| NAIN, NAINE, subst. et adj. I. − Substantif A. − Subst. masc. ou fém. Personne de taille nettement inférieure à la moyenne. Anton. géant.Vous êtes, vous paraissez un nain à côté de lui (Ac.). La tsarine (...) s'avisa qu'une naine, qui venait quelquefois l'amuser par ses bouffonneries, avait jeté un sort au tsarévitch (Mérimée,Faux Démétrius,1853, p.12).Un nain (...) parfaitement constitué sans nulle disconvenance des proportions dans son petit format (Arnoux,Seigneur,1955, p.74): 1. ... assis côte à côte au fond d'une luxueuse voiture, deux nains dont l'un avait la taille d'un enfant de sept ans; l'autre était beaucoup plus petit et beaucoup plus vieux, et dans son minuscule visage tout ridé se lisait un désespoir comme je n'en ai jamais vu...
Green,Journal,1938, p.154. − P. anal., péj., vieilli. Personne que son manque de qualités rend bien inférieure à ses semblables. Des gens nuls et des nains littéraires Trouvent des partisans et des thuriféraires (Pommier,Océanides,1839, p.185).Ce pauvre nain [Poincaré], environné de flatteurs, avait fini par croire à sa propre personnalité (L. Daudet, Clemenceau,1942, p.304). B. − Subst. masc. 1. JEUX. Nain jaune. Jeu de cartes où les mises sont placées sur un tableau au milieu duquel est représenté un nain vêtu de jaune, tenant à la main un sept de carreau; p. méton. sept de carreau à ce jeu (v. lindor B). Je fréquentais avec plaisir certaines de mes camarades. Nous faisions des parties de nain jaune ou de loto (Beauvoir,Mém. j. fille,1958, p.60): 2. ... elle finit par obtenir de sa mère qu'elle abandonnât le jeu du nain jaune, comme nuisible par les veilles qu'il occasionnait et les petites querelles et chamailleries qu'il suscitait invariablement.
Reider,MlleVallantin,1862, p.146. 2. Créature légendaire de très petite taille. Blanche-Neige et les sept nains. Fuyons ces lieux que les esprits chérissent; (...) Je vois au loin, sur les montagnes, Les nains danser à l'entour des peulvans (Borel,Rhaps.,1831, p.144).Un nain (...) des contes d'Hoffmann (Green,Journal,1948, p.184). II. − Adj. De taille nettement inférieure à la moyenne. A. − [En parlant d'une pers., du corps humain ou de l'une de ses parties] Jeune fille naine de seize ans, paraissant en avoir douze, à qui la mère faisait mettre des pantalons d'enfant (Goncourt,Journal,1854, p.154).Une assez belle tête sur un corps nain et difforme (Sand,Hist. vie,t.2, 1855, p.322).Les boules superposées de son corps et de sa tête tremblotaient d'une joie gélatineuse sur ses énormes jambes naines (Malègue,Augustin,t.1, 1933, p.90). B. − [En parlant d'un animal, d'un ensemble d'animaux ou d'une plante] Arbuste, buis, capucine, chêne, cyprès, olivier, palmier, rosier nain(e); chèvre, pigeon, poule nain(e); race naine. Ces arbres japonais nains qu'on sent très bien être tout de même des cèdres, des chênes, des mancenilliers (Proust,Prisonn.,1922, p.130). C. − [En parlant d'un inanimé] Une tour naine coiffée d'un minuscule dôme (Huysmans,En route,t.2, 1895, p.247).La grande brise des Flandres roulait derrière les persiennes closes avec un grondement marin (...) sur les collines naines, les moulins surmenés se jetaient l'un à l'autre leur cri déchirant (Bernanos,M. Ouine,1943, p.1379). ♦
Œuf nain. ,,Œuf de poule qui ne contient point de jaune`` (Ac.). ♦ ASTRON. Étoile naine, et, p. ell., naine, subst. fém. ,,Étoile dont le diamètre est relativement petit`` (Quillet 1965). Naine blanche. ,,Étoile très petite (...) dont la température superficielle est élevée (...) et qui donne donc une lumière blanche riche en rayons bleus`` (Quillet 1965). Les naines blanches présentent de très grandes densités et leur matière comporte un gaz dégénéré d'électrons (Astron. [cilf] 1980).V. Encyclop. Sc. Techn. t.9 1973, p.86. ♦ CH. DE FER. Signal nain. ,,Signal disposé au niveau du rail`` (Lar. encyclop.). Prononc. et Orth.: [nε
̃], fém. [nεn]. Ac. dep. 1694: nain, naine. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1170 subst. masc. «homme de très petite taille» (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 146); xiiies. subst. fém. naine contrete (Vies des anciens Pères. Malaquin, éd. Méon, Nouv. recueil de fabliaux, t.2, p.286, 224); fin xiiies. nine (Chrétien de Troyes, Erec, ms. B.N. 1420, fo9 vo; correspond à vielle ds éd. M. Roques (2129) et W. Foerster (2183); 2. fig. «personne de peu d'envergure» (Voltaire, Lett. pr. roy. de Pr. ds Littré); 3. 1840 nain jaune (Ac. Compl. 1842). B. Adj. 1. ca 1210 fig. «de peu de valeur, de peu de considération» (Raoul de Houdenc, Songe d'Enfer, éd. Ph. Lebesgue, 134); 2. 1269-78 qualifiant un végétal cedre nain (Jean de Meun, Rose, éd. F.Lecoy, 5932); 1636 qualifiant une pers., un animal (Monet, s.v.: homme nain, cheval nain, poule naine). Du lat. nanus «nain». Fréq. abs. littér.: 497. Fréq. rel. littér.: .ixes.: a) 732, b) 1166; xxes.: a) 636, b) 480. |