| NAUSÉEUX, -EUSE, adj. A. − 1. [En parlant d'un état physiol.] a) PATHOL. Relatif à la nausée; qui est caractérisé par des nausées. État nauséeux de la grossesse. Ces positions [des cordes vocales] n'entraînent pas le réflexe nauséeux et sont impossibles à obtenir en contraction (Wicart,Chanteur, 1931, p.324).Le matin au réveil certaines femmes se sentent fatiguées, la langue pâteuse, elles ont un état nauséeux et vomissent souvent leur petit déjeuner avec un peu de bile (Quillet Méd.1965, p.146). b) Accompagné de nausées. Dégoût nauséeux; spasmes, vertiges nauséeux. Envahi par une fatigue nauséeuse, cherchant un meuble à quoi m'appuyer (Abellio,Pacifiques, 1946, p.84).L'alanguissement nauséeux d'une femme grosse (Gracq,Syrtes, 1951, p.177). 2. [En parlant d'une pers.] Qui est pris d'une nausée, qui a des nausées. Malade nauséeux: 1. Il se sentait nauséeux depuis quelque temps déjà, il se réveillait tous les matins avec l'envie de vomir. Il essaya de lire, mal à l'aise... Peut-être avait-il vraiment trop bu ces derniers temps?
Triolet,Prem. accroc, 1945, p.195. 3. De nature à provoquer des nausées (par son odeur, sa saveur ou son aspect rebutant). Synon. écoeurant.Goût, médicament nauséeux; odeur nauséeuse. Cette horrible buée rouge qui montait de partout, prenait à la gorge, faisait rouler dans les veines un poison nauséeux (Faure,Hist. art, 1912, p.242).Je l'avais (...) prié de ne fumer point son cigare nauséeux dans le compartiment où s'étaient installés Em. et Jeanne (Gide,Journal, 1912, p.374): 2. Je sens l'odeur de la caserne. Mon nez me dénonce le mélange nauséeux de la sueur, du cuir et du coaltar! Humez cette haleine! Flairez ce vaste pet! Ne croiriez-vous pas que monte le soupir d'une bouche d'égout en hiver?
Romains,Copains, 1913, p.179. B. − Au fig. Qui manifeste ou qui inspire un grand écoeurement, une profonde répulsion; qui rappelle la nausée. Synon. dégoûtant, écoeurant, immonde, nauséabond, répugnant, sordide.Vide nauséeux; mélancolie nauséeuse. Ces livres (...) étaient écrits dans une langue si nauséeuse, qu'ils en devenaient presque personnels, presque rares (Huysmans,À rebours, 1884, p.194).Vivre des heures de rêves dans les civilisations mortes pour échapper au nauséeux présent (Péladan,Vice supr., 1884, p.58): 3. Augustin continuait son chemin, raide et empesé de honte. Tout l'obscène, images et visages, repoussé d'un violent effort, rentrait (...). Il fallait le chasser encore (...). Aucune culpabilité positive, aucune responsabilité, rien de commun avec le remords, mais un poids sur le coeur, un sentiment de complicité nauséeux et l'envie de mourir.
Malègue,Augustin, t.1, 1933, p.71. − Rare. [En parlant d'une pers.] Écoeuré, dégoûté. Il s'en allait pour huit, dix jours, à Toulouse, ou même à Paris, et en revenait, pas du tout nauséeux, au contraire: gonflé à bloc (Abellio,Pacifiques, 1946, p.357). Prononc. et Orth.: [nozeø], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. 1793 «qui donne des nausées» (B. des Sc. de la Société philomatique de Paris, avr., p.44 d'apr. FEW t.7, p.56b); 2. 1884 fig. (Huysmans, loc. cit.). Dér. de nausée*; suff. -eux*. |