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OGIVE, subst. fém.
A. − ARCHITECTURE
1. Arc d'ogive, arc en ogive ou, p. ell., ogive. Arc diagonal lancé d'un point d'appui à un autre sous une voûte, passant par la clef de voûte, remplaçant l'arête saillante que produirait la rencontre de deux berceaux:
1. La présence des ogives sous la voûte entraîna modification des supports que, dès l'époque romane, on avait pris l'habitude de «composer» en faisceaux de colonnes engagées autour d'un noyau central: entre la demi-colonne qui porte la grande arcade et celle qui reçoit (...) la retombée du doubleau, on en mit une dont la base et le chapiteau furent orientés de biais pour soutenir l'ogive diagonale. F. Salet,L'Art gothique, Paris, P.U.F., 1963, p.5.
P. anal. [En parlant des éléments d'une construction] En ogive(s). Disposé de la même façon que les arcs d'ogive. La grange de Combernon. C'est un vaste édifice aux piliers carrés, avec des charpentes en ogives qui viennent s'y appuyer (Claudel,Annonce, 1912, prol., p.11).
Branche d'ogive. Moitié d'un arc rayonnant autour de la clef; fraction d'un arc partant d'un point d'appui et tendant vers la clef sans l'atteindre (d'apr. Archit. 1972).
Croisée d'ogives. V. croisée B 1 a:
2. Si l'architecture des grandes cathédrales ne se conçoit pas sans la voûte sur croisée d'ogives, ce n'est pas pour autant une invention des maîtres de l'époque gothique; ils n'ont fait que s'en emparer, la mettre au point, l'améliorer jusqu'à lui faire produire ses nombreuses et étonnantes conséquences. F. Salet,L'Art gothique, Paris, P.U.F., 1963, p.4.
Voûte d'ogives ou, p. ell., ogive. Voûte bâtie sur des arcs d'ogive et constituée de quartiers délimités par ces arcs qui se rencontrent à la clef de voûte. L'abbaye, en pleine école auvergnate, montrait des pénétrations clunisiennes (...). La hardiesse bourguignonne était reconnaissable, plus belle (...) que l'ogive écrasée de La Chaise-Dieu (Malègue,Augustin, t.2, 1933, p.135):
3. La voûte d'ogives, ainsi mise au point par les architectes français, l'emportait de toute évidence sur les anciens modes de voûtement. Elle s'adaptait à tous les plans par le rayonnement des ogives autour de la clef; elle entraînait une importante économie des bois d'échafaudages puisqu'on pouvait s'établir sur la carcasse formée par les doubleaux et les ogives pour maçonner les quartiers de la voûte (...); elle était légère puisqu'il était possible de diminuer l'épaisseur des quartiers, désormais portés par une véritable armature... F. Salet,L'Art gothique, Paris, P.U.F., 1963, pp.5-6.
P. anal. Ce qui est disposé comme une voûte d'ogives. La plus belle allée de platanes que j'aie jamais vue, une allée de ces arbres à peau de serpent, qui fait ici une ogive verte de cent-vingt pieds au dessus de notre tête (Goncourt,Journal, 1878, p.1246).
2. ARCHIT., DÉCOR. Arcade formée par deux arcs de cercle égaux qui se coupent en formant un angle plus ou moins aigu. La porte de Damas (...), flanquée de deux tours; ouverte par une large, haute et élégante ogive, et crénelée de créneaux arabesques en forme de turbans de pierre (Lamart.,Voy. Orient, t.1, 1835, p.422).On commence à me rendre mes visites d'arrivée. Chaque jour, de cinq à sept, c'est un défilé international sous la petite ogive d'ébène sculpté qui réunit mes deux salons (Farrère,Homme qui assass., 1907, p.56):
4. Le compas étant inventé, les intersections de cercles étaient trouvées, par conséquent la figure appelée ogive [it. ds le texte] (...). Des monuments (...) d'une très-haute antiquité, nous montrent des ogives (...); mais tous ces monuments, sans exception, présentent un appareil horizontal, c'est-à-dire que les lits des pierres formant ces berceaux ou ces cavités sont horizontaux et non point normaux aux courbes. C'est là cependant un point essentiel, pour des architectes, car on ne peut ainsi donner à ces surfaces concaves les noms d'arc ou de voûte. Viollet1875.
SYNT. Arc, croisée, fenêtre, porte, verrière en ogive; ogive équilatérale, en quinte points, en tiers points, lancéolée, mauresque, obtuse ou mousse, surbaissée, surhaussée.
P. anal. (de forme). En ogive. D'une façon qui rappelle ce type d'arcade. L'on avait, plus loin, couché les «tiraillous», la tête vers La Mecque, veillés par l'étroite planchette taillée en ogive (Dorgelès,Croix de bois, 1919, p.260).Ses mains se nouèrent en ogive au sommet de sa tête, et elle posa le front sur sa poitrine, si baissée qu'il ne vit plus que ses cheveux, dans un geste de soumission infinie (Montherl.,Pitié femmes, 1936, p.1164).
Emploi adj. Arc, fenêtre, porte ogive:
5. Le palais du doge offre des entrelacs reproduits dans quelques autres palais, particulièrement au palais Foscari. Les colonnes soutiennent des cintres ogives; ces cintres laissent entre eux des vides: entre ces vides l'architecte a placé des rosaces. Chateaubr.,Mém., t.4, 1848, p.340.
B. − P. anal. (de forme)
1. ARMEMENT
a) Partie antérieure des projectiles de forme oblongue. Ogive d'une balle, d'un obus; ogive allongée, tronquée. Il entendait le coup sourd, étouffé. L'ogive de métal forait l'os frontal, faisait éclater la paroi. L'oeil sautait de l'orbite (Bernanos,Imposture, 1927, p.373).
b) Ogive (atomique, nucléaire). Partie antérieure d'un engin, d'un projectile de l'artillerie atomique, qui contient la charge nucléaire. Ogive nucléaire d'un missile. Le temps matériel nécessaire pour mettre en place la tête nucléaire dans une ogive d'engin balistique amènera forcément à confier aux alliés non pas seulement la partie non nucléaire de l'arme, mais l'ensemble monté de celle-ci (Goldschmidt,Avent. atom., 1962, p.204).
2. ASTRONAUT. Partie antérieure d'une fusée spatiale. Ogive détachable, récupérable. L'ogive contient la charge utile (satellite ou engin cosmique) et la protège pendant la traversée de l'atmosphère (GalianaAstronaut.1963):
6. À bord de la fusée, des émetteurs recevaient les ordres câblés par la Terre et les communiquaient au cerveau électronique dirigeant le système de freinage. Des jets d'air comprimé, expulsés latéralement commencèrent par stabiliser l'ogive. Paris-Match, 22 avr. 1961, no628, p.63, col. 1-2 ds Guilb. Astronaut. 1967.
3. STAT. Ogive de Galton. ,,Forme du graphique représentatif d'une distribution de fréquence dont les grandeurs portées en ordonnées correspondent non pas aux grandeurs séparées prises au cours d'une période donnée, mais au total de toutes les grandeurs des périodes antérieures, y compris la dernière`` (Lar. encyclop.).
REM.
Ogiver, verbe trans.Donner (à quelque chose) la forme d'une ogive (supra A 2). ,,La Dame de printemps``: Ses longs cheveux d'aurore ogivant son front lisse (Samain,Chariot, 1900, p.181).P.métaph. [Les vêpres] ne différaient guère des vêpres adoptées par les bénédictines de la rue Monsieur; elles étaient plus massives, plus graves, plus romanes, si l'on peut dire, car, forcément les voix de femmes les effilent en lancettes, les ogivent, les modulent, en quelque sorte, dans le style gothique, mais les airs grégoriens étaient les mêmes (Huysmans,En route, t.2, 1895, p.231).
Prononc. et Orth.: [ɔ ʒi:v]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. a) 1260 «arc diagonal bandé sous une voûte en arc brisé» (Villard de Honnecourt, Album, fo32, éd. H. R. Hahnloser, p.170 et planche 63); b) 1347 crois d'augives (Doc. ds Ann. archéol., t.2, 1845, p.44); xives. croisée d'ogive (Doc., ibid., t.2, p.40); c) 1472 oysive de voote (Doc. ds Gay); 1676 voute d'ogive (Félibien, p.776); 2. 1668 «arcade formée par deux arcs de cercle égaux qui se coupent en formant un angle aigu» (J. Lopès, L'Église métropolitaine et primatiale de St André de Bourdeaux, p.21: arceaux en augive); 3. 1890 arm. (Ledieu, Cadiat, Nouv. matér. nav., t.1, p.132); 4. 1962 «partie antérieure d'un engin, d'un projectile de l'artillerie atomique, qui contient la charge nucléaire» (Goldschmidt, loc. cit.). Mot d'orig. incertaine. On a voulu voir dans ogive un empr. à l'esp. algibe, aljibe «citerne», lui-même empr. à l'ar. hisp. *al-djibb, altération de l'ar. class. al-djubb «id.», en raison, d'une part, de l'équivalence du fr. croix d'augive, croisée d'augive (supra) avec l'esp. boveda de aljibe littéral. «voûte de citerne» d'où p. ext. «voûte d'arête, voûte d'ogive» et, d'autre part, des formes anc. oegive, augive, orgive (v. Gdf. Compl. et Doc. ds M. Aubert, Les plus anciennes croisées d'ogives, Paris, 1934, pp.167-169) quisemblaient représenter des essais de transcr. de l'esp. algibe (cf. G. S.Colin ds Romania t.63 1937, pp.377-381); mais boveda de aljibe ne semble pas att. av. 1661 (v. Cor.-Pasc.). La ressemblance du fr. ogive avec l'angl. ogee «arc brisé; genre de moulure» (1428-29 ds NED), lui-même prob. empr. à un anglo-norm. *ogé, du lat. obviatum «qui va à l'encontre de» (part. passé de obviare, v. obvier), fait plutôt penser à un élargissement du type *obviativa, du lat. obviata, fém. de obviatum (cf. C.Brunel ds Romania t.81 1960, pp.289-295). Fréq. abs. littér.: 380. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1086, b) 341; xxes.: a) 381, b)276. Bbg. Archit. 1972, p.110. _ Kidman (J.). Les Emprunts lexicol. du fr. à l'esp. des orig. jusqu'à la fin du xves. Paris, 1969, pp.183-197. _ Vallois (R.). Ogive < algibe? Romania. 1947, t.69, pp.541-547.