| * Dans l'article "NATIONAL, -ALE, -AUX,, adj. et subst." NATIONAL, -ALE, -AUX, adj. et subst. I. − Adjectif A. − 1. [Correspond à nation B; p.oppos. à étranger, international] Qui est relatif à une nation; qui appartient en propre à une nation, qui la caractérise, la distingue des autres nations. Au fond les crédits qui allaient à des groupes industriels donnés, Maurice Perrot aurait voulu qu'on en fît un autre usage. Un peu moins d'aéroplanes, et un peu plus de routes. «Remarque, au point de vue national, les routes ont aussi leur importance. Une armée qui n'a pas de routes, c'est une jolie femme sans croupion!» (Aragon,Beaux quart., 1936, p.204).Le passage de la frontière rend un peu fou. À cette ligne, l'orgueil individuel revêt, épouse l'orgueil national; et quand on se regarde dans une glace, on voit −un Français (Valéry,Lettres à qq.-uns, 1945, p.91): 1. Si le coton n'est pas un produit national, les articles de coton doivent être un produit national, sortant des mains de l'ouvrier national, pour régner sur le marché national. (...) Je dis que le bonnet de coton doit être absolument national, que les fils qui le composent doivent sortir des broches nationales, que son tissage doit être national, son apprêt national, sa mèche nationale. Oui, national jusqu'au dernier brin.
Reybaud,J. Paturot, 1842, p.237. SYNT. Drapeau, pavillon national; chant, hymne national; commerce, économie, industrie, marché, production, revenu, richesse national(e); territoire national; exposition nationale; caractère, esprit, particularisme, sentiment, talent, tempérament, tradition national(e); histoire, réalité, spécificité nationale; politique nationale; instances, organismes nationaux. ♦ Langue* nationale. Honneur* national. Fête* nationale. Patrimoine* national. Produit* national brut (P.N.B.). ♦ Armée nationale. Armée composée de citoyens d'un pays à l'exclusion de tout mercenaire ou de volontaire étranger. La nation une, le droit égal, la conscience inviolable, la pensée reine, le privilège aboli, l'impôt consenti, la justice nationale, l'armée nationale, voilà ce que proclame la France (Hugo,Rhin, 1842, p.469): 2. J'étais plus convaincu que personne de la nécessité de former au plus tôt une grande armée américaine, aux ordres de son chef, sachant bien que dans les armées nationales le soldat ne se bat jamais aussi bien qu'aux ordres des officiers que son pays lui a donnés, qui parlent la même langue que lui et défendent la même cause avec les idées et les procédés qui lui sont familiers.
Foch,Mém., t.2, 1929, p.196. 2. a) Qui défend, sert les intérêts d'une nation; qui est en faveur de son développement, de son indépendance ou de sa formation. Conseil National de la Résistance (C.N.R.); armée, comité, mouvement de libération nationale; Front national de lutte pour l'indépendance de la France. Le parti national est représenté par les Débats, le Constitutionnel, le Courrier, le National (Balzac, OEuvres div., t.2, 1830, p.75).Le Parti Communiste Français s'incline devant la mémoire des patriotes tunisiens tombés victimes de cette politique (...) et se proclame solidaire des dirigeants du mouvement national arrêtés et déportés (L'Humanité, 19 avr. 1952, p.1, col. 1): 3. Le C.R.U.A. [Comité révolutionnaire pour l'Unité et l'Action] publie une proclamation, appelant à la constitution du F.L.N., Front de Libération nationale qui devra mener la lutte «par tous les moyens» jusqu'à la réalisation de l'objectif fixé: la reconnaissance de la nationalité algérienne; dans le même temps il préconise l'ouverture de négociations avec les autorités françaises.
A. Moine, Ma guerre d'Algérie, Paris, Éd. soc., 1979, p.12. b) [Avec une connotation raciste, xénophobe; la nation concernée étant considérée comme supérieure aux autres] Front national; révolution nationale; parti national fasciste. L'éternel refrain de style national: les étrangers nous sont inférieurs, au physique, au moral, ce sont des misérables auprès de nous, Grands Français, il faut les battre (Frapié,Maternelle, 1904, p.232).Ces malheureux parlaient encore de la révolution nationale et continuaient d'arborer la francisque, les uns par cette immobilité de conviction que confère la bêtise, les autres parce que le mythe de la collaboration continuait officiellement d'avoir cours au stalag (Ambrière,Gdes vac., 1946, p.339): 4. Ils mettaient de la forfanterie à exalter le bon sens borné, le réalisme violent, l'égoïsme national, sans pudeur, qui foule aux pieds la justice des autres et les autres nationalités, quand c'est utile à la grandeur de la patrie. Ils étaient xénophobes, anti-démocrates, et −même les plus incroyants −prônaient le retour au catholicisme...
Rolland,J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p.1545. − Subst. Militant d'un parti nationaliste: 5. Nous et sans doute aussi beaucoup des dirigeants cultivés, voyons le caractère provisoire (...) des nationalismes actuels. Bon pour le peuple. Nos intérêts suivent l'homme, l'universel; nos besoins sont autres, et ceux d'entre nous qui «vont au nationalisme» avec sincérité, le font en protecteurs et en guides du peuple, sans être eux-mêmes, dans le coeur ni par l'esprit, des «nationaux».
Larbaud,Journal, 1935, p.357. B. − [P.oppos. à local, régional] 1. Qui concerne une nation dans sa totalité. En étudiant cette haine nationale du prêtre chez nous, je me demande si ce n'est pas la révolte de la muflerie contre l'homme bien élevé, qui parle doucement, qui est propre, qui ne dit pas de gros mots, qu'on ne rencontre pas au café; en un mot, la haine de la brute encore sauvage contre le civilisé (Goncourt,Journal, 1865, p.165).Ils n'avaient jamais imaginé à leur professeur des amitiés aussi illustres, dont on rencontrait le nom à la fin des manuels de littérature et dont la presse saluait la perte comme un deuil national (Druon,Gdes fam., t.1, 1948, p.91): 6. Le conte est chez nous un genre national. Sous le nom de fabliau, puis de nouvelle, il est presque aussi vieux que notre littérature. C'est un goût de la race, qui aime les récits, mais qui est vive et légère et qui, si elle les supporte longs, les préfère parfois courts...
Lemaitre,Contemp., 1885, p.286. ♦ Concile national. Concile qui réunit tous les évêques d'une même nation. (Dict. xixeet xxes.). − Subst. La rotonde n'avait jamais été plus fastueusement ornée. (...) sur les courbes parois du cirque s'étalaient de haut en bas des tentures, des tresses de feuillage, des écussons, le régional et le national (Cladel,Ompdrailles, 1879, p.179). SYNT. Gloire, opinion, solidarité, volonté nationale; équipe nationale; record national; bureau national (d'un syndicat, etc.); loterie nationale; Confédération nationale du logement (C.N.L.); Conseil national du patronat français (C.N.P.F.); comité, congrès, convention national(e). 2. Qui appartient à l'État; qui est géré, organisé au niveau de l'État. L'armée enfin, l'armée nationale de terre et de mer, à qui le contribuable sacrifie tout dans l'intérêt de la défense nationale, et que les classes dirigeantes, maîtresses des hauts grades, prétendent mettre au service de leurs intérêts de classe (Clemenceau,Iniquité, 1899, p.153).Cette alerte effraya l'Assemblée et le pays, accrut leur haine du socialisme, auquel la guerre fut déclarée (...). Quinze jours plus tard, la majorité décidait de fermer les ateliers nationaux devenus une source de gaspillage et un foyer d'agitation (Bainville,Hist. Fr., 1924, p.190). ♦ Garde nationale. [De 1789 à 1871] Corps de citoyens armés, chargés de maintenir l'ordre et de contribuer à la défense du territoire. La garde nationale, restée en majorité bourgeoise, rétablit l'ordre rapidement (Bainville,Hist. Fr., 1924, p.190).Garde national. Homme armé qui fait partie de la garde nationale. Le samedi, au haut d'une barricade, dans la rue Lafayette, un gamin enveloppé d'un drapeau tricolore criait aux gardes nationaux: «Allez-vous tirer contre vos frères!» (Flaub.,Éduc. sent., 1869, p.171). ♦ Biens nationaux. Biens des émigrés, de l'Église qui furent confisqués sous la Révolution et vendus au profit de l'État. Cette révolution a été faite par des fous et des imbéciles au profit des acquéreurs de biens nationaux (...) elle n'aboutit en somme qu'à l'enrichissement des paysans madrés et des bourgeois usuriers (A. France,Lys rouge, 1894, p.106). ♦ Route* nationale. Emploi subst. On filait à toute pompe à travers le crépuscule sur la nationale 908 B (Queneau,Loin Rueil, 1944, p.215). − [Entre dans la dénomination d'un grand nombre d'institutions, d'organismes, d'établissements, de services publics dépendant étroitement de l'État] Agence nationale pour l'emploi (A.N.P.E.); Caisse nationale d'allocations familiales, d'assurance maladie, des retraites, de sécurité sociale; Centre national de la recherche scientifique (C.N.R.S.); École nationale d'administration (E.N.A.); Institut national d'études démographiques, de la statistique et des études économiques (I.N.S.E.E.); Institut national de la recherche agronomique (I.N.R.A.). Le centre de Saclay a créé sous l'égide du C E A et de l'Éducation Nationale un Institut national des Sciences et Techniques nucléaires (Goldschmidt,Avent. atom., 1962, p.244). ♦ Institut National des Sciences et des Arts ou Institut National. Institut fondé en 1795 (en remplacement des anciennes académies et sociétés savantes supprimées en 1793), il comprenait les classes des sciences physiques et mathématiques, des sciences morales et politiques, de la littérature et des beaux-arts. L'ex-ministre de la marine Fleurieu, aujourd'hui membre de l'institut national (Voy. La Pérouse,t.1, 1797, p.iii).Mais il est aisé de sentir que la connaissance physique de l'homme en est la base commune; que c'est le point d'où elles [les différentes parties de la science] doivent toutes partir, pour ne pas élever un vain échafaudage étranger aux lois éternelles de la nature. L'institut national semble avoir voulu consacrer, en quelque sorte, cette vérité d'une manière plus particulière, en appelant des physiologistes dans la section de l'analyse des idées (Cabanis, Rapp. phys. et mor.,t.1, 1808, p.5). ♦ Bibliothèque Nationale ou la Nationale ou B.N. Bibliothèque d'études et de recherches dont l'accès est soumis à des conditions et dont les fonctions essentielles sont la gestion du dépôt légal, l'acquisition des productions étrangères et la communication sur place. La salle métallique de lecture, contenue dans les bâtiments de pierre de la Bibliothèque nationale, est une merveille d'agilité et de grâce; c'est une vaste salle surmontée de coupoles sphériques, percée de larges baies; une salle posée comme sur des pédoncules effilés de fonte (Huysmans,Art mod.,1883, p.242).Ces mêmes volumes devaient se trouver à la Nationale, où sont déposés tous les livres publiés en France (Bourget,Actes suivent,1926, p.65).La B.N. est intervenue jusque dans la vie quotidienne des bibliothèques françaises: ce sont ses conservateurs qui sont responsables des premières normes de catalogage qui furent progressivement imposées à l'ensemble des bibliothèques françaises (Dict. des litt. de lang. fr., Paris, Bordas, 1984, p.271). ♦ Équipe nationale. ,,Équipe formée de joueurs sélectionnés qui représentent la nation dans une compétition internationale`` (Petiot 1982). Quand il y a quelques années, l'équipe de football néo-zélandaise vint en Angleterre et que, dès son premier match, elle battit l'équipe nationale anglaise, le pays fut consterné comme si nous avions perdu cette guerre (Maurois,Silences Bramble, 1918, p.11). SYNT. Académie, archives, budget, crédit, emprunt, entreprise, imprimerie, jardin, musée, parc, théâtre national(e/es). C. − [Correspond à nation D] 1. Qui est issu, représente la nation (v. ce mot D 1). La Prusse croit se reconnaître dans cet enfant de sa noblesse, qui a incarné violemment ses traditionnelles passions: farouche gallophobe, antisémite opiniâtre, ami de la Muse casquée, il n'a manqué, pour être promu poète national, que d'un art plus banal (Béguin,Âme romant., 1939, p.239). − Iron. et fam. Qu'ironiste par métier je deviens tout à coup sérieux pour cracher à la face de notre vieux pantin national, M. Henri Rochefort (Renard,Journal, 1898, p.472).Il me semblait que Dechambre jouait la sonate de Vinteuil pour Swann quand ce cercleux en rupture d'aristocratie, ne se doutait guère qu'il serait un jour le prince consort embourgeoisé de notre Odette nationale (Proust,Sodome, 1922, p.894). 2. Qui représente la nation (v. ce mot D 2), qui est issu, qui est le résultat d'une élection. Représentant national. Je dis que les députés du clergé et la noblesse n'ont rien de commun avec la représentation nationale, que nulle alliance n'est possible entre les trois ordres aux états généraux (Sieyès,Tiers état, 1789, p.80).Le respect pour la représentation nationale (...) existait dans toutes les têtes de 1790, comme si cette représentation eût daté d'un siècle, et non d'une année (Staël,Consid. Révol. fr., t.1, 1817, p.298). ♦ Assemblée* nationale. II. − Subst. Personne d'une nationalité déterminée. Synon. ressortissant.Je voudrais que les mêmes hommes fissent imprimer (...) différens morceaux des langues étrangères (...) en consultant des nationaux instruits (...) pour être bien sûr de la prononciation et de la prosodie (Destutt de Tr.,Idéol., 1803, p.388).À Saïde, nous descendons au kan français, immense palais de notre ancien commerce en Syrie, où nos consuls réunissaient tous les nationaux sous le pavillon de la France (Lamart.,Voy. Orient, t.1, 1835, p.294).Ferral pensait que les puissances abandonneraient leurs nationaux, comme l'Angleterre l'avait fait à Han-Kéou (Malraux, Cond. hum.,1933, p.237). Prononc. et Orth.: [nasjɔnal], [nɑ-]. Plur. masc. [-o]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Relatif à une nation a) 1534 concile national (Arch. de Besançon, Mém. des griefs de la Commune in R. hist. t.1, 1876, p.130 ds Fonds Barbier: concille general ou nacionnal); b) 1550 (Meigret, Traité de la gramm. fr., éd. W. Foerster, p.31, 23: noms appellatifs naçonaos); c) 1756 assemblée nationale «états-généraux» (D'Argenson, J. et mém., t.9, p.316) cf. Encyclop. 1765 t.14, p.143b; 1789 assemblée nationale (proclamée le 17 juin) (Duvergier, Collection des lois, décrets, 17 juin, t.I, p.27 ds Frey, p.45); d) 1789 garde nationale (La Fayette, 16 juill., v. Brunot t.9, pp.786-787); e)1875 route nationale (Lar. 19e); 1933 subst. la nationale (Malègue, Augustin, t.2, p.96); 2. 1769 subst. les nationaux «les ressortissants d'une nation» (Voltaire, Précis du siècle de Louis XV, t.2, p.46); 3. a) 1789 «qui est issu de la nation, qui la représente» (Mirabeau, Paroles adressées, dans la Séance royale du 23 juin... ds Rob.: nous sommes ici par la volonté nationale); b) 1866 fam. «adopté comme représentatif par une communauté quelconque» (Veuillot, Odeurs de Paris, p.163: sa dernière création [d'une artiste]... qui sera le chant national de la saison); 1922 (Proust, loc. cit.). Dér. de nation*; suff. -al*. Fréq. abs. littér.: 6358. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 8905, b) 8748; xxes.: a) 6000, b) 11146. DÉR. Nationalement, adv.a) De manière, de façon nationale.
α) [Correspond à national I A 1] Elle permet d'isoler idéalement des tendances longues pour des économies dont on peut supposer d'autre part qu'elles sont régularisées nationalement et supranationalement par les politiques anti-cycliques (Perroux,Écon. xxes., 1964, p.538).
β) [Correspond à national I B] Les EFAA sont organisés soit nationalement, soit départementalement (Robert,Artis., 1966, p.158).b) Par ordre, au profit de la nation. Vendue nationalement la maison du baillage, elle fut achetée par la commune, qui en fit la mairie (Balzac,Paysans, 2epart., 1850, p.267).− [nasjɔnalmɑ
̃]. Att. ds Ac. 1798-1878. − 1resattest. a) 1739 «d'une façon nationale» (D'Argenson, Journal, t.II, p.340 ds Brunot, t.6, p.139, note 6), b) 1839 «par ordre de la nation» (Balzac, Curé vill., p.4: un château vendu nationalement); de national, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér.: 10. BBG. −Dub. Pol. 1962, p.350-351. _ Gall. 1955, p.70. _ Quem. DDL t. 15, 17, 18. _ Rabotin (M.). Le Vocab. pol. et socio-ethnique à Montréal de 1829 à 1842. Paris-Bruxelles, 1975, p.73, 74. _ Vardar Soc. pol. 1973 [1970], p.272. |