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NÉCESSITER, verbe trans.
A. − [Correspond à nécessaire I A] Rendre quelque chose nécessaire, indispensable; exiger, requérir. Une triste affaire nécessite absolument la présence de toute la famille au Cayla (E. de Guérin, Lettres, 1840, p.361).Le général Douglas Haig indiqua que, si les circonstances militaires le nécessitaient, il attaquerait dès le 1erfévrier (Joffre, Mém., t.2, 1931, p.357).Tout cela demandait toujours beaucoup de temps, tout cela nécessitait beaucoup de conciliabules (Duhamel, Suzanne, 1941, p.148).
Nécessiter de + inf.(vx). S'il croyait que mes papiers (...) nécessitaient d'être mis sous les yeux des ministres (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t.2, 1823, p.555).Ces coiffures qui nécessitèrent d'exhausser de plusieurs coudées le cintre des portes féodales (Villiers de L'I.-A., Contes cruels, 1883, p.259).
Nécessiter que + prop. au subj.Une rechute assez sérieuse pour nécessiter qu'on le veillât plusieurs nuits de suite (Verlaine, OEuvres posth., t.1, Histoires comme ça, 1896, p.324).La multiplicité des affaires de trahison et de propagande antimilitariste nécessitait qu'on en finît une bonne fois avec la loi militaire (Aragon, Beaux quart., 1936, p.434).
B. − [Correspond à nécessaire I B] Déterminer de façon nécessaire.
1. Nécessiter qqc.Rendre quelque chose inévitable, inéluctable; entraîner infailliblement comme conséquence. Mon malheur me fit faire connaissance d'une grande et jolie personne (...). Un enchaînement singulier de circonstances nécessita notre liaison (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p.4).Il ne s'agit point seulement d'inventer l'événement le plus apte à révéler le caractère; c'est le caractère lui-même qui doit nécessiter l'événement (Gide, Journal, 1910, p.308):
1. Nous disons, non que la croissance et la condensation des sociétés permettent, mais qu'elles nécessitent une division plus grande du travail. Ce n'est pas un instrument par lequel celle-ci se réalise; c'en est la cause déterminante. Durkheim, Divis. trav., 1893, p.244.
Emploi pronom. réciproque. Dans le système de l'univers, toutes les parties se rapportent les unes aux autres; tous les mouvemens sont coordonnés; tous les phénomènes s'enchaînent, se balancent, ou se nécessitent mutuellement (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t.2, 1808, p.393).
PHILOS. [Le suj. désigne un être, un principe] Être la cause nécessaire de quelque chose. Jamais je n'atteindrai jusqu'au bonheur parfait de contempler Dieu, de connaître le principe qui contient et qui nécessite tout (Barrès, Homme libre, 1889, p.181).
2. PHILOS., THÉOL. [L'obj. exprimé ou sous-entendu désigne une pers. ou une faculté, une action de la pers.] Contraindre (une personne, sa volonté, son action) d'une manière qui la détermine strictement. La sensibilité doit pouvoir être rapportée au vouloir comme un motif qui incline sans nécessiter (Ricoeur, Philos. volonté, 1949, p.125).V.grâce I A 2 ex. de Sainte-Beuve:
2. ... l'âme humaine tout entière est un produit, et, comme telle, nécessitée dans ses moindres mouvements par des causes profondes que le plus souvent elle-même ignore. Une telle théorie, en dépit des plus ingénieux efforts, est exclusive de la notion du bien et de celle du mal. Bourget, Nouv. Essais psychol., 1885, p.282.
Au part. passé passif et sans compl. Qui est soumis à la nécessité, au déterminisme; qui en procède. Si les actions des hommes étaient nécessitées, elles tendraient toutes nécessairement à la perfection de l'homme (Lamennais, Indifférence, t.1, 1817-23, p.221).Nous écoutons les médecins qui nous disent en regardant les assassins: «Ils sont nécessités. Celui-ci tient son crime de son atavisme; cet autre le tient du milieu dans lequel il a été plongé» (Barrès, Cahiers, t.7, 1908, p.24).
C. − Vx ou littér. Nécessiter qqn. ou plus cour. au passif, être nécessité à, de + inf.Mettre, être dans la nécessité, dans l'obligation de faire quelque chose; forcer à ou être forcé de faire quelque chose. Dès que vous l'attaquez, vous le nécessitez à se défendre (Ac.1798-1878).Puisque nous étions nécessités d'attendre, au moins un mois, les différentes provisions dont nous avions adressé l'état à l'intendant de Manille (Voy. La Pérouse, t.2, 1797, p.345).Je ne vois pas le livre que je dois faire. Je ne me sens pas nécessité à écrire (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p.152).
REM.
Nécessitation, subst. fém.Fait de nécessiter, de déterminer d'une façon nécessaire; état qui en résulte. La détermination dont il s'agit ici n'est pas une nécessitation (Leibnitzds Ac. Compl.1842).Cette sorte de nécessité, de nécessitation logique [chez Chopin], qu'il fallait désormais chercher ailleurs que dans le contrepoint (Gide, Journal, 1934, p.1196).
Prononc. et Orth.: [nesesite], (il) nécessite [-sit]. Ac. 1694, 1718: necessiter; dep. 1740: né-. Étymol. et Hist. 1. xives. «contraindre par une forte nécessité» (Jeh. d'Arkel, Art d'amour, I, 244, J. Petit ds Gdf. Compl.); 2. 1694 philos. (Ac.); 3. 1757 «rendre nécessaire» (Mirabeau, Popul., 221 ds Brunot t.6, p.1362: éclats (...) qui nécessitent l'abstention de la justice et de la police). Empr. au lat. médiév. necessitare «contraindre, obliger». Fréq. abs. littér.: 373. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 662, b) 301; xxes.: a) 593, b)505.