| ODALISQUE, subst. fém. A. − Autrefois en Turquie, esclave au service des femmes d'un harem, en particulier du harem du sultan. (Dict. xixeet xxes.). B. − 1. Femme (non épousée) d'un harem. Cet imbécile de Bernois à sang lourd ne va-t-il pas se toquer d'une odalisque que la mère du bey avait fait chasser du harem? (A. Daudet, Nabab,1877, p.81): . Le harem du sultan renferme seulement trente-trois cadines ou dames, parmi lesquelles trois seulement sont considérées comme favorites. Le reste des femmes du sérail sont des odaleuk ou femmes de chambre. L'Europe donne donc un sens impropre au terme d'odalisque.
Nerval,OEuvres, t.2, Voy. Orient, Paris, Gallimard, 1961 [1851], p.444. 2. BEAUX-ARTS (surtout peint.). Femme de harem représentée nue, allongée sur un lit, ou vêtue de voiles légers. L'anatomie est-elle une connaissance nécessaire à l'artiste? Louis David le croyait. Ingres non −lui qui ajoutait une vertèbre à une odalisque pour lui conférer style et beauté (Arts et litt.,1936, p.72-5).Baguenauder [au musée du Louvre] parmi les nymphes, les satyres et les odalisques (Arnoux,Paris,1939, p.13). 3. Loc. à valeur adj. D'odalisque. Caractéristique d'une odalisque. Manière d'odalisque; pose d'odalisque. Cet air d'odalisque des femmes de 1914 (Mauriac,Chair et sang,1920, p.278).Autant la duchesse était constamment au service de nerfs exquis et redoutables, autant la mère de Carlotta était dans un perpétuel négligé d'odalisque (Giono,Bonh. fou,1957, p.267). C. − Courtisane, maîtresse. Dans une de ces maisons ouvertes à tous les amateurs des plaisirs faciles, l'odalisque à laquelle il avait jeté le mouchoir, lui raconta... (Vidocq,Vrais myst. Paris, t.2, 1844, p.213).Je me suis présenté chez Sainte-Beuve la veille de son départ; une de ses odalisques m'a répondu qu'il dormait (Flaub.,Corresp.,1867, p.330). REM. Odaliscal, -ale, -aux, adj.,hapax. Qui évoque les odalisques. Tout cela avait je ne sais quel bon air féminin, espagnol, andalou, odaliscal et rafraîchissant qui faisait plaisir à retrouver après toutes les landes de l'Armorique (Flaub.,Champs et grèves,1848, p.388). Prononc. et Orth.: [ɔdalisk]. Ac. 1798: odalisque, odalique; dep. 1835: odalisque. Étymol. et Hist. 1624 odalique «femme esclave du harem» (Deshayes de Courmenin, Voiage de Levant, p.148 ds Fonds Barbier: Voilà donc comme le Grand Seigneur vit avec ses femmes, qui sont ses esclaves, qu'ils appellent odaliques); 1624 odalisque (Id., ibid., p.149 cité par R. Arveiller ds Fr. mod. t.17, p.138: Ils [les Turcs] sont plus portéz pour les enfans des Odalisques, ou des esclaves, que pour ceux qu'ils ont de leurs femmes espousées). Empr., avec adjonction d'un -s- parasite, au turcodalk (dér. de oda «chambre» au moyen du suff. -lk indiquant ici la destination), proprement «ce qui appartient à la chambre», c'est-à-dire «(esclave) qui est destinée à la chambre, qui est admise et réservée à la chambre du maître»; p.ext. «concubine» (EWFS2; Dauzat ds Fr. mod. t.11, p.251; FEW t.19, p.141). Fréq. abs. littér.: 46. Bbg. Boulan 1934, p.188. |