| NUISANCE, subst. fém. A. − Vieilli. Caractère nuisible (d'une chose); p. méton., dommage, tort, préjudice. Synon. nocivité.Le principe dominant de Marx, c'est qu'en dehors de toute opinion sur l'excellence ou la nuisance des frontières, celles-ci, par une évolution inévitable, vont disparaître (Barrès,Scènes et doctr., t.2, 1902, p.173). − Loc. verb. Porter nuisance. Causer du tort, porter préjudice. [François au meunier] Par ainsi, la chose peut s'arranger sans vous porter nuisance, et vous allez me donner une poignée de main pour me porter bonheur (Sand,Fr. le Champi, 1848, p.115). ♦ Proverbe. Dent de mouton porte nuisance et dent de chevrette abondance. Tout ce qu'on [la chevrette] pouvoit faire étoit de tondre le bout de quelques feuilles qui for-issoient [surgissaient] entre les joints de la claie, et c'est au grand bénéfice des pieds que nous émondons, comme dit le commun proverbe: Dent de mouton porte nuisance Et dent de chevrette abondance (Nodier,Trésor Fèves, 1833, p.39). B. − Ce qui nuit, ce qui fait souffrir. La spiritualisation précisément de cet art exquis ne lui échappe point tant qu'elle ne le gêne, cette souveraine pénétration et domination de la douleur et de la joie par l'intelligence, par l'esprit, qui enlève à la douleur même sa nuisance (Gide,Journal, 1939, p.968). − En partic. Action agressive d'un bruit sur l'organisme. Mais qu'il s'agisse de nuisance musicale, de sévices par TSF ou de phono intempestif, me voilà aussi intolérante que vous (Colette,Pays connu, 1949, p.182). C. − Gén. au plur. ,,Ensemble de facteurs d'origine technique (bruits, pollutions, etc.) ou sociale (encombrements, promiscuité, etc.) qui nuisent à la qualité de la vie`` (Gilb. 1980): . Dès lors, quand l'IFOP interroge les Français sur «l'aménagement du cadre de vie dans les villes» −c'est-à-dire sur la qualité de l'urbanisme et de l'architecture, l'impact des nuisances et les facilités de transport −il n'est pas surprenant qu'il enregistre des réponses fortement négatives.
Le Point,15 mars 1976, p.56, col. 2. − P. anal. Les nuisances de l'inflation, de la souveraineté nationale (Gilb. 1980). Prononc.: [nɥizɑ
̃:s]. Étymol. et Hist. 1. 1remoitié xiies. «tort, dommage, préjudice» (Psautier Cambridge, éd. Fr. Michel, LXXII, 13), plus rare à partir du xviies., est considéré par Malherbe comme ,,vieux mot, hors d'usage`` (Commentaire sur Des Portes, éd. L. Lalanne, OEuvres, t.4, p.429, note 1); 2. 1863 «facteur de gêne ou d'insalubrité dans une zone donnée» (ici, en Angleterre) (Reybaud, Revue des Deux-Mondes, janv. 1863, p.384 ds Littré), attest. isolée, 1959 (Le Monde, 20 févr. 1959, p.9 ds Humbley). Dér. du rad. du part. prés. de nuire*; suff. -ance*. L'usage actuel est repris de l'angl. où le terme nuisance, empr. au fr., est att. dep.le xves. et dep. le xviies. pour désigner toute cause de gêne dans l'environnement (NED). Bbg. Gohin 1903, p.308. |