| NICHER, verbe [Accompagné gén. d'une indication de lieu] A. − Emploi intrans. 1. [Le suj. désigne un oiseau] Avoir son nid. Synon. sav. nidifier.Les pigeons nichent dans la muraille. S'il [le martinet] niche si haut, c'est qu'au départ il doit se laisser choir dans son élément naturel (Michelet, Oiseau, 1856, p.155).Un seul couple [de pinsons] d'abord nichait dans le buisson près du banc où j'avais accoutumé de m'asseoir (Gide, Journal, 1911, p.336).Deux oisillons étaient tombés, du toit où ils nichaient, sur le rebord de votre fenêtre (A. France, Dieux ont soif, 1912, p.129). ♦ [Sans compl. de lieu] Faire nicher (des oiseaux de volière).Provoquer la nidification pour faire couver. Il avait le goût des serins de Canarie, il les faisait nicher et les tenait fort proprement (Stendhal, H. Brulard, t.1, 1836, p.96). ♦ P. anal. [Le suj. désigne un petit mammifère] La fouine niche, comme le hibou, dans les troncs creux, s'accouple vers la même époque (Pesquidoux, Chez nous, 1923, p.214).Souris qui nichaient sous le lit de paille (Pourrat, Gaspard, 1930, p.65). − Emploi pronom. Avoir son nid. Il ne fut plus question que du retour des cigognes, et de la protection qu'elles étendent sur les villes où elles se nichent (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p.74). 2. P. anal., fam. a) [Le suj. désigne une pers.] Avoir un refuge, loger (à tel endroit). Synon. crécher (fam.).Je suis dans une demi-installation, couchant ici et mangeant là (...). Cela a lieu 57, avenue Victor-Hugo. Où niches-tu? (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1900, p.377). b) Au fig. [Le suj. désigne un inanimé abstr.] Se trouver habituellement, résider (à tel endroit). Synon. siéger.La perversité niche aux coins de sa bouche (Péladan, Vice supr., 1884, p.129): . Et l'essaim des jeux et des ris,
Doux vol qui folâtre et se joue,
Niche sous la poudre de riz
Dans les roses de votre joue.
Banville, Odes funamb., 1859, p.64. B. − Emploi trans., fam. 1. [L'obj. désigne un animé, la pers., la tête] Installer avec un confort douillet (en lieu sûr ou dans une place exiguë). Synon. caser.Nicher sa tête au creux d'une épaule. Je pourrais vous loger tous les quatre assez supportablement. Vous, je vous nicherais dans un petit coin près de ma chambre, et le reste de la famille en cérémonie (Staël, Lettres div., 1794, p.662).L'ombre de la vigne tout près, où l'on nicherait sa tête au moins à l'abri (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1906, p.243). − Emploi pronom. S'installer confortablement, de façon avantageuse. Nichons-nous bien en France et conservons ce que nous avons acquis (Constant, Journaux, 1814, p.406).On acceptait le coin désigné et l'on se nichait (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p.154).P. iron. Se trouver dans un endroit inattendu, une position élevée. Voyageur qui se niche sur l'impériale (Jouy, Hermite, t.4, 1813, p.10).Quelle idée d'aller se nicher dans cet endroit par un temps pareil? (Moselly, Terres lorr., 1907, p.35). − Au part. passé. De promptes caresses qu'ils échangèrent, nichés dans les meules (Adam, Enf. Aust., 1902, p.331). 2. [L'obj. désigne un inanimé] a) [Sans compl. de lieu] Installer dans une niche. Petites chapelles (...) où chaque société nichait son idole et l'enivrait d'encens (Jouy, Hermite, t.3, 1813, p.40).Au part. passé. Le porche avec une statue nichée de San Esteban (Morand, Folle amour., 1956, p.12). − P. ext. Ranger, mettre à l'abri. Montmirel et ses aides se mirent à l'ouvrage, et, nichant casseroles, lèchefrites et bassines dans tous les coins, il mit son chef-d'oeuvre réchauffé à l'abri (Chateaubr., Mém., t.3, 1848, p.244). ♦ P. anal., au part. passé. Inséré, blotti, abrité (dans tel paysage). Maison nichée dans la verdure. V. champêtre ex. 3. − Emploi pronom. Se trouver ou se loger dans un creux, un endroit caché ou inaccessible. Escarbilles qui se nichent dans les cheveux (Huysmans, Soeurs Vatard, 1879, p.117). b) P. ext. Placer, situer. Synon. fourrer (fam.).Boileau, depuis, l'a niché [un personnage] dans un vers (Sainte-Beuve, Port-Royal, t.2, 1842, p.185).Au part. passé. J'ai trouvé jusqu'au fond des cavernes alpines L'antique ennui niché (Moréas, Syrtes, 1884, p.80). − Emploi pronom. Cela [la guerre hispano-américaine] doit se nicher vers 1897 (T'Serstevens, Itinér. esp., 1963, p.303). ♦ Au fig. [Le suj. désigne une qualité] Se trouver d'une manière inattendue (dans telle catégorie de personnes). Mais où l'ambition ne va-t-elle pas se nicher? (Jouy, Hermite, t.2, 1812, p.137).V. déloger ex. 6. REM. 1. Nichage, subst. masc.,écol. Aire de nichage. Espace protégé où les oiseaux peuvent nicher. Des aires de nichage ont été aménagées; lorsqu'un couple se forme, les oiseaux claquettent ou craquettent de concert, dans un bruit de crécelles (Rustica, 3-9 juin 1981, no597, p.11, col. 2). 2. Nichet, subst. masc.,,OEuf en plâtre qu'on met dans un nid pour inciter à y pondre`` (Fén. 1970). Prononc. et Orth.: [niʃe], (il) niche [niʃ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1155 intrans. nigier «faire son nid (en parlant des oiseaux)» (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 9430); fin xiiies. [date du ms.] nichier (Id., ibid., var. ms. Brit. Mus. Add. 32125); 2. fin xiiies. id. p. ext. nicier «loger» (Huon Le Roi, Le Vair palefroi, éd. A. Långfors, 640: Ja mes ne porra nus avoir Fame qui soit haute ne riche Se granz avoir en lui ne nice); 3. xves. [date du ms.] se nichier «se loger, s'installer» (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 13602, var.); 1552 se nicher (Ronsard, Amours, éd. P. Laumonier, t.4, p.69, 14); 4. 1560 trans. «loger, installer» (J. Grévin, L'Olimpe ds Théâtre, éd. L. Pinvert, p.302). Du lat. vulg. *nidicare (dér. de nidus «nid») qui a remplacé nidificare «faire son nid (des oiseaux)» sur le territoire gallo-rom. V.FEW t.7, p.119a. Fréq. abs. littér.: 310. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 402, b) 539; xxes.: a) 295, b) 497. |