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OBLIQUER, verbe intrans.
Prendre une direction qui n'est ni perpendiculaire, ni parallèle à l'horizon; aller en biais par rapport à sa direction initiale, se détourner. Obliquer à droite, vers la droite. Nous n'avons rien aperçu au firmament, sinon une palombe (...) qui fit mine de se poser dans la futaie, mais qui à notre vue obliqua et remonta (Pesquidoux,Chez nous,1923, p.242).[Il] avait déjà dépassé le centre de la place quand brutalement, sans savoir pourquoi il obliqua vers la gauche, et se détourna du chemin de l'église, obligeant les pèlerins à lui faire face (Camus,Exil et roy.,1957, p.1682):
. ... il se sentait étranger et perdu, incapable de se conduire. Il obliqua à gauche, craignit des trous, revint à droite, s'arrêta frissonnant, menacé de toutes parts. Zola,Terre,1887, p.424.
Obliquer sur (une direction). Il partit comme un fou, traversa en droite ligne (...) toute la cour, (...) fit volte-face, redescendit avec la même vivacité, se retrouva dans la cour, et, cette fois, obliqua droit sur la chaise, la contourna toujours en courant, et revint à la même allure au hangar (G. Leroux, Roul. tsar,1912, p.163).Elle allait à Cologne, mais, arrivée à Francfort, voyant que ça se gâtait, elle obliqua sur Metz avec l'idée de regagner Paris (Gide,Journal,1914, p.463).
Emploi pronom. Mais, puisque les savants ont constaté que les oreilles humaines ne sont «qu'à peu près» immobiles, on aurait eu le droit d'affirmer que celles du susdit Anglais, se dressant, se tordant, s'obliquant, cherchaient à percevoir les sons d'une façon quelque peu apparente pour le naturaliste (Verne,M. Strogoff,t.1, 1876, p.15).
Constr. factitive. Comment les choses, les êtres se croiseraient-ils, se féconderaient-ils sans les pervertir, sans les faire obliquer sur leur route sans embûches, sans nouveauté (Gracq,Beau tén.,1945, p.90).
En partic. Détourner son regard afin de ne pas regarder quelqu'un ou quelque chose en face. Elle le regardait d'un air ferme. Gravier, rencontrant ce regard, soudain fit obliquer le sien et parut hésiter un peu (Drieu La Roch.,Rêv. bourg.,1937, p.150).
Prononc. et Orth.: [ɔblike], (il) oblique [-ik]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. 2emoitié xiiies. «aller en ligne oblique» (Introd. d'astron., B.N. 1353, fo7d ds Gdf.); à nouv. en 1825 (Le Couturier, Dict. port. et rais. des conn. mil., p.366); 2. 1444 [ms. début xvies.] «détourner» (Henri de Granchi, Trad. du gouv. des princ. de Gilles Colonne, Ars. 5062, fo45 vods Gdf.). 1 dér. de oblique*; dés. -er; 2 empr. au lat. obliquare «faire obliquer, faire aller de biais». Fréq. abs. littér.: 121.