| ONCE1, subst. fém. A. − Unité de poids utilisée par un certain nombre de pays, dont la valeur est comprise entre 24 et 33 grammes. 1. HISTOIRE a) Douzième partie de la livre romaine (soit 27,28 grammes). Les Romains en avaient donné l'exemple lorsque, dans la seconde guerre punique, ils réduisirent à une once de cuivre l'as qui en pesait deux (Say,Écon. pol.,1832, p.268). b) Sous l'Ancien Régime seizième partie de la livre de Paris (soit 30,59 grammes). Une once de cuivre, d'or; une once de beurre, de pain; le marc est composé de huit onces. Dans l'année 1113, ce qu'on appelait livre ne contenait plus que six onces d'argent fin; au commencement du règne de Louis VII, elle ne contenait plus que 4 onces (Say,Écon. pol.,1832p.263). ♦ P. anal. [Employé gén. dans des expr. à la forme négative] Très petite quantité de quelque chose. Ne pas peser une (deux) once(s). Être très léger. Cela n'a pas deux onces de chair sur les os et cela loge dans l'étroite cage de sa maigre poitrine un vrai coeur de lion ou de héros antique (Gautier,Fracasse,1863, p.322).«Pas une once de graisse et pas un rhumatisme», affirmait le général (R. Bazin, Blé,1907, p.18).Au fig. Il est impossible dans la plupart des cas de démêler, aux sources obscures du déséquilibre mental, l'once de responsabilité qui a fait basculer un poids massif de fatalité (Mounier,Traité caract.,1946, p.729).Charles IV le Bel ressemblait assez à son père, mais (...) sous cette noble apparence, n'avait pas trois onces de cervelle (Druon,Louve Fr.,1959, p.108): 1. En littérature, c'est pire: l'esprit seul désormais y fait loi. Intrigue, piraterie, vanité sans frein, vénale cupidité! oh ! si, dans tous ces gens d'esprit à foison, il y avait au coeur un endroit sain, une once, un grain d'honnêteté, un seul dans chacun, que ce serait beaucoup!
Sainte-Beuve,Portr. femmes,1844, p.423. 2. Mesure de poids anglo-saxonne, valant 28,35 grammes. C'est au numéro 225 [d'Oxford Street] qu'il [Thomas de Quincey] acheta sa première once d'opium, sa première dose d'immortalité (Morand,Londres,1933, p.184). B. − Once (d'or). Monnaie d'or de valeur variable, ayant eu cours notamment en Espagne et en Amérique latine. Tu sèmes à terre les piastres, les gourdes, les onces, les moïdors, que sais-je, moi? Car, en vérité, tu as des monnaies de toutes sortes, brave homme (Sue,Atar-Gull,1831, p.3): 2. ... le couvercle en sautant découvrit une masse considérable de pièces d'or: onces, quadruples, sequins, génovines, portugaises, ducats, cruzades, angelots et autres monnaies de différents titres et pays, mais dont aucune n'était moderne.
Gautier,Fracasse,1863, p.499. Prononc. et Orth.: [ɔ
̃:s]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Début du xiies. ne unce (de) «pas (de)» (St Brendan, éd. I. Short et Br. Merrilees, 1066); b) 1690 fig. (Fur.: on dit proverbialement; qu'un homme n'a pas un[e] once de sens commun, d'esprit, de jugement, pour dire, qu'il a peu de ces facultez); 2. ca 1135 numism. once d'or (Couronnement de Louis, éd. Y. G. Lepage, Rédaction AB, 1467); 3. a) ca 1160 ancienne mesure de poids (Enéas, 4514 ds T.-L.); b) 1839 mesure de poids anglo-saxonne (Comm. t.2). Du lat. uncia «la douzième partie d'un tout (douzième de la livre [monnaie]; douzième d'un héritage); petite quantité». Once, au sens 3 b (également en usage au Canada fr. depuis 1760 et jusqu'à l'adoption du système métrique en 1978), est empr. à l'angl. ounce, lui-même empr. au fr. once aux alentours de 1330 (v. NED). Voir Rey-Gagnon Anglic. 1981, s.v. once et ounce. |