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NERVEUSEMENT, adv.
A. − [Correspond à nerf A, nerveux A 1] Par l'influence ou l'action des nerfs, du système nerveux. Il est là, la figure nerveusement tirée, trahissant une noire tristesse sous la tenue correcte d'un vieux gentleman splénétique (Goncourt, Journal, 1886, p.599).Et je me suis repris à faire (...) ce qui m'était devenu nerveusement impossible depuis janvier, surtout depuis mars et mai (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1918, p.474):
1. Ainsi l'agitation périodique nerveusement transmise serait responsable de la tonalité sonore pour les octaves inférieures, et de simples pressions différemment localisées le seraient pour les octaves supérieures. Piéron, Sensation, 1945, p.188.
B. − [Correspond à nerveux A 2]
1. D'une manière convulsive, fébrile. Cependant la petite main de la fille de Pétamounoph s'accrochait nerveusement au rebord du char (Gautier, Rom. momie, 1858, p.213).Dans une boîte à singe, qu'on se passait de main en main, on se soulageait. Puis, nerveusement on se remit à parler, vite, plus vite (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p.280).Sans mot dire, le vieillard saisit une sonnette, entrebâilla la porte donnant sur la maison, et agita la sonnette nerveusement, avec une frénésie sénile (Montherl., Célibataires, 1934, p.740).
2. Avec irritation, agacement ou impatience. Tout au plus se surprit-il à taper nerveusement du pied (Malègue, Augustin, t.2, 1933, p.242):
2. Il y avait dans sa voix une passion si sombre que je regardais à la dérobée le sac qu'elle avait posé sur ses genoux et dont elle manoeuvrait nerveusement la fermeture éclair. Beauvoir, Mandarins, 1954, p.414.
C. − [Correspond à nerf B, nerveux B]
1. Par l'action, par la tension des nerfs, des tendons. Son mollet dur (...) saillissait nerveusement, et son pied chaussé de gros sabots était léger comme celui d'un chamois (Flaub., Champs et grèves, 1848, p.279).Le cou se pose, les reins se tendent nerveusement: devenue plus grave et plus souple, mesurée avec une inappréciable sagesse, la marche est déroulée dans l'esprit comme une musique (Benda, Trahis. clercs, 1927, p.299).
2. Avec vigueur, vivacité. Et, serrant sa jupe, la rattachant par-devant à sa ceinture, sans voir qu'elle montrait ses cuisses, elle prit l'arbre nerveusement, se hissa sur le tronc, d'un seul effort des poignets (Zola, Faute Abbé Mouret, 1875, p.1364).
− En partic. [En parlant d'une oeuvre d'art, d'une réalisation intellectuelle, d'une interprétation] [Dans l'oeuvre de Fortuny] tout semble aisé, tout est élégant mais sobre, nerveusement construit, et combien savant de la vraie science! (Mauclair, De Watteau à Whistler, 1905, p.162).C'est à Rome que le poème pélasgique du mur, si nerveusement et savamment développé par les Grecs et les Étrusques, trouva ses plus puissantes et ses plus durables expressions (Faure, Hist. art., 1909, p.145).
Prononc. et Orth.: [nε ʀvøzmɑ ̃]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. 1583 «avec vigueur» (P.Thévenin, 5 févr. ds La Sepmaine de Du Bartas, éd. 1585, p.343 d'apr. H. Vaganay ds Rom. Forsch. t.32, p.110); 2. 1836 «relativement au système nerveux» (Balzac, Vieille fille, p.323); 3. 1857 «d'une manière convulsive» (Baudel., Fl. du Mal, p.151); 4. 1859 «avec impatience» (Goncourt, Journal, p.662). Dér. de nerveux*, suff. -ment2*. Fréq. abs. littér.: 236. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 14, b) 317; xxes.: a) 551, b) 489.