| * Dans l'article "OFFRIR,, verbe trans." OFFRIR, verbe trans. A. − [Le suj. désigne une pers.] 1. Offrir qqc. (à qqn). a) Faire don de quelque chose, donner quelque chose en cadeau (à quelqu'un). Offrir un bijou, un cadeau, un dîner, un livre, des fleurs, un présent; offrir qqc. en cadeau, en dot, en présent, en remerciement. Il tenait entre ses bras une petite hermine toute blanche, qu'il avait apprivoisée, et qu'il offrit en rougissant à Ida (Krüdener,Valérie, 1803, p.57).En grand seigneur, Mimar offrait une tournée (Dabit,Hôtel Nord,1929, p.57). − Emploi pronom. réfl. indir. Tout juste de quoi s'offrir un plat de spaghettis (Fargue,Piéton Paris,1939, p.44): 1. Doué d'instincts de petite maîtresse, qui contrastaient singulièrement, d'ailleurs, avec sa laideur de chenille, il usait de savons parfumés à l'héliotrope le plus pur et mettait de côté sur ses prêts pour s'offrir des flacons de Lubin, qu'il dissimulait soigneusement dans les coins obscurs de sa charge.
Courteline,Train 8 h 47,1888, 1repart., 1, p.11. ♦ S'offrir le luxe*, le plaisir* de + inf. − RELIG. Offrir qqc./qqn à Dieu, à une divinité. Présenter quelque chose/quelqu'un en offrande à Dieu, à une divinité. Offrir à Dieu sa douleur, ses efforts, ses maux. C'est aux ancêtres de son mari qu'elle offre les sacrifices (Fustel de Coul.,Cité antique,1864, p.86).Tous les soirs, disait-il, [Arnoux] faisait son examen de conscience, avant d'offrir son âme à Dieu (Flaub.,Éduc. sent.,t.2, 1869, p.147). ♦ Offrir le Saint Sacrifice de la messe. ,,Dire la messe`` (Littré). ♦ Emploi pronom. réfl. S'offrir à Dieu, à une divinité. Il faut parer aux yeux des hommes les victimes qui s'offrent à Dieu (Joubert,Pensées, t.1, 1824, p.127). b) Mettre quelque chose à la disposition (de quelqu'un), proposer quelque chose (à quelqu'un). Offrir l'apéritif, des cigarettes, sa place, un verre. La Maheude s'était précipitée pour offrir des chaises. Ces dames refusèrent (Zola,Germinal,1885, p.1123).Elle longea les wagons, offrant du café au lait à quelques voyageurs réveillés (Proust,J. filles en fleurs,1918, p.655). − [Le compl. d'obj. dir. désigne une partie du corps, une composante de la pers.] Offrir son corps, sa bouche. Offrir sa vie, toute sa vie, oui, oui, toute la vie de Suzanne à des ombres, à des fumées (Duhamel,Suzanne,1941, p.295).Comme une victime offre son cou à l'égorgeur (Queffélec,Recteur,1944, p.12). ♦ Offrir son bras (à qqn) (v. aussi bras I C 1). Présenter son bras à quelqu'un pour le conduire. Je lui offris mon bras pour s'en retourner, car elle s'était levée (Krüdener,op.cit., p.19).Proposer à quelqu'un de le secourir. D'un trône à l'autre ils vont offrir leurs bras (Béranger,Chans., t.3, 1829, p.112). ♦ Offrir sa main (à qqn). V. main 1resection I F 2 et 3 a. ♦ Emploi adj. du part. passé. Il écrasait sa bouche contre la joue offerte (Adam,Enf. Aust.,1902, p.43).Entre la Mexicaine. Brune, vêtements légers, gorge très offerte (Audiberti,Quoat,1946, 2etabl., p.55). − [En constr. dans des loc.] ♦ Offrir le combat à qqn. Proposer à quelqu'un de combattre contre lui. Si la mort ne vous effraie pas, je vous offre le combat et la mort (Cottin,Mathilde,t.2, 1805, p.134). ♦ Offrir l'hospitalité à qqn; offrir le gîte et le couvert. Inviter quelqu'un à se loger et à se restaurer dans sa maison. L'évêque, averti par le bruit de notre caravane, arriva bientôt, et, s'inclinant sur la porte, m'offrit l'hospitalité (Lamart.,Voy. Orient,t.2, 1835, p.187). ♦ Offrir le pain et le sel. Offrir l'hospitalité. C'était le moment où le marquis offrait à ses hôtes le pain et le sel. (La Revanche des poires tapées, inLa vie pop., 13 août 1882, p.387 ds Quem. DDL t.25). ♦ Offrir ses services (à qqn). Proposer son aide, son concours. Son héroïsme fut modeste: il offrit ses services à un hôpital auxiliaire de Paris (Montherl.,Célibataires,1934, p.764). ♦ Vieilli. [Dans une formule de politesse] Synon. de présenter.Offrir ses hommages*, ses respects, ses voeux. H. de Balzac, qui vous offre ses hommages et vieilles amitiés (Balzac,Corresp.,1838, p.374).Offrez mes voeux et mes hommages à toutes vos femmes, grandes et petites (Hugo,Corresp.,1863, p.432). ♦ Offrir son nom. Proposer le mariage. Le seigneur Marcelli, que voilà, était passionnément épris de vous, il allait jusqu'à promettre de vous offrir son nom si vous vouliez quitter le théâtre (Nerval,Filles feu,Corilla, 1854, p.674). − [Suivi d'un inf. compl.] ♦ Offrir à + inf.Une femme, sur la scène, offrait à boire à un guerrier, exténué de fatigue et de soif (Bourges,Crépusc. dieux,1884, p.16). ♦ Offrir de + inf.Un de mes gardiens eut pitié de mon embarras, et offrit de me faire la courte échelle (About,Roi mont.,1857, p.205).Quand Cyril me quitta, il m'offrit de m'apprendre la navigation à voile (Sagan,Bonjour tristesse,1954, p.17). c) Proposer quelque chose en contre-partie d'une autre. L'évêque de Coutances offrit une forte rançon et n'en fut pas écouté davantage (Barante,Hist. ducs Bourg.,t.4, 1821-24, p.180).Les Folies offraient trois cents francs par soirée à Rose pendant cent représentations (Zola,Nana,1880, p.1343).Le journal l'Époque offrait une honnête récompense à qui lui rapporterait le débris humain qui manquait à la femme coupée en morceaux de la rue Oberkampf (G. Leroux,Parfum,1908, p.25): 2. −Vous n'êtes pas riche; j'ai à vous offrir une place de trois mille florins à Baden. Si vous n'acceptez pas, nous nous battrons demain et je vous tuerai.
Karr,Sous tilleuls,1832, p.276. ♦ Offrir qqc. contre/de/pour/... qqc.Il offrait les larmes de son coeur comme rançon des mauvais jours qu'il avait vécus (Ozanam,Philos. Dante,1838, p.77).Le marchand de meubles lui offrit cinq cents francs du mobilier et du linge de la défunte (Zola,Ventre Paris,1873, p.641).Elle crut que M. de Seigneulles s'était mis en tête de lui offrir une compensation pécuniaire pour prix de son départ de Juvigny (Theuriet,Mariage Gérard,1875, p.211). 2. Offrir qqn (à qqn).Faire don d'une personne (à quelqu'un). Dieu t'offre un ami; sois heureux (Béranger,Chans.,t.3, 1829, p.123). − Emploi pronom. réfl. ♦ S'offrir qqn (fam. ou trivial).Avoir des rapports sexuels avec quelqu'un. Quand un homme leur plaît, elles [les femmes] se l'offrent (Maupass.,Contes et nouv.,t.2, Masque, 1889, p.1164).Il avait remarqué cette blondinette et, résolu de se l'offrir, de gré ou de force (L. Daudet,Entremett.,1921, p.203). ♦ S'offrir à qqn.Offrir sa personne, se donner à quelqu'un. Thérésa, ne voulant pas se déshabiller, s'était assise sur le pied de son lit et, les deux pieds sur deux chaises, s'était offerte à lui, de la façon des femmes à cinq francs (Goncourt,Journal,1865, p.163). ♦ S'offrir en/comme + subst. à/pour qqn.Celles qui n'avaient pas d'amies s'offraient comme esclaves volontaires chez leurs camarades plus recherchées (Louys,Aphrodite,1896, p.73).Jésus, qui s'est donné à nous depuis l'origine du monde et qui ne cesse pas de s'offrir en victime pour nos péchés (Psichari,Voy. centur., 1914, p.229). ♦ Emploi adj. du part. passé. Qui se donne à quelqu'un. Il passait et repassait devant elle, offert, blanc, entraînant sa zone de parfum (Colette,Fin Chéri,1926, p.77).C'était le même silence complice qu'au temps où il rencontrait ici une Josette tacitement offerte (Beauvoir,Mandarins,1954, p.470). ♦ S'offrir à/de/pour + inf.Lisa s'offrit d'elle-même pour être la cousine (Zola,Ventre Paris,1873, p.659).Elle s'offrit de lui servir de guide, mais elle l'égara délibérément pour le conserver tout à elle (Louys,op.cit., p.186).Je me suis offert à être l'historien (Barrès,Cahiers,t.11, 1915, p.130). 3. Offrir qqc. (à qqc.).Présenter. On hissa la voile de misaine, qu'on offrit au vent, et on gouverna vers la plage (Renan,St-Paul,1869, p.555).Il était content, pourvu qu'il pût offrir son visage à l'air vif (Genevoix,Raboliot,1925, p.73): 3. Comme tous les matins, le soleil baignait mon lit; je repoussai mes draps, ôtai ma veste de pyjama et offris mon dos nu au soleil.
Sagan,Bonjour tristesse,1954, p.151. B. − [Le suj. désigne une chose] 1. Procurer; être susceptible de procurer. À défaut d'instruments capables de venir à bout des arbres, le feu offrait le moyen d'extirper la végétation parasite (Vidal de La Bl.,Princ. géogr. hum.,1921, p.31): 4. Le sol, pour ainsi dire, manquait sous le pied. Les pentes présentaient souvent un angle tellement ouvert, que l'on glissait sur les coulées de laves, quand les stries, usées par l'air, n'offraient pas un point d'appui suffisant.
Verne,Île myst.,1874, p.87. − Emploi pronom. à sens passif ♦ Qqc. s'offre à/pour qqn.Se présenter. Un riche mariage s'offrait pour elle, et elle m'avait trahi pour de l'argent (Bourget,Disciple,1889, p.136).Entre deux routes offertes, il eut cette impression vague d'avoir choisi la mauvaise (Bernanos,Soleil Satan,1926, p.66). ♦ Qqc. s'offre à qqc.Se prêter à, être propice à. Une vaste campagne offerte aux courses, aux découvertes, à la chasse, à la liberté (Senancour,Obermann,t.2, 1840, p.44). 2. En partic. Présenter (à l'un des sens ou à l'esprit). Offrir une analogie, une diversité, un intérêt, des lacunes, une ressemblance; offrir à la vue, aux regards. Un beau torrent, qui (...) offre en ce lieu une cataracte (Maine de Biran,Journal,1816, p.191).Les roses épanouies en coupe offraient leur parfum comme dans un cristal précieux (Zola,Faute Abbé Mouret,1875, p.1341).Le ruisseau et les arbres du bord offraient une teinte pâle et verdâtre que reflétait le visage de la jeune fille (A. France,Vie fleur,1922, p.378): 5. Un son, surtout d'instrument, est toujours une espèce de bruit par une multitude de sons accessoires, souvent criards toujours tumultueux, qui l'accompagnent; et, autant que ces sons sont dominés et négligés, le son offre un timbre qui est propre à l'instrument et quelquefois à l'artiste, par où le son tient à la nature.
Alain,Beaux-arts,1920, p.127. − Emploi pronom. à sens passif. Qqc. s'offre (à qqn).Se présenter à quelqu'un ou p.méton. à l'intelligence ou à l'un des sens. S'offrir à l'imagination, au(x) regard(s), à la vue. Une foule de pensées s'offrit à mon esprit (Restif de La Bret.,M. Nicolas,1796, p.186): 6. Il se servit encor du trajet des abeilles
Il dévida si long de rayons et de fil
Qu'il fit captive enfin cette rose merveille:
Un visage d'enfant qui s'offrait de profil.
Genet,Poèmes,1948, p.42. REM. Offreur, -euse, subst.a) Celui, celle qui offre quelque chose. Méfiez-vous des offreurs d'avis, qui, sous un air de sollicitude, ne songent qu'à satisfaire leur curiosité (Hugo,Corresp.,1862, p.373).b) Écon. [P. oppos. au demandeur] Celui, celle qui offre sur un marché un produit ou un service. Nous repérons la surenchère ou concurrence des offreurs et des demandeurs quand le prix est supposé s'écarter de sa position d'équilibre (Perroux, Écon. XXes.,1964, p.104).c) En emploi adj. Marché reliant les banques offreuses ou demandeuses de liquidités et la banque centrale (Univers écon. et soc.,1960, p.28-15). Prononc. et Orth.: [ɔfʀi:ʀ], (il) offre [ɔfʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) α) Déb. du xiies. «proposer ou présenter une chose à quelqu'un en la mettant à sa disposition» (S. Brendan, éd. I. Short et B. Merrilees, 1295);
β) ca 1165 pronom. «se proposer» (Benoît de Ste-Maure, Troie, 13584 ds T.-L.); b) α) ca 1160 offrir à + inf. «se déclarer prêt à» (Enéas, 7738, ibid.);
β) fin du xiies. s'offrir à + inf. «se proposer pour» (Béroul, Tristan, éd. E. Muret4, 3419);
γ) 1534 s'offrir de + inf. «id.» (Rabelais, Gargantua, XX, éd. R. Calder et M. A. Screech, p.130); c) α) 1561 pronom. [le sujet désigne une femme] «déclarer son amour» (J. Grévin, Les Esbahis ds Théâtre complet, éd. L. Pinvert, p.210);
β) 1865 «être prête à se donner» (Goncourt, Journal, p.163); d) 1690 offrir le combat «donner à l'ennemi l'occasion d'engager le combat» (Fur.); e) 1690 offrir sa fille à qqn (ibid.); f) 1854 offrir son nom à une femme (Nerval, loc. cit.); 2. a) ca 1140 trans. «donner quelque chose à Dieu en offrande» (Voyage Charlemagne, éd. G. Favati, 112); b) ca 1140 absol. «faire un sacrifice, une offrande» (ibid., 829); c) ca 1145 offrir qqn à Dieu «vouer quelqu'un à Dieu» (Wace, Conception Notre-Dame, éd. W. R. Ashford, 572); d) ca 1656 offrir le sacrifice «dire la messe» ([Nicole], Réfutation de la réponse à la 12elettre ds Littré); 3. ca 1170 «donner en cadeau» (Marie de France, Lais, éd. J. Rychner, Eliduc, 628); 4. a) 1225-30 «exposer (à quelque chose de pénible, de dangereux)» (Guillaume de Lorris, Rose, éd. F. Lecoy, 2609); b) ca 1240 pronom. «s'exposer (à quelque chose de pénible, de dangereux)» (S. François, 3122 ds T.-L.); 5. a) ca 1340 pronom. passif «se présenter» (Le Bâtard de Bouillon, éd. R. F. Cook, 523: quant li cas s'i offre); b) 1694 trans. «mettre à la portée de quelqu'un» (Ac.: offrir l'usage d'une chose); 6. 1306 «proposer quelque chose en contrepartie de quelque chose» (Joinville, Saint Louis, éd. N. L. Corbett, § 708); 7. a) 1552 s'offrir à la vue (Rabelais, Quart Livre, XLVIII, éd. R. Marichal, p.197); b) 1670 trans. «exposer quelque chose à la vue» (Racine, Britannicus, V, 6). Du b. lat. offerre, altération du lat. offerre «porter devant; exposer (à quelque chose de désagréable); fournir, procurer». Fréq. abs. littér.: 13049. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 23162, b) 17821; xxes.: a) 15471, b)16872. Bbg. Gohin 1903, p.242 (s.v. offreur). |