| OBSIDIONAL, -ALE, -AUX, adj. A. − Qui concerne le siège d'une ville. Bien qu'il fût employé du Gouvernement et de ce fait exempt du service militaire pendant la période obsidionale, il s'était laissé inscrire au bataillon de son quartier (Verlaine,OEuvres compl.,t.4, Louise Leclercq, 1886, p.129). − ANTIQ. ROMAINE. Couronne obsidionale. Couronne décernée à celui qui avait délivré une ville assiégée. Si j'avais délivré la Rome chrétienne, je ne demandais qu'une couronne obsidionale, une tresse d'herbe cueillie dans la ville éternelle (Chateaubr.,Mém.,t.2, 1848, p.252). ♦ Monnaie obsidionale. Monnaie frappée durant un siège pour suppléer à la rareté des espèces. (Dict. xixeet xxes.). On a employé le cuir à faire des monnaies obsidionales (Ac.1798-1935). B. − PSYCH., SOCIOL. Qui frappe les habitants d'une ville assiégée. Désertée de presque tous ses habitants, livrée aux soldats, la malheureuse ville semblait plongée dans la torpeur obsidionale (Duhamel,Pesée des âmes,Paris, Mercure de France, 1949, p.235). ♦ Fièvre, folie obsidionale. Désordre mental qui frappe la population d'une ville assiégée. La «fièvre obsidionale» favorisait l'agitation révolutionnaire (Bainville,Hist. Fr.,t.2, 1924, p.219).Ce sentiment de l'«espace vital», on l'a vu, avec la fièvre obsidionale, passer de la psychologie des individus dans celle des nations et des peuples (Mounier,Traité caract.,1946, p.301). − P. anal., PATHOL. Délire obsidional. Délire, folie d'une personne qui se croit assiégée, persécutée: . Sa maladie [de Rousseau] est surtout spirituelle: étrange délire obsidional. Il est un homme assiégé; le monde entier l'enserre et lui, il demeure enfermé dans la région la plus trouble, la plus confuse de lui-même.
Mauriac,Gds hommes, 1949, p.115. Prononc. et Orth.: [ɔpsidjɔnal], plur. masc. [-o]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. xvies. (Sexte J. Frontin, I, 3 ds Gdf.); 1690 (Fur.: Obsidionale adj. fem. C'est une epithete que les Romains donnoient à des couronnes dont ils honoroient les Generaux qui avoient delivré une armée Romaine assiegée des ennemis, et qui les avoient obligez à decamper). Empr. au b. lat. obsidionalis «de siège» (ives.), att. dans le syntagme corona obsidionalis «couronne obsidionale» dès la période class., dér. de obsidio, -onis «siège», de obsidere «assiéger», comp. de ob «devant» et sedere «se tenir». Cf. en m. fr. le syntagme couronne obsidionnaire 1559 (Poldo d'Albenas, Discours historial de l'antique et illustre cité de Nismes, p.52). Bbg. Darm. 1877, p.182. |