| MOULINER, verbe A.− Emploi trans. 1. Fam. Qqn ou qqc. mouline qqc.Broyer, écraser. Synon. moudre.Mouliner du blé, des olives, des pommes : Il aurait charrué, et semé, et fauché, et foulé, et battu, et mouliné, et pétri le blé de tous avec nous tous ensemble comme son propre blé...
Giono, Que ma joie demeure,1935, p. 413. − En partic. [Correspond à moulin B 1 en partic.] Mouliner des carottes, des légumes, des pommes de terre. Avant de mouliner les grains [de café] elle attend que tous les coups [de marteau dans la forge] aient recommencé à sonner là-bas dedans; alors elle mouline sans qu'on puisse l'entendre (Giono, Triomphe vie,1941, p. 392). 2. P. anal. a) Vieilli. [Le suj. désigne un ver, un insecte] Ronger, creuser des galeries dans le bois au point de le réduire en menue poussière; creuser la terre au point de la faire s'effriter. Les vers ont mouliné ce buffet, les vers avaient mouliné la jetée (Lar. 19e). − Au part. passé en emploi adj. ♦ Bois mouliné. ,,Bois vermoulu`` (Lar. 19e). ♦ Pierre moulinée. Les pierres sont dites moulinées (...) lorsqu'elles sont graveleuses et s'égrènent à l'humidité (Bourde, Trav. publ.,1928, p. 92). b) TEXT. Consolider la soie grège (et p. ext., la laine, le coton, etc.) en réunissant et en tordant ensemble plusieurs fils. (Dict. xixeet xxes.). Le plus souvent au part. passé en emploi adj. Tissu de coton mouliné (Catal. La Redoute,1951-62, p. 12).En Dauphiné, la production des soies moulinées [s'accroît] de (...) 1730 à 1767 (Lefebvre, Révol. fr.,1963, p. 41). B.− Emploi intrans. 1. a) Fam. Qqn mouline avec qqc.Faire des moulinets (v. ce mot C). Cassagnol précède le cortège en moulinant avec sa canne, à la façon des tambours majors (Labiche, Club champ.,1848, 5, p. 453).Lui, Soucaille, moulinait des bras et leur faisait signe d'approcher [aux amis] (Genevoix, Assassin,1948, p. 113). b) Arg. cycliste. Qqn mouline.Pédaler à vive allure, avec souplesse et régularité. [Les adhérents du cyclotourisme] goûtent « cette sérénité de l'âme que donne le fait de rouler à 20 km-heure ». Ils « moulinent », donc ils transpirent, ils se recomposent un cœur, des muscles, un souffle, une deuxième jeunesse (Le Monde,21 mars 1967, p. 12, col. 1). − PÊCHE. ,,Tourner la manivelle du moulinet; récupérer son fil à l'aide du moulinet`` (Lar. encyclop.). 2. Rare. Qqc. mouline.Tourner avec régularité. Devant la cheminée, le tourne-broche qui mouline, le grand chaudron qui fume (Nerval, Nouv. et fantais.,1855, pp. 152-153). Prononc. et Orth. : [muline], (il) mouline [mulin]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. a) Att. indirectement dès le xiiies. par son dér. moulineure « vermoulure » : xives. [date du ms.] (Philippe de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, XXXVIII, 1141, var. 1); 1684 part. passé mouliné « bois carié » (Fur.); 1701 mouliner « creuser la terre (des vers) » (ibid.); b) 1611 « travailler au moulin » et « moudre du blé » (Cotgr.); c) 1667 « faire subir le moulinage à la soie grège » (Ordon. des march. de draps d'or, etc., 9 juillet ds Littré); d) 1868 « polir le marbre » (Littré); e) 1959 « passer les légumes au moulin à légumes » (Rob.); 2. a) 1498-1502 « tourner en parlant des ailes du moulin » (Jean Molinet, Invectives de Cretin et response, 11 ds Faictz et Dictz, éd. N. Dupire, t. 2, p. 838); b) 1836 « bavarder » (ds Esn.); c) 1855 « tourner comme un moulin » (Nerval, Nouv. et fantais., pp. 152-153); d) 1963 « tourner le moulinet d'une canne à pêche » (Lar. encyclop.). Dér. de moulin*; dés. -er. DÉR. Moulinage, subst. masc.Action de mouliner; résultat de cette action. a) Vx. [Correspond à supra A 1] Synon. de mouture. (Dict. xixes., Lar. Lang. fr.).b) Text. [Correspond à supra A 2 b] Un fil de soie grège est donc formé par cinq ou six brins de soie assemblés. Ce fil de soie grège ne peut pas être directement tissé. Il doit être transformé en un fil plus résistant et régulier. C'est le but du moulinage (Blanquet, Technol. mét. habill.,1948, p. 24).− [mulina:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1762. − 1resattest. [1495 « droit sur la mouture » ds FEW t. 6, 3, p. 41a] a) 1675 « opération de consolidation de la soie grège » (J. Savary, Le Parfait négociant, t. 1, p. 100), b) 1803 « action de mouliner » (Boiste), c) 1859 « établissement où l'on mouline la soie » (Bouillet); de mouliner, suff. -age*. |