| NAZARÉEN, -ENNE, adj. et subst. A. − De Nazareth. 1. (Celui, celle) qui en est originaire. Il y eut jadis, en Israël, une histoire pareille. Un Nazaréen, envolé du sépulcre ouvert (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p.52). 2. Adj. Propre à cette ville, à ses habitants. Cette vaste église qui est, selon les traditions nazaréennes, le centre du monde, et qui couvre de ses bâtiments inharmonieux tous les lieux où s'agita le grand drame de la Passion (Du Camp, Mém. suic., 1853, p.250). B. − Emplois spéc. 1. HIST. RELIG., subst. masc. a) [Avec une majuscule] (Jésus) le Nazaréen. [Surnom donné au Christ par les Juifs] Quand le Nazaréen, en croix, les mains clouées, Sentit venir son heure et but le vin amer (Leconte de Lisle, Poèmes barb., 1878, p.302).Ce Messie sacerdotal qui fut supplicié et mis à mort environ cent ans avant Jésus le Nazaréen (Philos., Relig., 1957, p.42-4). b) [Nom donné par les Juifs aux premiers chrétiens] Les Juifs (...) continuèrent d'appeler les nouveaux sectaires «Nazaréens» (...), sans doute parce qu'ils avaient l'habitude d'appeler Jésus (...) «le Nazaréen» (Renan, Apôtres, 1866, p.235): . ... la première phase de Christianisme qui avait suivi la passion de Jésus, phase où les Chrétiens étaient vaguement désignés sous les noms de Nazaréens [it. ds le texte] et d'Esséniens. En se déclarant Chrétiens à Antioche, ceux des disciples ou des nouveaux convertis qui suivaient principalement l'impulsion de S. Paul, rompirent solennellement avec le judaïsme.
P.Leroux, Humanité, 1840, p.781. c) Membre d'une secte chrétienne de Jérusalem qui alliait le judaïsme à la doctrine évangélique. (Dict. xixes.). d) Synon. de nazir, naziréen.Le rejeton sauvage, le nazaréen Jean-Baptiste, sur lequel sera greffé Jésus, l'arbre nouveau, la tige fertile (P.Leroux, Humanité, 1840, p.805). 2. HIST. DE L'ART, adj. École nazaréenne. École de peintres allemands du xixesiècle qui, installés à Rome, tentèrent de faire revivre l'idéalisme naïf des primitifs italiens et furent les précurseurs des préraphaélites anglais. (Dict. xixeet xxes.). [P.méton.] Le Moyen Âge gothique suggère d'abondants motifs à la France chrétienne, et surtout à l'Allemagne encore romantique et nazaréenne (Grandjean, Orfèvr. XIXes., 1962, p.75). − Subst. masc. Peintre de cette école. Les préraphaélites anglais, les nazaréens (...) allemands (Faure, Hist. art, 1921, p.171). REM. Nazaréisme, subst. masc.Doctrine des Nazaréens judéo-chrétiens. L'islamisme est, à beaucoup d'égards la prolongation ou plutôt la revanche du nazaréisme (Renan, Église chrét., 1879, p.284). Prononc.: [nazaʀeε
̃], fém. [-εn]. Étymol. et Hist. I. 1. a) 1174-76 Nazareus subst. «habitant de Nazareth, nom donné à Jésus-Christ» (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas ds Henry Chrestomathie t.1 1970, p.25, 69); xiiies. nazarien (Nouveau Testament, ms. Berne BB 28, fo211d 27 ds M. v. Orelli, Der altfranzösische Bibelwortschatz des Neuen Testamentes im Berner Cod. 28, 1975, p.281); av. 1622 Nazaréen (St Fr. de Sales, OEuvres, t.9, p.144 ds H. Lemaire, Les Images chez St François de Sales, p.231); b) 1704 Nazaréen «nom donné aux premiers chrétiens» (Trév.); 2. 1688 Nazaréens «secte judéo-chrétienne des premiers siècles de l'Église» (J. des savants, p.332 ds Fonds Barbier); 3. 1903 hist. de l'art école nazaréenne «école de peintres allemands du début du xixes.» (Nouv. Lar. ill.). II. Ca 1235 nazareus «nazir, personne consacrée à Dieu» (Bible de l'Université de Paris, B.N. fr. 899, fo119 [Juges 13, 5] ds Trénel, p.80); 1295 nazarien (Guiart Desmoulins, Bible historiale, B.N. fr. 15392, fo89, ibid.); av. 1622 Nazaréen (St Fr. de Sales, OEuvres, t.10, p.143 ds H. Lemaire, op. cit., p.318). I 1 a empr., puis adaptation au moyen du suff. -éen (-ien*), du lat. de la Vulgate Nazarenus «de Nazareth» (NT, passim), Nazaraeus (Matthieu, 2, 23), lui-même empr. au gr. Ν
α
ζ
α
ρ
η
ν
ο
́
ς, Ν
α
ζ
α
ρ
ε
́
θ «Nazareth, petite ville de Galilée où le Christ passa son enfance». 1 b d'apr. Actes 24, 5. 2 empr. au lat. chrét. Nazaraei (Blaise Lat. chrét.; v. aussi Théol. cath. t.8, col. 1694-1703, en partic. 1697). 3 école de peintres ainsi appelée parce que ses membres portaient la barbe «pour se rapprocher de l'image charnelle de Jésus-Christ» (A. Humbert, Les Nabis et leur époque, 1954, p.127). II empr., puis adaptation au moyen du suff. -éen (-ien*) du lat. de la Vulgate Nazaraeus «nazir, personne consacrée à Dieu» (Nombres 6, 18, Juges 13, 5, etc.), lui-même empr. à l'hébr. nāzīr (v. nazir1), prob. avec contamination de Nazarenus «de Nazareth» (cf. Trénel, p.80). Fréq. abs. littér.: 36. Bbg. Quem. DDL t.7 (s.v. nazaréisme). |