| MOYENNANT, loc. prép.;MOYENNANT QUE, loc. conj. I.− Loc. prép. En fournissant ou en recevant en échange, en contrepartie de. Nul ne peut être contraint de céder sa propriété, si ce n'est pour cause d'utilité publique, et moyennant une juste et préalable indemnité (Code civil,1804, art. 545, p. 101).Quand te vends-tu au gouvernement moyennant une place de 1 500 francs par an? (Flaub., Corresp.,1844, p. 157). ♦ Moyennant finance. En payant, en étant payé. Une pitoyable ganache (...) se prêtait, moyennant finance, aux pires complaisances, aux plus sales compromissions (Gide, Feuillets d'automne,1949, p. 1104): M. Grenouville a consenti à l'épouser, à la condition qu'elle renoncerait à nous, et nous avons consenti... − Moyennant finance?... dit la perspicace Josépha. − Oui, madame, dix mille francs, et une rente à mon père, qui ne peut plus travailler...
Balzac, Cous. Bette,1846, p. 347. − Au fig. Au prix de. Il faut nécessairement avouer que, moyennant certaines conditions, la matière inanimée est capable de s'organiser, de vivre, de sentir (Cabanis, Rapp. phys. et mor.,t. 2, 1808, p. 238).Leur ouvrage, moyennant un détour, revint en France, imprimé de fait à Amsterdam chez les Elzévir, mais portant le nom seul d'un libraire de Mons (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 272).C'est avec une sombre fierté que nous apprenions ces actes de guerre individuellement accomplis, moyennant des risques immenses, contre l'armée de l'occupant (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 227). ♦ Moyennant quoi (fam.). Je ne demande pour moi que la levée de mes arrêts, et de passer à une autre armée; moyennant quoi je me dédis de tout ce que j'ai dit et écrit au général Dedon (Courier, Lettres Fr. et Ital.,1807, p. 747). II.− Loc. conj. Moyennant que + subj.À condition que, sous la réserve que. Tous les résultats sensibles peuvent logiquement s'expliquer dans l'ancienne comme dans la nouvelle théorie, moyennant que les doses correspondantes d'oxygène et d'hydrogène soient entre elles dans la proportion voulue pour faire de l'eau (Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 487).Vous m'accordez (...) que la vérité sera vérité pure aux mêmes conditions. C'est-à-dire, moyennant qu'on la rende muette, aveugle, sourde (A. France, Puits Ste Claire,1895, p. 210). − Moyennant que + ind.(vx). Compte tenu que. Avec mille écus par an, je me trouve assez riche, moyennant que ma plume me fait déjà un petit revenu (Sand, Corresp.,t. 1, 1831, p. 183). Prononc. et Orth. : [mwajεnɑ
̃], [-je-]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. a) 1377 prép. « au moyen de » moiennant tel mouvement (Oresme, Ciel, éd. A. D. Menut, 114b, p. 440); 1668 moyennant quoi (La Fontaine, Fables, I, V, 26); b) 1827 moyennant finance « contre de l'argent, en payant » (Delécluze, Journal, p. 444 [1690 moyennant dix mille escus, Fur.]); 2. 1219 loc. conj. moyennant que « à condition que » (Cart. de Cysoing, p. 104 ds Gdf Compl.). ,,Arch. ou littér.`` ds Rob. Part. prés. de moyenner*. Fréq. abs. littér. : 533. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 906, b) 1 055; xxes. : a) 650, b) 536. Bbg. Mounin (G.). Le Fonctionnement du lang. vu à travers un fait de synt. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1975, t. 13, p. 274. |