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OBJECTER, verbe trans.
Opposer quelque chose en réponse à une proposition.
A. − Opposer (un argument, une idée) à une affirmation pour la réfuter.
Objecter qqc. (subst. ou prop. compl. que).On objectera que, dans l'ignorance où nous sommes des organes profonds de l'évolution vitale (...), il y a beaucoup d'arbitraire, et il n'y a point d'utilité scientifique à supposer un organisme latent (...) commandant leurs phénomènes et résumant leurs lois (Renouvier, Essais crit. gén.,3eessai, 1864, p.104).
Objecter qqc. à/contre qqc.On objecte contre le systême fixe les hasards de l'hérédité (Bonald, Essai anal.,1800, p.187):
1. ... l'Autriche, loin d'être désormais un contrepoids pour la Prusse, serait infailliblement entraînée tôt ou tard dans l'orbite de l'Allemagne. À cela on pouvait objecter qu'il valait encore mieux que la Prusse fût unie à une petite Autriche qu'alliée à une grande Autriche-Hongrie. Joffre, Mém.,t.2, 1931, p.379.
Objecter qqc. à qqn.Je pourrais objecter au rédacteur de la Libre Parole (...) qu'une condamnation illégale n'est pas une condamnation du tout (Clemenceau, Iniquité,1899, p.399).Qu'on ne m'objecte pas qu'aux époques où la France préparait et réalisait son ordre classique parmi les troubles publics, les moeurs anglaises présentaient un caractère plus brutal encore, sans cependant imposer à l'art anglais, par contrepoids, un aspect aussi ordonné (Faure, Espr. formes,1927, p.109).
[En incise] Cependant, objecta Bouvard, quand je songe à une forêt, à une personne, à un chien, je vois cette forêt, cette personne, ce chien. Donc les idées les représentent (Flaub., Bouvard,t.2, 1880, p.92).
B. − Opposer (une raison) à une offre ou à une demande pour la repousser.
Objecter qqc. (à/contre qqc.).Omer était trop content de se prévoir à Paris (...) pour objecter quoi que ce fût aux ordres du comte (Adam, Enf. Aust.,1902, p.406):
2. Elle désira connaître son logement, le trouva médiocre; il en rougit, elle n'y prit garde, puis lui conseilla d'acheter des rideaux pareils aux siens, et comme il objectait la dépense: −Ah! Ah! Tu tiens à tes petits écus! dit-elle en riant. Flaub., MmeBovary,t.2, 1857, p.127.
Objecter qqc. à qqn.Quand on lui objecte son âge avancé, il répond: −Monsieur, il n'est jamais trop tard pour bien faire (Reider, MlleVallantin,1862, p.215).On m'objecta l'encombrement du transsibérien et ces propositions encore ne furent pas suivies d'effet (Joffre, Mém.,t.2, 1931, p.176).
Emploi abs. Elle avait aussitôt téléphoné pour prendre rendez-vous et, sans objecter ni hésiter, accepté de le rencontrer chez lui, ce qui paraissait à Pontdebois du meilleur augure (Aymé, Travelingue,1941, p.68).
Objecter à qqc.Le contingent d'Ortello retombe à notre charge. Orsenna ne peut objecter à ce qu'on l'emploie utilement (Gracq, Syrtes,1951, p.131).
Prononc. et Orth.: [ɔbʒ εkte], (il) objecte [-ʒ εkt]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1288 «opposer comme argument contraire» objeter (Rendage du moulin aux écorces ds B. de la Sté liégeoise de litt. wallonne, V, p.393: nous pouriens objeter et proposer encontre leditte paine); ca 1382 objecter au sens de «placer devant, en face de» (Ph. de Mézière, Songe du Vieux Pelerin, éd. G. W. Coopland, I, 18, p.241); 2. 1549 «avancer un argument visant à prouver la fausseté d'une affirmation» (Est. avec renvoi à obiicier). Empr. au lat. class. objectare «mettre devant, opposer; jeter à la face, objecter», fréquentatif de objicere, v. objet. Fréq. abs. littér.: 660. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 955, b) 848; xxes.: a) 917, b) 981.