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OBÈSE, adj.
A. − [En parlant d'une pers. ou p. anal. d'un animal; p. méton. d'un aspect du physique]
1. Qui a un embonpoint excessif, qui est anormalement gros. Synon. bedonnant, gras, gros, ventru.Silhouette, ventre obèse. Tout d'un coup, Rougon se calma. Sa face devint grise, son corps s'avachit dans une lourdeur d'homme obèse (Zola, E. Rougon, 1876, p.42).Ce bourgeois craintif et hargneux, tout pareil au chien obèse de la concierge (Claudel, Poète regarde Croix, 1938, p.278):
1. Léonie, sa maîtresse (...) se comprimait les formes dans une armature ad hoc, non qu'elle fût obèse déjà, mais enfin ça venait, ça venait, et n'aimait-elle pas paraître belle? Elle parvint donc à modérer son épanouissement charnel, et, après cet effort, s'assit sur le bord du lit, regardant pensivement le visage de Pradonet... Queneau, Pierrot, 1942, p.32.
P. métaph. Un régime stéatopyge avait étendu sa bouffissure à tout ce qui l'entourait: son budget obèse, ses impôts enflés, ses intermédiaires enlardés, ses avions qui ne décollaient plus, son adipeux art officiel (Morand, Chron. homme maigre, 1941, p.62).
Emploi subst. Violente attaque (dans les Nouvelles Littéraires) de Henri Béraud, auteur du Triomphe de l'obèse −qui ne me pardonne pas ma maigreur (Gide, Journal, 1923, p.756).
2. MÉD. Qui est atteint d'obésité. Emploi subst. Il est de règle que les obèses se plaignent d'algies diverses, surtout diffuses, que l'on peut certes rapporter à l'adipose elle-même (...) mais qui sont bien plus souvent en rapport avec arthroses cervicales ou lombaires (Ravault, Vignon, Rhumatol., 1956, p.554).Ce qu'on va tout d'abord demander à l'obèse c'est justement de renoncer à sa consolation, à son refuge, à son tranquillisant alimentaire, en un mot à sa toxicomanie (R. Schwartz, Nouv. remèdes et mal. act., 1965, p.26):
2. Sur cent personnes qui meurent de la poitrine, quatre-vingt-dix ont les cheveux bruns, le visage long et le nez pointu. Sur cent obèses, quatre-vingt-dix ont le visage court, les yeux ronds et le nez obtus. Il est donc vrai qu'il existe des personnes prédestinées en quelque sorte pour l'obésité, et dont, toutes choses égales, les puissances digestives élaborent une plus grande quantité de graisse. Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p.221.
B. − P. anal. [En parlant d'une chose] Très grosse. Sur les rives du torrent s'accumulent des montagnes de viandes crues, d'herbes, de volailles blanches, de courges obèses (Duhamel, Confess. min., 1920, p.55).Une vieille maison obèse qui débordait l'alignement de tout son ventre soutaché de balcons de fer (Giono, Eau vive, 1943, p.42).
REM. 1.
Obèsement, adv.,hapax. Cholon, (...) qui grossit si obèsement leurs traits et les caricature avec tant d'ampleur (Arnoux, Solde, 1958, p.124).
2.
Obésifuge, adj.,rare. Qui prévient ou combat l'obésité. Emportés par un zèle obésifuge (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p.233).
3.
Obésigène, adj.,rare. Qui favorise l'obésité. Les pommes de terre et les haricots sont obésigènes (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p.376).
Prononc. et Orth.: [ɔbε:z]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1825 subst. (Brillat-Sav., loc. cit.); id. adj. (Id., ibid., p.237). Empr. au lat. obesus «qui s'est bien nourri, gras, replet». Fréq. abs. littér.: 94.