| * Dans l'article "MOULE1,, subst. masc." MOULE1, subst. masc. A. − 1. Objet solide, façonné en creux, destiné à être rempli d'une substance plus ou moins fluide qui, en se solidifiant, prend la forme exacte de ce creux. V. coquille B 2.Tel qui resterait insensible au travail du pouce dans la glaise, jouit de précipiter dans le moule l'étain et le cuivre en fusion (Faure,Espr. formes, 1927, p.166): 1. On pétrit de la terre délayée, on la verse dans des moules, on la fait sécher au soleil, et l'on fabrique ainsi des briques crues qui peuvent durer quatre ou cinq mille ans.
About,Grèce, 1854, p.229. SYNT. Moule d'une seule pièce, de plusieurs pièces; moule à balles (v. balle2e.. 11), à béton, à briques, à cartouches, à caractères d'imprimerie; moule en métal, en sable, en terre; moule de canon, de cloche, de statue; moule de fonderie; chappe, frette, noyau d'un moule (de fonderie); jeter en moule (une figure); couler, jeter, verser (une matière) dans un moule; briser un moule. ♦ Moule à cire perdue (v. cire A 1 c). Moule à creux perdu (qui ne donne qu'une épreuve et que l'on brise après utilisation). Moule à bon creux, à bon fond. Le moule à bon creux fait de pièces détachées, qui peut fournir un nombre illimité d'épreuves (Vogüé-Neufville1971). − Loc. verb. fig., fam. ♦ (Être) fait au moule. [Le suj. désigne une pers. ou une partie du corps] (Être) beau, bien fait, d'une forme parfaite, harmonieuse. Synon. (être) fait au tour (fam.), fait à ravir, bien balancé (pop.), bien modelé, bien galbé.Jambe, taille faite au moule. Son corps (...) fait au moule, que la mouillure du costume plaquait de partout (A. Daudet,Sapho, 1884, p.253). ♦ Être coulé, jeté dans le/un même moule (vieilli), sortir du même moule, être fait sur le même moule. [Le suj. désigne deux/plusieurs pers. ou choses] Se ressembler de façon frappante. Le cocher portait, en toute saison, un bouquet énorme!... On ne voit plus rien de semblable à Paris: toutes les figures, tous les costumes, tous les caractères, y semblent jetés dans le même moule (Jouy,Hermite, t.1, 1811, p.219). ♦ Cela ne se jette pas en moule (vx). C'est une oeuvre qui demande beaucoup de soin et de temps. (Ds Ac. 1798-1878). ♦ Le moule (en) est brisé, cassé, perdu, rompu, usé (pop.). C'est une personne/une chose remarquable et unique en son genre, comme on n'en trouve plus. Le filet! Voilà l'épreuve du journaliste! Avec quelle mélancolie Accard rappelle ceux du Français: il y a encore un an!... «Le moule en est perdu...» gémit-il (Bourget,Physiol. am. mod., 1890, p.11).Mais on ne fait plus des hommes comme moi. Le moule en est brisé (A. France,P. Nozière, 1899, p.41). − En partic. a) CONFIS., ART CULIN., PÂTISS. Ustensile creux, avec ou sans fond, servant à la confection ou à la cuisson de diverses préparations. Moule à pâtisserie, à gâteaux; moule à charlotte, à gaufre(s), à madeleines, à manqué, à pâté, à tarte; moule lisse, à côtes, à cannelures; bords, fond d'un moule; beurrer, fariner, foncer, garnir un moule. Mettez de la pâte à flan Dans le flanc De moules à tartelette; D'un doigt preste, abricotez Les côtés (Rostand,Cyrano, 1898, ii, 4, p.73).M. Bellaigue de Rabanesse (...) moyennant finances avait obtenu (...) un moule à faire les hosties (Barrès,Cahiers, t.5, 1906, p.310).J'espère bien que vous ne m'en commanderez [des glaces] que prises dans ces moules démodés qui ont toutes les formes d'architecture possible (Proust,Prisonn., 1922, p.129). ♦ Au fig., loc. interj. [Servant d'injure] Moule à gaufre(s)*, moule à tarte. Imbécile. Démokos: (...) il prête aux épithètes, ventru et bancal comme il est . Abnéos: Dis donc, moule à tarte! (Giraudoux,Guerre Troie, 1935, ii, 4, p.110). b) IMPR., TYPOGR. (vx). Lettre de moule. Caractère d'imprimerie. Synon. lettre moulée.Le Nanne revint fort en peine de ce que pouvait contenir le mot d'écrit, car il ne savait lire un peu que la lettre de moule (Pourrat,Gaspard, 1922, p.27). c) JEUX. Jouet d'enfant, en métal ou en plastique ou d'une autre matière, servant à faire des pâtés de sable. Louise avait rangé dans son cabas ma pelle et mes moules (Beauvoir,Mém. j. fille, 1958, p.16). d) ARTS PLASTIQUES. Empreinte en plâtre d'un objet, du corps ou d'une partie du corps, servant à obtenir des moulages. Après avoir disposé la tête de la morte dans une attitude favorable, Jacques commença à couler le plâtre par couches successives jusqu'à ce que le moule eût atteint l'épaisseur nécessaire (Murger,Scènes vie boh., 1851, p.215). 2. Modèle solide plein, servant à la fabrication et à la reproduction d'un objet par coulée d'une substance plus ou moins liquide qui, en se solidifiant, prenne les contours exacts de ce modèle (utilisé notamment en sculpture et dans diverses industries): 2. Sur le moule il versait du plâtre liquide fait à l'instant, et sur-le-champ du plâtre moins fin et plus fort, de façon à donner quatre lignes d'épaisseur à la médaille en plâtre.
Stendhal,H. Brulard, t.1, 1836, p.225. − P. anal., p. plaisant., pop. ou arg., vx ♦ Moule du bonnet. Tête, crâne. Un furieux coup de plat d'épée sur la tête lui fracassa le moule du bonnet (Gautier,Fracasse, 1863, p.216). ♦ Moule du pourpoint. Corps; p. méton. peau, vie. Les deux cousins de Mmede Lagrené ont laissé chacun une jambe en Valachie. L'un d'eux (...) pourra bien y laisser même le moule du pourpoint, car il a reçu un boulet au-dessus du genou, très mauvaise blessure (Mérimée,Lettres ctessede Montijo, t.2, 1854, p.16). B. − Au fig. 1. Ce qui forme quelqu'un ou modèle quelque chose. Synon. modèle, patron, type.Moule scolaire, universitaire; couler dans le moule de; se former sur le moule de qqn. Les amis (...) croyaient retrouver là l'esprit des Guermantes. Et certes c'était le même moule, la même intonation, le même sourire qui avaient ravi Bergotte (Proust,Temps retr., 1922, p.1005).La plupart des grands hommes ont été élevés presque isolément, ou bien ils ont refusé d'entrer dans le moule de l'école (Carrel,L'Homme, 1935, p.326): 3. Qu'un homme répande des larmes sans objet, qu'il pleure sur l'universelle douleur, qu'il rie d'un rire long et mystérieux, on l'enferme à Bicêtre, parce qu'il ne garde pas sa pensée dans nos moules habituels.
Renan,Avenir sc., 1890, p.426. 2. ARTS PLASTIQUES, LITT. Forme fixe dans laquelle l'auteur, l'artiste doit faire entrer sa pensée, son génie artistique. Moule de l'alexandrin, du sonnet, d'une phrase, d'un vers; couler ses pensées, jeter ses idées dans le moule de + subst. Une nouvelle forme de vers a été créée, et ses successeurs ont été affranchis du moule étroit et symétrique de Malherbe et de Boileau (Sainte-Beuve,Tabl. poés. fr., 1828, p.287).V. architectonique ex. 10: 4. ... il voulut couler ces idées dans les formes musicales ordinaires; il fit la découverte qu'aucun des moules anciens ne pouvait leur convenir...
Rolland,J.-Chr., Buisson ard., 1911, p.1423. C. − P. anal. 1. MAR., PÊCHE. Moule (d'un filet sardinier). Petit morceau de bois de forme cylindrique servant à la confection ou à la réparation des mailles de filet (d'apr. Bonn.-Paris 1859). ,,Grandeur de la maille exprimée en fonction de la taille des sardines qui sont susceptibles de s'y mailler (...)`` (Gruss. 1952). ,,La capture [des sardines] au filet (...) exige le choix d'un moule rigoureusement approprié; d'où la nécessité pour les pêcheurs de se munir d'un jeu de filets de moules différents`` (Gruss.1952). 2. Vx ou région. (Lyonnais, Ouest, Suisse romande). Cadre en bois servant à mesurer un volume déterminé de bois de chauffage; p. méton., mesure de bois ainsi obtenue. Bois de moule (synon. moulée). Un hiver comme il y a trois ans, en 80, que le bois coûtait huit sols le moule (Hugo,N.-D. Paris, 1832, p.86).De là livraison à Voltaire par ledit Charlot de quatorze moules de bois, mesure du pays (Sainte-Beuve,Caus. lundi, t.7, 1852, p.116): 5. Les faissonats sont façonnés dans des «moules», appareils rudimentaires composés de deux traverses accouplées (...). Les branches sont couchées là-dessus (...) jusqu'à ce qu'elles atteignent le volume demandé.
Pesquidoux,Livre raison, 1925, p.7. 3. COUT. Moule (de bouton). Partie solide d'un bouton en bois, en os ou d'une autre matière et qui est recouverte d'un tissu. Une redingote filandreuse à boutons sans moule, dont les capsules béantes et recroquevillées étaient en parfaite harmonie avec des poches usées (Balzac,Rabouill., 1842, p.350). Prononc. et Orth.: [mul]. Att. ds Ac. dep. 1694. Pas d'accent circonflexe pour sb musculus. Étymol. et Hist. 1. Fin xies. Modle «modèle» (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t.1, 714, p.99); ca 1170 modles (Rois, p.244 ds T.-L.); 1926 «forme fixe en littérature» (le moule de l'alexandrin (Arnoux, Chiffre, p.178); 2. a) ca 1165 molle «corps creusé dans lequel on verse une substance liquide ou pâteuse qui en se solidifiant garde la forme prise dans la cavité» (Benoît de Sainte-Maure, Troie, éd. L. Constans, 16730); 1678 jetées dans le même moule «qui se ressemblent de façon frappante» (Mmede Sévigné, Lettres, éd. M. Monmerqué, t.5, p.468); av. 1709 faite au moule «bien faite (d'une femme)» (Regnard, Voyage de Normandie ds
Œuvres, t.1, p.123); 1718 le moule en est rompu (Ac.); b) 1737 «ustensile creux employé en cuisine, en pâtisserie» (Nouvelle instruction pour les confitures, p.178); 3. a) 1260 «modèle plein sur lequel on applique une matière malléable pour qu'elle en prenne la forme» (E. Boileau, Métiers, éd. Depping, 1repart., LXXVIII, p.209); b) id. molles (le Roy) «modèle légal fixé pour les mailles du filet» (Id., ibid., éd. R. de Lespinasse et F. Bonnardot, XCIX, 5); c) 1316 «mesure pour le bois de chauffage» (Orden. de l'ost le roy, A.N. JJ 57, fo57 vods Gdf. Compl.); d) 1664 «forme qu'on recouvre de tissu pour en faire un bouton» (Tarif, 18 sept. ds Littré). Empr. au lat. modulus «mesure». DÉR. Mouleau, subst. masc.a) Appareil de stéarinerie servant au coulage des acides gras. Chacun des mouleaux est percé sur l'un de ses petits côtés et à peu de distance au dessous du bord supérieur d'une ouverture longitudinale (Wurtz,Dict. chim., t.2, 2evol., 1876, p.1657).b) Moule servant à la fabrication industrielle de la glace par congélation de l'eau potable. Le condenseur, est introduit (...) dans le pot de réfrigération; au centre du condenseur se trouve un espace creux cylindrique, que l'on remplit d'eau (...) cette eau (...) se congèle et (...) fournit, au bout d'un temps total de 3 heures environ, un cylindre de glace. Le mouleau à glace peut être remplacé par une sorbetière si l'on veut obtenir des crèmes glacées (Lar. mén.1926, p.630).P. méton. Bloc de glace ainsi obtenu. La machine servant à fabriquer des mouleaux de glace (Pouriau,Laiterie, 1895, p.454).−[mulo]. − 1resattest. a) 1876 «petit pain d'une substance qu'on met en moule» (Gaz. des Trib., 3 déc., p.1171, 4ecol. ds Littré Suppl.), b) 1890 «moule pour fabriquer la glace» (Ser, Phys. industr., pp.634-635); de moule1, suff. -eau*. BBG. − Duch. Beauté 1960, p.155. _ Quem. DDL t.7. _ Sculpt. 1978, pp.562-563. |