| * Dans l'article "OEUF,, subst. masc." OEUF, subst. masc. I. A. − Corps arrondi et dur que produisent les femelles des oiseaux, qui est constitué d'une coquille calcaire renfermant le germe de l'embryon et les substances de réserve destinées à nourrir celui-ci pendant l'incubation. OEuf d'autruche, de cane, de merle, d'oie, de pigeon, de poule; pondre, couver un oeuf; couvaison, incubation, éclosion de l'oeuf. Le nid ravagé d'une hirondelle, d'un pinson ou d'un rossignol, avec les écailles de ses petits oeufs gris éparses à terre (Lamart.,Tailleur pierre, 1851, p.398): 1. ... quittant le rocher nuptial, l'espoir de la progéniture, toutes [les femelles des guillemots] s'envolèrent en poussant des clameurs horriblement stridentes. (...) nous étions honteux du vacarme, et surtout lorsque nous vîmes tous les oeufs malheureux délaissés, plus maintenus contre la pierre, dégringoler de la falaise. (...) Certaines couveuses plus dévouées tentèrent en s'envolant d'emporter l'oeuf entre leurs pattes, mais leur oeuf bientôt échappé s'était éclos sur la mer bleue.
Gide,Voy. Urien, 1893, p.55. B. − En partic. 1. OEuf de poule, utilisé dans l'alimentation. Synon. (lang. des enfants) coco2.Les poules en liberté picoraient de menus vermisseaux et les petits cailloux qui devaient former la coquille de leurs oeufs (Pergaud,De Goupil, 1910, p.104): 2. −Notre domestique (...) nous envoie des oeufs; sur la coquille, pour économiser trois sous de timbre, il écrit ses lettres. On peut lire: «Bonjour, monsieur et madame. Moi je vais bien, et vous de même». Avec deux douzaines d'oeufs, on a une lettre complète.
Renard,Journal, 1897, p.435. SYNT. OEuf frais, gâté, pourri; oeuf du jour; blanc d'oeuf; jaune d'oeuf; gober un oeuf cru; mirer un oeuf; coquille d'oeuf (en parlant d'une couleur); boîte à oeufs. ♦ OEuf de coq/oeuf blanc. OEuf sans jaune, de début ou de fin de ponte. − Battre un oeuf. Mélanger énergiquement le contenu d'un oeuf afin de mêler le blanc et le jaune: 3. Battez ensuite douze oeufs (les plus frais sont les meilleurs); le sauté de laitance et de thon y sera versé (...). Confectionnez ensuite l'omelette à la manière ordinaire...
Brillat-Sav.,Physiol. goût, 1825, p.317. ♦ Battre des blancs d'oeufs en neige. V. neige2II E 2. − OEuf + déterminant précisant un mode de préparation culinaire.OEuf dur, mollet; oeuf frit; oeuf en gelée, en meurette, à la russe. ♦ OEuf à la coque*. ♦ OEufs à la crème. OEufs sortis de leur coquille, placés dans de la crème fraîche préalablement chauffée et cuits au four ou au bain-marie. Vous n'oublierez pas au moins de me donner mes oeufs à la crème dans une assiette plate? (Proust,Swann, 1913, p.57). ♦ OEufs au bacon*. OEufs brouillés*. OEuf mimosa*. OEuf poché. ♦ OEuf sur le plat, au plat (moins fréq.). OEuf sorti de sa coquille et cuit à la poêle dans du beurre à peine fondu. Je ne suis pas meilleure qu'une autre, (...) mais je sais bien faire un oeuf sur le plat. Quand je saurai me tailler une chemise, je ne serai pas bête (Renard,Journal, 1908, p.1215). − [Entremets sucrés] OEufs à la neige*, oeufs au lait*. 2. En partic. a) OEufs rouges (vieilli). OEufs durs dont la coquille est teinte en rouge, que l'on confectionne à l'occasion de Pâques. C'était le jeudi saint, quand les cloches sonnent, avant qu'elles partent pour Rome, et qu'on fait cuire les oeufs rouges (Claudel,Violaine, 1892, iv, p.560): 4. Gaspard naquit le beau jour du lundi de Pâques, où les anciens Ambertois allaient s'égayer et manger des oeufs rouges dans les verts prés de Roddes, près de la fontaine d'eau piquante.
Pourrat,Gaspard, 1922, p.49. b) OEuf de Pâques. OEuf dur, dont la coquille est colorée ou décorée, que les enfants vont traditionnellement chercher de maison en maison, ou qui sont déposés à leur intention dans les jardins, au moment de Pâques. C'est l'oeuf de Pâques. (...) Aux gamins [les enfants de choeur], on donne un oeuf teint en rouge, en jaune ou en bleu, où l'on fait des dessins en y laissant couler de la bougie (Renard,Journal, 1898, p.480): 5. Ce que je les ai aimées dans mon enfance provinciale, les vieilles cloches (...) et pour la tendre légende attachée à leur mutisme pieux (...) et aussi pour les beaux oeufs de Pâques, teints de violet, de bleu pâle et de rose vif, qu'elles semaient, de ci, de là, dans les plants de salades et les bordures de buis...
Lorrain,Sens. et souv., 1895, p.2. − P. anal. Confiserie en forme d'oeuf, plein ou creux et rempli de friandises, qui se confectionne surtout pour Pâques. OEuf en chocolat; oeufs à la liqueur; oeuf enrubanné. Un matin, Charlotte trouvait sur une chaise au chevet de son lit un oeuf en sucre rose, presque aussi grand qu'elle (Beauvoir,Mém. j. fille, 1958, p.12). ♦ Au plur. Présent à l'occasion de Pâques: 6. 1eravril. −Aux Maritain en leur envoyant une copie de mon chapitre sur le «paradis»: «Voilà, mes chers filleuls, ce que vous offre le parrain, en manière d'oeufs de Pâques (...)»
Bloy,Journal, 1907, p.342. C. − Loc., expr. et proverbes 1. [P. réf. à la fragilité de l'oeuf] − Avoir un oeuf sous le pied (dans le lang. des automobilistes). Appuyer très légèrement sur la pédale d'accélération, pour diminuer la consommation de carburant (d'apr.Rob. Suppl. 1970). − (Exécuter la) danse des oeufs. (Exécuter l')attraction qui consiste à passer, les yeux bandés, entre des oeufs disposés par terre en damier. Le Léandre (...) suspendant ses pas comme une bohémienne qui exécute la danse des oeufs (Gautier,Fracasse, 1863, p.126). ♦ P. métaph.: 7. [Robert] appelle une conversation avec papa: la danse des oeufs, parce qu'il faut pirouetter habilement parmi les sujets délicats en tâchant de ne pas les frôler.
Gide,École femmes, 1929, p.1264. − Marcher (comme) sur des oeufs. V. marcher1II A 3 a.Au fig. Agir avec une extrême circonspection dans une situation délicate (d'apr. Ac. 1835-1935). − Mettre tous ses oeufs dans le même panier. Placer toutes ses ressources dans une même entreprise, au risque de tout perdre. Décampons ensemble, partageons la somme afin de ne pas mettre tous les oeufs dans un panier, et marions-nous (Balzac,Splend. et mis., 1844, p.344). − Proverbe. On ne fait pas d'omelette sans casser* des oeufs. 2. [P. réf. au fait que l'oeuf est une chose qui a peu de valeur] − Proverbes. Donner un oeuf pour avoir un boeuf*. Qui vole un oeuf vole un boeuf*. Tuer la poule* aux oeufs d'or. − Expr., pop. Va te faire cuire un oeuf! [Formule utilisée pour se débarrasser d'un importun] Synon. va te faire voir (fam.), va te faire foutre (vulg.).Ta vieille (...) qu'elle aille se faire cuire un oeuf! (Simonin,Cave se rebiffe, 1954, p.97). 3. [P. réf. à l'aspect ou à la conformation de l'oeuf] a) [En parlant de choses] − Aux oeufs, loc. adj. ou adv., pop. Parfait. Synon. au poil, aux pommes.Ça serait aux oeufs, si t'es libre, bien entendu. −Si je suis libre! Quand est-ce qu'on commence? (A. Le Breton,Les Pégriots, Paris, Le Livre de poche, 1980, p.271). − Être égal (à qqn) comme deux oeufs (fam., vieilli). Être indifférent. Tant pis pour la maison qu'il faut abattre afin de sauver toutes les autres! Moi, messieurs, quand l'intérêt du roi parle, ces choses-là me sont égales comme deux oeufs (Stendhal,L.Leuwen, t.3, 1835, p.81). − Être plein comme un oeuf (fam.). Être tout à fait plein. La grande salle était pleine comme un oeuf; il avait fallu tout ouvrir, les portes et les fenêtres, pour respirer (Erckm.-Chatr.,Hist. paysan, t.1, 1870, p.140). − Se ressembler comme deux oeufs (fam., vx). [En parlant de deux choses] Être parfaitement semblables (d'apr. Ac. 1835, 1878). b) [En parlant de pers.] − OEuf (pop.). Niais, nigaud. Quel oeuf! V. chiard ex. de Barbusse. ♦ Faire l'oeuf (pop.). Faire l'idiot. Léon, qu'on lui a dit, le matin où il débutait, fais pas l'oeuf dans ta nouvelle place, te fais pas repérer pour tes idées à la manque (Céline,Voyage, 1932, p.579). − Crâne d'oeuf, tête d'oeuf (pop., parfois utilisé comme injure, et ironique). [P. réf. au fait que les intellectuels passent pour avoir un front allongé et dégarni] Intellectuel. L'enquête conduite l'an dernier par Jacques Delors, une des «têtes d'oeuf» du parti socialiste, aujourd'hui enseignant à l'Université Paris-Dauphine (Le Point, 5 avr. 1976, p.102, col. 3): 8. Quelques savants qui, ces jours-ci, confortablement installés à Pasadena, dans un immeuble climatisé du paradis californien, font, paraît-il, joujou avec un appareil plutôt laid −Viking −qu'ils ont réussi à expédier là-bas [sur Mars] et qui gratouille le sol; de temps à autre, l'un de ces crânes d'oeuf, la mine soucieuse, accepte de faire quelques confidences à un journaliste blasé.
Le Point, 16 août 1976, p.44, col. 1. − Être plein comme un oeuf (pop.). Être repu ou saoul: 9. Je vous préviens que l'adjudant-major se doute que vous vous rincez la gueule à longueur de journée! Sûrement qu'il y en a eu un, plein comme un oeuf, qui est allé lui rouler dans les jambes!
Vercel,Cap. Conan, 1934, p.23. − Tondre sur un oeuf, sur les oeufs (vieilli); tondre un oeuf (pop.). Être pingre. Avec ça, ils auraient tondu un oeuf. Des pingres, quoi! Des gens qui cachaient leur litre, quand on montait, pour ne pas offrir un verre de vin (Zola,Assommoir, 1877, p.499). 4. [P. allus. à une anecdote historique] Être comme, ressembler à l'oeuf de Christophe Colomb. Être facile à réaliser à condition de faire preuve d'ingéniosité. Cette solution ressemble à l'oeuf de Christophe Colomb tant elle semble s'imposer. Mais peut-être le fait d'être si évidente l'empêche-t-elle d'être perçue? (Le Monde, 13 mars 1982, p.2, col. 6). 5. Sortir de l'oeuf (fam.). Être d'une naïveté juvénile ou être frais émoulu (d'un établissement). Des polytechniciens, aux yeux aveugles derrière leurs binocles, des saints-cyriens sortant de l'oeuf! (Mauriac,Journal 2, 1934, p.126). D. − P.anal. 1. a) Objet, creux ou plein, de forme ovoïde. Un ancien oeuf à chapelet en nacre (Colette,Cl. école, 1900, p.136). − En oeuf, loc. adj. En forme d'oeuf. C'était un petit homme (...) la tête était en oeuf, toute en hauteur (Huysmans,Là-bas, t.1, 1891, p.209). − Crâne d'oeuf. Crâne chauve. Il ne s'est pas regardé, avec son nez en bec de corbeau et son crâne d'oeuf (Vailland,Drôle de jeu, 1945, p.250). b) Spécialement − ARTS MÉN. OEuf (à repriser). Boule ovoïde, généralement en buis, que l'on utilise pour faire des reprises (aux bas et aux chaussettes notamment). Il tournait des coquetiers de buis, ou bien, ces billes ovales, qu'on appelle des «oeufs», et qui servent aux ménagères à ravauder leurs bas (Mirbeau,Journal femme ch., 1900, p.102). − HORLOG. OEuf de Nuremberg. Montre dont le boîtier est ovoïde, que l'on fabriquait à Nuremberg. Une grosse montre, un oeuf de Nuremberg, (...) curieusement émaillée de diverses couleurs, constellée de brillants (Gautier,Fracasse, 1863, p.106). − SKI. Position en oeuf et, p.ell., oeuf. Position destinée à accroître la vitesse du skieur (skis légèrement écartés et parallèles, buste en avant, tête relevée et genoux fléchis). La grande victime de ces échecs, écrit Henri Bonnet, était notre position de recherche de vitesse, le fameux oeuf français (GautratSki1969). c) Arg., fam. ou pop. − Pop. Ecchymose enflée au visage. Le cadet recevait sans mot dire, en plein front, une échelle de six mètres, et rapportait avec modestie un oeuf violacé entre les deux yeux (Colette,Mais. Cl., 1922, pp. 14-15). ♦ Arg. du rugby. Ballon ovale utilisé pour jouer au rugby. Toi aussi on te mettra aux Invalides quand (...) tu n'auras plus le coeur de te coucher sur l'oeuf, de plaquer aux jambes (Arnoux,Suite var., 1925, p.42). − Fam. OEuf colonial. Ventre proéminent qui se remarque souvent chez les personnes ayant vécu longtemps outre-mer. Un petit homme au crâne rose, poussant devant lui un gilet exténué par cette sorte de ventre qu'on appelait jadis «l'oeuf colonial» (H. Bazin,L'Église verte, Paris, Le Livre de poche, 1983 [1981], p.138). − Pop. OEufs sur le plat. Poitrine de femme menue et plate. Vise la môme et ses oeufs sur le plat (Sandry-Carr.1963). 2. OEuf de mer. Oursin: 10. ... les chercheurs de fruits de mer (...) le coupent [l'oursin] en quatre et le mangent cru, comme l'huître. Quelques-uns trempent leur pain dans cette chair molle. De là son nom, oeuf de mer.
Hugo,Travaill. mer, 1866, p.257. E. − [Dans une comparaison, pour évaluer le volume d'une chose] Des grêlons gros comme des oeufs de pigeon. Vous êtes sortie du palais avec tous vos bijoux. Votre broche seule a des perles grosses comme un oeuf (Cocteau,Machine infern., 1934, i, p.57). II. − Produit des femelles ovipares. OEufs d'esturgeon, de saumon; oeufs d'insectes; oeufs de couleuvre, de grenouille, de seiche. Un lézardet à peine déroulé de l'oeuf, déjà tout vert avec des gouttes d'eau à tous ses ongles (Giono,Gd troupeau, 1931, p.208).L'oeuf d'oursin ne produit pas directement un petit oursin, mais une larve (...) qui ressemble à une petite tour Eiffel translucide (J. Rostand,La Vie et ses probl., 1939, p.46). ♦ OEuf de fourmi. Larve de fourmi. Ce Vulcain, du nom de Trouduc, (...) est tellement riche, (...) qu'il dépense 80.000 francs chaque année, en oeufs de fourmis pour la nourriture de ses faisans (Bloy,Journal, 1900, p.28). III. − Spécialement A. − EMBRYOLOGIE 1. Première cellule d'un être vivant à reproduction sexuée, résultant de la fusion de deux cellules reproductrices (mâle et femelle). Synon. zygote.P. méton. Cette même cellule ayant subi des divisions. Nidation, segmentation de l'oeuf. L'oeuf (c'est-à-dire l'ovule fécondé) est un véritable trait d'union entre les deux progéniteurs puisqu'il est commun à leurs deux substances (Bergson,Évol. créatr., 1907, p.43): 11. Le premier acte du développement, c'est la fusion de la cellule femelle avec la cellule mâle. Quelques heures plus tard, l'ovule −devenu l'oeuf −se partage en deux cellules, dont chacune, après un nouveau délai de quelques heures, se partagera en deux, et ainsi de suite, jusqu'à ce que l'oeuf se trouve découpé en un certain nombre de cellules plus petites.
J. Rostand,La Vie et ses probl., 1939, p.35. ♦ OEuf (vierge). Cellule reproductrice femelle avant sa fécondation. Synon. oosphère, ovule.Nous ne comprenons pas non plus la participation de deux organismes à un même processus physiologique, tel que la fécondation de l'oeuf par le spermatozoïde (Carrel,L'Homme, 1935, p.238). 2. Au fig. Commencement, stade initial du développement de quelque chose. L'idée première, le croquis, qui est en quelque sorte l'oeuf ou l'embryon de l'idée, est loin ordinairement d'être complet (Delacroix,Journal, 1854, p.169).Il était patriote, moi je ne le suis pas, parce que, le patriotisme, c'est encore une religion. C'est l'oeuf des guerres (Maupass.,Contes et nouv., t.2, Oncle Sosthène, 1882, p.21). ♦ Loc. verb. Écraser, étouffer, tuer (ou un verbe du même paradigme) dans l'oeuf. Anéantir quelque chose dans sa phase initiale, avant sa complète manifestation. ÉdouardVII aurait pu pousser au conflit immédiat. Plus d'un faiseur de pronostics annonçait qu'il y aiderait, pour écraser dans l'oeuf la nouvelle flotte allemande (Maurras,Kiel et Tanger, 1914, p.174): 12. ... du reste, l'affaire ne fera aucun tapage. Si je ne l'étouffais dans l'oeuf et ne faisais le nécessaire pour épargner, et à vous, qui êtes un gentil garçon, et au gouvernement, qui n'a pas besoin de ça, des complications superflues, vous me prendriez pour un daim.
Courteline,Ronds-de-cuir, 1893, 6etabl., II, p.233. B. − OBSTÉTR. Produit de la conception au cours de son développement intra-utérin, comprenant l'embryon ou le foetus et leurs annexes (d'apr. Man.-Man. Méd. 1980). − Loc. pop. Casser ses oeufs. ,,Accoucher avant terme`` (Littré). Casser son oeuf. ,,Faire une fausse-couche`` (Car. Argot 1977). IV. A. − ALCHIM. OEuf philosophique ou oeuf des Sages. Matière initiale préparée pour produire la transmutation des métaux. C'est (...) à l'idée de germe, mais de germe d'une vie spirituelle, que se réfère la tradition alchimique de l'oeuf philosophique (Symboles1968). B. − MYTHOL. et PHILOS. ANC. OEuf d'Orphée ou oeuf primitif. Symbole du principe fécondant de la nature (d'apr. DG). Prononc. et Orth.: [oef], plur. [ø] et, parfois, [oef]. On ne dit plus un oeu(f) frais, oeu(f) dur (en dernier lieu ds Littré). Mart. Comment prononce 1913, p.231, signale, quant au plur., une répartition qu'il qualifie lui-même de «curieuse»: trois oeu(fs), douze oeu(fs), en présence d'un [z] de liaison, mais quatre oeufs, huit oeufs, combien d'oeufs. Observation identique ds Fouché Prononc. 1959, p.421. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1120-34 of «corps plus ou moins gros, dur et arrondi que produisent les femelles des oiseaux et qui contient le germe de l'embryon et les substances destinées à le nourrir pendant l'incubation» (Philippe de Thaon, Bestiaire, éd. E. Walberg, 1265: ses os pundra); 1830 écraser une chose dans l'oeuf (Hugo, Hernani, p.48); 1846 sortir de l'oeuf au fig. (Balzac, Cous. Bette, p.64); 2. a) xiiies. «ce corps produit par la poule, utilisé comme aliment» (Aucassin et Nicolette, éd. M. Roques, XXX, 17); ca 1306 oefs durs (Joinville, Vie St Louis, éd. N. L. Corbett, § 376); 1399 eufs de Pasques «oeufs que les enfants vont demander aux portes à Pâques» (A. N. JJ 154, fo264 rods Gdf. Compl.); b) loc. et expr. 1526 tondre sur ung oeuf «faire son profit de tout» (Cl. Marot, L'Enfer, 122 ds OEuvres satiriques, éd. C. A. Mayer, p.59); 1640 plein comme un oeuf (Oudin Curiositez); 1680 ne pas mettre tous ses oeufs dans un panier (Boursault, Lett. nouv., t.III, p.394 ds Pougens ds Littré); 1690 marcher sur des oeufs (Fur., s.v. marcher); 1842 c'est l'oeuf de Colomb (d'apr. Gottsch., p.440, peut-être l'attest. de L. Jourdan ds Lar. 19e) ; 1954 aller se faire cuire un oeuf (Simonin, loc. cit.); 3. 4equart xives. «produit de la ponte des femelles ovipares en général, reptiles, insectes, poissons, batraciens» oeufvres des brochés (Taillevent, Viandier, éd. Pichon-Vicaire, p.67); 4. 1690 ``chez les mammifères, semence`` (Fur.); 5. a) 1765 oeuf de mer (Encyclop. t.11); b) 1845 «morceau de bois en forme d'oeuf qui sert à repriser les bas» (Besch.); 6. 1860 fam. «nigaud» (d'apr. Esn.); 1932 fais pas l'oeuf! (Céline, Voyage, p.579); 7. ca 1960 sports (d'apr. Gautrat Ski). D'un lat. pop. *ovum, issu du lat. class. ovum «oeuf», devenu oum où o s'est ouvert par dissimilation puis *ovum refait sur le plur. ova (cf. Bl.-W.5). Fréq. abs. littér.: 2244. Fréq. rel. littér.: xixes.: a)2317, b) 3754; xxes.: a) 3435, b) 3488. DÉR. 1. OEufrier, subst. masc.a) Ustensile de cuisine en fil métallique, où l'on dispose des oeufs que l'on veut cuire à la coque et que l'on plonge dans l'eau bouillante. (Dict. xxes.). b) Pièce de vaisselle destinée à présenter à table des oeufs à la coque dans leurs coquetiers. OEufrier en faïence (Lar. mén. 1926). c) Récipient destiné à ranger, à transporter des oeufs. OEufrier de réfrigérateur (Pt Rob. 1980). − [oefʀije]. − 1resattest. a) 1840 «ustensile de cuisine permettant de faire cuire plusieurs oeufs à la coque» (Ac. Compl. 1842), b) 1903 «plateau destiné à recevoir des coquetiers» (Nouv. Lar. ill.); de oeuf, suff. -ier, avec un -f- peut-être dû à l'infl. de gaufrier*. 2. OEuvé, -ée, adj.[En parlant d'un poisson femelle] Qui contient des oeufs. Hareng oeuvé; carpe, truite oeuvée. (Dict. xixeet xxes.). p.métaph. La foi à une chute prochaine de M. B. est dans l'air; on me l'écrit de toutes parts. Charles disait tout à l'heure en fumant son cigare: 1855 sera une année oeuvée (Hugo,Corresp., 1855, p.204).− [oeve]. Att. ds Ac. dep. 1694. − 1resattest. a) 1erquart xiiies. «enflé, gros» (Reclus de Molliens, Charité, 117, 3 ds T.-L.), en a. fr. seulement, b) a/) subst. ca 1393 «oeufs que porte un poisson» (Ménagier, éd. Sté Bibliophiles, II, 88), b/) adj. 1575 «plein d'oeufs» poisson ... ouvé (Thevet, Cosmogr., X, 10 ds Hug.); de oeuf, suff. -é*. BBG. −Arnould (G.). Ling. et alim. In: La Géogr. alim. en France... Nancy, 1981, pp. 11-22. _ Darm. 1877, p.108 (s.v. oeufrier). −Quem. DDL t.24. _ Scherwinsky (F.). Die Neologismen in der modernen französischen Science-Fiction. Meisenheim, 1978, p.375. |