| * Dans l'article "OCTAVE,, subst. fém." OCTAVE, subst. fém. A. − LITURG. CHRÉT. 1. Huitième jour après certaines grandes fêtes (depuis 1955 après Noël, Pâques et la Pentecôte), où l'on célèbre l'office ou la mémoire de cette fête. Synon. plus rare jour octaval (infra rem.).Le dimanche «in albis», le dimanche de Quasimodo, octave de Pâques; jour de l'octave du Saint-Sacrement. Il n'y avoit plus que deux jours de salut, le samedi et le dimanche, jour de l'octave de la Fête-Dieu (Balzac,Annette, t.1, 1824, p.154): 1. L'Église fixe les époques de l'année où il n'est pas permis de se marier; de l'Avent à l'octave de l'Épiphanie, de la Septuagésime à l'octave de Pâques, du troisième jour avant l'Ascension à l'octave de la Pentecôte.
Faral,Vie temps st Louis, 1942, p.146. 2. Période de huit jours complets, semaine liturgique faisant suite à chacune des grandes fêtes liturgiques chrétiennes, et durant laquelle on continue de solenniser cette fête (en faisant office ou mémoire de cette fête). (Avant 1955) Octaves privilégiées de premier ordre (Pâques, Pentecôte), de deuxième ordre (Nativité, Ascension, Sacré-Coeur), communes, simples; dimanche dans l'octave de l'Épiphanie; octave de Noël, de Pâques, de la Pentecôte; premier, dernier jour de l'octave; fête avec octave. Ce petit Pierre naissant, la corde au cou, le jour de Notre-Dame de la Merci, libératrice des captifs, et dans l'octave de Notre-Dame des sept douleurs (Bloy,Journal, 1895, p.203): 2. ... il institua, en 1672, une fête spéciale du Coeur de Jésus, qu'il fit célébrer dans toutes ses maisons avec la plus grande solennité, et qu'il enrichit d'une octave.
Bremond,Hist. sent. relig., t.3, 1921, p.587. − Emploi apposé, rare, vx. Le mercredi octave de la Toussaint, fête des saintes Reliques, elle fut frappée à mort (Dupanloup,Journal, 1876, p.70). 3. P. ext., littér. Espace d'une semaine: 3. Où que je tourne la tête
J'envisage l'immense octave de la Création!
Le monde s'ouvre et si large qu'en soit l'empan,
Mon regard le traverse d'un bout à l'autre.
Claudel,Gdes odes, 1910, p.240. B. − MÉTR. À l'origine, dans la versification espagnole, italienne, portugaise, stance de huit vers (dont les six premiers sont à rime alternée, les deux derniers à rime plate). L'octave de l'Arioste, du Tasse; poème écrit en octaves, sonnet mesuré en octaves. Elle préluda quelque temps sur sa lyre, et ne divisant plus son chant en octaves, elle s'abandonna dans ses vers à un mouvement non interrompu (Staël,Corinne, t.2, 1807, p.335).Béranger (...) a fait des pièces très belles sur Napoléon, sur les diverses époques de l'Empire: c'est en octaves (Sainte-Beuve,Poisons, 1869, p.91): 4. L'Araucana est mesuré en octaves, comme l'Orlando et la Jérusalem. La littérature italienne donnoit alors le ton à toutes les littératures de l'Europe.
Chateaubr.,Génie, t.1, 1803, p.296. C. − MUSIQUE 1. Intervalle parfait (le plus grand des intervalles simples), extrémités comprises, de huit degrés conjoints de l'échelle diatonique, soit cinq tons et deux demi-tons diatoniques; intervalle de deux fréquences dont l'une est le double de l'autre. Octave augmentée, diminuée, juste; double, triple octave; octave supérieure, inférieure (d'une note); jouer un passage, chanter une octave plus haut, plus bas; règle de l'octave (en harmonie). De molles ondulations d'octaves qui s'élevaient et s'abaissaient comme le sein de la jeune chanteuse (Hugo,N.-D. Paris, 1832, p.79): 5. Deux sirènes reprirent ensemble, une octave plus haut, le cri de celle qui venait de s'éteindre, comme si quelque animal énorme enveloppé dans ce silence était à l'affût.
Malraux,Cond. hum., 1933, p.243. − P. métaph. [En parlant d'un registre de sentiments, etc.] De petites dames qui se croient des protectrices des arts parce qu'elles reprennent un octave au-dessous les manières de ma belle-soeur Guermantes, à la façon du geai qui croit imiter le paon (Proust,Prisonn., 1922, p.234).Érane (...) passa (...) de l'invective au gémissement, puis aux cris mineurs, enfin aux hurlements (...) Arnaud, ce fielleux, eût sans doute laissé Arthur dépasser le second octave; Suif intervint (H. Bazin,Tête contre murs, 1949, p.338). ♦ À l'octave. Une octave plus haut ou plus bas, le plus souvent plus haut, que ce qui est noté. Jouer, chanter à l'octave. Les femmes criaient ou adoptaient des voix de tête (...) tandis que les hommes descendaient à l'octave et se contentaient de fredonner (Queffélec,Recteur, 1944, p.24).V. fredonner ex.1. ♦ Être à la double octave. Offrir une différence de deux octaves. V. doublette ex. de Bouasse. 2. Ensemble des huit degrés d'une octave, étendue des huit tons de la gamme diatonique; consonance, accord de cet intervalle. L'étendue de la voix humaine est de deux octaves. Une suite de tons hauts et bas, dont la totalité peut aller à une octave et demie ou deux octaves, c'est-à-dire à douze ou seize notes (Voy. La Pérouse, t.3, 1797, p.123).Il est de fait, poursuivit l'artiste, que mes dix doigts ayant dix ans de travaux forcés sur les cinq octaves, je manipule assez agréablement l'ivoire et les dièses (Murger,Scènes vie boh., 1851, p.191). ♦ Faire des octaves. Jouer en même temps une note et son octave (au sens infra 3: la même note que la tonique située une octave plus haut ou plus bas). Passage de piano en octaves; octaves doigtées, brisées, coulées, glissées; arpèges d'octaves. Étudié en octaves la Fugue en mi mineur du premier cahier [du Clavecin bien tempéré de J.-S. Bach] (Gide,Journal, 1917, p.611). − P. métaph. Gamme complète, palette de nuances. S'il use peu, en revanche, de toute l'octave cendrée de Tadéma, son dessin ne peut se délivrer des imitations les plus flagrantes (Huysmans,Art mod., 1883, p.214). 3. Huitième degré (en montant ou en descendant) de l'échelle diatonique; son, note portant le même nom que la tonique correspondante mais située une octave plus haut ou plus bas. Une des cloches de Weimar sonne la septième mineure et l'octave, successivement (Berlioz,Souv. voy., 1869, p.65).Deux notes à l'octave se ressemblent plus, qualitativement, que deux notes séparées par tout autre intervalle (Ruyer,Esq. philos. struct., 1930, p.116). 4. Petite flûte (sonnant à l'octave supérieure de la flûte ordinaire). Synon. octavin (infra dér.). (Ds Littré). 5. ORGUE. Jeux d'octave. Jeux à bouche sonnant à l'octave (donnant la fréquence double, la première harmonique). Synon. octavin (infra dér.) (Ds Littré). D. − ESCR. Huitième parade, l'épée étant dans la ligne du dehors, la pointe en bas, le poignet en supination. «Il y a neuf parades, monsieur Larcher», me disait-il [le professeur d'escrime]. Et il m'expliquait la prime, la seconde, les autres jusqu'à l'octave (Bourget,Physiol. am. mod., 1890, p.343). Rem. On note des hésitations quant au genre du mot. V. supra C 1 ex. au masc. de Proust et H. Bazin. REM. Octaval, -ale, -aux, adj.,liturg. chrét. Jour octaval. Synon. vx et inusité de octave (v. supra A 1). (Ds Rob.). Prononc. et Orth.: [ɔkta:v]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. Ca 1208 «période de huit jours pendant laquelle, dans l'Église catholique, on célèbre chacune des principales fêtes de l'année» (G. de Villehardouin, La Conquête de Constantinople, 76, éd. E. Faral, t.1, p.76: octaves de la feste Saint Remi); 2. mus. a) 1534 «intervalle de 8 degrés de la gamme diatonique» (Lefèvre d'Etaples, Bible, I Chr. 15, 21 d'apr. FEW t.7, p.304a); b) 1535 nom donné à l'un des jeux de l'orgue (doc. Arch. Saône-et-Loire, E 1425, no143 ds B. archéol. du Comité des travaux hist. et sc., 1885, p.102). II. 1694 «stance de huit vers» (Corneille). III. 1826 escr. (Vigny, Cinq-Mars ds OEuvres, éd. F. Baldensperger, t.2, p.117). I empr. au lat. médiév. octava, fém. substantivé de octavus «huitième», att. aux sens 1 et 2 a dep. le ixes. (v. Blaise Latin. Med. Aev. et Nov. gloss.). II adaptation de l'ital. ottava (rima) «id.», att. dep. 1618 (M. Buonarroti d'apr. DEI). III empr. tardif au lat. octavus (cf. quarte, quinte). Fréq. abs. littér.: 172. DÉR. 1. Octavier, verbe,mus. a) Emploi intrans. [Le suj. désigne un instrument et p. méton. un musicien] .Faire entendre accidentellement (quand on force le vent) l'octave supérieure de ce qui est noté. Le tuyau [d'orgue] monte quand on force le vent; il tend à octavier si sa bouche est basse (Bouasse,Intrum. à vent, 1930, p.276).Les bourdons n'octavient pas, n'ayant que des partiels correspondant aux harmoniques impairs de leur fondamental (Mus.1976).b) Emploi trans. dir. [Le suj. désigne un musicien] Jouer à l'octave supérieure ou inférieure de ce qui est noté (p. ex. sur un instrument ayant une tessiture à l'octave). Octavier un morceau, un passage. On fera donc bien de (...) perfectionner (...) la sûreté des mouvements du poignet en octaviant tous les accords (A. Cortot,Ét. piano Chopin, 1917, p.27).− [ɔktavje]. − 1resattest. 1737 intrans. (J.-Ph. Rameau, Génération harmonique, ou Traité de mus. théorique et pratique, p.2), 1778 trans. (Buffon, Hist. nat. des oiseaux, t.5, p.97); de octave, dés. -ier. 2. Octavin, subst. masc.,mus. Petite flûte, instrument qui sonne une octave au-dessus de la flûte ordinaire dite grande flûte. Synon. vx et rare octave (v. supra C 4).[La petite flûte] produit des sons placés à l'octave supérieure de ceux de la grande flûte tout en lisant les mêmes notes écrites sur la portée. On a, à cause de cela, donné également le nom d'octavin à la petite flûte (Rougnon1935, p.230).En partic. Jeu d'orgue à bouche, ,,flûte harmonique de deux pieds, moins agressive que la doublette, d'une grande finesse et propre à être employée dans les effets de détail`` (A. Cellier, Orgue mod., 1913, p.30). 3eclavier, récit expressif (de l'orgue du Conservatoire royal de Bruxelles) (...) [dans la nomenclature des jeux] [Octavin, 2 pieds] (Gevaert,Instrument.,1885,p.306).− [ɔktavε
̃]. Att. ds Ac. 1835, 1878. − 1resattest. a) 1803 «petite flûte» (Boiste), b) 1885 nom d'un des jeux de l'orgue (Gevaert, loc. cit.); de octave, suff. -in*. BBG. −Kohlm. 1901, p.23 (s.v. octavin). |