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OBSTRUER, verbe trans.
A. − PATHOL. Entraver la circulation de certaines matières dans un conduit organique. Synon. boucher, engorger.La mousse sanguine qui dilate et paralyse en partie les cavités du coeur, en même temps qu'elle obstrue l'artère pulmonaire et apporte un obstacle mécanique à la circulation du sang noir (Nélaton,Pathol. chir., t.1, 1844, p.14).
Emploi pronom. passif. Le pylore (...) sert de communication entre l'estomac et les intestins (...). Ce viscère important est sujet quelquefois à s'obstruer; et alors on meurt de faim (Brillat-Sav.,Physiol. goût,1825, p.190).
B. − P. ext. Interposer un obstacle qui rend difficile ou impossible le passage dans une voie quelconque. Satisfaits, ventrus, encombrant les allées, obstruant les passages, embarrassant le travail, bousculant, bousculés, ahuris (Maeterl.,Vie abeilles,1901, p.247).L'eau mise dans le radiateur entartre celui-ci, obstruant les faisceaux et freinant l'écoulement de l'eau (Chapelain,Techn. automob.,1956, p.343).V. aussi boucher1ex. 24.
Emploi pronom. passif. Le cours de la Vivonne s'obstrue de plantes d'eau (Proust,Swann,1913, p.168).
C. − Au fig. Ralentir, arrêter le libre cours d'une activité humaine. Une de ces poussées folles de la spéculation, qui (...) obstruent et empoisonnent la bourse (Zola,Argent,1891, p.181).Le visage de Germaine remplissait le monde, obstruait l'avenir, masquait à Jacques (...) sa mère, son père, son propre individu (Cocteau,Gd écart,1923, p.29).La présence au coeur de l'homme d'un irrationnel absolu, (...) d'une opacité centrale (...) qui obstrue les accès mêmes de l'intelligibilité (Ricoeur,Philos. volonté,1949, p.27).
REM.
Obstruant, -ante, part. prés. en emploi adj.Qui obstrue. Tant de morts engloutis, −obstruante cloison, −N'ont pas gêné les pas secrets du paysage, Qui monte, grêle et vert, sur le pâle horizon (Noailles,Forces étern.,1920, p.60).Emploi subst. La foule ne se détache enfin de la voiture (...) que quand quelque malle tombée de l'impériale vient (...) éclaircir les rangs des obstruants (Balzac,OEuvres div., t.2, 1831, p.303).
Prononc. et Orth.: [ɔpstʀye], (il) obstrue [ɔpstʀy]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1540 «engorger, boucher (un canal, un vaisseau dans l'organisme)» (Tollet, Chirurg., p.228 ds Gdf. Compl.); 2. a) av. 1788 «embarrasser, faire obstacle en entravant ou en arrêtant la circulation» (Buffon, Hist. nat., t.3, p.74 ds IGLF); b) 1788 fig. (Fér. Crit.: cette opération imprudente obstrua les canaux du commerce). Empr. au lat. class. obstruere «construire (un mur, etc.) devant quelque chose», d'où «fermer, boucher». Cf. encore obstruire (1531 [éd.], Raoul de Presles, Cité de Dieu, X, 11 d'apr. Delb. Notes mss ds FEW t.7, p.291a). Fréq. abs. littér.: 170.