| O, o, lettre La quinzième lettre de l'alphabet; un spécimen de cette lettre. La gamme implacable a e i o u (Gourmont,Esthét. lang. fr., 1899, p.129).Ils mangent et, après un moment de silence, Z demande à Y ce qu'est devenu un autre de leurs amis: −Et O? −Pets! Cure, air: aise... [P, Q, R, S] (P. Couratin, G.Kolebka, Au restaurant, Histoire de parler la bouche pleine ds Okapi, 1erjanv. 1983, no267, p.25):1. On m'avait fait jouer de bonne heure avec des lettres. À trois ans je répétais que le o s'appelle o; le s était un s comme une table est une table; je connaissais à peu près l'alphabet, mais les pages imprimées continuaient à se taire. Un jour, il se fit un déclic dans ma tête.
Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p.24. A. − [L'attention porte sur des éléments de la structure ling.] 1. [Lettre, et valeur phon. de la lettre; l'attention porte plus partic. sur le signe graph. en tant que tel, ou sur la valeur phon. du signe ou alternativement sur les deux] Mais, quoique Blancs, ils ne parlaient pas comme les Blancs d'ici, leurs mots qu'ils grondaient comme des chiens, finissaient tous en o ou en a (Borel, Champavert, 1833, p.86).Busch tenait ses gros yeux pâles obstinément fixés sur les billets. (...) −C'est curieux, répétait-il une fois encore, j'ai certainement vu déjà des a et des o pareils, si allongés, qu'ils ressemblent à des i (Zola, Argent, 1891, p.36).Si, pour ne pas changer d'exemple, tous les sons en o étaient rendus par l'unique lettre o, outre que la langue perdrait un de ses caractères particuliers qui est de ne posséder aucune syllabe finale terminée par un o, il en résulterait une monotonie insupportable (Gourmont, op.cit., p.70): 2. Les voix, dont on exprime les diverses espèces par les lettres nommées voyelles, a, e, i, o, u, ai, ou, eu, etc. On ignore absolument à quoi tient cette modification du son, quoique l'on sache assez quels sont les mouvements que l'homme et les animaux doivent imprimer à leurs organes vocaux pour les produire.
Cuvier, Anat. comp., t.2, 1805, p.447. − O bref; o long; o ouvert; o fermé; o accent circonflexe. L'o de cotte, espèce de juppe, et celui de côte, espèce d'os, sont bien réellement deux voix différentes (Destutt de Tr., Idéol. 2, 1803, p.329).Le côté du choeur, visible pour Durtal, faisait de toutes les voyelles des lettres aiguës et brèves; l'autre, au contraire, les muait en des longues, semblait coiffer d'un accent circonflexe tous les o (Huysmans, En route, t.2, 1895, p.39).M.et MmeSwann disaient odieux, en faisant l'o bref (Proust, J. filles en fleur, 1918, p.511): 3. Il me déclara, sur un ton de confidence bienveillante, d'égal à égal, dont la gentillesse me ravissait: −Elle y était la demoiselle. Je lui ai donné le bouquet. (Il prononçait «été» et «bouqué»). «Je lui ai dit: C'est un monsieur qui vous l'offre.» (Il mettait à offre un o très ouvert et très bref, presque un a)...
Romains, Hommes bonne vol., 1939, p.78. − P. anal. Il regardait tout, la bouche ouverte et les sourcils tellement hissés qu'on craignait de les voir se boucler en o majuscule (Hamp, Champagne, 1909, p.92). − [Autres attributs] :
4. O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges:
−O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux!
Rimbaud, Poés., 1871, p.104. ♦ [Circularité du signe graph.] Le notaire lui dicte des lettres une à une; on lui dit: o, un rond; n, deux jambages; encore deux jambages (Gide, Journal, 1912, p.376). ♦ [Arrondissement des lèvres] Il vit les bouches ouvertes toutes grandes des bons villageois affecter cette forme d'o qui, d'après les maîtres peintres, en leurs cahiers de caractères, est la suprême expression de l'étonnement (Gautier, Fracasse, 1863, p.176).Elle sommeillait, bouche en o, jambes en i (Huysmans, Marthe, 1876, p.52).Une jeune fille renversée dont la petite bouche ouverte en o, les jupes en corolle chiffonnée autour de deux jambes aimables, s'efforçaient d'exprimer l'épouvante (Colette, Mais. Cl., 1922, p.45). ♦ [Métaph. solaire] La figure de la lettre o doit son origine à la forme ronde du soleil, et son expression à celle de l'admiration (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p.111).C'est un nom doré, joyeux, avec une inexprimable nuance de soir. On ne la perçoit que lorsqu'on prononce, avec le velours qui convient, cet o plein de soleil jaune et d'un sentiment triste et doux, qui est ce qu'on appelle la mélancolie. La Borie des Sau... au... les (Malègue, Augustin, t.1, 1933, p.31). 2. [La lettre, constituant de mots] La réunion des trois lettres R, O, I a perdu tout son talisman à Paris (Stendhal, L. Leuwen, t.3, 1835, p.237).On pourrait presque dire que les affinités commencent aux lettres de l'alphabet. Dans la série, O et P sont inséparables. Vous pouvez, à votre gré, prononcer O et P, ou Oreste et Pylade (Hugo, Misér., t.1, 1862, p.785).Puis, à l'autre bord, en ce gaillard si bien musclé, filant une quenouille, on reconnaissait illico le mauvais coucheur des anciennes époques, en train d'en conter à certaine nymphe appelée.. appelée.. ah! ma foi, bernique, on ne sait plus; son nom commence par un O! (Cladel, Ompdrailles, 1879, p.361). B. − [La lettre sert à former des abrév., des sigles] − O ♦ [Dans la nomenclature des éléments chim.] L'oxygène. La matière verte de Priestley est un ferment qui dégage O (Cl. Bernard, Notes, 1860, p.187). ♦ MÉD. Abrév. des élém. occipito-, ostéo-, oto-. O.I. Occipito-iliaque. O.T. Ostéo-tendineux. O.R.L. Oto-rhino-laryngologie. − O.K.* − O.P., O.Q., O.S. Ouvrier professionnel, ouvrier qualifié, ouvrier spécialisé. − O.C.D.E. Organisation de coopération et de développement économique. L'agence européenne de l'énergie nucléaire de l'O.C.D.E. étudie les questions complexes que poserait la création d'une entreprise commune, non commerciale (Goldschmidt, Avent. atom., 1962, p.270). − [Sigles se prêtant, par accident ou à dessein, à une prononc. syllabique] ♦ O.N.U. [ɔny]. Organisation des nations unies. Aujourd'hui, on ne dit même plus O.N.U.; on pétrit cette suite de lettres séparées en une seule articulation continue: ONU (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p.43). ♦ O.R.S.T.O.M. [ɔ
ʀstɔm]. L'Office de la recherche scientifique et technique d'outre-mer (O.R.S.T.O.M.), né en 1944, est, ensemble, un organe de recherche fondamentale, un organisme type d'assistance scientifique et technique, et un organe d'enseignement qui forme, lui-même, ses chercheurs orientés vers des buts pratiques (Perroux, Écon. XXes., 1964, p.270). ♦ O.T.A.N. [ctã], [ctan]. Organisation du traité de l'Atlantique nord. Les charges atomiques américaines qui, en cas de conflit, leur seraient remises conformément aux règles de l'O.T.A.N. (Goldschmidt, op.cit., p.203). ♦ O.V.N.I*. Rem. Sous la forme o, la lettre o abrège degré en astron., géogr. et géom. (v. degré B 2 a). Prononc. et Orth.: [o]. Le o s'appelle o (Beauvoir, loc. cit.). On dit, et on écrit, l'o (Bern. de St-P., Destutt de Tr., Proust, loc. cit., et Montherl., Bestiaires, 1926, p.545), d'o (Gautier, loc. cit.), cet o (Malègue, loc. cit.) et le o (Beauvoir, loc. cit.). Fréq. V. ô. |