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OCTROYER, verbe trans.
A. −
1. [Le suj. désigne un simple particulier] Accorder (quelque chose à quelqu'un) généralement comme une faveur, parfois avec une certaine condescendance. Il me supplie de lui octroyer cette faveur [un déjeuner]. J'ai accepté (...) pour n'avoir pas l'air d'un poseur (concession qui produit beaucoup de sottises) (Flaub.,Corresp.,1877, p.104).Mon père me refusait constamment des permissions qui m'avaient été consenties dans les pactes plus larges octroyés par ma mère et ma grand'mère (Proust,Swann,1913, p.36):
. Suivant la jurisprudence amoureuse de cette époque, Marie de Saint-Vallier octroyait à son amant les droits superficiels de la petite oie. Elle se laissait volontiers baiser les pieds, la robe, les mains, le cou; elle avouait son amour (...) mais elle restait intraitable... Balzac,MeCornélius,1831, p.239.
Emploi pronom., gén. avec une nuance iron.
Emploi pronom. réfl. S'accorder à soi-même, d'autorité (quelque chose). S'octroyer des libertés. L'homme s'octroie une âme, et juge que les bêtes Ne sont qu'un vague souffle agitant un vil corps (Sully Prudh.,Justice,1878, p.200).Comme quelqu'un qui diffère insouciamment les tâches ingrates et s'octroie un répit (Arnoux,Roi,1956, p.257).
Emploi pronom. réciproque, rare. S'accorder libéralement l'un à l'autre (quelque chose). Elles s'octroyaient un mot énorme, voire une claque ou un coup de savate (...) s'étant qualifiées, un quart d'heure, de saloperies et de chameaux, elles coupaient court à la discussion pour s'emprunter ou se rendre dix sous (Courteline,Train 8 h 47,1888, 2epart., 7, p.174).
2. Au fig. [Le suj. désigne une chose] Synon. de permettre, doter de.Si le métier d'auteur dramatique ne vous donne pas du pain, il vous octroie du moins des pommes (Huysmans,Marthe,1876, p.58).Si la nature, en nous octroyant la faculté de parler, n'y eût joint cette fonction fabricatrice et utilisatrice de l'outil (Bergson,Deux sources,1932, p.23).
B. − [Le suj. désigne le Gouvernement, l'Administration, etc. ou un représentant de l'autorité] Attribuer (un bien ou un droit, un privilège à quelqu'un). Octroyer une aide, un don, une pension; octroyer des lettres de noblesse. Louis le Juste octroya la grâce demandée. Il accorda un entier pardon à la pauvre fille (A. France,Opinions J. Coignard,1893, p.256).En fait d'élégance, l'État lui octroie [au mutilé] généreusement une main de bois, gantée de filoselle et dénommée officiellement main de parade (Cendrars,Lotiss. ciel,1949, p.224).L'oeuvre du don suisse (1944-1948) s'est employée à «sauver les malheureux, pour le bien de l'humanité» en octroyant non de l'argent mais du matériel et des services (Perroux,Écon. XXes.,1964, p.374).
DR. CONSTIT. [Le suj. désigne le roi, le compl. d'obj. dir. désigne une charte constitutionnelle] La Charte de 1830 diffère de celle de 1814 (...) la Charte n'est plus octroyée unilatéralement par le roi, mais résulte d'un contrat entre le roi qui l'accepte et la nation représentée par les Chambres qui l'ont votée (Vedel,Dr. constit.,1949, p.77).V. aussi charte ex. 2.
REM.
Octroyé, -ée, part. passé en emploi adj.a) [En parlant d'un don] Accordé par un simple particulier, généralement comme une faveur. Le lendemain, son accueil exprima la plénitude des sentiments octroyés (Balzac,Lys,1836, p.76).L'indulgence du mari, son pardon généreusement octroyé (A. Daudet,Pte paroisse,1895, p.242).b) [En parlant d'un bien ou d'un droit, d'un privilège] Attribué par le Gouvernement, l'Administration, etc. ou un représentant de l'autorité. À l'oppression de la presse (...) a succédé la persécution de la presse (...). L'amende, plus la prison, telle est la liberté octroyée (Hugo,Corresp.,1869, p.213).Avances bancaires sollicitées et octroyées en contre-partie d'avantages économiques ou politiques (L. Febvre,Hist. ou pol.? [1931] ds Combats, 1953, p.61).En partic. Charte octroyée. V. charte ex. 4.
Prononc. et Orth.: [ɔktʀwaje], [-ɑ-], (il) octroie [ɔktʀwa], [-ɑ]. Martinet-Walter [-a-], [-ɑ-] (12/3]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1372 [ms.] «accorder, concéder» (Oresme, Livre des Ethiques d'Aristote, fo133d, éd. A. D. Menut, p.366). Réfection, d'apr. le lat. jur. auctor «garant» (v. auteur) et le lat. class. auctorare «louer, engager, garantir», de l'a. fr. otreier, otrier «id.» (ca 1100, Roland, éd. J.Bédier, 3760), lui-même issu du lat. médiév. auctorizare «id.» (v. autoriser). Fréq. abs. littér.: 186.
DÉR. 1.
Octroiement, subst. masc.Action, fait d'octroyer. L'octroiement des Provinces-Unies au prince Louis (Chateaubr.,Mém.,t.2, 1848, p.380). [ɔktʀwamɑ ̃], [-ɑ-]. 1reattest. 1374 octroyemens plur. (Doc. ds Du Cange, s.v. ottroium), réfection, d'apr. octroyer*, de l'anc. subst. otroiement, otriement «octroi, don, permission» (1150, Flore et Blancheflor, éd. J.-L. Leclanche, 354); dér. de otroier (v. supra étymol. et hist.), suff. -(e)ment1*.
2.
Octroyeur, subst. masc.a) Celui qui octroie. Une place de censeur littéraire, (...) d'octroyeur d'estampille aux bons ouvrages moraux en faveur de la famille, de la religion, de l'ordre (Goncourt,Journal,1878, p.416).b) Employé de l'octroi. Libertin notoire, et ancien octroyeur, aujourd'hui trésorier de la Société des Bains Neurasthénothérapiques (Toulet,J. fille verte,1918, p.25). [ɔktʀwajoe:ʀ], [-ɑ-]. 1reattest. 1849 (Un français de 1789, Philippique contre les octroyeurs et les brigueurs de places [titre]); de octroyer, suff. -eur2*.