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MOUDRE, verbe trans.
A. − Qqc./qqn. moud qqc.
1. Qqc. moud qqc. [le suj. désigne une meule, un moulin]Broyer (des grains); réduire en poudre ou en fines parcelles. Cette pierre active qui moud le grain accouplée à la meule jumelle (Claudel, Annonce, 1912, prol., p.20).Les collines portaient des lignes de petits moulins qui moulaient le blé grain par grain (Giraudoux, Suzanne, 1921, p.52):
1. ... les moulins à marée, qui servaient à moudre le grain pour le village voisin, sont ainsi les ancêtres de futures usines marémotrices... Romanovsky, Mer, source én., 1950, p.83.
2. Qqn moud qqc.Broyer (des grains) à l'aide d'un moulin. En voyant Madame Fusellier moudre le café dans son moulin (A. France, Lys rouge, 1894, p.319).
3. Emploi abs. Leur écartement [des meules] est réglé pour moudre au degré de finesse voulu (Brunerie, Industr. alim., 1949, p.8).
B. − P. anal.
1. [P. allus. au traitement que subit le grain]
a) Qqc. moud qqc.[Le compl. désigne une partie du corps] Fatiguer, donner des courbatures, des douleurs à. Des fauteuils et des canapés, ridiculement raides, sans ressorts, vermoulus et boiteux... ce qu'ils doivent vous moudre les épaules, et vous écorcher les fesses! (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p.25).
b) Qqn moud qqn.Loc. verb. Moudre (qqn) de coups/comme grain. Accabler, rouer de coups. Blanchet jura (...) que si elle ne mettait pas ce champi à la porte sans délibérer, il se promettait de l'assommer et de le moudre comme grain (Sand, F. le Champi, 1848, p.77).
2. [P. allus. au mouvement du moulin]
a) Qqn moud qqc.Moudre un air. Jouer un air sur un instrument à manivelle. Il imprimait un mouvement de rotation mécanique à une de ses mains et tournant dans le vide, il paraissait moudre un air (Goncourt, Man. Salomon, 1867, p.231).
b) Qqc. moud qqc.[Le suj. désigne un instrument de musique] Débiter mécaniquement. Un orgue de barbarie se mit à moudre «En revenant de la revue...» (Barrès, Appel soldat, 1900, p.90).
C. − Péj., vieilli. [Le suj. désigne une pers. et p. méton. un aspect de sa personnalité]
1. Prononcer d'une manière presque mécanique:
2. Il pourrait compenser par une dizaine, réfléchie, prononcée avec soin, toutes les boules du rosaire qu'il avait marmonnées, sans les comprendre. Et il essaya de remettre la manivelle en marche, mais dès qu'il eut extrait le pater, il divagua; il s'entêta quand même à vouloir moudre les ave, mais alors son esprit se dispersa... Huysmans, En route, t.2, 1895, p.116.
2. Ressasser. Ce sont ces neuf années à moudre toujours les mêmes pensées qui lui ont causé cette frayeur nerveuse (Druon, Louve Fr., 1959, p.268).
Loc. Moudre à vide*, dans le vide*.
3. Arg. En moudre
Arg. des sportifs. ,,Pédaler fermement`` (Esn. 1966).
P. anal. Moudre.Papa (...) moud ses huit cents mètres, muet, le torse raide (...) tandis que je pique des sprints (H. Bazin, Huile sur feu, 1954, p.232).
Se livrer à la prostitution. Brigitte, qu'était plutôt grasse avant d'être sur le ruban, avait pris la ligne depuis qu'elle battait la Madeleine. À croire que d'en moudre lui réussissait mieux que la vie de bureau (Le BretonArgot1975).
,,Dormir`` (Esn. 1966). Synon. pop. en écraser.
Prononc. et Orth.: [mu:dʀ ̥], (il) moud [mu]. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. ind. prés.: je mouds, tu mouds, il moud, nous moulons, vous moulez, ils moulent; imp.: je moulais, etc.; passé simple: je moulus, etc.; fut.: je moudrai; impér.: mouds, moulons, moulez; subj. prés.: que je moule; subj. imp.: que je moulusse; part. prés.: moulant; part. passé: moulu, -ue; cond.: je moudrais, etc. Selon Ac. 1935: ,,Il n'est plus guère usité qu'aux trois première personnes de l'indicatif présent, à l'infinitif, à la première personne de l'impératif, au futur et au participe passé``. Étymol. et Hist. 1. Ca 1135 part. passé fers moluz «bien aiguisé» (Couronnement Louis, éd. Lepage, réd. A B, 1229); 2. a) ca 1165 or molu «réduit en poudre et servant à la dorure sur bois ou métaux» (Benoît de Sainte-Maure, Troie, éd. L. Constans, 8682); b) 1174 «broyer du grain» (Garnier de Pont-Sainte-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 224); 1260 moudre le blé (E. Boileau, Métiers, éd. R. de Lespinasse et F. Bonnardot, II, 10, var.); 3. 2emoitié xiiies. part. passé «endolori par les coups reçus» (La Saineresse ds Recueil gén. des fabliaux, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaud, t.1, p.291). Du lat. molere «moudre, tourner la meule». Fréq. abs. littér.: 92. Bbg. Lanly (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp.207-208.