| MOURANT, -ANTE, part. prés., adj. et subst. I.− Part. prés. de mourir*. II.− Adjectif A.− [En parlant d'une pers., d'un animal ou d'un végétal] 1. Qui est en train de mourir, qui va mourir. Nous ranimons, avec quelques verres de punch, notre compagnon mourant (Lamart., Voy. Orient,t. 2, 1835, p. 245).À travers l'odeur des fruits mûrs et des fleurs mourantes (Verlaine,
Œuvres compl., t. 4, Mém. veuf, 1886, p. 213).V. lamartinien ex. − [P. méton.] Ah! tu croyais sans doute que le révérend dom Mortès les avait arrachés à la main mourante de mon père? (Dumas père, Don Juan,1836, ii, 10, p. 43). 2. P. hyperb. Qui est vivement affecté par une sensation, une émotion. Mary Grant, à demi pâmée par l'émotion, à demi mourante de bonheur, cette fois, se laissa aller dans les bras de lady Helena (Verne, Enf. cap. Grant,t. 2, 1868, p. 71).Une nuit même, ils avaient été attaqués par des soldats mourants de faim (Goncourt, Journal,1886, p. 589): 1. chœur : Sémiramis, ô cruelle colombe!
Te voici prise et mourante d'amour!
Ta chair est douce à l'éternel vautour,
Et ta grande âme aux délices succombe...
Valéry, Variété III,1936, p. 121. − [P. méton.] ♦ Languissant. Par une torride après-midi du dernier été, le vaste Hôtel des Ventes semblait endormi, et les commissaires-priseurs adjugeaient d'une voix mourante (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Lit., 1882, p. 633).Christiane toute blanche, les yeux mourants, s'était renversée dans son fauteuil; de grosses larmes s'amassaient au bord de ses paupières (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 109). ♦ C'est mourant. C'est à mourir de rire. Mongicourt, se levant et descendant en s'esclaffant à gauche, près de la table. − C'est mourant! (Feydeau, Dame Maxim's,1914, i, 4, p. 8). B.− [En parlant d'une chose] 1. Qui est sur le point de disparaître, qui s'achemine vers une complète extinction. a) [En parlant d'une chose humaine] Pieux malgré lui, d'une religion qu'il déclare mourante (Bourget, Essais psychol.,1883, p. 63).Tandis qu'il achevait paisiblement d'enterrer la société mourante, en vivant son dernier automne aux genoux de la belle Léonore (Zola, Travail,t. 1, 1901, p. 261). b) [En parlant d'un élément de la nature] Parfois un des Sara tousse, se soulève et souffle sur des tisons mourants, puis se rendort (Gide, Retour Tchad,1928, p. 874). 2. Qui est mou, sans vigueur. Dans le parfum de la brise mourante et l'éblouissant reflet sur la mer, sur le pont du navire, d'un soleil couchant (...) Tartarin racontait ses amours avec la princesse Likiriki (A. Daudet, Port-Tarascon,1890, p. 258). − [En parlant d'une sensation auditive, olfactive ou visuelle] Ces tremblements de voix, ces sons mourants (Berlioz, À travers chants,1862, p. 121).Le jour mourant s'éteint dans les eaux violettes Des lacs et des bassins (Muselli, Travaux et jeux,1914, p. 25): 2. Moi, le méandre bleu qui vers le ciel se tord
Me plonge en une extase infinie et m'endort
Comme aux parfums mourants de mille cassolettes.
Laforgue, Poés.,1887, p. 52. − PEINT. [En parlant d'une couleur, d'un ton] Qui est pâle, dégradé. Un tableau bizarre où les couleurs semblaient comme effacées avec un tampon de linge, où l'huile imitait vaguement les tons mourants du pastel (Huysmans, Art mod.,1883, p. 289).[Le coloris de Monticelle] présente entre le saphir mourant et le jaune radieux, des luttes délicieuses, des transitions et des compromis d'une subtilité inconcevable (Mauclair, De Watteau à Whistler,1905, p. 189). III.− Subst. Personne qui se meurt. Chambre, volonté d'un mourant; être au chevet d'un mourant. Se découvrir devant le prêtre portant le viatique à un mourant (J.-R. Bloch, Destin du S.,1931, p. 1561): 3. Mais écoutez... Voici la flûte et les cymbales!
Les torches dans la nuit jettent des feux sanglants;
Ce soir, les vents du sud ont embrasé mes flancs,
Et, dans l'ombre, j'entends galoper les cavales...
Malheur à celui-là qui passe en ce moment!
Demi-nue, et penchée hors de ma porte noire,
Je l'appelle comme un mourant demande à boire...
Samain, Chariot,1900, p. 162. Prononc. et Orth. : [muʀ
ɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:t]. Att. ds Ac. dep. 1694. Fréq. abs. littér. : 2 401. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 714, b) 3 739; xxes. : a) 3 717, b) 1 948. |