| * Dans l'article "MÉTAPHYSIQUE2,, adj." MÉTAPHYSIQUE2, adj. PHILOSOPHIE A. − 1. Qui relève de la métaphysique. Le dogme métaphysique de l'immortalité ou de l'éternité de l'être (P. Leroux,Humanité,1840, p. 360).La donnée fondamentale de toute réflexion métaphysique, c'est que je suis un être non transparent pour lui-même, c'est-à-dire à qui son être même apparaît comme un mystère (G. Marcel,Journal,1922, p. 281): 1. Tel est le sens de la double affirmation de Parménide: «l'être est, le non-être n'est pas» que l'on peut considérer comme l'acte de conscience métaphysique [it. ds le texte] sans lequel tout autre acte de pensée perdrait son support et sa validité.
L. Lavelle,Introd. à l'ontologie,Paris, P.U.F., 1947, p. 9. SYNT. Axiome, concept, postulat, principe métaphysique; analyse, argument, connaissance, hypothèse, pensée, question, spéculation, théorie métaphysique; discussion, langage métaphysique. − PEINT. École métaphysique. École qui se forma vers 1914 autour du peintre De Chirico, dont la recherche était fondée sur la méditation (d'apr. Bég. Dessin 1978). 2. Porté vers la métaphysique. Esprit métaphysique. Descartes, dont le génie était essentiellement métaphysique (J. Simon,Relig. natur.,1856, p. 19). ♦ Avoir la tête métaphysique. Être porté vers la métaphysique. Elle s'emportait, cherchait des arguments, restait sur le carreau, ignorante de ces questions, n'ayant pas la tête métaphysique (Zola,Joie de vivre,1884, p. 884). B. − 1. [P. oppos. à empirique, expérimental, positif] Qui dépasse le domaine des phénomènes, pour atteindre la chose en soi. L'intuition métaphysique, quoiqu'on n'y puisse arriver qu'à force de connaissances matérielles, est tout autre chose que le résumé ou la synthèse de ces connaissances (Bergson,La Pensée et le mouvant,Genève, A. Skira, 1946, p. 216).Si la perspective métaphysique nous paraît pleinement mériter le nom de «philosophie éternelle», c'est en raison de son caractère d'intégralité ou d'universalité qui lui permet de transcender toutes les formes du dogmatisme (G. Vallin,La Perspective métaphys.,Paris, P.U.F., 1959, p. 125): 2. Si l'on ne prétend plus guère apporter la grande réponse métaphysique définitive, des notions métaphysiques se glissent partout, car on doit, répétons-le, appeler métaphysique tout ce qui prétend dépasser la position, la reconstruction mentale d'une forme et rester néanmoins une connaissance.
Ruyer,Esq. philos. struct.,1930, p. 306. − [Chez A. Comte] Âge, état métaphysique (p. oppos. à âge, état théologique et âge, état positif). État qui ,,consiste à expliquer les faits par des entités dont nous n'avons aucune expérience`` (Foulq.-St-Jean 1962). La jeunesse étant l'âge métaphysique par excellence, comme Auguste Comte l'a bien vu, cette expression métaphysique et abstraite de leur révolte est évidemment celle qu'ils choisissent [les surréalistes] de préférence (Sartre,Sit. II,1948, p. 222). − Expérience métaphysique. Nous en venons à cette idée qu'il n'y a pas d'objet de l'expérience métaphysique, c'est une expérience sans objet qui nous fait retourner vers le sujet (...). L'homme qui a une expérience métaphysique est cette expérience métaphysique (J. Wahl,L'Expérience métaphys.,Paris, Flammarion, 1965, p. 118). 2. [P. oppos. à physique] Qui relève d'un ordre transcendant, celui de l'essentiel, de l'absolu. Certitude, nécessité, vérité métaphysique. L'effort pour rattacher le charme à ce qu'il y a de plus métaphysique dans la personne, à cette qualité irréductible et inobjectivable qui n'est sans doute qu'une autre face de ce que nous appelons l'existence (G. Marcel,Journal,1923, p. 292).L'erreur de tous les philosophes qui placent dans l'intellect le principe métaphysique, indestructible et éternel de l'homme (J. Vuillemin,Essai signif. mort,1949, p. 62): 3. Il faut sans doute reconnaître que la pudeur, le désir, l'amour en général ont une signification métaphysique, c'est-à-dire qu'ils sont incompréhensibles si l'on traite l'homme comme une machine gouvernée par des lois naturelles...
Merleau-Ponty,Phénoménol. perception,1945, p. 194. 3. Qui dépasse les bornes de l'entendement, de la raison. Abomination, massacre, péché, révolte métaphysique. L'attitude la plus franche, somme toute, c'était de se supprimer; j'en convenais et j'admirais les suicides métaphysiques (Beauvoir,Mém. j. fille,1958, p. 229).Et ainsi l'extermination des Juifs est le produit de la méchanceté pure et de la méchanceté ontologique (...). Ce crime contre-nature, ce crime immotivé, ce crime exorbitant est donc à la lettre un crime «métaphysique» (Jankél.,Pardonner?Paris, Le Pavillon, 1971, p. 21). − PSYCHOL. Angoisse, désespoir, détresse, vertige métaphysique. Cette grande peur métaphysique qui est à la base de tout le théâtre ancien (Arthaud,Théâtre et son double,1938, p. 53).Je connais les effets de l'inquiétude métaphysique. Rien ne marque davantage les visages en creux, si ce n'est l'ambition déçue ou la justice des hommes (Abellio,Pacifiques,1946, p. 107). C. − Péj. D'une abstraction, ou d'un vague incompréhensibles. Jargon métaphysique; rêveries métaphysiques. Ce que vous nous dites là est bien métaphysique (Ac.1835, 1878).Les polémiques interminables et passionnées que suscite ce problème, qui constituait un terrain particulièrement favorable aux divagations métaphysiques ou théologiques (Bourbaki,Hist. math.,1960, p. 40).V. aussi métaphysicien ex. 2. REM. Métaphysico-, élém. de compos.élém. de compos. représentant l'adj. métaphysique; le 2eélém. est un adj. du domaine philos. ou des sc. hum. a) Métaphysico-psychologique. La liberté est ainsi à la fois la condition métaphysico-psychologique et le contenu indéterminé de la responsabilité radicale (Jankél.,Je-ne-sais-quoi,1957, p. 223).b) Métaphysico-théologique. Cette métamorphose substantielle d'une pensée d'abord toute scientifique et métaphysico-théologique en «réalité seconde» intuitive et en doctrine transcendantale, s'est opérée par degrés (Valéry,Variété V,1944, p. 280). c) Métaphysico-transcendantal, -ale, -aux. Leménant déverse quotidiennement à la fenêtre son speech dévot et son spleen métaphysico-transcendantal (Villiers de l'I.-A.,Corresp.,1859, p. 36). Prononc. et Orth. V. métaphysique1. Étymol. et Hist. 1546 metaphisique «relatif à la métaphysique» (Palmerin d'Olive, 223b ds Rom. Forsch. t. 32, p. 105); 1637 «abstrait» (Descartes, Discours de la méthode, éd. F. Alquié, t. 1, p. 601 et note 3). Empr. au lat. scolast. metaphysicus «id.» (1267 ds Latham), dér. de metaphysica, v. métaphysique1. L'angl. metaphysic «relatif à la métaphysique» est att. dep. 1528 ds NED. DÉR. Métaphysiquement, adv.a) [Qualifie un verbe] D'une manière métaphysique; en utilisant les ressources de la métaphysique. Démontrer, expliquer métaphysiquement. Platon et Cicéron, chez les anciens, Clarke et Leibnitz, chez les modernes, ont prouvé métaphysiquement et presque géométriquement l'existence du souverain être (Chateaubr.,Génie,t.1, 1803, p.156).Dans le monde manifesté et métaphysiquement parlant, le mal est la loi permanente (Artaud,Théâtre et son double,1938, p. 124).b) [Qualifie un adj.] Du point de vue de la métaphysique. Métaphysiquement faux, impossible, possible. Ce point infinitésimal du consentement, plus petit que toute chambre secrète et métaphysiquement inviolable parce qu'il est impossible, sous peine de non-sens, d'y pénétrer par effraction violente, ce point enfin de la réserve mentale et de la restriction cordiale (Jankél.,Je-ne-sais-quoi,1957, p. 260).− [metafizikmɑ
̃]. Ac. 1694, 1718: metaphysiquement, dep. 1740: mé-. − 1reattest. 1671 metaphysiquement (Jacques Rohault, Traité de phys., t. 1, préf., p. 6); de métaphysique2, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér.: 72. STAT. − Métaphysique1 et 2. Fréq. abs. littér.: 2733. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3667, b) 1762; xxes. a) 3350, b) 5534. |