| OBJECTION, subst. fém. A. − Ce que l'on oppose à une proposition. 1. Argument opposé à une affirmation pour la réfuter. Objection captieuse, décisive, fondamentale, solide, spécieuse; forte objection. [Plutarque] répond très-bien aux objections des épicuriens de son temps, qui, comme ceux du nôtre, rejetaient la providence (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p.314).Ces discours étaient si sincères, si sérieux, et il s'y mêla d'abord, de la part d'Harriet, des objections si faciles à réfuter, car elles étaient faites exprès pour l'être... (Gobineau, Pléiades, 1874, p.306).Nous ne pensons pas qu'on croie nous faire une objection sérieuse en nous représentant que la civilisation, déjà une fois perdue avec la chute du monde antique a cependant connu une renaissance (Benda, Trahis. clercs, 1927, p.238). 2. [Souvent avec compl. prép. à] Raison que l'on oppose à une initiative, à une décision ou à une demande pour la repousser. Émettre une objection à, soulever des objections. Il ne pourrait avoir d'objection à une chose agréable pour nous, indifférente pour lui (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t.2, 1823, p.442).V. équitable ex. 1: 1. ... cette souffrance immédiate ne doit pas être une objection à la rupture. Non, la seule objection sérieuse à une rupture est −qui le croirait? −celle-ci: à la fin de tout cela il reste qu'il y a une chance, une chance sur cent mais enfin une chance certaine, que dans ce mariage nous soyons heureux tous les deux.
Montherl., Démon bien, 1937, p.1303. ♦ [Dans un procès] Faire objection. S'opposer à ce que soit prise en compte une question ou une argumentation de la partie adverse. Quand Osmond expliqua qu'il convenait, pour apprécier les responsabilités, d'évoquer la situation des prisonniers noirs loués au planteur, son adversaire fit objection (M. Denuzière, Bagatelle, Paris, J.-Cl. Lattès, 1981, p.452).[En formule interjective] :
2. Un brouhaha, fait de réflexions irritées, monta dans la salle, et l'avocat de l'Administration cria encore, suivant la formule consacrée:
−Objection Votre Honneur!
M. Denuzière, Bagatelle, Paris, J.-Cl. Lattès, 1981, p.452. ♦ Objection de conscience. V. conscience II B 1. B. − Observation faite pour critiquer, condamner; reproche. Mais il avait à se défendre contre des observations et des objections encore plus sensibles pour lui que celles d'un M. Le Nain ou d'un Lamoignon (Sainte-Beuve, Port-Royal, t.4, 1859, p.66).V. archaïsme ex. 8. Prononc. et Orth.: [ɔbʒ
εksjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1200 «difficulté que l'on soulève contre une assertion, une proposition» (Dialogue Grégoire, 83, 4 ds T.-L.); b) 1955-56 objection de conscience (R. Born ds Rev. du Droit pénal et de Criminologie, p.719-29 ds Yam.-Kell 1970); 2. 1840 «reproche» (Mérimée, Colomba, p.3). Empr. au b. lat. objectio «action d'opposer; action de reprocher, reproche» lui-même dér. de objectum, supin de objicere (v. objet). Fréq. abs. littér.: 1630. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2770, b) 2008; xxes.: a)2184, b)2178. Bbg. Gohin 1903, p.338. |