| MÊLER, verbe trans. I. − Emploi trans. A. − [L'obj. désigne des choses concr.] 1. Mettre ensemble et mélanger, de manière à former un tout dont les éléments ne sont plus discernables. a) Synon. mélanger (plus fréq. dans ce sens), amalgamer, malaxer, mixtionner.Mêler des choses, deux ou plusieurs choses; mêler étroitement, intimement, inextricablement deux choses; mêler des substances, des liquides, des drogues; mêler des sons, des odeurs: 1. Les légumes, le lait et le fromage, avec une sorte de pain composé des diverses farines de seigle, d'orge et de pois mêlés ensemble, formaient toute leur nourriture.
Dusaulx,Voy. Barège, t.1, 1796, p.66. ♦ Mêler les couleurs. Les mélanger. C'est (...) artificiellement que sur la palette un peintre mêle diverses couleurs pour composer un ton (Mauclair, Maîtres impressionn., 1923, p.26). ♦ Mêler le vin (vx). ,,Mettre ensemble des vins de diverses sortes`` (Littré). Synon. couper, frelater. ♦ Mêler du mortier. Mélanger les éléments dont le mortier est constitué. Il mêla du mortier, lia des fagots (Maupass.,Contes et nouv., t.2, Vagabond, 1887, p.668). ♦ Mêler deux races d'animaux. Accoupler des animaux de race différente. Au fig. Tous les loups d'Outre-Rhin ont mêlé leurs espèces: Vandale, germain et teuton (Leconte de Lisle,Poèmes trag., 1884, p.79). b) Mêler une chose avec une autre. On tempéreroit l'effet de l'émétique en le mêlant avec la manne (Geoffroy,Méd. pratique, 1800, p.189).Lorque la béchamel est réduite, mêlez la purée de champignons avec la sauce (Gdes heures cuis. fr.,J. Gouffé,1877, p.185). 2. Ajouter une chose à une autre, de manière à former un tout. Synon. mélanger. a) Mêler une chose à une autre. Une formule pour mêler l'essence de noisette à des corps oléagineux moins chers (Balzac,C. Birotteau, 1837, p.160).V. amalgamer ex. 3: 2. ... vous les broyez [les pommes de terre] dans la casserole, les passez par le tamis de crin, et les pilez ensuite en y mêlant deux jaunes d'oeufs et un peu de crème bien épaisse.
Gdes heures cuis. fr.,Carême,1833, p.143. − Rare. Mêler d'une chose à une autre. Est-ce que tu ne crois pas qu'il a mêlé de son sang au nôtre, et que désormais il est de la famille? (Zola,Dr Pascal, 1893, p.120). b) Mêler une chose dans une autre. Probablement ces femmes avaient mêlé dans ma boisson quelques-unes de ces drogues assoupissantes dont elles ont le secret (Mérimée,Carmen, 1847, p.49). c) Rare. Mêler une chose parmi d'autres. Mon nom saxon, mêlé parmi des cris de guerre (Hugo,
Œuvres compl., t.1, Odes et ballades, Paris, Hetzel, 1880 [1828], p.237). d) Mêler une chose d'une autre. Il avait mêlé fortement son café de cognac (Maupass.,Contes et nouv., t.1, Veillée, 1882, p.796). 3. Mettre en désordre, brouiller a) Mettre en désordre, brouiller (ce qui doit l'être): 3. J'ai écrit le nom de sept villes différentes sur autant de billets; je les ai mêlés, et j'en ai tiré un au hasard. J'irai donc demeurer à Wilna, puisque Wilna m'est tombé sous la main.
Gobineau,Pléiades, 1874, p.202. ♦ Mêler les cartes. Les battre. Un joueur, dont les manières, le regard, la voix, la façon de mêler les cartes leur prédisent une défaite (Balzac,Tén. affaire, 1841, p.17). b) Mettre en désordre, brouiller (ce qui est normalement séparé). Synon. emmêler.L'homme (...) mêla ses pieds d'une façon si inextricable, qu'il ne distingua plus le droit du gauche (Hamp,Marée, 1908, p.30). − Région., pop. Mêler ses sabots. ,,Coucher avec une femme ou une fille. Expression normande`` (France 1907). − P. ext. Imbriquer. Le vent qui vient mêler ou disjoindre les branches (Noailles,Coeur innombr., 1901, p.12). c) Mettre en désordre, brouiller (ce qui est normalement rangé, ordonné, classé). Mêler des fiches, des dossiers, des papiers... C'était une encyclopédie dont on avait mêlé les feuilles à la reliure (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t.2, 1823, p.511). 4. Rare, vx. Mêler une serrure. ,,Fausser les gardes ou quelque ressort d'une serrure, en sorte que la clef ne puisse ouvrir`` (Littré). B. − [L'obj. désigne des choses abstr.] 1. [En parlant d'une pers. ou p. méton. de son corps, de son esprit] Présenter simultanément des qualités, des traits caractéristiques différents, voire opposés. Le modelé farouche de cette tête mêlant hideusement l'ombre et la lumière (Hugo,Homme qui rit, t.3, 1869, p.154).Quand la Bacchante mêle à ses attraits violents la naïve innocence (...) quel fils d'Adam lui résisterait? (Arnoux,Roi, 1956, p.233).Une des grandes singularités de Gide, c'est d'avoir mêlé en sa personne J. J. Rousseau et les Encyclopédistes (Cocteau,Poés. crit. I, 1959, p.209). 2. Réunir, associer. a) [Le suj. désigne un animé] Converser agréablement sans s'appesantir sur les objets, mêler l'enjouement à la gravité, se proportionner aux personnes qui écoutent (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p.1616). b) [Le suj. désigne un inanimé] L'arrivée du Roi, la rentrée du Parlement, l'ouverture de la saison des fêtes, mêlaient les devoirs, les affaires et les plaisirs (Chateaubr.,Mém., t.3, 1848, p.100): 4. Les phénomènes de la nature se présentent le plus souvent accompagnés de tant de circonstances étrangères; un si grand nombre de causes perturbatrices y mêlent leur influence, qu'il est très-difficile, lorsqu'ils sont très-petits, de les reconnaître.
Laplace,Théorie analyt. probabil., 1812, p.349. 3. Confondre. Il ne faut pas tout mêler. À la fin elle ne pouvait plus, mêlait tout, modelait d'autres mots, s'énervant jusqu'à la folie (Maupass.,Une Vie, 1883, p.254).Je ne suis pas victime d'une confusion, je ne mêle pas la pensée causale et la réflexion (Merleau-Ponty,Phénoménol. perception, 1945, p.251). C. − [L'obj. désigne des êtres animés] 1. Mêler qqn à qqc.Faire prendre part à; impliquer dans. (Essayer de) mêler qqn à la conversation, aux entretiens, à la négociation. Était-il besoin de mêler ce garçon qui m'était confié à cette triste intrigue (...)? (Bourget,Disciple, 1889, p.131).Nicole a été mêlé de très près aux débuts de cette affaire (Bremond,Hist. sent. relig., t.4, 1920, p.483).Vous n'allez pas mêler Mademoiselle Isabelle à ces scandales? (Giraudoux,Intermezzo, 1933, I, 5, p.41). − Plus rarement. Mêler qqn dans qqc.Nous avons mêlé Dieu dans nos querelles (Lamart.,Voy. Orient, t.1, 1835, p.37).Malgré mon innocence, je puis être mêlé dans un procès infâme (Balzac,Splend. et mis., 1846, p.472).Mais il est fâcheux qu'il ait été mêlé dans cette bagarre (Champfl.,Souffr. profess. Delteil, 1853, p.215). 2. Rare. Unir dans une activité commune. Ils ne menaient pas grand vacarme, au milieu des bavardages de porte à porte, des voisinages mêlant les femmes, dans un continuel remous d'appels, de réponses, d'objets prêtés, de mioches chassés ou ramenés d'une claque (Zola,Germinal, 1885, p.1260). 3. Rare. Mêler deux personnes, mêler qqn avec qqn d'autre. Les confondre l'un avec l'autre. Mais la pauvre dame se faisait vieille; elle (...) radotait un peu et mêlait étrangement M. Crottu avec un ancien oratorien (A. France,Vie fleur, 1922, p.319). ♦ Mêler une personne à une autre. Hans [à Christine]: Vous irez dans cette ville qui vous hait, parce qu'elle vous mêle à ma personne (Cocteau,Bacchus, 1952, II, 8, p.151). ♦ En partic. Confondre ou associer dans les propos. J'éprouvai une impression étrange et terrible à m'entendre ainsi mêlé à des êtres et des choses d'un autre âge (A. France,Vie fleur, 1922, p.335). 4. Région. (Canada). ,,Embrouiller, faire perdre à quelqu'un le fil de ses idées. Tais-toi donc, tu me mêles, et je ne sais plus quoi dire`` (Canada 1930). Emploi pronom. réfl. S'embrouiller. Il se vantait de connaître les chantiers d'en haut comme ses prières et il ajoutait immanquablement: − Mieux que mes prières, parce que je me mêle des fois (M. Trudel,Vézine, Montréal, Fides, 1946, p.62 ds D.Rogers, Dict. de la lang. québecoise rurale, Montréal, 1977, p.164). 5. HIPPISME, vx. Mêler un cheval. ,,Embrouiller son travail, de telle manière qu'il ne sache plus ce qu'on exige de lui`` (Littré). II. − Emploi pronom. A. − Se mêler, se mêler à, avec.S'unir pour former un tout. 1. [Le suj. désigne un inanimé] a) [concr.] L'eau de la fontaine crevée se mêlait avec le sang (Flaub., Éduc. sent., t.2, 1869, p.110).Une humidité fétide, dont la puanteur se mêlait à l'âcreté de l'oignon cuit (Zola,Assommoir, 1877, p.422).Toute la plaine était vide, à travers une poussière d'eau qui délavait les formes proches, les silhouettes d'arbres isolés (...) dans un gris uniforme, triste, où se mêlaient le ciel et la terre (Genevoix,Raboliot, 1925, p.98). b) [abstr.] La plaisanterie se mêle à la fureur, la douceur à l'amertume. Car l'égoïsme et l'amour se mêlaient si bien dans mon sentiment, qu'il ne m'était plus possible de discerner si... (Milosz,Amour. initiation, 1910, p.68).La concurrence est pure si elle ne comporte aucun mélange, c'est-à-dire ne se mêle à aucune force de monopole (Perroux,Écon. XXes., 1964, p.282): 5. ... c'est la satisfaction de lire vos articles si élevés et si charmants, où la grâce d'un noble esprit se mêle à la générosité du coeur.
Hugo,Corresp., 1862, p.394. − Impers. Il se mêle à...Et il s'y mêle encore un souvenir de l'homme qui les a fait souffrir et jouir, qu'elles ont méprisé peut-être, mais aimé (Rolland,J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p.1515). − Se mêler dans.Entrer dans. La vanité se mêle dans tout ce qu'ils font (Baudry des Loz.,Voy. Louisiane, 1802, p.297). 2. [Le suj. désigne un animé] a) Se mêler à qqc. (une activité).Se mêler à des jeux, à la conversation, à une querelle. Le marquis vint se mêler à l'entretien (Sandeau,Mllede La Seiglière, 1848, p.55).Nous qui ne nous mêlons pas directement à la guerre (Colette,Pays. et portr., 1954, p.237): 6. Le papier blanc, l'encre, la plume m'effrayent. Je sais qu'ils se liguent contre ma volonté d'écrire. Si j'arrive à les vaincre, alors la machine s'échauffe, le travail me travaille, et l'esprit va. Mais il importe que je m'y mêle le moins possible, que je somnole à demi, la moindre conscience de ce mécanisme l'interrompt.
Cocteau,Diff. d'être, 1947, p.14. − Rare. [Le subst. introd. par à ne désigne pas une activité] J'aurais voulu (...) me vautrer dans la neige étincelante, me mêler à toute cette nature, et me fondre comme un atome dans cette immensité (Gautier,Tra los montes, 1843, p.68). b) Se mêler.Se mêler à, avec d'autres; se mêler dans, parmi (vx) (un groupe, une collectivité). Il descend, se mêle dans la foule (Jouy,Hermite, t.4, 1813, p.286).Je veux seulement (...) me mêler parmi les groupes des mécontents (Scribe,Bertrand, 1833, II, 2, p.149).Nous nous étions mêlés tous deux aux badauds (Gide,Journal, 1935, p.1233).Blancs et noirs se mêlaient sans s'unir (De Gaulle,Mém. guerre, 1956, p.16): 7. Ce ne sont point non plus les individus composant le parti des émigrés qui déplaisent aux Français; restés en France, ils se sont mêlés avec eux dans les camps...
Staël,Consid. Révol. fr., t.2, 1817, p.168. − Absol., vx. Se mêler.[En parlant d'animaux ou en parlant de races] ,,S'accoupler ou s'unir par des croisements`` (Littré; ds Lar. 19eet Lar. 20e). B. − Se mêler de qqc./s'en mêler 1. [Le suj. désigne un inanimé] a) S'accompagner de. Il se rentortille dans la laine et se rendort avec un gargouillis où le rire se mêle de ronflements (Barbusse,Feu, 1916, p.204).Attendrissement, qui se mêle d'un regret sans fin (Durry,Nerval, 1956, p.132). b) S'en mêler.Jouer un rôle néfaste. Le mauvais temps, le brouillard, la famine, la malchance, la passion, l'égoïsme, la spéculation s'en mêle. Souvent l'imagination s'en mêle, et l'on prend de simples apparences pour des réalités (Dusaulx,Voy. Barège, t.1, 1796, p.52).La politique s'en mêla; il se forma un complot, une cabale à mon insu (Reybaud,J. Paturot, 1842, p.447). − Rare. [Sans valeur négative] Un dimanche d'été, quand le soleil s'en mêle, Londres forme un régal offert aux délicats (Verlaine,Poèmes divers, 1896, p.800). Rem. Dans cet ex., le sujet est plus ou moins personnifié. À rapprocher de infra B 2 a. 2. [Le suj. désigne un animé] a) S'occuper de. Mêlez-vous de vos affaires (et pas des miennes); Mêle-toi de ce qui te regarde. Nous aurions été bien mal traités si je ne m'étais pas un peu mêlé de la cuisine (Picard,Théâtre, t.4, Tracass., 1804, p.238).Tous les fonctionnaires qui s'étaient mêlés de mon élection aspiraient à un avancement (Reybaud,J. Paturot, 1842, p.344): 8. Une femme, surprise en flagrant délit de conversation avec un envahisseur, était soigneusement repérée et le lendemain, la police s'en mêlait...
Vercel,Cap. Conan, 1934, p.168. ♦ Le diable s'en mêle. Il y a là une influence inexplicable, mystérieuse. On aurait dit que le diable lui-même s'en mêlait (Erckm.-Chatr.,Ami Fritz, 1864, p.105). b) Plus gén. S'occuper indûment de... De quoi se mêle-t-il? Gros laid petit homme, actif, laborieux, qui se mêle de toute chose et de toute science (Michelet,Journal, 1835, p.168). ♦ Pop. De quoi je me mêle (je au lieu de la 2epers.): 9. le plombier: C'est pourtant pas faute d'avoir des maris! la bonne: De quoi je me mêle! d'abord, vous saurez qu'elle n'a qu'un ami. le plombier: À la fois!...
Tr. Bernard,M. Codomat, 1907, I, 3, p.142. − [L'obj. indir. est un subst. sans article] Se mêler de poésie, de littérature. Son aîné [du chevalier de Méré], M. de Plassac-Méré, s'était aussi mêlé de bel-esprit (Sainte-Beuve,Portr. littér., t.3, 1844-64, p.89). − [L'obj. indir. est un inf.] Un Juif (...) qui se mêlait de prédire l'avenir (Barante, Hist. ducs Bourg., t.4, 1821-24, p.253): 10. ... il prend les airs d'un homme qui a le droit, évidemment, de penser ce qu'il veut, mais qui ne se mêle pas de juger à tort et à travers, de critiquer, de pérorer comme certains.
Romains,Hommes bonne vol., 1938, p.248. REM. 1. Mêlant, adj.[Dans la constr. c'est/c'est pas mêlant] Compliqué. Si tu tricotais, ça t'aiderait à passer le temps. Veux-tu, que je te monte un tricot? − J'ai essayé (...). Mais je perds la centaine à tout coup. − Pourquoi que tu couds pas d'abord? C'est moins mêlant (G. Guèvremont,Maris-Didace, 1947, p.116 ds Richesses Québec 1982).Si je serais vous, c'est pas mêlant, je me présenterais député! (A. Ricard, La gloire,1975, p.12, ds Richesses Québec 1982). 2. Mêlé-classes, subst. masc.,hapax (p. plaisant. [et jeu de mots avec mêlé-casse, le témoignage de L. Daudet donnant cependant à penser que ce mot composé a eu une certaine fortune)] Personne issue de parents appartenant à des classes sociales différentes. Il était demeuré, en dépit d'une instruction très poussée, le fils de la cuisinière et de monsieur, ce qu'on appelle assez justement un mêlé-classes (L. Daudet,Am. songe, 1920, p.13). 3. Mêlement, subst. masc.,rare, littér. a) Action de mêler. Puisque nous en sommes venus sans crier gare aux promesses d'assistance mutuelle, et puisque tu as dit à De Pradts que c'était «à la mort à la vie», nous pourrions peut-être faire le mêlement des sangs. Tu as dû en entendre parler (Montherl.,Ville dont prince, 1951, II, 3, p.897).b) Choses mêlées, mélange, emmêlement. Le premier éclair révéla à Peer un mêlement de croupes luisantes, de têtes chevalines (P. Gascar,Les Bêtes, 1953, p.13 ds Rob. Suppl. 1970). 4. Mêlerie, subst. fém.,hapax. Fait de tout mêler. Conversation pleine d'évidences muettes, de faussetés parlées et bientôt démenties. (...) mouchoir brodé plissé en tout sens sur le genou qui tremble par une main qui ne sait ce qu'elle fait, pendant qu'on écoute ce qu'on ne sait pas que l'on dit, intoxication et mêlerie dont le diable lui-même ne se tirerait pas (Barb. d'Aurev.,Memor. 2, 1838, p.283). 5. Mêle-tout, adj.a) Qui se mêle de tout avec indiscrétion. Elle avait plutôt l'air d'une paysanne (...). Et sans gêne, et mêle-tout, voulant savoir qui ces dames voyaient (A. Daudet,Évangéliste, 1883, p.57).b) Emploi subst. Il venait aussi à la maison un garçon de grand talent, Henri Pagat, ayant le sens du comique des infatués, des mêle-tout, des friseurs de leur moustache (L. Daudet,Qd vivait mon père, 1940, p.197).Ne figure pas ds les dict. M. Piron (ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg, 1973, p.301) le signale comme un ,,belgicisme lexical``. Pauli 1921, p.76: ,,Ce mot s'emploie dans plusieurs patois du Nord et du Centre``. Prononc. et Orth.: [mεle], [me-], (il) mêle [mεl]. Ac. 1694 et 1718: mesler; dep. 1740: mêler. Comparer mêler avec l'accent circonflexe d'apr. mêle et mélange, mélanger avec l'accent aigu conformément au timbre fermé en syll. atone. Étymol. et Hist. 1. a) Fin xes. mescler «mélanger plusieurs choses et les confondre» (Passion, éd. D'Arco. Silvio Avalle, 279); b) ca 1180 «unir, joindre (des sentiments)» (Thomas, Tristan, 408 ds T.-L.: mais ire est mellee od amur); c) 1180-90 réfl. «s'embrouiller» (Alexandre de Paris, Alexandre, IV, 483 in Elliott Monographs, 37, p.331); d) 2emoitié xves. se mesler à «avoir compagnie charnelle avec» (Mystère du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, IX, 5209); d'où 1585 (N. du Fail, Contes et discours d'Eutrapel, Appendice, t.2, p.371: la Province [...] moins meslee et bigarree de sang); 2. ca 1100 «se prendre de querelle» (Roland, éd. J. Bédier, 257); 3. a) ca 1160 se meller de «s'occuper de» (Moniage Guillaume, I, 309 ds T.-L.); b) mil. xiiies. «s'ingérer mal à propos» (Huon Le Roi, Male Honte, éd. A. Långfors, 152: S'uns fols se mesle de mesdire); 4. a) 1530 se mesler a «participer à, avoir affaire à» (Palsgr., p.510); b) 1585 «aller parmi, fréquenter» (N. du Fail, op. cit., t.2, p.263: ... les roturiers, bourgeois, et autres non nobles, ne se mesloient aucunement parmy les nobles). Du lat. pop. misculare (att. au ixes., v. Nierm.) élargissement du lat. class. miscere «mêler, mélanger; troubler, bouleverser»; se miscere «se mêler à, se joindre à; s'accoupler». Fréq. abs. littér.: 6 535. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 10549, b) 10462; xxes.: a) 9117, b) 7699. Bbg. Pauli 1921, p.76 (s.v. mèle-tout). _ Väänänen (V.). De quoi vous mêlez-vous? Rom. Jahrb. 1958, t.9, pp.113-125. |