute du spath fluor ou du feldspath, de l'oxyde d'étain, du phosphate de calcium (...) etc. (...). L'opalescence n'apparaît que lorsque la pièce est complètement refroidie.
Cl. Duval, Verre,1966, p.89. REM. Opaler, verbe trans.,techn. Briser l'opale et répartir les cristaux de sucre dans toute la masse que contient une forme. Qu'il est nécessaire de détruire en brassant la masse à deux reprises différentes avec un couteau de bois, parce que, sans cela, la cristallisation serait irrégulière; c'est ce qu'on appelle opaler (A. Wurtz, Dict. chim., t.3, 1878, p.64).Au bout de peu de temps, la superficie du sirop se recouvre d'une croûte cristalline. C'est alors qu'il faut opaler (Rouberty,Sucr.,1922, p.92). Prononc. et Orth.: [ɔpal] et [-ɑ:l]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1remoitié du xiies. optal «pierre précieuse» (Lapidaires anglo-norm., éd. P. Studer et J. Evans, I, 843); 1562 [éd.] masc. (Du Pinet, Histoire du monde [trad. de Pline], t.2, p.740: L'opale, est composé quasi de toutes couleurs); 1609 fém. (d'apr. FEW t.7, p.358b, note 2); 2. a) 1769 «couleur de l'opale» (Saint-Lambert, Les Saisons, p.100: l'opale et l'incarnat d'un matin radieux, l'or, le pourpre et l'azur du couchant nébuleux); b) α) 1786 d'opale «qui a la couleur de l'opale» (Florian, Numa Pompilius, p.348);
β) 1797 adj. «id.» (Voy. La Pérouse, t.1, p.244). Empr. au lat. opalus «pierre précieuse», empr. par Pline (v. TLL) au gr. ο
̓
π
α
́
λ
λ
ι
ο
ς «id.». La forme optal, remonte au b. lat. optalius (vies. ds TLL), lui-même prob. influencé par le rad. gr. ο
̓
φ
θ-, tiré de ο
̓
φ
θ
α
λ
μ
ο
́
ς «oeil», cette pierre ayant la réputation d'être bonne pour les yeux (v. TLL). Fréq. abs. littér.: 147. |