| MORBIDITÉ, subst. fém. MÉD. (domaine somatique et psychol.). État, caractère morbide. A. − 1. État de maladie, déséquilibre psychique ou mental plus ou moins profond. Un signe de morbidité. Ce soir, j'ai essayé de montrer à mes étudiants que Poe est grand: a) parce qu'il fut un prodigieux inventeur (le symbolisme, la morbidité freudienne, le roman policier) (Maurois, Journal, 1946, p.148). 2. En partic. a) Ensemble des causes ou des conditions pouvant exposer un individu (ou un groupe d'individus) à la maladie (d'apr. Méd. Biol. t.2 1971). Morbidité iatrogénique. [Les médecins de Paris] ont tous l'opinion préconçue de la morbidité incurable des maladies du coeur (H. de Balzac, Lettre, 1849ds Le Temps, 24 oct. 1876, p.3, col.1). b) Taux de morbidité, p. ell. morbidité. Pourcentage des individus malades dans une population, dans un temps donné, d'une maladie particulière ou de l'ensemble des maladies. Morbidité alcoolique, cancéreuse, tuberculeuse; statistique de morbidité et de létalité. L'expérience de la Première Guerre mondiale (...) fut pleinement convaincante en ce qui concerne la possibilité d'amener, par vaccination, une diminution considérable de la morbidité et de la mortalité par infections typhoïdiques chez les troupes en campagne (Ce que la Fr. a apporté à la méd., 1946, p.54).Réduire nos taux absurdes de mortalité et de morbidité infantile et juvénile (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p.456).La mortalité et la morbidité infantiles ont diminué dans des proportions qui ont dépassé les espérances initiales les plus optimistes: entre 1936 et 1956... (Bariéty, Coury, Hist. méd., 1963, p.800). − STAT. On a des tables de morbidité analogues aux tables de mortalité (Lafon1969).Les statistiques de la Sécurité Sociale fournissent cependant des indications intéressantes sur l'évolution de la morbidité dans différentes régions. Des enquêtes de morbidité ont lieu avec l'assistance de l'OMS, notamment sur l'exposition prolongée au DDT d'agents pulvérisateurs au Brésil et en Inde (LemaireEnvir.1975). B. − P. anal. Caractère morbide, pervers d'une oeuvre (littéraire, artistique) qui flatte des goûts malsains. Mais voyez (...) la morbidité d'une telle page: «la Révolution française est un des plus curieux tableaux que présente l'histoire. Le rouge y domine, comme dans les tableaux de Rubens (...). Je ne cherche en tout cela que l'intérêt du curieux et de l'amateur (...)». Telles sont les premières réflexions de Renan (Massis, Jugements, 1923, p.100).Ce puritanisme intellectuel a sa racine psychologique dans les manies de précision et de perception (...). Il est d'autant plus nécessaire de prendre conscience de sa légère morbidité qu'il revêt des apparences plus séduisantes pour un esprit amoureux d'absolu (Mounier, Traité caract., 1946, p.675). Prononc.: [mɔ
ʀbidite]. Étymol. et Hist. 1. 1849 «état caractéristique de la maladie» (Balzac, loc. cit.); 2. 1923 «caractère malsain (d'une oeuvre littéraire ou artistique)» (Massis, loc. cit.). Dér. de morbide1*; suff. -(i)té*. |